Allemagne 2015/16 : bilan

 

La DEL et la DEL2 s'étaient enfin entendus pour qu'une passerelle sportive se rouvre entre les deux divisions en 2018, mais à des conditions draconiennes. Au moins 6 clubs devaient prouver qu'ils respectaient les critères de montée dès 2016 et 2017 y compris une garantie bancaire de 900 000 euros (ce qui coûte de l'argent à obtenir). Il fallait donc trouver des volontaires parmi ceux qui respectent les autres critères, notamment la capacité de loges et de places de la patinoire. Les clubs de DEL2 se sont montrés solidaires puisqu'ils ont déposé les 6 dossiers exigés en aidant le dernier Heilbronn - pas du tout un vrai candidat à la promotion - à remplir le sien.

La DEL n'a cependant pas goûté ces dossiers, déçue que le club de la plus grosse métropole - Francfort - n'en fasse pas partie. Les noms des clubs concernés n'ont cependant jamais été révélés puisque tout s'est fait dans le secret... On sait cependant que la DEL a déclaré les dossiers non conformes, ce que la DEL2 conteste. Deux avant l'échéance, les deux parties ont déjà fait appel à des juristes !

C'est dans ce contexte peu engageant que la décision du groupe Anschutz de mettre fin au hockey professionnel à Hambourg a pris tout le monde de court. La DEL avait soudain besoin d'un club, et le seul qui avait prévu cette éventualité en déposant un dossier "au cas où" dès cette année - Bremerhaven - a été intégré en remplacement. Un des partisans les plus engagés du retour de la promotion/relégation quitte donc la DEL2 avant l'heure... Le retrait de Hambourg a laissé l'Allemagne groggy, et par ricochet, deux divisions plus bas, il a fallu organiser des réunions de crise pour restructurer les championnats !

 

Les résultats du championnat allemand

 

Les clubs de DEL

 

Munich (1er) : vainqueur dans l'indifférence

Le plus gros budget (12 millions d'euros) a gagné. Bien évidemment, cette logique purement financière n'a pas rencontré beaucoup d'adhésion populaire. La finale entre Munich et Wolfsburg - c'est-à-dire entre les sponsors tout-puissants Red Bull et Volkswagen/Skoda - a réalisé de moins bonnes audiences à la télévision qu'un match de saison régulière (où la télé choisit surtout de suivre des clubs plus appréciés...) ! Même la quête du sympathique Michael Wolf, l'ex-capitaine de l'équipe nationale qui recherchait un premier titre à 35 ans, ne suffisait pas à intéresser les fans de hockey sur glace au sort de Munich.

S'il n'a pas enthousiasmé les foules, le titre de Munich est sportivement incontestable. Depuis trois ans que Red Bull s'est pleinement investi, l'équipe n'a cessé de changer. Mais à partir de décembre dernier, la mayonnaise a vraiment pris. Les recrues ont su trouver leur place dans le système de Don Jackson, l'entraîneur déjà cinq fois titré avec Berlin. Celui-ci a su laisser assez de libertés à ses joueurs techniques - le meilleur marqueur Keith Aucoin et le très talentueux Dominik Kahun (21 ans) - tout en mettant en place la défense la plus solide de DEL, particulièrement efficace en infériorité numérique.

Un atout utile quand on compte dans ses rangs le joueur le plus pénalisé de la ligue, Steve Pinizzotto. Le Canadien à passeport allemand est le type de joueur qu'on adore détester, mais il a tenu un rôle déterminant en play-offs à force d'user et d'irriter les adversaires. Comme un symbole, il a inscrit le but décisif... et a alors provoqué le banc adverse, se faisant sanctionner d'une méconduite !

Munich avait l'équipe la plus complète, et a sacrifié pour cela quelques surnuméraires. Il n'y a pas eu beaucoup de rotation, plutôt des choix définitifs. Si on pouvait s'attendre à ce que l'international italien Joachim Ramoser regarde les play-offs depuis la tribune, ce fut une surprise de l'y voir accompagné par le défenseur vétéran Richie Regehr, qui n'a pas regagné sa place à son retour de blessure et est loin du niveau dominant de son époque berlinoise. Le gardien Danny aus den Birken, qui avait quitté Cologne car il ne se sentait plus en confiance, a lui aussi été réduit au rôle d'observateur : l'Américain David Leggio, engagé fin octobre pendant qu'Aus den Birken était blessé, a été choisi comme titulaire en play-offs.

Le EHC Red Bull est le quatrième club de Munich à devenir champion d'Allemagne. Le MTV (1922) avait peu duré. Le Hedos (1994) avait fait faillite quelques mois après sa victoire. Et enfin, les Barons (2000) avaient été re-déménagés par le groupe Anschutz... avant de connaître la fin que l'on sait. L'engagement de Red Bull sera-t-il plus pérenne et le hockey sur glace s'implantera-t-il enfin vraiment dans la très footballistique capitale bavaroise ?

 

Wolfsburg (2e) : deuxième et dernière finale ?

Wolfsburg est encore plus dépendant de son sponsor principal : le groupe Volkswagen apporte à lui seul près de 5 millions d'euros par an, l'essentiel du budget. Lorsque la firme automobile a été mise en cause à l'automne pour avoir installé un système faussant les tests de pollution, c'est toute une ville qui a chancelé : Wolfsburg est entièrement consacrée aux usines Volkswagen, et les milliards perdus dans le scandale étaient comme des nuages noirs menaçants au-dessus de la ville.

Le club de hockey sur glace, le moins suivi de DEL, paraissait facile à sacrifier dans le plan d'économies. La rumeur qui le prétendait a été démentie, ce qui est justice pour le mérite sportif avéré de l'équipe entraînée par le tacticien Pavel Gross (ancien joueur du triplé de Mannheim époque Bozon). C'est la plus constante de DEL, présente huit fois de suite en quart de finale.

