Allemagne 2001/02 : présentation

 

Le hockey sur glace allemand peut globalement s'estimer satisfait du dénouement des évènements de l'été 2001, car il est passé près d'une crise généralisée dont les problèmes ont finalement été résolus. La DEL redémarrera bien à seize clubs malgré les soucis financiers de nombre d'entre eux, le chaos a été évité dans les divisions inférieures, et la promotion/relégation pourra finalement être remise en œuvre.

C'est ce dernier point qui aura fait durer le plus longtemps le suspense, avant de n'être définitivement acquis que très récemment, le 21 août. Depuis que le dialogue a été renoué entre la DEL et la fédération, c'était le souhait de tous, clubs, supporters et observateurs, que l'on puisse enfin sortir de l'impasse et remettre sur pied un système de montées et de descentes. Mais cela se heurtait à un obstacle légal, que l'on a trop longtemps laissé traîné par mauvaise volonté : en effet, les équipes de DEL sont constituées en GmbH, c'est-à-dire en SARL, et la fédération, qui gère la Bundesliga 2, n'aurait par conséquent pas le droit d'accueillir en son sein un club relégué sous peine de perdre son statut d'utilité publique. Le sens descendant de l'ascenseur était donc bloqué. La solution était connue, mais n'a été mise au point que dans l'urgence au cours du mois d'août, la fédération créant avec ses clubs une structure économique permettant de chapeauter les éventuels relégués et d'éviter l'imbroglio juridique.

Compte tenu de l'annonce tardive, on ne sait pas encore comment la relégation va fonctionner en pratique : cela sera décidé lors de l'assemblée générale de la DEL le 29 août. Selon la principale piste qui avaient été évoquée jusqu'ici, il semblerait que l'équipe qui doive descendre soit désignée par un play-out (probablement en sept manches, à la mode suisse) entre les deux derniers du classement. Si le bas de tableau est aussi serré que l'an passé, cela promet un sacré suspense en perspective. En Bundesliga 2, ce sera bien sûr le vainqueur des play-offs qui montera en DEL.

Les clubs de DEL

L'ordre des pronostics commence bien évidemment par Mannheim : le champion en titre est encore une fois le grand favori, et ce même si Jochen Hecht n'aura été un possible renfort que deux semaines avant de trouver un accord avec les Edmonton Oilers. Mannheim pourra d'ailleurs quand même compter sur un Allemand revenu d'Amérique du Nord : Stefan Ustorf, qui sort de trois saisons dans la défunte IHL. L'équipe est solide dans tous les secteurs : dans les cages, le vétéran italo-canadien Mike Rosati et l'espoir allemand Robert Müller forment un duo de rêve. La défense, renforcée du Canadien Eric Charron, et dans laquelle Denis Seidenberg (tout juste 20 ans) est appelé à jouer un rôle bien plus important, n'a rien perdu de ses qualités. En attaque, on regrettera certes le talentueux Jan Alston parti à Zurich et son collègue Pederson, mais les arrivées de l'international allemand Fabian Brännström (Berlin Capitals) et du buteur canadien Michel Picard, ainsi que celle déjà évoquée d'Ustorf, devraient faire l'affaire. Sur le banc, Bill Stewart a acquis en une saison la réputation d'un excellent analyste connaissant tout de ses adversaires. C'est surtout la grande stabilité de l'effectif qui plaide en leur faveur : les Aigles devraient encore planer au-dessus de la DEL. Ils devront toutefois compter avec un départ de dernière minute : Jean-François Jomphe, resté au Canada pour raisons familiales (sa femme épousée récemment ne voulait pas venir en Europe).

