Allemagne 2002/03 : bilan

 

Le hockey allemand a connu une saison satisfaisante, relativement épargnée par les habituels scandales. La DEL a enregistré cette année une progression du nombre de spectateurs, ainsi que de l'exposition télévisuelle, y compris dans les magazines sportifs nationaux les plus suivis. Le niveau de jeu s'améliore d'année en année, et, alors que l'on craignait un championnat à deux ou trois vitesses, il a finalement été intéressant et a vu la victoire d'un outsider, Krefeld. Cette surprise a réjoui et décomplexé tout le monde en montrant que même un club au budget moyen pouvait être champion.

 

Les clubs de DEL

Premier : Krefeld. Rien ne laissait deviner un tel dénouement pour les jaune et noir. La saison avait commencé de la pire des manières, avec cinq défaites en six matches. Malgré une remontée significative, le siège éjectable de l'entraîneur Chris Valentine a été enclenché en novembre. Son successeur Butch Goring n'a pas modifié l'équipe de façon spectaculaire, mais il a contribué à la tailler pour les play-offs, unique moment de vérité comme le lui a enseigné son expérience de la Coupe Stanley, qu'il avait remporté quatre fois comme joueur au début des années 80, lors de la dynastie des New York Islanders. Jusqu'ici point d'arrêt des ambitions du KEV, les séries finales l'ont cette fois consacré. C'est en outsider qu'il a fait chuter les trois premiers, le rival local Düsseldorf, le favori Berlin, puis le tenant Cologne. Cette démonstration magistrale a amené Krefeld à son deuxième titre de champion, le premier depuis plus d'un demi-siècle.

On se disait pourtant que le principal défaut du formidable tandem offensif Purdie-Brandner, c'est qu'il aurait du mal à faire aussi bien que l'an passé. Erreur : Christoph Brandner a encore pris une nouvelle dimension en succédant à son collègue canadien comme joueur de l'année, distinction attribuée pendant la saison régulière alors que Krefeld ne brillait pas encore. Après avoir conduit son peuple à la terre promise, l'Autrichien, que les supporters appellent en toute simplicité le "dieu du hockey", partira sous d'autres cieux. Et il ne sera pas le seul... Pour le jeune défenseur Christian Ehrhoff, qui a été impressionnant d'efficacité défensive comme offensive avec son lancer puissant, la prochaine étape s'appelle la NHL, où il tentera de se faire une place dès sa première saison comme l'a fait l'autre espoir allemand Dennis Seidenberg. Mais il se laisse parfois emporter par son élan et n'a vraiment pas été une assurance tous risques au championnat du monde, ce qui montre les progrès qu'il doit encore accomplir. À l'heure de la finale, beaucoup savaient que leurs chemins se sépareraient. Quel plus beau cadeau d'adieu que de gagner ensemble ? Parmi ces partants, Stéphane Barin, attaquant défensif consciencieux qui a même joué un temps à l'arrière pour dépanner. Mais il est au moins une pièce maîtresse qui restera : le gardien Robert Müller. L'ancien "petit scarabée" de Rosati, derrière qui il plafonnait en rongeant son frein à Mannheim, a enfin trouvé à Krefeld le club idéal pour franchir le cap qu'on attendait de lui. Il est le seul gardien allemand devenu n°1 en DEL, et a prouvé qu'une telle marque de confiance n'était pas rédhibitoire pour l'obtention d'un titre, bien au contraire...

 

Deuxième : Cologne. Par nature, le KEC n'est pas du genre à se satisfaire d'une deuxième place. Cependant, même si le champion a perdu sa couronne, personne ne songerait à en tenir rigueur à Hans Zach ou à considérer sous un jour sombre la saison écoulée. La réussite n'a pas été au rendez-vous en play-offs, mais l'équipe a gagné en niveau de jeu et en régularité. Ses quelques séries de défaites ont principalement été dues aux catastrophiques séances de tirs au but, où le solide gardien Chris Rogles se laisse bizarrement trop facilement berner.

Hans Zach a donc réussi son pari, celui de bâtir une équipe à son image, même avec des "stars" supposées. Son credo n'a pas changé; la discipline avant tout. Et il s'est trouvé un symbole en la personne du défenseur Mirko Lüdemann, excellent patineur qui fait preuve d'un engagement de plus en plus exemplaire. Le capitaine est devenu si indispensable que l'équipe a pris la fâcheuse habitude de perdre en son absence. Sans doute plus que les autres, les joueurs allemands comme Eduard Lewandowski ou Andreas Renz ont parfaitement adhéré au concept du sélectionneur national, un Tino Boos en profitant même pour effectuer des progrès notables. D'autres ont en revanche évolué en dessous de leur potentiel. Shane Peacock, élu meilleur défenseur du championnat il y a deux ans avec Munich, a eu bien du mal à convaincre de son tonus et de sa bonne volonté, et il a donc été la grande déception de l'année.