Elle a même su élever son niveau de jeu en play-offs avec son style intensif difficile à jouer. Deux joueurs décevants en saison régulière, l'attaquant Brent Aubin et le défenseur Jimmy Sharrow, ont renversé la tendance et décroché un nouveau contrat. Le gardien Felix Brückmann a prouvé qu'il était maintenant physiquement affûté et pouvait devenir pleinement numéro 1. Malheureusement, les Grizzlys n'avaient pas la profondeur de banc de Munich et ont souffert de plus de blessures. Comme en 2011 lors de son unique autre finale contre Berlin, Wolfsburg n'a pas gagné un seul match.

Y aura-t-il d'autres occasions ? Volkswagen a certes réaffirmé son engagement jusqu'en 2020, en son nom propre et sans plus passer par sa filiale tchèque Skoda, mais son sponsoring sera réduit de 500 000 euros chaque année. Rester aussi compétitif sera encore plus une gageure pour Wolfsburg, qui a néanmoins de la visibilité et sait devoir chercher enfin d'autres ressources.

 

Nuremberg (3e) : la puissance et le nombre

L'ultra-dépendance de Nuremberg à sa première ligne a enfin paru en voie d'être résolue. Le buteur Patrick Reimer et le centre Steven Reinprecht ont encore été les deux meilleurs marqueurs de la DEL, mais ils n'étaient plus totalement seuls.

L'arrivée de plusieurs vétérans de NHL aux gros gabarits, dont la superstar Dany Heatley, avait densifié l'équipe. Malgré son bilan discutable à cinq contre cinq (-11), Heatley était le plus efficace en supériorité numérique, secteur où le jeune Leo Pföderl (22 ans) a aussi démontré une belle qualité de tir. Mais en play-offs, ce powerplay redoutable s'est effondré face à la défense acharnée de Wolfsburg. Les duels ne sont pas uniquement une question de taille et de puissance...

L'investissement consenti (y compris pour rapatrier l'ancien "gardien de l'année" Tyler Beskorowany après les blessures de Jochen Reimer et Andreas Jenike) par le propriétaire Thomas Sabo n'a cependant pas été vain. Plus de 5000 spectateurs en saison régulière, plus de 7000 en play-offs : on n'avait pas encore connu une telle ambiance à Nuremberg. Le public a applaudi 20 minutes son équipe après l'élimination. Il faudra dorénavant maintenir cette euphorie... sans pouvoir toujours sortir une star (vieillissante) de son chapeau.

 

Cologne (4e) : ils ont refusé de monter dans le bus

Pour la deuxième année consécutive, Cologne a changé d'entraîneur en cours de saison. Si le licenciement d'Uwe Krupp avait pris tout le monde par surprise, la position de son successeur suédois Niklas Sundblad s'est rapidement fragilisée. Alors qu'il avait reconstruit l'équipe à sa guise, elle a fini par se rebeller contre lui...

Sentant la pression monter au fur et à mesure que Cologne descendait au classement, Sundblad a en effet décidé une "mise au vert" de deux semaines fin janvier pour re-mobiliser l'équipe. Mais les joueurs n'étaient pas emballés de quitter ainsi leurs familles pour dormir à l'hôtel. Deux d'entre eux ont refusé de monter dans le bus, et quand on leur a signifié leur exclusion, leurs coéquipiers ont pris fait et cause pour eux. Désavoué, Sundblad a ensuite été limogé.

L'entraîneur canadien Cory Clouston a réussi à assurer la qualification et a même emmené l'équipe jusqu'en demi-finale, en éliminant le Berlin de Krupp au passage pour boucler la boucle. Il ne reste plus qu'à lui souhaiter de tenir plus que quelques mois...

L'équipe va encore changer de visage, car la greffe suédoise n'a pris qu'à moitié. Gustaf Wesslau a bien été le grand gardien attendu, et l'attaquant défensif Johannes Salomonsson s'est avéré un redoutable joueur de contre-attaque grâce à sa vitesse. En revanche, malgré leur agilité et leur vision du jeu, leurs compatriotes Dragan Umicevic et Pär Åslund n'ont pas semblé s'adapter au style plus physique de la DEL. Quant à la recrue vedette Jason Williams, cet ancien vainqueur de la Coupe Stanley n'a joué que 9 matches (fiche de -8 !) avant de se blesser.

L'attaque a donc été portée par le duo Philip Gogulla - Patrick Hager, dont la belle saison s'est poursuivie aux championnats du monde sous le maillot allemand. Heureusement, pendant que les entraîneurs passent, certaines valeurs sûres restent !

 

Berlin (5e) : la résurrection non concrétisée

Après deux années ratées, cette saison a failli être celle du grand retour des Eisbären de Berlin. Les hommes d'Uwe Krupp ont progressé au fil du championnat en défense, avec un meilleur positionnement, des passes plus précises et plus généralement une meilleure protection de leur gardien Petri Vehanen.

Cette amélioration n'a pas cessé même quand Bruno Gervais s'est rompu les ligaments croisés, laissant Micki DuPont - encore exemplaire à 35 ans - comme seul meneur des lignes arrières. La grande nouvelle, c'est que les Berlinois se remettent à développer des jeunes, alors que la source semblait tarie. Et il s'agit justement de défenseurs. Henry Haase - en partance pour Düsseldorf - a bien progressé physiquement et Jonas Müller a été la grande révélation par sa fiabilité.

Avant les play-offs, les Eisbären étaient ainsi l'équipe la plus citée comme potentielle championne par les joueurs de DEL. Mais l'aventure s'est arrêtée au septième match des quarts de finale contre Cologne. Les Berlinois ont encore manqué d'efficacité offensive. Maintenant que le centre soliste Darin Olver s'est mis à jouer plus collectivement, la première ligne Noebels-Olver-Tallackson a menée l'attaque pendant la saison, mais elle est restée bloquée à deux buts pendant les play-offs.

Quant à Shuhei Kuji, le rapide Japonais n'a comptabilisé que deux mentions d'assistance et son but contre Gap en CHL n'a pas fait de petits : passée cette parenthèse exotique, les Eisbären ont besoin de renforts offensifs d'un autre calibre.

 

Iserlohn (6e) : l'ambiance est bonne malgré les critiques

Plus Iserlohn monte au classement et plus la polémique enfle sur son effectif ne comptant que deux joueurs formés en Allemagne et sur la facilité de délivrance des passeports par les autorités locales. Sitôt arrivé après dix ans en DEL, le défenseur Michel Périard a par exemple obtenu la nationalité allemande en octobre. De cette critique, les Roosters ont fait un argument marketing, au point de commercialiser un maillot Canada 1c.