Quand on recherche des équipes capables de les battre, ce sont des noms connus qui reviennent, et en premier lieu Cologne. Le KEC bénéficie d'un chiffre record de 5000 abonnés qui ferait des envieux dans toute l'Europe. Mais les supporters en question ne sont sûrement pas prêts à donner leur bénédiction à Lance Nethery, l'homme qui cumule les fonctions d'entraîneur et de manager. Ils n'ont pas oublié que c'est lui qui a poussé vers la sortie l'idole locale, le légendaire gardien Joseph Heiss (dit "Peppi") et ne veulent pas connaître la même saison noire que l'an passé, conclue par une piteuse sortie en quarts de finale. Du coup, Cologne a procédé au grand dégraissage et compte pas moins de 13 nouveaux visages. Exit les figures telles que Bruno Zarrillo ou le centre autrichien Dieter Kalt, place à une équipe qui se veut plus équilibrée. Pour cela, on a même recruté chez le grand rival local Düsseldorf les attaquants Niklas Sundblad et Thomas Schinko. Mais c'est en défense que le point fort de Cologne se situe : aux côtés de l'excellent Mirko Lüdemann, c'est tout simplement le meilleur défenseur de la DEL, Petri Liimatainen, qui a été engagé. Avec les adjonctions du duo de Schwenningen, Brad Schlegel - Andreas Renz, c'est sur pas moins de sept défenseurs de haut niveau (dont trois internationaux allemands, Lüdemann, Renz et Jörg Mayr) que Cologne peut compter. Dans les buts, on attend de Chris Rogles qu'il réédite sa bonne saison de Kassel et de Dmitri Pätzold (18 ans, né au Kazakhstan de parents allemands) qu'il confirme qu'il est un tout meilleurs gardiens européens de demain. Pour autant, il est formellement interdit de parler de titre dans les travées de la Kölnarena, tellement Mannheim impressionne.

Le troisième larron est de nouveau Munich, qui est désormais l'équipe qui a le plus d'expérience en NHL dans ses rangs. Sont en effet arrivés Derek King (877 matches, meilleur marqueur de l'IHL l'an passé) et Derek Plante (491 matches, vainqueur de la Coupe Stanley il y a deux ans avec Dallas). Ces deux recrutements, deux des plus remarqués de l'intersaison, sont venus à point nommé pour démentir les rumeurs selon lesquelles Anschutz retirerait ses billes. Mais "expérimentés" signifie par ricochet "vieux", et c'est là le principal problème des Bavarois, qui devront espérer que ces onze trentenaires tiennent toujours la forme, mais aussi que ces recrues de choc seront plus motivés que les pré-retraités Bob Sweeney et surtout Zarley Zalapski l'an passé. Pas gagné, d'autant que Derek King a fait montre d'un comportement hautement professionnel dès son arrivée : alors qu'il avait entraînement le lendemain matin, il a été arrêté par la police à 3h30 du matin... alors qu'il conduisait avec 1,1 mg d'alcool dans le sang ! Espérons que la fête de la bière ne soit pas l'unique raison de son choix de club. Les lignes arrières n'ont pour leur part pas enregistré le moindre renfort et auront ainsi l'avantage de bien se connaître, même si on les soupçonne de ne pas être assez concentrées sur le travail défensif.

Derrière ce trio habituel, un quatrième club devrait se mêler à la course au titre : Nuremberg, qui a tout simplement réalisé le meilleur recrutement. Bob Murdoch (deux Coupes Stanley comme joueur avec Montréal, entraîneur de l'année en NHL en 1990 et déjà champion d'Allemagne en 1995 avec Cologne) a désormais les cartes en mains. Le gardien Parris Duffus n'a pas présenté toutes les garanties de sécurité l'an passé ? Place à un duo composé du vétéran canadien Frédéric Chabot et de l'espoir allemand Marc Seliger, qui n'a rien à envier au couple mannheimois Rosati-Müller. Déjà meilleure équipe en infériorité numérique l'an passé, Nuremberg a encore renforcé sa défense avec les Canadiens Shawn Anderson (un quasi-inconnu qui a explosé avec Iserlohn l'an dernier), Kevin Dahl et l'Américain Chris Luongo. En attaque, le bien connu Italien Bruno Zarrillo, le Polonais Jacek Plachta et le petit Américain David Emma seront chargés de pallier le départ du buteur Aleksandr Cherbaïev. Mais tous ces joueurs ont un point commun : ils ne sont plus tout jeunes, et les premiers passages à l'infirmerie (Zarrillo, Emma et Jiranek) entrevus dès les premiers matches de pré-saison ne sont pas très bon signe. Un joueur est le symbole de l'ambition de cette équipe de Nuremberg aux dents longues : Thomas Greilinger. Toutes les belles histoires ont une fin, et son conte de fées qui avait vu passer ce gros bébé de la troisième division allemande à l'équipe nationale a tourné au vinaigre l'an passé quand, légèrement blessé, il a effectué des championnats du monde transparents et a du coup immédiatement disparu des tablettes des versatiles recruteurs de NHL. Il a ainsi suivi une draft 2001 exceptionnelle pour le hockey allemand en spectateur. Aujourd'hui, il compte se relancer à Nuremberg pour écrire un nouveau chapitre de sa carrière.

