Francfort

 

Localisation : Francfort-sur-le-Main (Frankfurt am Main), cinquième plus grande ville d'Allemagne (plus de 750 000 habitants), s'est imposée depuis longtemps comme carrefour commercial - grâce à sa position centrale - et comme métropole financière. Elle abrite le siège de grandes banques et la principale place boursière d'Allemagne.

Nom du club : Löwen Frankfurt (nommé Lions de 1994 jusqu'à la faillite de l'équipe professionnelle en 2010). Successeur de l'Eintracht Francfort (1959-1991).

Couleurs : noir, argent et orange

Principale rivalité : Mannheim

Palmarès : Champion d'Allemagne 2004

Numéros retirés : n°2 (Michael Bresagk), °11 (Patrick Lebeau), n°27 (Trevor Erhardt), n°28 (Jason Young), n°34 (Ian Gordon)

 

 

La pratique du patinage est très ancienne à Francfort puisque le Frankfurter Schlittschuhclub - premier club fondé en Allemagne en 1861 - a organisé en 1872 la toute première compétition de patinage de vitesse dans le pays. Ce club a fusionné en 1904 avec un club de tennis et de hockey sur gazon pour devenir le "Frankfurter Sportclub Forsthausstraße", du nom de la rue le long de laquelle ses installations sportives sont situées. Cette rue a été rebaptisée Kennedyallee en hommage au président américain John Fitzgerald Kennedy, qui l'avait parcourue lors de sa visite en Allemagne en 1963, cinq mois avant son assassinat. Si plusieurs clubs de Francfort participent à un championnat régional organisé dans la ville en janvier 1931, c'est ce SC Forsthausstraße qui s'imposera au fil des ans comme le club majeur, quart de finaliste du championnat d'Allemagne 1934 et vainqueur d'une grande zone Ouest en 1936. Mais le hockey sur glace est abandonné pendant la guerre. Le club existe toujours, plus connu aujourd'hui sous le nom de "SaFo", mais ne pratique plus que le tennis et le hockey sur gazon.

L'Eintracht se met au hockey sur glace

Lorsque la ville de Francfort entame la construction d'une patinoire en plein air à l'intérieur du vélodrome du Waldstadion en 1959, l'Eintracht, le club omnisports le plus connu de la ville grâce aux succès de son équipe de football (qui est justement championne d'Allemagne cette année-là), décide à son tour de créer une section des sports de glace. Le premier match est une expérience hors du commun, car le match se déroule à Kronberg, sur un court de tennis gelé. Les joueurs disposent leurs voitures autour du terrain pour fournir la lumière nécessaire avec les phares. Cependant, le 10 décembre 1960, deux patinoires artificielles de 60 mètres sur 30 sont ouvertes au Waldstadion et inaugurée avec plus de 10 000 spectateurs qui assistent au match d'ouverture contre le SG Nuremberg.

Mais ce qui manque encore à la jeune équipe de l'Eintracht, c'est un entraîneur, qui se présente en mai 1960. L'Eintracht et la société du stade s'associent pour signer Gerhard Kießling, un coach de l'Allemagne de l'Est qui a dirigé l'équipe nationale de RDA entre 1952 et 1957, puis l'équipe nationale ouest-allemande aux Jeux olympiques de 1960. La première saison est déjà un succès. Après de bonnes performances en championnat national, l'Eintracht se qualifie pour l'accession en Oberliga (2e niveau national). La descente est proche en 1965, le club ne remporte pas la moindre victoire mais se sauve en barrages de promotion/relégation contre Cologne. C'est sous la direction de Georg Kowarik que le groupe reprend ses esprits et accède à la Bundesliga - l'élite - en 1968.

Pour sa première saison au sommet, l'Eintracht parvient à s'établir, mais avec la limitation de la Bundesliga à 10 équipes en 1970, Francfort passe par la fenêtre et retombe en Oberliga. Du coup, un grand nombre de joueurs quittent le club. Des problèmes financiers ressurgissent et avant la saison 1971/72, le conseil d'administration décide de repartir de Regionalliga. Il n'y passe qu'un an et remonte aussitôt, mais le club végète en Oberliga qui n'est plus que le troisième 3e niveau national. Lors de la saison 1976/77, la patinoire est désertée par le public. Le club est tenu à bout de bras pour se maintenir et contrer les intentions internes d'en finir avec la section hockey sur glace.