Le modèle n'aide pas le hockey allemand, mais il fonctionne. Les joueurs ne sont pas plus mercenaires qu'ailleurs, et Iserlohn avait un vestiaire soudé. Bien regroupée défensivement, l'équipe était redoutable dans le jeu de transition avec ses petits gabarits rapides. Elle a passé toute la saison dans le haut du classement, et sa troisième place lui a permis d'avoir l'avantage de la glace en quart de finale pour la première fois de son histoire.

Normalement, c'est un facteur décisif : Iserlohn est de loin la meilleure équipe à domicile grâce à ses supporters chauds qui mettent une ambiance de feu dans la patinoire au bord du Seilersee, toujours remplie à 100% de sa capacité depuis début décembre. Mais les Roosters s'y sont inclinés au troisième match contre Nuremberg, perdant donc la série en six manches. Pour la troisième année consécutive, Iserlohn s'est donc arrêté en quart de finale, ce qui est déjà un grand succès pour un petit club.

 

Düsseldorf (7e) : la passion ne doit pas occulter la raison

La résurrection de Düsseldorf n'était pas que passagère. L'entraîneur Christoph Kreutzer a réussi à emmener son équipe encore plus haut. Pour la seconde année consécutive, la DEG a compté le "gardien de l'année" dans ses rangs, et ce fut de nouveau un candidat improbable : Mathias Niederberger, simplement prêté par Berlin pour sa première saison comme titulaire !

Si la défense était vite en place, avec la meilleure paire allemande du championnat (Bernhard Ebner - Stephan Daschner), l'attaque a longtemps été poussive, la dernière de DEL après deux mois. Une réorganisation des lignes l'a alors totalement libérée, et Düsseldorf s'est hissé du ventre mou jusqu'à la première place après une incroyable série de 12 victoires en 13 rencontres. Après un temps d'adaptation, le passeur Norm Milley (ex-Wolfsburg) a alors fait son trou comme meneur de jeu, exploitant notamment le don avec le palet de l'international norvégien Ken Andre Olimb. De quoi conquérir les foules : la barre des 8000 spectateurs a été dépassée pour la première fois depuis la saison 1995/96, celle du dernier titre. Les deux années au fond du classement ont sans doute fait du bien à Düsseldorf : le public a appris à mieux apprécier le présent.

Tout le monde a néanmoins été frustré par la fin de saison. Après la trêve de février, la DEG a perdu 6 de ses 8 dernières rencontres, puis a été éliminée en 5 manches par Wolfsburg. Les joueurs-cadres ont déçu pendant cette phase. Conclusion du staff : il faut plus de concurrence interne pour qu'ils se sentent poussés. Düsseldorf a commencé à recruter à tour de bras pour la saison prochaine... mais avec quels moyens ? On apprenait alors que l'actionnaire principal Peter Hoberg avait encore sorti 3 millions d'euros de sa poche pour boucler le budget, et que les contrats de sponsoring signés pour l'an prochain ne dépassaient pas le million d'euros. La DEG avait-elle soudain la folie des grandeurs ? Allait-elle encore lancer un appel aux dons, qui ne serait cette fois plus crédible après avoir proposé de gros contrats ?

La mairie s'est intéressée de très près au club pour le sortir de l'ornière. Elle a mis une forte pression politique sur le second actionnaire, le Russe Mikhaïl Ponomarev. Son entreprise Energy Consulting n'avait toujours pas réglé ses factures de sponsoring et pinaillait sur le contenu des contrats. Jugé peu fiable, Ponomarev a été incité de tous côtés à vendre ses parts. La municipalité s'est aussi impliquée dans le choix du nouveau gérant, l'ex-handballeur Stefan Adam. La DEG doit toujours incarner la passion de Düsseldorf, mais avec sérieux.

 

Straubing (8e) : la montagne magique

Pour prouver que le gardien est un élément-clé d'une équipe de hockey, il n'y a pas meilleur exemple que la saison de Straubing. Raillé par les supporters, le gardien Matt Climie laissait passer les tirs les plus faciles et était au fond du trou... jusqu'au moment où il a été appelé par le Team Canada pour la Coupe Spengler. En effet, au moment où se déroule le tournoi traditionnel de Davos, les championnats européens battent leur plein. Or, Straubing devait affronter Mannheim (également invité à la Coupe Spengler) pour la dernière journée de DEL de l'année, et son match était donc reporté. Malgré ses contre-performances, Climie était donc le candidat disponible le plus évident pour le Canada qui venait de perdre un gardien.

Est-ce l'air de l'altitude ? La fierté de porter le maillot à la feuille d'érable ? En tout cas, Climie est revenu transformé de son court séjour en Suisse. De passoire, il devenait soudain un mur qui arrêtait tout ! Malgré ses neuf points de retard, Straubing revenait dans la course aux play-offs puis se débarrassait d'Ingolstadt pour affronter Munich en quart de finale. Avec une victoire et une défaite en prolongation, les Tigers sont d'ailleurs l'équipe qui a le mieux résisté au futur champion.

Il y a une autre raison, plus tactique, qui explique le redressement de Straubing. En décembre, l'entraîneur Larry Mitchell a changé son système de jeu. Il a abandonné son forechecking à deux pour un 1-3-1 plus conservateur. Se sentir mieux protégé contribue à mettre en confiance un gardien. Cela a aussi rééquilibré l'équipe, où les joueurs les plus convaincants évoluaient en défense : en tête d'affiche, Maury Edwards, meilleur arrière de DEL2 qui a su s'imposer au niveau supérieur.

 

Ingolstadt (9e) : cherche entraîneur fiable et stable

Champion puis vice-champion, Ingolstadt a connu cette saison une régression notable. Elle a été incarnée bien malgré lui par le capitaine Patrick Köppchen. Ce guerrier qui ne manquait pas un match a été gêné toute l'année par des problèmes de dos. Ils peuvent expliquer que Köppchen n'apportait plus son assurance habituelle et perdait beaucoup de palets. Le club considère que le déclin de ce joueur-symbole est irrémédiable et va le laisser partir.