L'ambition, ce n'est pas ce qui manque à Francfort, qui a pour l'habitude d'annoncer des noms ronflants. Le dernier en date : Alexander Selivanov, une recrue de dernière minute qui a une vraie expérience en NHL et qui devrait marquer les esprits (et des buts aussi, on l'espère). Mais à force de regarder devant, Francfort a oublié que sa place en play-offs n'était pas un ticket à vie et a connu une dure leçon l'an dernier en suivant les séries finales à la télévision. On mise encore une fois tout sur la carte canadienne, seul l'Ukrainien Vadim Slivchenko apportant une touche européenne. Il est probable que Francfort saura éviter de renouveler sa mésaventure et gagnera son billet en play-offs. Pour aller plus haut, en revanche, il manque un élément indispensable, à savoir un gardien de très haut niveau. Le petit gardien noir Eldon "Pokey" Reddick approche tout de même de ses 37 ans, et l'international allemand Leonardo Conti semble encore un peu tendre.

Même sous son habit de sélectionneur de l'Allemagne, Hans Zach ne perd pas de vue les intérêts de son club de Kassel (et inversement d'ailleurs, tant sa politique de confiance en club envers les jeunes Allemands est indispensable à l'équipe nationale). Ainsi, lorsqu'aux derniers championnats du monde, il vit son équipe écœuré par un gardien biélorusse inconnu nommé Leonid Fatikov, il retint son nom qui se retrouva comme par hasard quelques semaines plus tard deuxième gardien de Kassel, après que Zach eut hésité avec une autre révélation du Mondial, le portier ukrainien Konstantin Simchuk. C'est un pari intéressant que tente Zach puisque le premier gardien n'est autre que le Finlandais Ilpo Kauhanen, meilleur gardien de Bundesliga 2 l'an passé avec Bad Tölz. Ils devront tous deux être excellents pour faire oublier Chris Rogles, parti à Mannheim. Si les gardiens sont étrangers, les joueurs de champ sont essentiellement allemands, notamment en attaque avec le trio Daffner-Abstreiter-Kreutzer ou encore Klaus Kathan, dont le talent est désormais connu de tous depuis le Mondial. On retrouvera également une vieille connaissance, le Néerlandais Tommie Hartogs.

Celui-ci, plus vraiment en odeur de sainteté à Krefeld pour son manque de travail défensif, a quitté son vieux compère Stéphane Barin, également orphelin de Robert Ouellet. Le désormais seul Français en DEL est resté dans une équipe à qui la dégringolade subite de l'an passé à mi-saison est restée en travers de la gorge. C'est presque un exploit, car seuls quatre de ses coéquipiers (Thomas Brandl, Roger Nordström, Christian Ehrhoff et Phil von Stefenelli) étaient déjà là il y a seulement deux ans. Le Français partage d'ailleurs avec les deux premiers cités le titre de joueur le plus ancien de l'équipe : il est arrivé en 1998 ! Avec le départ d'un autre gardien de légende, Karel Lang, c'est vraiment une page qui se tourne à Krefeld. Il sera maintenant essentiel que le gardien suédois Nordström retrouve vite son meilleur niveau un peu perdu depuis son retour de blessure. Ce n'est pas à son remplaçant Benjamin Voigt (19 ans) qu'on pourra confier les rênes. La défense semble s'être renforcée, alors que le Canadien Gilbert Dionne et le Tchèque Patrik Augusta se voient confier des rôles spécifiques de buteurs. Krefeld a apporté sa contribution au "théâtre d'été" comme on appelle en Allemagne les toujours rocambolesques affaires de l'intersaison : le très médiatique Rick Amann (et pour cause puisque, s'il n'a aucune expérience sur les bancs de la DEL, il est consultant à la télévision) a été embauché avec la double casquette d'entraîneur et de manager avant d'être remplacé par le duo Chris Valentine / Rudiger Noack.