Ce que même les plus optimistes n'avait pas cru possible, la ville de Francfort le réalise, avec la construction d'une nouvelle patinoire. L'ouverture doit avoir lieu fin 1981. Lors de la saison 1980/81, l'Eintracht évolue dans encore la patinoire de Rödermark, une ville située à 30 kilomètres au sud-est de Francfort, néanmoins seuls 300 à 400 spectateurs se déplacent à chaque match. En conséquence, lors de la saison suivante 1981/82, le conseil d'administration décide de rejouer sur la surface extérieure du vélodrome pour capter le public jusqu'à l'ouverture de la nouvelle patinoire de Ratsweg en décembre. Non seulement l'Eintracht y réalise une excellente performance, mais de plus en plus de spectateurs affluent aux matchs. Après avoir accédé à la première place du tour final, l'Eintracht se qualifie pour la finale du championnat d'Oberliga et remporte le premier titre de son histoire. De plus avec le regroupement de la Bundesliga en un seul groupe, l'Eintracht accède au deuxième échelon national sur tapis vert.

En 1982, le club a procédé à une mise à niveau majeure de son effectif. Un nouveau venu, en particulier, se fait un nom. Il s'agit du défenseur international polonais Jerzy Potz qui assure la cohésion de la défense et devient le chouchou du public. Dès la deuxième année au sein de la Bundesliga 2, l'équipe, maintenant sous la direction du jeune entraîneur finlandais Jorma Siitarinen (34 ans), atteint la poule finale, qui se conclut par une troisième place. Le club cache de moins ses ambitions. Il dit disposer de la plus belle patinoire du pays et fixe l'abonnement le plus cher du championnat. Le public suit avec enthousiasme mais exige forcément des résultats. Il ne peut être question d'attendre longtemps, d'autant que les cadres majeurs de l'équipe sont trentenaires à l'instar de la première paire défensive Jerzy Potz - Helmut Keller. L'accession en Bundesliga devient un devoir. Keller se blesse au genou et manque la poule de promotion mais heureusement les lignes arrières avaient été élargies et Potz double ses présences. Francfort atteint donc le haut du panier en 1986.

Le club est maintenant bien installé dans l'élite, mais financièrement, les marges de manœuvre deviennent de plus en plus réduites. Lors de la troisième saison de Bundesliga (1988/89), avec la mort brutale du président Günther Herold (infarctus), le hockey sur glace à Francfort tombe de nouveau dans une crise existentielle. Pourtant, la réussite sportive continue pendant les deux années suivantes sous la conduite du coach tchécoslovaque Ladislav Olejnik, la légende de Mannheim. La saison 1990/91 est même la plus réussie de l'histoire du club. L'ex-international tchécoslovaque Jirí Lála est même le joueur le plus prolifique de la Bundesliga avec 108 points (47 buts et 59 assistances). Cependant, une gestion peu professionnelle, une équipe qui coûte cher et un manque de liberté de décision dans le conglomérat de l'Eintracht omnisports produisent une dette de plus de 7 millions de DM. Après cinq saisons passées dans l'élite, l'aventure en Bundesliga est terminée, tout comme l'activité de la section.

Le département de hockey sur glace de l'Eintracht reprendra son activité le 1er juillet 2002, issu de la création de l'EHC Frankfurt 1988 eV. L'idée de rejoindre l'Eintracht est née à l'hiver 2001/2002 lorsque les responsables de l'EHC ont réussi à financer la consolidation du club. Depuis le rétablissement, des joueurs comme Jay McNeill et Peter Renner ont marqué l'histoire de la section. Dans l'ensemble, la reprise du hockey sur glace à l'Eintracht est une réussite. Grâce à une gestion solide et intelligente, l'activité est financièrement assainie. Grâce à cette solide méthode de travail, le développement du hockey à Francfort est pérennisé et les "aventures" économiques de la fin des années 1980 appartiennent maintenant au passé. L'Eintracht poursuit actuellement la rondelle avec deux équipes dans la Hessenliga (5e niveau national), mais il n'est plus que le deuxième club de la ville.