Ceci dit, la saison d'Ingolstadt a surtout pâti d'un recrutement raté. Le défenseur Patrick McNeill a été la seule bonne trouvaille pour sa première saison sur grande glace, alors que les joueurs évoluant déjà en Europe ont déçu. Tomas Kubalik et l'international autrichien Brian Lebler, deux joueurs qui devaient utiliser leurs gabarits pour concrétiser les rebonds dans le slot, n'ont pas eu d'impact physique espéré et semblaient hors de forme en début de saison.

L'efficacité offensive s'est surtout résumée à Brandon Buck, meilleur marqueur alors qu'il a manqué les dix premières rencontres... et malheureusement qu'il s'est blessé à nouveau juste avant les play-offs. Ceux-ci ont tourné court avec une élimination en deux manches contre Straubing, seule équipe qu'Ingolstadt avait systématiquement battue en saison régulière. Une élimination consommée en prolongation : l'ERCI n'a pas gagné un match au-delà du temps réglementaire durant tout le championnat (0 sur 9).

Ce qui aurait dû constituer un socle positif, c'est que l'équipe s'était améliorée après le changement d'entraîneur survenu en novembre alors qu'Ingolstadt était dernier (Manny Viveiros a été remplacé par Kurt Kleinendorst). La déception n'en a été que plus grande : l'Américain a rompu son engagement début juin car les Ottawa Senators l'ont rappelé à la tête de leur équipe-ferme de Binghamton, qu'il regrettait encore d'avoir quittée après l'avoir conduite au titre AHL en 2011. Kleinendorst n'y avait laissé que de bons souvenirs, ce qui ne sera pas le cas à Ingolstadt qui s'est fait "planter" et devra encore repartir de zéro sur le banc.

 

Mannheim (10e) : un potentiel gâché

Le champion en titre Mannheim avait tout pour dominer la DEL. L'équipe était semblable, peut-être même plus forte en théorie, et la recrue Ryan McMurchy a d'ailleurs été son meilleur marqueur. Et il n'y a même pas de déclin dû à l'âge puisque Christoph Ullmann - que l'on envoyait trop vite à la retraite à 32 ans - a planté 21 buts, plus 4 autres en trois manches de pré-playoffs.

Quid des autres ? Un immense potentiel offensif a paru gâché, au point de finir avant-dernière attaque de DEL. À l'instar du rapide Jon Rheault (5 buts à peine), les attaquants étaient paralysés devant le filet adverse. On peut chercher les raisons dans une forme non retrouvée après des blessures (Kink, Hecht, Tardif), dans un temps de jeu limité (Buchwieser, Hospelt) ou encore dans une utilisation non optimale, à l'instar de Brent Raedeke qui préférait jouer au centre mais avait peu d'arguments à faire valoir avec 5 minuscules points et une fiche de -11. Ce qui est sûr est que la juxtaposition de talents n'a pas fonctionné et que le vestiaire ne travaillait plus ensemble.

La discipline est le meilleur indicateur : Mannheim est l'équipe qui a concédé le plus de pénalités, comme si elle se reposait sur son efficacité en infériorité numérique, incarnée par le sens du sacrifice du centre Andrew Joudrey. Mais quand le gardien titulaire Dennis Endras s'est blessé en fin de saison, lui qui tenait les Adler à bout de bras (le joker recruté à sa place Ray Emery a fait un four), il n'est plus rien resté de ce boxplay providentiel.

Tous les acquis de Geoff Ward, l'entraîneur champion si vite reparti, ont en fait été perdus. Greg Ireland n'avait pas l'expérience pour gérer une équipe avec autant de vedettes : on le sentait dès le départ mais il a fallu attendre février pour qu'il soit viré. Alternant séries de victoires et séries de défaites, Mannheim a longtemps entretenu l'illusion. Même qualifiés à l'arrache sur un strapontin, les Adler paraissaient toujours avoir le potentiel pour gagner. Ils ont pourtant été tout de suite expédiés en vacances par Cologne : il n'y avait vraiment plus rien à sauver.

 

Hambourg (11e) : effacés d'un trait de plume

Il y a pire qu'une saison sportivement ratée, que les play-offs manqués pour la première fois depuis six ans. Pire que les contre-performances des gardiens, entre les habituels titulaires Caron et Kotschnew blessés et le joker Cal Heeter très loin de ses prétentions. Pire que l'international Marcel Müller devenu une tête de turc après des prestations indolentes. Il y a par exemple la trahison des supporters qui ont l'impression d'être pris pour des jambons, alors que les joueurs avaient été réquisitionnés pour une campagne téléphonique afin de les inciter à se réabonner. Il y a une quinzaine d'employés administratifs sur le carreau, qui retrouveront un travail moins facilement que les joueurs.

Rien ne laissait présager un tel dénouement. Le projet de revente envisagé il y a quelques années avait été oublié. Les Freezers perdent de l'argent, oui, mais depuis leur création, et parce qu'ils ont eux-mêmes activement participé à la surenchère salariale. Pendant l'intersaison, ils ont embauché un entraîneur-adjoint qui a abandonné un contrat ailleurs. Ils ont échangé un joueur avec un autre club (Martin Buchwieser de Mannheim contre David Wolf). L'encre de ces contrats était encore fraîche quand tous les employés ont appris - par les médias ou les réseaux sociaux... - qu'AEG (Anschutz Entertainment Group) avait décidé de ne plus demander de licence pour la prochaine saison et de supprimer l'équipe du jour au lendemain. Une décision prise juste avant la date limite de dépôt des dossiers pour être sûr qu'elle soit irrémédiable. Le capitaine Christoph Schubert a eu beau se muer en VRP pour récolter 1 million d'euros de sponsoring en 4 jours (!), rien n'y a fait. Dans les bureaux américains d'AEG, une ligne était purement et simplement effacée.