Cela fait déjà sept équipes de passées, autant dire que les places en play-offs seront comme toujours très chères. À Hanovre par exemple, une élimination serait vraiment malvenue l'année du déménagement de la patinoire de Mellendorf à la nouvelle Preussag-Arena construite pour les championnats du monde, surtout après une superbe demi-finale. Mais les Scorpions n'ont rien à envie à Krefeld pour ce qui est de leur actualité feuilletonesque. Les dirigeants avaient embauché un surprenant entraîneur en la personne de Dieter Frenzel, recordman des sélections de la RDA mais qui officiait jusqu'ici deux niveaux en dessous, sur les bancs de l'Oberliga. Finalement, trois semaines avant le début de la saison, les deux parties décident de se séparer parce que "les attentes réciproques qui avaient été placées dans cette collaboration ne peuvent malheureusement pas être concrétisées". Jolie langue de bois, mais voilà qui n'augure rien de très bon pour une équipe limitée en effectif.

Abonnés à la queue de peloton, les Eisbären de Berlin espèrent profiter de la chute programmée des Capitals pour inverser le rôle et faire basculer le cœur du hockey de la capitale à l'est. Pour ce faire, Anschutz a fait débarquer les Nord-Américains, profitant à plein de la disparition de l'IHL, d'où débarquent le gardien Richard Shulmistra et les attaquants David Roberts, Steve Larouche et Ed Patterson. A cela il faut ajouter l'Américain Chris Marinucci, champion du Japon avec le Kokudo Tokyo. On suivra également avec attention le duo d'espoirs allemands Boris Blank - Eduard Lewandowski, qui arrive de Wilhelmshaven.

Après une saison calamiteuse, Augsbourg espère également revenir en play-offs. Après que Chyzowski et Savoia se sont révélés des flops retentissants, l'ex-Rouennais Daniel Naud cherche maintenant à insuffler un véritable esprit d'équipe à des joueurs faisant preuve d'un peu plus d'engagement et de motivation. Il sera notamment très important que Marc Beaucage et Robert Guillet puissent décharger un peu de poids offensif au duo Sergueï Vostrikov - Igor Maslennikov, toujours le plus efficace de DEL à 37 et 36 ans. Le gardien Magnus Eriksson devra prouver qu'il est un des plus solides de Suède. Quant aux lignes arrières, elles devront très vite trouver leurs marques car seul le Norvégien Tommy Jakobsen a été conservé de l'équipe de l'an passé, qui avait de loin la plus mauvaise défense de DEL.

Oberhausen a vécu une saison de rêve l'an passé, mais est passé près de la sortie cet été lorsque la direction de la patinoire se refusait à assurer aux Revier Löwen qu'ils pourraient louer l'enceinte aux conditions prévues. Maintenant que "l'entraîneur de l'année" Gunnar Leidborg est parti aux Berlin Capitals pour de meilleures conditions financières et sportives (c'est vilain de se moquer, il ne pouvait pas savoir, le pauvre petit...), Peter Draisaitl va devoir gérer le retour sur terre en espérant que l'homme aux neuf blanchissages, le gardien finlandais Sinuhe Wallinheimo, ne redescendra pas de son petit nuage. Fini l'équipe 100% européenne qui a eu tant de succès l'année dernière, le Letton Kercs et les Biélorusses Andrievski et Vassiliev sont partis, et Oberhausent s'est mis aux normes de la DEL en engageant son lot de Nord-Américains, sans prendre toutefois le risque de les faire venir d'outre-mer. C'est chez des concurrents de DEL que Jason McBain, John Craighead et Derek Cormier ont été recrutés, ils ont ainsi déjà une expérience de la ligue. Parmi les nouveaux, on retrouve aussi les internationaux allemands Sebastian Klenner et Andreas Lupzig ainsi que l'Autrichien Martin Höhenberger.

S'il est un endroit où le public est impatient et a soif de succès, c'est bien Düsseldorf. Mais à l'heure actuelle, les titres passés sont un lointain souvenir, et la difficulté de rentrer en play-offs a été expérimentée l'an passé. Qu'attendre du reste d'une équipe qui a laissé partir ses cinq meilleurs marqueurs ? Ce n'est en réalité pas si grave que ça en a l'air, puisque l'attaque en question était la plus médiocre de la DEL, et que le Suédois Robert Burakovsky (Leksand), le Canadien Jean-François Quintin (Essen) et les Norvégiens Trond Magnussen (Färjestad) et Tore Vikingstad (Leksand) devraient les remplacer avantageusement. Le duo venu des Berlin Capitals composé du Belge Mike Pellegrims et de l'Autrichien Martin Ulrich a de quoi rassurer la défense. Mais le pilier de l'équipe sera toujours le gardien russe Andreï Trefilov, meilleur joueur de la DEL l'an passé.