Place à la DEL et au hockey pro

Parallèlement le hockey professionnel de haut niveau n'a pas disparu. En 1991, après la fermeture de la section hockey sur glace de l'Eintracht Francfort, un nouveau club a été créé pour porter le flambeau de ce sport dans la capitale économique de l'Allemagne. Il s'agit de l'ESC Frankfurt. L'équipe est emmenée par Manfred Wolf qui a fait les beaux jours de Mannheim. Dès la première saison, Il "plante" 135 points dans le championnat de Regionalliga (4e échelon) ! En deux saisons consécutives, l'ESC atteint déjà la 2e Bundesliga, après un titre de champion d'Oberliga remporté devant 4000 fans.

Avec la création de la nouvelle ligue allemande de hockey sur glace (la DEL) en 1994, l'ESC Francfort dépose un dossier de candidature et est accepté comme cinq autres clubs de 2e Bundesliga candidats. Les "Löwen", comme ils étaient appelés, se rebaptisent alors "Lions". Cette anglicisation du nom ne suit pas uniquement la tendance du moment, c'est aussi une allusion directe au sponsor principal et sa barre chocolatée légendaire. L'annonce du retour de Jiri Lala, désigné comme nouveau capitaine, contribue à l'euphorie : il dit n'avoir gardé que de bons souvenirs de Francfort, mais c'était réciproque. Les supporters s'abonnent en masse (4500) et ils ont le privilège de voir un second joueur de classe mondiale quand Robert Reichel débarque aux côtés de son compatriote Lala - photo de gauche - jusqu'à la fin du lock-out en NHL. Tant pis pour Ilya Vorobyov, le fils de l'entraîneur : l'international junior russe qui occupait le second poste d'étrangers doit se contenter de jouer avec l'équipe junior jusqu'en janvier.

L'entraîneur russe Pyotr Vorobyov a néanmoins de la peine à faire passer son message. Il est gêné par la barrière de la langue et peine à synthétiser ses idées compliquées dans une phrase compréhensible en allemand. Les dirigeants en ont pris conscience et ont intégré dans l'effectif quatre joueurs de nationalité allemande mais nés en Union Soviétique (ceux qu'on appelle des "Allemands de la Volga", rapatriés dans leur pays de lointaine origine à la chute de l'URSS). Les stars tchèques le comprennent également. Robert Reichel, en dispute salariale avec les Calgary Flames, fait son retour en 1995/96 et domine les compteurs de DEL - juste devant... Jiri Lala - en dépassant la barre des cent points (101). Reichel sera nommé capitaine de l'équipe tchèque qui sera championne du monde à Vienne à l'issue de cette saison. Mais en club, il n'aura pas connu la même réussite. Francfort ne dépasse pas le milieu de tableau et se fait éliminer piteusement au premier tour des play-offs par son rival régional de Hesse, les Kassel Huskies. Le "système Vorobyov" se fera bientôt un nom en Russie pour son efficacité défensive extrême, mais on n'en voyait pas de trace à Francfort.

Avec l'arrêt Bosman, toute limitation de joueurs de l'Union Européenne tombe en DEL en 1996/97. Francfort se tourne alors vers la Finlande en faisant venir l'entraîneur Pentti Matikainen. Il débarque avec sept joueurs disposant de référence en équipe nationale et qu'il a souvent déjà eus sous ses ordres, comme le défenseur Kai Rautio ou bien les attaquants Iiro Järvi et Toni Virta. Mais là encore, la greffe ne prend pas dans une ligue allemande de style plus physique et nord-américain. C'est Peter Obresa, l'assistant-coach depuis 1993, qui finit la saison en tant qu'entraîneur-chef.

Bernie, le diable conducteur de bulldozer

La libéralisation des étrangers devenue totale transforme la DEL en ligue nord-américaine dans absolument tous ses aspects. Le propriétaire Gerd Schröder adopte alors les méthodes nord-américaines de management en nommant un manager général qui s'occupera du domaine sportif pendant qu'il s'occupera pour sa part du marketing (ce qu'il fait d'ailleurs très bien). Il confie donc les clés du recrutement à Bernie Johnston, qui prend ses prérogatives avec une déclaration tonitruante : "Je vais pousser tous les joueurs dans le Main avec un bulldozer et celui qui a la force d'en ressortir obtiendra un nouveau contrat."