Aussi vite qu'ils avaient vu le jour, par une relocalisation de franchise à l'américaine (de Munich à Hambourg), les Freezers ont disparu. Le milliardaire conservateur Philip Anschutz - propriétaire des Los Angeles Kings - incarnait il y a 15 ans un projet de ligue européenne "façon NHL", un pur business, on en a vu les effets jusqu'à la caricature : une communication d'une froideur extrême, aucun respect ni des valeurs sportives ni des personnes humaines. Aujourd'hui, le groupe AEG s'est retiré de tous les clubs où il avait investi (pas de l'exploitation des arénas)... sauf des Eisbären de Berlin. Cela va être "amusant" pour ces derniers maintenant que la relation de confiance est fatalement entamée entre AEG et les acteurs du hockey allemand. Ceci dit, à Berlin, contrairement à Hambourg, il y a un club préexistant, incarné par des figures historiques et une forte culture, qui constituent l'image de marque des Eisbären et font oublier que le propriétaire est aussi Anschutz.

 

Augsbourg (12e) : l'éternel problème du gardien

Avec un nouvel entraîneur (Mike Stewart) et 14 nouveaux joueurs, on se doutait qu'Augsbourg mettrait un peu de temps à se mettre en route. Ce fut le cas, mais la Panthère est progressivement montée dans le top-6 fin novembre... avant de subir un trou d'air brutal.

Le recrutement offensif s'était pourtant idéalement passé. L'ancien récipiendaire du trophée Hobey Baker de meilleur joueur universitaire américain, Andrew Leblanc, s'est distingué par sa vitesse et son intelligence de jeu. Le flop de la saison précédente à Schwenningen (Jon Matsumoto) s'est réhabilité en devenant le meilleur marqueur d'Augsbourg... au point de signer pour le riche champion et rival Munich la saison prochaine.

Mais si Augsbourg avait la quatrième attaque de DEL, elle s'accompagnait de la plus mauvaise défense. Tirer plus souvent au but que l'adversaire est vain lorsque les gardiens (Jeff Deslauriers et Ben Meisner) finissent la saison avec 88,7% d'arrêts.

Le problème est que ça fait trois saisons que le point faible d'Augsbourg se situe dans la cage, ce qui rend les supporters un peu à cran sur le sujet. Le moins que l'on puisse dire est que le choix d'engager un gardien de DEL2 (Jonathan Boutin) pour succéder à Deslauriers ne les convainc pas du tout... L'été n'a pas commencé que le staff doit déjà se justifier...

 

Krefeld (13e) : un happy-end sur un film-catastrophe

Krefeld est la seule équipe de DEL dont l'affluence a baissé cette saison, et on peut comprendre le désarroi de leurs supporters. Les Pinguine ont connu un championnat catastrophique, qui paraissait longtemps le pire de leur histoire.

Après six années au pouvoir, l'entraîneur canadien Rick Adduono a quitté son poste en décembre, tout en restant "conseiller" du club, notamment pour le recrutement nord-américain. Le jeune Franz Fritzmeier (35 ans) a alors été recruté comme coach, sans que cela fasse vraiment effet. S'étant vu restituer le capitanat, le vétéran letton Herberts Vasiljevs a tout de même retrouvé son goût de jouer.

L'autre figure historique du club était en revanche en pleine remise en question : pour la première année de son nouveau contrat peu commun de 10 ans, Daniel Pietta a vite abandonné son récent capitanat et a même été suspendu 24 heures de l'équipe pour un motif jamais dévoilé. Surtout, il a fini par perdre sa place en équipe nationale où il était jusqu'alors indiscutable. Et pourtant, à l'heure des comptes, Pietta a encore été le meilleur marqueur de Krefeld, et c'est grâce à lui que le chouchou du public Martin Schymainski - dont le cœur est inversement proportionnel à la taille (1m70) - a planté 24 buts.

Comme un happy end qui aurait été greffé au montage sur le mauvais film, Krefeld a connu une fin aussi heureuse qu'étrange. Après s'être séparé de deux joueurs partis dans le championnat autrichien (le défenseur suédois Robin Weihager et l'international hongrois Istvan Sofron), les Pinguine ont marqué des points dans leurs dix dernières rencontres, abandonnant la dernière place qui leur était déjà promise. Le gardien danois Patrick Galbraith, recruté comme joker pendant la blessure du Tchèque Tomas Duba, y a gagné la future place de numéro 1. Et le public y a gagné l'espoir que cette équipe était capable de beaucoup mieux.

 

Schwenningen (14e) : la philosophie reste, son incarnation part

Un potentiel supérieur, Schwenningen l'a aussi montré durant un exceptionnel mois d'octobre, ponctué de sept victoires en neuf rencontres. Un mois coïncidant avec les débuts idéaux du joker Will Acton, qui a prolongé pour trois ans et s'annonce ainsi comme un pilier important pour le club.

Acton a aussi réveillé son compagnon de ligne Damien Fleury, dont le mental de buteur a besoin de ces phases de réussite. Le club comptait aussi sur le Français... et ne s'attendait pas à ce qu'il s'éclipse vers le nouveau club chinois de KHL !

Même si sa relance était parfois trop hardie, même si sa défense était inconstante, Schwenningen a marqué plus de points que dans les deux années précédentes. Le club s'est donc inscrit dans une voie de progrès, qui devait se bâtir autour d'une équipe multi-nationale motivée et de jeunes joueurs allemands. Tous ces jeunes n'ont pas fonctionné, tel le plus tout jeune Toni Ritter, ex-espoir commettant encore beaucoup trop de bourdes techniques. Mais la philosophie de jeu est établie. Celui qui l'incarnait, l'entraîneur Helmut de Raaf, a pourtant surpris en annonçant vouloir retourner à ses premières amours, la formation des jeunes, et a été engagé par l'académie Red Bull de Salzbourg pour y répéter le travail qui avait forgé sa réputation à Mannheim. Schwenningen doit donc maintenant garder l'esprit de développement de De Raaf... mais sans le principal intéressé. L'ex-sélectionneur national Pat Cortina le remplacera, et lui a plus le coaching dans le sang.

 

 

Les clubs de DEL2

 

Premier : Kassel. Dès sa deuxième saison après sa remontée en DEL2, Kassel s'est adjugé le titre. Pourtant, ce championnat ne devait être qu'une étape dans la stabilisation du club. Contrairement aux cadors de cette ligue, le club de Hesse perd encore tous ses meilleurs joueurs chaque été, en tout cas ses renforts étrangers. Mais il a prouvé qu'il savait les remplacer.