Schwenningen est toujours sur la corde raide financière et a ouvert un compte en banque pour faire appel à ses généreux supporters, le premier d'entre eux étant Andreas Renz, parti à Cologne avec que des bons souvenirs. Encore une fois, la vague de départs a été douloureuse, et il faudra désormais compter sans Augusta, Schlegel, Slivchenko, Augusta ou Plachta. Faute de moyens conséquents, Schwenningen est contraint de faire des paris pour former une équipe compétitive, comme de donner une troisième chance à Dave Chyzowski après ses échecs à Augsbourg et Munich, de s'appuyer sur les vétérans Mark MacKay et Mike Bullard qui reviennent tous deux de blessure, et de donner au prodige Marcel Goc, qui a 18 ans ces jours-ci, quasiment un statut de leader pour ce qui sera probablement sa dernière saison avant qu'il tente sa chance en NHL. L'enthousiasme des supporters un peu trop prompts à parler de play-offs risque d'être le pire ennemi dans une saison où il faudra aussi (et surtout) regarder derrière. Si les Wild Wings poursuivent sur la même lancée que la saison dernière (redoutés de toutes les équipes à domicile mais indigents à l'extérieur), ils devraient cependant être à l'abri aussi bien de la relégation que des play-offs.

Essen a également connu son lot de déboires financiers à l'intersaison et sa situation a été encore plus critique avec un trou de 900 000 marks (près de 500 000 euros). Mais là aussi, les supporters se sont mobilisés : manifestation de soutien dans les rues de la ville et collecte de 200 000 marks. Des supporters qui, après deux saisons conclues à la dernière place, ont toujours répondu présent. Ils étaient 4000 pour le dernier match sans enjeu de la saison régulière. "Même en play-offs Munich n'en a pas autant. Cela donne du courage pour le futur" se réjouissait le président Thomas Schiemann. En cette année où la dernière place est interdite, Essen a joué la carte de la sécurité en embauchant principalement des Canadiens ayant déjà une bonne expérience en DEL. La véritable inconnue se situe à un poste-clé : le gardien Jimmy Waite, qui arrive de St. John's en AHL et qui doit faire oublier les échecs connus par ses prédécesseurs à ce poste. De lui dépendra sans doute la vague ascendante des Moskitos.

Pour les Berlin Capitals, l'essentiel a été assuré : le club pourra finalement repartir en DEL après avoir versé une caution de 11 millions de marks. Compte tenu des dettes du club qui s'élèvent à 23 millions de marks (soit deux fois le budget du club), c'est déjà un miracle. L'avenir, c'est peut-être la méga-patinoire de 18000 places, les investisseurs qui se bousculent (c'était avant de connaître la situation financière exacte du club). Mais en attendant, le présent, c'est serrage de ceinture et préoccupations sportives. Après la tourmente, le temps est venu de compter les survivants. Il reste sept joueurs qui sont restés malgré tout : le gardien biélorusse Andreï Mezin, qui risque d'avoir du travail cette saison, le Danois Heinz Ehlers, le Canadien Yvon Corriveau, le vétéran allemand Pavel Gross (qui n'a disputé que 6 matches l'an dernier pour cause de blessure), le Germano-Finlandais Petri Kujala et les espoirs allemands Markus Pöttinger et Jonas Lanier. Pour l'instant, une douzaine de joueurs s'entraîne. L'effectif constitué avec la prétention de viser le titre s'est évaporé peu à peu. Si l'entraîneur Gunnar Leidborg pardonne aux joueurs qui n'ont pas été payés depuis plusieurs mois, il n'a pas l'intention de céder sur le cas Rikard Franzen : la nouvelle recrue suédoise s'est engagé entre-temps avec Berne, expliquant que l'effectif des Capitals aurait une toute autre allure que quand il avait signé. Le staff berlinois a porté l'affaire devant l'IIHF. Quant à Leidborg, il doit constituer en urgence une équipe et mettre à l'épreuve son titre de meilleur entraîneur pour revêtir son habit de magicien.