Le recrutement de Johnston prend vite une coloration très musclée, on le voit vite en consultant la colonne "pénalités" des CV des nouvelles recrues. Même s'il a le plus gabarit le plus imposant de l'équipe, le rugueux défenseur international français Jean-Philippe Lemoine passerait presque pour un poète en comparaison avec ses coéquipiers canadiens Rob Doyle, Chris Snell ou encore le provocateur José Charbonneau, aux émotions à fleur de peau. Des bagarres en pré-saison et un match à scandale dès la quatre journée contre Nuremberg mettent vite cette équipe sous haute surveillance du corps arbitral.

Pourtant, quand les Lions se mettent à jouer au hockey, ils pratiquent un des jeux les plus attractifs de la ligue. Ils comptent 14 victoires, 4 nuls et 2 défaites dans leurs vingt premières rencontres de championnat 1997/98 et figurent pour la première fois en haut du tableau. Peter Obresa a réussi le tour de force d'intégrer rapidement les 18 recrues qui lui ont été confiées. Pas facile alors qu'il ne reste presque plus rien du Francfort d'avant : Ilya Vorobyov, toujours présent et devenu indispensable, témoigne pourtant encore des expériences passées tout comme deux Finlandais qui sont restés, Jukka Tammi (gardien numéro 1 devant le jeune Français Fabrice Lhenry) et le défenseur Toni Porkka. Néanmoins, quand Francfort n'arrive plus à gagner à l'extérieur, l'autorité d'Obresa est contestée et le manque de discipline des joueurs lui est reproché. On sent bien qu'il est de trop. Bien qu'il ait accepté le poste de manager général, Bernie Johnston reste très attiré par ce poste d'entraîneur, fonction qu'il occupait auparavant à Landshut comme en Suisse. Finalement, il renvoie Obresa et prend tout seul les commandes lors des play-offs. La demi-finale de DEL contre Mannheim - qui décuplera une rivalité jamais retombée entre les deux clubs - est perdue en trois manches sèches, mais Francfort ne digère pas la défaite aux tirs au but au troisième match. Un but a en effet été refusé en prolongation à Charbonneau, mais celui-ci était poussé par Stéphane Richer selon les Lions, vidéo à l'appui. Johnston récrimine : "Je pourrais me retirer et écrire un livre sur ce qui ne tourne pas rond dans le hockey allemand. Cela ne plairait pas à certaines personnes, mais ça m'est égal, mon image est celle d'un diable."

Le Belzébuth canadien restera un an et demi de plus. En 1998/99, il refait le même coup en novembre, en renvoyant le coach (Bob Manno) pour prendre sa place. Mais en mars, après une série de défaites, il cède le poste d'entraîneur à Ricki Alexander, qui conduit l'équipe à une nouvelle demi-finale, encore une fois perdue en trois manches sèches (contre Nuremberg). Le propriétaire des Lions, Gerd Schröder, décide alors de garder Alexander, contre l'avis de Johnston qui voulait le remplacer (et aurait selon lui obtenu l'accord de Sean Simpson). Cette divergence de vues a une conséquence : Rick Alexander se retrouver à coacher une équipe qui ne lui ressemble pas. En novembre 1999, la réorganisation suivante se fait aux dépens de "Bulldozer Bernie", remplacé comme manager par Ricki Alexander, qui laisse alors le poste d'entraîneur à son adjoint désigné pendant l'été... Peter Obresa ! La boucle est bouclée. Francfort se qualifie bien pour les play-offs, à la septième place, et pousse le futur champion Munich - entraîné par Sean Simpson - à un cinquième match décisif en quart de finale.