Le joker américain, le bien nommé Mike Little (178 cm), est devenu le meneur des lignes arrières dès son arrivée en novembre. Les attaquants canadiens ont été efficaces, particulièrement Jamie McQueen, deuxième marqueur en saison régulière et premier en play-offs, qui sera happé par la DEL (Berlin).

Il ne reste qu'un petit nombre de cadres pour durer. La succession du héros finlandais Mika Järvinen dans les cages n'était pas facile, mais Markus Keller a su le faire oublier, et même faire mieux en play-offs. Il sera une certitude supplémentaire en plus de la poignée de joueurs formés au club autour de l'ex-international Manuel Klinge. L'un d'eux, Sven Valenti, met toutefois un terme à sa carrière sur ce dernier succès à 40 ans.

 

Deuxième : Bietigheim-Bissingen. Perdre une finale par 4 victoires à 0 laisse toujours un goût amer. Elle a pourtant été férocement disputée, avec deux buts contestés et des écarts faibles. Que pouvaient espérer de plus les Steelers quand Justin Kelly - meilleur joueur et pour la troisième fois meilleur marqueur de DEL2 - s'est blessé dès la première manche ?

Bietigheim-Bissingen a carrément fini les play-offs sans ses trois meilleurs marqueurs de la saison régulière, tous à l'infirmerie (les deux autres étant David Wrigley et Frederik Cabana). Quelle équipe pourrait-elle prétendre qu'elle s'en serait remise ? On sait que la profondeur de banc reste le seul talon d'Achille de la formation entraînée par Kevin Gaudet, et il est remarquable qu'elle ait atteint malgré tout une quatrième finale consécutive.

 

Troisième : Ravensburg. Après deux années d'abstinence, Ravensburg a retrouvé les demi-finales et atteint son objectif affiché. C'est même la seule équipe à avoir battu - et à deux reprises - Kassel au cours des play-offs.

Les Towerstars savent trouver des étrangers qui marquent les esprits. Brian Roloff s'est maintenant bien installé comme meneur de jeu, mais le buteur barbu Austin Smith va prendre la direction de l'Autriche. Qu'importe, le public a un nouveau chouchou, Mathieu Tousignant : le Québécois fait parler ses émotions comme personne et communie avec les spectateurs qui partagent sa joie.

Le gardien d'origine tchèque Mathias Nemec, qui a gravi tous les échelons à l'intérieur du club, a définitivement supplanté le vétéran Christian Rohde, mais il a décidé de partir car on lui a offert la place de titulaire de Riessersee. Un renouvellement complet doit donc être opéré dans les cages.

 

Quatrième : Dresde. Les Eislöwen avaient affiché leurs ambitions cette saison en recrutant des étrangers très réputés dans la ligue, dont le duo offensif Harrison Reed - Max Campbell. L'illusion a duré jusqu'à la mi-octobre, avec une deuxième place, avant que l'équipe ne perde pied. L'objectif légitime, le top-6, était sérieusement compromis, et un entraîneur passé par de grands clubs, Bill Stewart, a été engagé pour redresser la situation à la nouvelle année.

Dresde n'a pas évité les pré-playoffs, et une série contre Crimmitschau arrachée par deux victoires en prolongation, mais il a ensuite créé la surprise en éliminant Bremerhaven et... son ex-coach Thomas Popiesch passé à la concurrence après avoir été viré de Dresde deux mois plus tôt.

Si Reed a fini par répondre aux attentes, Campbell a été sorti comme étranger surnuméraire au profit du joker finlandais Teemu Rinkinen. Même si ce n'était pas dans la configuration prévue au départ, Dresde s'est montré capable de lutter avec les meilleurs. Le club, qui a voulu attendre un an avant de déposer la caution demandée par la DEL, devra donc maintenant prendre ses responsabilités.

 

Cinquième : Bremerhaven. Vu de l'extérieur, le changement d'entraîneur peut paraître rétrospectivement un mauvais choix de Bremerhaven : Thomas Popiesch est arrivé fin janvier pour prendre en mains une équipe qui était deuxième au classement, et deux mois plus tard elle se faisait sortir dès les quarts de finale. Pourtant, il n'y a pas la moindre once de regret au sein du club. L'erreur, c'était de croire que l'ex-international Benoît Doucet pouvait s'improviser entraîneur. Les joueurs, habitués à un système tactique rigoureux, n'ont jamais été convaincus. Ils ont adhéré à Popiesch, dont le contrat a été prolongé juste avant les play-offs. L'élimination ne lui a pas été imputée, les critiques ont plutôt fusé contre le gardien germano-américain Gerry Kuhn.

Et maintenant, Popiesch se retrouve comme ses joueurs avec une promotion inattendue : c'est paradoxalement la seule année où Bremerhaven s'est franchement raté sportivement que les portes de la DEL s'ouvrent après le retrait inattendu de Hambourg. Soutenu par plus de 4000 spectateurs de moyenne (dépassant déjà l'affluence des basketteurs locaux de première division), le club de la Mer du Nord a en tout cas les moyens de franchir ce palier.

 

Sixième : Francfort. Passer toute la saison dans le top-6 suffirait au bonheur de bien des clubs. Mais quand comme Francfort on a le plus gros budget de la division, on vise forcément plus haut. Même quand les résultats étaient encore corrects, ils masquaient les problèmes. Le groupe ne s'est jamais uni, les joueurs étaient divisés et ne suivaient pas la discipline collective. Le manager Rich Chernomaz (qui avait couronné le club champion d'Allemagne comme coach en 2004) a démis l'entraîneur Tim Kehler pour prendre sa place, mais lui-même n'a rien pu faire avec ce vestiaire vicié. Quand, à la traditionnelle vente aux enchères de maillots de fin de saison, c'est celui du gardien remplaçant qui est vendu le plus cher (!), cela en dit long sur la piètre impression laissée aux supporters par cette équipe... Cette saison achevée par un humiliant 1-8 à domicile contre le grand rival Kassel, est vraiment à oublier.