 

Troisième : Eisbären de Berlin. Alors que le terme "torpedo" a disparu du vocabulaire en Suède, pays où a été inventé cette tactique, il a été remis au goût du jour en Allemagne par Pierre Pagé, l'entraîneur des Eisbären de Berlin, avec des joueurs complets adaptés à ce système, comme le défenseur John Gruden, très rapide mais également parfait dans les mises en échec. Avec cette stratégie qui tend à positionner un seul homme à l'arrière et à donner à quatre joueurs des intentions plus offensives, le spectacle a été au rendez-vous. Quatre des dix meilleurs marqueurs de la saison régulière portent le maillot des ours polaires, Mark Beaufait, Kelly Fairchild, David Roberts et Steve Walker, tous capables de faire la différence individuellement. Le jeune gardien Oliver Jonas s'est quant à lui révélé lorsque le titulaire Shulmistra s'est blessé, et il a ainsi intégré l'équipe d'Allemagne aux championnats du monde. Malheureusement, la belle mécanique berlinoise a commencé à montrer des signes de faiblesse en fin de saison, et ce que craignait Pagé s'est produit : malgré leurs dénégations, les joueurs sont arrivés en play-offs loin de leur meilleure forme, et ont été battus sans bavure par Krefeld.

Reste que les Eisbären avaient auparavant enthousiasmé la DEL. Leur vieux Wellblechpalast a fait tout le temps le plein de ses 4695 places. Ils ont pourtant dû le quitter pendant les quarts de finale en raison d'une compétition de patinage de vitesse. Contraints à une solution de repli, ils ont dû se tourner vers la Deutschlandhalle, vaste demeure des ex-Capitals redevenus Preussen, qui se refait une virginité en Regionalliga (4è division). Il a fallu une intervention du sénat berlinois pour contraindre les Preussen à accorder l'hospitalité à leurs concurrents de l'est. Même s'il était difficile de se sentir chez soi dans cette patinoire étrangère, l'épisode aura permis d'accueillir 8622 spectateurs, meilleur total pour un match de hockey sur glace à Berlin depuis les années 30. C'était peut-être un avant-goût de ce qui pourrait se passer dans la future enceinte de grande contenance qu'Anschutz a toujours en projet à l'est.

 

Quatrième : Mannheim. A priori, une demi-finale est un bilan tout à fait honorable. Mais, pour le plus gros budget du championnat, cette saison laisse un arrière-goût dans la bouche, et ce n'est pas la victoire en Coupe, compétition à peine ré-instaurée et encore sous-médiatisée car jouée en semaine, qui pourra le dissiper. Le championnat avait pourtant idéalement commencé, mais l'équipe atteignait déjà ses limites en novembre avec trois déplacements chez ses principaux concurrents rhénans, pour autant de défaites. La blessure de Jason Podollan, buteur précis aussi redoutable en patinage que dans les coins, fut annonciatrice de problèmes. Son sens du but était irremplaçable car peu répandu dans l'effectif. Prenons l'exemple de l'international allemand Klaus Kathan, qui a tenté des dizaines de tirs aux derniers championnats du monde sans jamais trouver l'ouverture, et qui n'avait déjà marqué que trois buts avec Mannheim, où il n'a pas vraiment su se rendre utile. Les satisfactions se comptent sur les doigts d'une main : l'inamovible défenseur Chris Joseph, le polyvalent Andy Roach, et le capitaine Stefan Ustorf, dont la blessure en play-offs a signifié l'arrêt programmé d'une équipe privée de son moteur.

Mais la plus grave conséquence de cette saison est l'atteinte à l'image du club, qui n'est plus du tout la référence du hockey allemand. L'entraîneur Bill Stewart, il n'y a pas si longtemps tacticien respecté, n'est aujourd'hui célèbre que par ses débordements Après un match entre Mannheim et Düsseldorf peu avant Noël, où les deux formations ont accumulé 272' de pénalité à force de se distribuer des "cadeaux", Josef Kompalla, légende de l'arbitrage allemand qui a officié dans toutes les plus grandes compétitions internationales et qui a été intronisé au Hall of Fame de l'IIHF en mai, a dénoncé son comportement : "Certains entraîneurs qui ont échoué en Amérique du nord viennent en Europe se goinfrer d'un salaire énorme pendant deux-trois ans, et ils détruisent notre hockey." Même si Jupp Kompalla, qui n'a de toute manière jamais été prophète en son pays, s'est retiré de son poste de directeur des arbitres de DEL, lassé d'être sujet de critiques, la réputation de Stewart est encore moins reluisante. Il n'est plus le maître du hockey, seulement un beau parleur qui prône une discipline qu'il ne s'applique même pas à lui-même, et dont l'équipe a détenu le record peu enviables des minutes de pénalités cette saison. Pire pour les Adler, la famille Hopp, qui les finance, s'est abaissée à rentrer dans la polémique stérile sur l'arbitrage et à faire du lobbying et du chantage avec de bien trop gros sabots.