Francfort se sépare alors de John Chabot (photo de gauche), capitaine exemplaire depuis trois ans. Il n'y a aucun reproche à lui faire sur son investissement pour l'équipe. Alors qu'il devait reprendre le jeu progressivement après une blessure, Chabot avait par exemple joué 40 minutes par match sur la glace lors de la crise de l'automne précédent pour contribuer à la remontée du club. Mais, sachant que sa fin de carrière approche, le vétéran canadien souhaitait commencer une reconversion au sein du club. Le patron Gerd Schröder s'y refuse, il ne veut pas voir un joueur occuper parallèlement un poste administratif car il craint que cela crée des problèmes. Après des signes avant-coureurs (absence de Chabot au camp d'entraînement et recrutement d'un cinquième centre avec Patrice Lefebvre), le divorce est consommé fin août après une réunion d'une heure et demie entre Chabot et les dirigeants. Comme c'est parfois le cas des divorces, les deux parties seront malheureuses : Chabot passera la saison à Berlin alors que sa famille est restée à Francfort, tandis qu'Obresa se plaindra très vite de l'absence d'un centre créatif numéro 1 dans son équipe.

La saison 2000/01 tourne au vinaigre. Les Lions sont seulement treizièmes début janvier quand ils virent à la fois l'entraîneur Peter Obresa et le manager Rick Alexander, qui n'a pas eu la main heureuse pour composer l'équipe. Un nouveau coach, Blair MacDonald, débarque avec des bottes en peau de serpent jaune-orangée qui captent le regard ! L'assurance qu'on ne s'ennuiera pas ? Malheureusement, l'effet sur les résultats est beaucoup moins clinquant...

De la relégation théorique au titre en un an

Le poste le plus important est le nouveau manager. Gerd Schröder, qui avait déconseillé à ses collègues des autres clubs de recruter Bernie Johnston, voulait en effet se le garder pour lui ! Il le réengage à une seule condition : qu'il soit manager mais ne redevienne en aucun cas coach. Sitôt revenu à son ancien poste, Bernie explique vouloir réembaucher ces joueurs de caractère difficiles à coacher, comme ceux que l'on a évincé à son départ, les Len Barrie (le père de Tyson, un centre à l'aura irremplaçable), John Chabot ou Chris Snell qui avaient mené les Lions lors de leurs meilleures années. Ce n'est plus possible pour Chabot, qui a commencé sa reconversion comme agent de joueurs, ni pour Barrie, qui a un beau contrat en NHL chez les Florida Panthers. Mais c'est faisable pour le défenseur offensif Snell qui fait son grand retour. Il n'a pas changé de style et amasse toujours beaucoup de points et encore plus de pénalités (plus de 100 minutes à chacune de ses cinq saisons à Francfort).

Néanmoins, le hockey canadien de la vieille école semble dépassé en DEL et Francfort reste éloigné des play-offs. Le favori autoproclamé ne cesse de glisser au classement. Fin novembre 2002, le chaos est à son comble, les prestations de l'équipe virent au refus de jeu. Bernie Johnston présente alors sa démission et prend sa retraite pour devancer un possible renvoi. Sa décision sauve son ami Lance Nethery, qui est alors prolongé pour une année supplémentaire. Nethery, qui a conduit Mannheim au triplé entre 1997 et 1999, est un des entraîneurs les plus réputés de DEL et Francfort aurait été à court d'idées pour trouver encore un autre coach. La saison se termine de manière catastrophique, une avant-dernière position et un barrage de maintien perdu contre les Wild Wings de Schwenningen qui aurait dû entraîner une relégation si l'adversaire n'était pas en faillite financière. Les Lions sont repêchés sur tapis vert.

Nethery a le droit de rester quand même puisqu'il est sous contrat. Il change de poste et change presque toute l'équipe à l'intersaison, sauf de rares exceptions comme Pat Lebeau, un créateur technique recruté comme joker une semaine avant le départ de Bernie. Il nomme comme entraîneur Rich Chernomaz, qui avait été son adjoint et son successeur à Cologne. Lors de cette saison 2003/04, la résurrection de Francfort est incroyable. 5e au classement général, les Hessois parviennent à éliminer Cologne puis Hambourg et accèdent à la finale, où ils écartent les Eisbären Berlin en 4 matchs pour remporter le Graal. Francfort est champion d'Allemagne en DEL.