Rien de tel pour cela que de se projeter dans l'avenir. La ville a un projet de nouvelle aréna multifonctions, sur lequel sont en concurrence les groupes Lagardère et Anschutz (les Löwen discutent plus avec ce dernier mais a bien précisé après les derniers évènements que cela ne concernait pas la gestion du club...). En attendant, les yeux sont rivés vers le "Summer Game" - équivalent estival du Winter Game" - organisé début septembre dans le stade de Francfort où 50 000 spectateurs assisteront au traditionnel derby de Hesse (Francfort-Kassel).

 

Septième : Bad Nauheim. Le vrai vainqueur des derbys de Hesse cette saison, c'est cependant Bad Nauheim, qui a battu 3 fois sur 4 aussi bien Francfort que Kassel. Après deux années en barrages de maintien, les Rote Teufel se sont qualifiés directement en playoffs grâce à leur sixième place en saison régulière. Personne n'attendait cet effectif aussi haut, et c'est pourquoi le Finlandais Petri Kujala a été élu entraîneur de l'année.

Mais l'homme-clé, ce fut surtout le gardien de l'année Mikko Rämö. Le vétéran finlandais de 35 ans a été toujours impliqué à fond et a dirigé sa défense en n'hésitant pas à élever la voix. Néanmoins, l'attaque était trop limitée à un seul trio offensif efficace Dineen-Cameron-Frosch. Il fut donc facile à Ravensburg de le neutraliser en quart de finale.

 

Huitième : Rosenheim. Le SBR s'est stabilisé en milieu de classement, et les nouveaux dirigeants se réjouissent surtout d'un bilan financier positif, ce qui n'est pas si courant et n'était pas gagné avec la perte des derbys rémunérateurs contre Landshut. Le choix de faire confiance à deux jeunes gardiens - Timo Herden et Lukas Steinhauer - était courageux, et a été plutôt judicieux même s'ils ont été inconstants.

Les quatre attaquants étrangers ont inscrit 59% des buts de leur équipe ! Les Allemands peinaient à être des marqueurs de soutien, le seul qui pouvait le faire, Christian Neuert (9 buts), s'est malheureusement rompu les ligaments croisés à mi-saison. Rosenheim ne risque donc pas de renoncer à ce choix réaffirmé d'utiliser les quatre places d'étrangers pour l'offensive.

 

Neuvième : Riessersee. Pour les débuts de l'idole locale Tim Regan comme entraîneur, Le SCR a encore commencé la saison au-dessus de son niveau présumé, en étant à la lutte pour l'intégration dans le top-6 jusqu'à fin novembre. Son pourcentage de réussite en supériorité numérique atteignait un incroyable 30%, mené par l'attaquant suédois Joel Johansson qui se complétait parfaitement avec son compatriote Mattias Beck. Mais lorsque le malheureux Johansson a été victime d'une commotion cérébrale, le powerplay ne s'en est jamais remis. Riessersee a reculé à une position plus conforme à la logique, éliminé en pré-playoffs par Rosenheim.

Un joueur a connu une courbe de performance inverse : le gardien Jochen Vollmer, qui a connu une très bonne seconde moitié de saison. Mais il était trop tard pour lui, car, à l'approche de ses 36 ans, ses dirigeants avaient déjà décidé de le remplacer. Pas une décision facile car Vollmer était extraverti et donc très apprécié des supporters. Mais le club a fait le pari de l'avenir et rajeuni le poste de dix ans en embauchant pour deux saisons Mathias Nemec de Ravensburg.

 

Dixième : Crimmitschau. Après sept ans de purgatoire et de barrages de maintien, Crimmitschau a vécu comme une fête la participation, même brève, aux pré-playoffs. Le club saxon, qui avait souvent beaucoup de mal à garder ses joueurs, s'inscrit maintenant dans du plus long terme et le prouve avec la prolongation de cinq ans du contrat du capitaine André Schietzold, sans doute le meilleur joueur jamais formé au club : n'oublions pas que l'actuel pilier de la défense avait été international junior dans toutes les catégories d'âge.

Si l'ossature des joueurs allemands sera conservée, en plus de l'essentiel gardien canadien Ryan Nie, il faudra tout de même trouver de nouveaux étrangers pour mener l'offensive. Les deux centres, l'Américain Eric Lampe et l'Autrichien Alexander Höller, se sont plutôt bien acquittés de cette tâche cette saison.

 

Onzième : Weißwasser. Si un club de l'Est est retourné en play-offs, c'est qu'un autre club de l'Est les a quittés. La réduction du budget nécessaire pour résorber le déficit a logiquement eu des conséquences sportives, relativement limitées toutefois. Mais pour un club menant un plan d'économies, Weißwasser a connu beaucoup de mouvement. Sept étrangers se sont succédé, dont Darren Haydar, recruté tardivement fin septembre, mais qui a bien été la vedette offensive attendue en terminant meilleur marqueur.

Pas moins de trois entraîneurs se sont aussi succédé, puisque la figure locale Dirk Rohrbach a été remplacée d'abord par Peter Ihnacak pour un contrat court puis par Paul Gardner pour la fin de saison, mais sans que le club ait les moyens de conserver durablement ces spécialistes étrangers. Dès l'automne, les "Lausitzer Füchse" (Renards de Lusace) ont annoncé que le contrat du directeur sportif Ralf Hantschke s'arrêterait en fin de saison pour économiser son salaire, mais on peine à percevoir la stratégie sportive du club qui dit préserver son budget mais dépense parfois à court terme.

 

Douzième : Fribourg-en-Brisgau. Le promu a parfaitement réussi son entrée en DEL2 puisqu'il a obtenu son maintien dès le premier tour des barrages, contre Kaufbeuren. Fribourg-en-Brisgau a prouvé qu'on pouvait réussir avec des moyens et des renforts extérieurs limités. Les étrangers sont des Tchèques, dans la tradition du club, mais le cœur de l'équipe a été formé localement.