Iserlohn a évité à la surprise générale la lanterne rouge la saison dernière, mais c'est maintenant qu'il faut réussir le même exploit. Deux atouts peuvent permettre à Iserlohn de s'en sortir : d'une part, la réussite de parfaits inconnus devenus des stars de DEL peut être un argument pour attirer des joueurs désireux de faire monter leur valeur marchande. D'autre part, la disparition de l'IHL et le chamboulement des ligues nord-américaines ont libéré de nombreux joueurs sur le marché, ce qui a conduit le club à commencer son recrutement très tardivement pour engager des joueurs toujours sans club à bas prix. Néanmoins, Leonids Tambijevs et Shawn Anderson sont partis tout comme les centres Terry Campbell, Alex Kuzminski et Steve Potvin. Seuls le buteur tchèque Tomas Martinec, le défenseur canadien Guy Dupuis et le vétéran allemand Andreas Pokorny sont restés parmi les joueurs majeurs. Il faudra à nouveau que des Nord-Américains se révèlent, mais aussi que Kimmo Kapanen (le jeune frère de l'attaquant international finlandais Sami Kapanen débarque de l'HPK Hämeenlinna) réalise de solides prestations dans les cages.

Chaos dans les divisions inférieures

L'an passé, la fédération allemande gérait les championnats suivants : Bundesliga 2, Oberliga (troisième division) nord et sud et Regionalliga sud. Les divisions inférieures étaient gérées par les ligues régionales. Toute cette structure a bien failli disparaître dans le chaos cet été, et tout cela à cause de la fin de l'Oberliga Nord. Gelsenkirchen avait connu la faillite l'an passé après seulement six journées, Erfurt et la réserve des Eisbären de Berlin l'ont imité pendant l'été, de même que les Crocodiles de Hambourg, lâchés par le richissime propriétaire du Jokerit Helsinki, Harry Harkimo (qui n'a pas pour autant abandonné ses projets et a racheté les droits de l'appellation HSV - le nom du célèbre club de football de la ville - pour jouer les vautours dans les saisons à venir. Il n'a en effet plus l'intention de faire monter sportivement les Crocodiles mais veut racheter une licence d'un club en difficulté financière en DEL afin de le transplanter dans une nouvelle grande patinoire à Hambourg). Au bilan, si vous enlevez Wolfsburg promu en Bundesliga 2 et si vous ajoutez le SC Mittelrhein (ex-Neuwied, club qui avait connu la faillite alors qu'il évoluait en Bundesliga 2), cela ne fait guère que huit clubs. Et comme un club comme Herford avait annoncé qu'il ne prendrait le départ que s'il y avait au minimum douze clubs, l'organisation de l'Oberliga Nord était vouée à l'échec. La fédération annonça donc contrainte et forcée l'interruption pour une saison de cette division, dans l'espoir de pouvoir la réorganiser l'an prochain sur de meilleures bases. Restaient alors deux solutions, avec chacune leurs inconvénients : regrouper les clubs restants d'Oberliga et de Regionalliga sud et les diviser en deux poules géographiques (mais la différence de niveau serait trop importante, et les clubs de Regionalliga sud ne voulaient pas être les victimes des errances du nord alors que leur division fonctionnait bien) ou bien créer une Oberliga nationale. Cette dernière solution, la "moins mauvaise", a finalement été retenue. A cette fin, les deux clubs qui avaient perdu les barrages pour la montée, Duisburg et Crimmitschau, ont été repêchés en Bundesliga 2, ce qui permit d'organiser une Oberliga à quatorze clubs. Les clubs d'Oberliga nord qui en désiraient pas participer à cette division nationale se sont regroupés sur des ligues régionales, deux divisions de Regionalliga d'un meilleur niveau qu'auparavant étant créées, l'une au Nord-Est et l'autre en Rhénanie. Une solution provisoire avait été trouvée pour cette saison. Et après ?

Car cet épisode montre les difficultés que rencontrent les clubs du nord du pays. Contrairement aux fiefs traditionnels bavarois du sud, très rapprochés les uns et des autres, ils ont des distances importantes à parcourir et doivent maintenant s'interroger sur leur avenir. Doivent-ils tout de suite recréer une Oberliga nord ou attendre encore un peu (et conserver cette division nationale qui paraît exagérée à ce niveau) pour consolider d'abord la base en créant une Regionalliga nord qui serait le pendant de celle du sud ? La réponse sera donnée dans les mois qui viennent.