Le club poursuit son parcours avec le coach canadien Rich Chernomaz et l'équipe reste compétitive chaque année. Mais le poids financier continue de peser lourd. Avant le début de la saison 2008/09, cependant, un choc s'est produit avec le décès de l'actionnaire principal, Gerd Schröder, qui décède le 29 août 2008 des suites d'un accident vasculaire cérébral. Cette triste nouvelle est aussi le début de la fin. Le sponsor principal Commerzbank se retire et cesse tout apport financier. En plus de tout cela, la ville de Francfort-sur-le-Main n'est plus disposée à renoncer aux anciennes dettes dites différées pour la location de la patinoire du Ratsweg. Le niveau d'endettement à la mi-juin 2010 indique un écart de d'environ 2 millions d'euros. Le champion de 2004 est sans aucun doute devenu insolvable.

Finalement, le 28 mai 2010, la demande d'insolvabilité anticipée est déposée auprès du tribunal de district de Francfort-sur-le-Main, de sorte que la licence de DEL pour la saison 2010/11 est remise en question. Au 21 juin, les loyers impayés de la patinoire sont estimés à environ 800 000 € et l'endettement total à 2,7 M€. Quelques heures plus tard, un sponsor majeur pour les Hessois est trouvé en la personne de David Knower, directeur allemand de Cerberus, une grande société de gestion de fonds d'investissement, afin que les documents financiers puissent être envoyés à temps à la direction de la DEL. Néanmoins, le 2 juillet 2010, l'assemblée générale de la DEL confirme le retrait de la licence et entérine le retrait immédiat du hockey sur glace professionnel à Francfort. Les craintes des fans des Lions deviennent une certitude, car le 5 juillet 2010, lors d'une conférence de presse spécialement convoquée par le président Schneider annonce que les champions d'Allemagne de 2004, ont désormais des dettes à hauteur de 4,4 millions d'euros,

Ainsi, le club de hockey sur glace de Hesse, fondé en 1991 sous le nom de Frankfurter ESC, renommé en 1994 pour la création de la DEL est tout simplement anéantis. Une cérémonie est organisée le 25 juillet 2010 et dans un discours émouvant, le speaker de la patinoire, Rüdiger Storch, a remémoré les 19 saisons de l'histoire du hockey professionnel à Francfort en présence de l'entraîneur Richard Chernomaz. Les 1000 fans ont dévoilé une plaque commémorant les Lions de Francfort. C'est Patrick Lebeau qui restera leur meilleur marqueur avec 307 points inscrits entre 2002 et 2007.

Les saisons des Lions en DEL : présentation et bilan 2001/02, présentation et bilan 2002/03, présentation et bilan 2003/04, présentation et bilan 2004/05, présentation et bilan 2005/06, présentation et bilan 2006/07, présentation et bilan 2007/08, présentation et bilan 2008/09, présentation et bilan 2009/10.

Nouveau départ avec Frankfurt Löwen

L'avenir du hockey sur glace dans la métropole bancaire de Hesse retrouve une vie en Regionalliga grâce aux Löwen de Francfort - les Lions sont restés le même animal mais ont simplement repris leur nom allemand pour rompre avec les excès des premiers temps de la DEL. Dès la première saison, en 2011, l'équipe accède au troisième échelon en Oberliga. Et après quatre saisons, en 2014, les Löwen accèdent à la DEL2. Les moyens financiers permettent de constituer le plus gros budget de DEL2, et avec Rich Chernomaz de retour aux manettes, Francfort remporte le titre de champion DEL2 en 2017, mais les portes de la promotion/relégation sont alors fermées.

Elles se réouvrent enfin en 2021 après des années d'attente et Francfort en profite à sa deuxième tentative, en 2022. Sportivement, l'équipe est la plus compétitive, et structurellement, la plus organisée. Les Löwen accèdent même aux play-offs dès leur première saison en DEL en 2023 et reprennent une place de choix dans le paysage du hockey allemand.

Les années de DEL2 : résultats et bilan 2014/15, résultats et bilan 2015/16, résultats et bilan 2016/17, résultats et bilan 2017/18, résultats et bilan 2018/19, résultats et bilan 2019/20, résultats et bilan 2020/21, résultats et bilan 2021/22.

Le retour en DEL : présentation et bilan 2022/23, présentation 2023/24.

 

Damien Kuster et Marc Branchu

 

 

Retour à la rubrique clubs