Il en va ainsi du meilleur défenseur Alexander Brückmann (frère du gardien international Felix Brückmann) et surtout de la jeune vedette locale Niko Linsenmaier. On a eu très peur à l'automne, époque où Fribourg-en-Brisgau accumulait les défaites, quand Linsenmaier s'est fait violemment agresser au visage lors de l'Oktoberfest locale. On ne saura jamais ce qui s'est passé : le suspect - que le joueur a dit ne pas connaître - a bénéficié d'un non-lieu puisqu'il n'y a pas de témoin et que la victime n'a gardé aucun souvenir de l'incident. Après avoir été hospitalisé, Linsenmaier a manqué dix rencontres mais a quand même fini meilleur marqueur de l'équipe, indispensable.

 

Treizième : Kaufbeuren. Pour la troisième année consécutive, l'ESVK a obtenu son maintien de justesse. Pourtant, Kaufbeuren pensait cette fois être à l'abri de telles frayeurs. À Noël, il occupait la huitième place et se pensait confortablement en play-offs. Mais sitôt que le contrat de l'entraîneur américain Mike Muller a été prolongé, celui-ci a semblé perdre l'autorité sur un vestiaire qu'aucun leader n'a su secouer.

Les défaites se sont enchaînées et Muller a été mis à la porte. Remis de son cancer, l'entraîneur bavarois Toni Krinner est arrivé à la rescousse et a remis de l'ordre dans la défense. Coupable d'une expulsion qui a coûté cher contre Fribourg-en-Brisgau, le buteur Josh Burnell a ensuite planté les buts qu'il fallait pour se sauver au septième match face à Heilbronn.

 

Quatorzième : Heilbronn. Pour la seconde fois de suite, Heilbronn a été relégué sportivement, puis repêché après une sortie de route inattendue (Landshut l'an dernier, puis Hambourg). Il faudra mieux gérer ce rattrapage (un peu moins) tardif la prochaine fois. Les Falken, en effet, n'étaient absolument pas prêts. Déjà, les gardiens n'étaient pas au niveau avant l'arrivée du joker américain Eric Hartzell.

L'entraîneur "Mannix" Wolf n'a quant à lui convaincu ni dans sa gestion d'équipe, ni dans ses plans tactiques, ni dans ses perpétuelles recherches d'excuses. Fabian Dahlem, vacciné à la direction d'un club désargenté et largué (les Slovènes de l'Olimpija en ligue autrichienne), a accepté le défi. Le jeu était plus structuré, mais le punch offensif faisait défaut, surtout après la blessure d'un des deux attaquants étrangers, Brad Schell. C'est pour ça que le défenseur français Aziz Baazi a été amené à jouer en attaque pendant les barrages. L'an prochain, Dahlem a donc décidé qu'il y aurait trois étrangers en attaque, un dans les cages, mais aucun en défense (contre parfois deux cette saison).

 

 

Oberliga

 

Deux équipes ont archi-dominé l'Oberliga... en saison régulière ! Dans la région Nord, le candidat déclaré à la montée Duisburg ne s'est pas épargné des crises. Tom-Niklas Pietsch et Danny Albrecht ont joué un match de roller-hockey sans autorisation à l'automne, et cette affaire a finalement coûté leur place non seulement à ces deux joueurs, mais aussi à leur entraîneur Tomas Martinec. Passés sous la conduite de Brian McCutcheon, les Füchse ont terminé avec 15 points d'avance sur le deuxième Tilburg... mais ils ont été éliminés d'entrée par le huitième Leipzig. En plus, les recettes manquantes des play-offs laissent un gros trou dans le budget. Le directeur sportif ultra-expérimenté Lance Nethery doit maintenant redevenir lui-même coach (fonction dans laquelle il a été quatre fois champion d'Allemagne) pour enfin réussir la mission qui lui a été confiée : la promotion en DEL2 coûte que coûte !

Dans la région Sud, Regensburg avait créé le même type de surprise l'an passé en étant huitième, et est devenu cette saison une équipe dominante avec 36 victoires en 40 journées, devant 2774 spectateurs de moyenne. De quoi se persuader qu'on était prêt à retourner en deuxième division (fréquentée entre 2001 et 2008 avant une faillite). Mais l'aventure a échoué en demi-finale nationale contre Bayreuth, emmené par un junior russe de 19 ans (!), Fedor Kolupaylo, qui a progressé incroyablement au fil de la saison alors qu'il était probablement un des étrangers les moins chers. La naturalisation de ce talent, présent en Allemagne depuis cinq ans, ne devrait pas tarder. Bayreuth compte sur lui au niveau supérieur, franchissant une marche de plus trois ans seulement après sa montée en Oberliga.

En effet, même s'ils ont battu Bayreuth en finale, les Tilburg Trappers n'avaient pas le droit de monter. Ils sont néanmoins fiers de leur parcours (ils ont par exemple éliminé au passage le prestigieux club de Landshut passé par une phase de reconstruction compliquée) et de leur titre. Soutenus par plus de deux mille spectateurs, ils ont redoré par leur jeu et leur enthousiasme le blason d'un hockey néerlandais souvent perçu comme assez primitif.

Si l'Oberliga Nord en poule unique a bien fonctionné, la crise s'est déplacée au Sud, historiquement la seule région qui fonctionnait bien grâce à la forte densité de clubs en Bavière. La présence tenace de quelques hooligans à Klostersee ont eu un effet dissuasif sur le "vrai" public et ont obligé à engager un service de sécurité coûteux. Ces énergumènes ont ainsi tué le club, contraint au retrait financier ! Il ne restait donc plus que 10 clubs, le minimum psychologique pour que le championnat tienne la route.

Or, la fin de Hambourg a repêché Heilbronn qui devait être relégué à la place de Bayreuth. Une Oberliga Sud à 9 ? Intenable ! Les clubs ont dialogué avec ceux de la division inférieure, la Bayernliga, dont les champions ne voulaient plus monter ces dernières années. Tout le monde a conclu qu'il n'y avait pas d'autre solution que de passer à 12, et les trois premiers de Bayernliga ont accepté de franchir le pas moyennant quelques compromis. Comme quoi mettre tout le monde autour d'une table pour trouver une solution d'intérêt général, c'est possible... du moins en Allemagne !

 

Marc Branchu

 

 

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