La porte ouverte laissée à Duisburg et à Crimmitschau a permis à la Bundesliga 2 de passer à quatorze clubs, mais les évènements à suivre ont laissé un goût amer aux autres clubs. Un contrat avait en effet été négocié avec la télévision numérique Euro 1, mais celui-ci, qui devait représenter une vraie opportunité pour cette division n'a pas été signé par les deux promus Wolfsburg et Regensburg en raison de conflits d'intérêt avec leurs propres sponsors locaux. Euro 1 voulait au moins douze clubs, et la décision de Duisburg, "gentiment accepté" de refuser à son tour le contrat provoqua l'ire es autres dirigeants qui dénoncèrent l'ingratitude et le manque de solidarité. Mais c'est malheureusement une triste habitude que les clubs fassent passer leurs intérêts particuliers avant l'intérêt général. Adieu la manne financière pour tous donc, mais certains diront que c'est un mal pour un bien, car cela permettra à la Bundesliga 2 d'être présente dans les décrochages régionaux de la télévision publique, bien plus suivie qu'un hypothétique projet de télévision numérique.

La Bundesliga 2

Ce championnat de Bundesliga 2 (limité à six étrangers comme toutes les divisions gérées par la fédération, ce qui avait déclenché un tollé en mai dernier alors que les championnats du monde avaient prouvé l'intérêt d'une politique de promotion des joueurs allemands) promet d'être particulièrement intéressant puisque la carotte de la montée en DEL sera présente au bout. Deux clubs sont particulièrement ambitieux et ont annoncé depuis l'an dernier déjà que leur objectif est la montée en DEL. Le premier et grand favori est le champion en titre, Ingolstadt, qui devra toutefois se méfier d'une concurrence plus affûtée. Déjà annoncé comme le principal outsider la saison dernière, Bietigheim-Bissingen avait relativement déçu mais espère mieux réussir après un gros renouvellement d'effectif (13 départs pour 12 arrivées). Il faudra également suivre Heilbronn, l'équipe du vétéran Oleg Znarok qui a réussi à récupérer le buteur biélorusse de Wilhelmshaven, Viktor Karatchun. En juin, nul n'aurait placé Bad Tölz, parmi les outsiders : il faut dire que le finaliste de l'an passé avait été complètement pillé de ses meilleurs éléments, les attaquants Yanick Dubé et Sven Valenti et l'excellent gardien finlandais Ilpo Kauhanen. Mais des remplaçants de grande valeur ont finalement été trouvés : Duane Derksen, qui gardait les cages d'Iserlohn, le Finlandais d'Ässät Niklas Hede et surtout Scott King, qui était tout simplement le meilleur marqueur de l'ECHL (East Coast Hockey League) l'an passé - mais avec un seul point d'avance sur la plus intéressante recrue de Bietigheim, Andrew Williamson. Derrière ce quatuor, Bremerhaven, l'équipe qui avait fait peur à Ingolstadt en play-offs, espère bien rééditer le même genre de surprises. Du côté de Garmisch-Partenkirchen, l'équipe de Riessersee, qui a engagé le Caennais Jouni Lahtinen, a connu des difficultés financières et la présidente Daniela Pfanzelter a eu son lot de sueurs froides. Mais, si le budget sera serré, ce club pourra compter sur deux atouts importants : la superbe patinoire olympique de 8000 places, et surtout son excellente formation. Il ne faudra pas s'étonner de retrouver cinq joueurs de la génération 1983 dans l'effectif, dont le défenseur Stefan Schauer, invité surprise de la dernière draft NHL, mais qui a tout de même encore beaucoup à prouver (il doit d'ailleurs être opéré à l'orée de la saison). Riessersee a en effet remporté le premier championnat de DNL, un championnat de haut niveau pour les moins de 18 ans (court-circuitant ainsi la catégorie junior), créé pour être la pouponnière des talents allemands de demain. Même si Wolfsburg est un promu, ses ambitions sont élevées. L'équipe entraînée par le Slovaque Stefan Mikes, qui comptera sur cinq de ses compatriotes (plus un Tchèque), et sponsorisée par Škoda, vise ouvertement les play-offs. Straubing a beau être bien plus proche de la frontière tchèque, l'équipe y est à consonance canadienne mais l'objectif y est identique avec un effectif renforcé qualitativement, mais pas quantitativement. A Weißwasser, qui, du temps de la RDA, se partageait les titres avec son unique rival, le Dynamo Berlin (devenu aujourd'hui les Eisbären), on continue à pencher à l'est d'une certaine manière, avec deux Russes (dont le vétéran Alexeï Pogodin), deux Ukrainiens et un Kazakh, et on espère renouer avec le succès. Autre prétendant aux play-offs, le miraculé Bad Nauheim, qui a fini la saison dernière à l'agonie, relégué sportivement et ruiné économiquement. Mais le retrait de Wilhelmshaven a permis de repêcher le club qui, sorti d'une situation financière inextricable, croit maintenant à une résurrection. Après une saison assez irrégulière, Fribourg a terminé avec un trou financier qui contraint maintenant l'équipe du Breisgau à une cure d'économies. Rééditer la huitième place de l'an passé serait cette fois-ci une bonne performance. Place maintenant aux trois autres promus, qui sont là avant tout pour assurer le maintien, puisqu'il y aura deux relégués : Regensburg paraît le mieux armé, mais Duisburg fonde beaucoup d'espoirs en Yvan Corbin, meilleur marqueur de la Central Hockey League. Quant à Crimmitschau, où l'on retrouvera Jukka Ollila (ex-Caen), la petite ville de Saxe pourra compter sur le gros soutien populaire qu'elle a su créer en accueillant régulièrement plus de 4000 spectateurs.

L'Oberliga

Enfin, dans la nouvelle Oberliga unifiée, Bayreuth fait figure de favori devant Selb (qui compte dans ses rangs le défenseur canadien bien connu en France, Alain Coté). Les premiers ont très largement bouleversé leur effectif tandis que les seconds misent plus sur la continuité. Les principaux outsiders seront deux places fortes traditionnelles du hockey allemand, Landshut et Kaufbeuren, où la star Didi Hegen montre qu'à 39 ans il lui reste toujours la joie de jouer, ainsi que Ratingen et Peiting, l'équipe-surprise de la saison passée bien décidée à jouer à fond la carte suédoise. A Dresde, la folie des grandeurs semble être passée et on devrait revenir à plus de sagesse. Erding a connu une saison difficile en Bundesliga 2, conclue par une redescente immédiate, mais la légende vivante du hockey allemand, Erich Kühnhackl, n'a pas l'intention de varier un poil sa politique : aligner une équipe 100% allemande face aux escouades étrangères. Il pourra s'appuyer sur les services du jeune Alexander Jung, qui a préféré rejoindre l'Oberliga que de faire banquette aux Eisbären de Berlin. Mais les deux jeunes équipes de Deggendorf et Bad Aibling comptent lui donner du fil à retordre pour la qualification en play-offs. Pour Geretsried, Füssen, Mittelrhein (Neuwied) et Haßfurt, l'objectif prioritaire est le maintien. Pour cette dernière équipe, cela sera difficile puisque, après le gros déficit qui a clôturé la saison, la quasi-totalité des joueurs sont partis. Il faut maintenant reconstruire avec une bande d'inconnus, dont un certain Marcus Schweiß venu de Mulhouse.

Marc Branchu

 

PS : lors de son assemblée du 29 août, la DEL a donné l'accord final à la participation des Berlin Capitals et leur a rendu les 11 millions de marks qui étaient bloqués, destinés à rembourser les impayés. Mais elle a dans le même temps voté une sanction contre ce club : 100 000 marks d'amende et surtout six points de pénalité qui compliquent encore sa tâche pour le maintien. Ce dénouement intervient après de nouveaux rebondissements, alors que l'on croyait en avoir fini avec ce feuilleton. La licence des Capitals avait été de nouveau retirée et certains joueurs s'étaient mis en grève, ce qui avait obligé à annuler le match amical face à Hanovre.

Par ailleurs, la chaîne payante Premiere World, qui retransmet la DEL, a décidé de consacrer également un petit magazine à la Bundesliga 2, ce qui met fin à un des feuilletons de l'été, celui de la diffusion télévisée de cette division.

 

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