 

Cinquième : Düsseldorf. La première ligne annoncée chez les DEG Metro Stars n'a pas fait d'étincelles sur la glace. Jeff Christian s'est d'abord signalé par une suspension, et s'il s'est ensuite calmé, il a marqué deux fois moins de buts que l'an dernier à Krefeld. Daniel Kreutzer s'est bien intégré au collectif, mais il a connu une période de doute avant de retrouver enfin le chemin des filets à la trentième journée. Quant au centre Marc Beaucage, il est rentré en conflit ouvert avec l'entraîneur Michael Komma. Encore une fois, le leadership a donc été assuré par les Norvégiens, le capitaine Trond Magnussen et son centre Tore Vikingstad, irréprochables. Mieux, leur expérimenté compatriote Tommy Jakobsen, défenseur dur au mal et rarement pris en défaut, a été la bonne surprise de l'année.

À l'image de la rigueur norvégienne, Düsseldorf a connu très peu de défaillances au cours de la saison. Sa constance lui a permis de terminer à une belle troisième place, mais la médaille avait son revers. Cette régularité se vérifiait chez tous les joueurs, jamais vraiment décevants, jamais transcendants non plus. Et quand les play-offs sont arrivés, ils n'ont pas su élever leur niveau de jeu et leur volonté à la hauteur de l'enjeu. Ils ont donc été punis par l'impressionnant jeu de puissance de Krefeld dans un quart de finale en forme de derby.

 

Sixième : Nuremberg. Débutant comme entraîneur en chef, Mike Schmidt a eu droit à un sacré bizutage pendant les premiers mois de la saison, en devant mener un effectif réduit par une cascade de blessures. On a cru que le chemin de croix était terminé et que la nouvelle année était annonciatrice de bonnes nouvelles, comme l'indiquait l'enchaînement des victoires au mois de janvier. Le dernier match de la saison a été un franc succès 4-0 sur Mannheim, justement l'adversaire en quart de finale. Mais cette "générale" réussie était une illusion trompeuse, il ne saurait y avoir de répétition capable de retranscrire l'incandescence d'un match de play-offs. La vérité du direct fut sans équivoque : les stars étrangères se rendirent coupables de délit de fuite devant leurs responsabilités, alors que les joueurs allemands inscrivaient la majorité des buts, répartition peu courante en DEL, mais insuffisante pour venir à bout de l'équipe de Mannheim, plus complète.

Ceci dit, faut-il vraiment être surpris que cette formation de trentenaires sans esprit vainqueur ait connu autant de pépins de santé, ou qu'elle ait si facilement abdiqué ? C'était peut-être prévisible, et cela conforte a posteriori les dirigeants dans leur volonté de d'insuffler un nouvel élan avec Greg Poss comme entraîneur. Il n'empêche que la façon dont Mike Schmidt a été traité n'est pas très honorable. Ce n'est pas parce qu'il était jugé trop coulant et pas assez exigeant avec ses joueurs qu'il fallait jouer un jeu aussi hypocrite en démentant son remplacement au terme de la saison, alors que tout le monde était au courant. Le manager Otto Sykora n'a pas non plus été très clair vis-à-vis de Marc Seliger. Le gardien allemand avait été bien utile pendant la blessure de Frédéric Chabot, mais quand l'excellent Québécois est revenu, on a oublié les services rendus en faisant cyniquement remarquer à Seliger qu'on lui avait promis vingt titularisations, et qu'il les avait eues pendant l'indisponibilité de son collègue. Pour un club qui dit vouloir s'appuyer à l'avenir sur les joueurs allemands, cette manière de mettre sur la touche un international est bien peu en phase avec le discours. Ce n'est pas parce qu'il faut sans doute plus de poigne que cela doit se faire au détriment de l'ambiance, jusqu'ici plutôt bonne au sein du club.

 

Septième : Kassel. La saison des Huskies a été faite de hauts et de bas. Le haut, ce fut le premier mois de championnat, où Kassel a pris la tête de la DEL, une première dans son histoire. Le bas, ce fut la suite immédiate, avec dix défaites en onze rencontres et de gros doutes pour l'entraîneur Gunnar Leidborg. Mais les causes du malaise ne résidaient pas dans la seule perte de Hans Zach, l'homme qui avait donné au hockey de Kassel ses lettres de noblesse en y amenant du sérieux. Les problèmes sont plus basiques : l'équipe n'a pas assez de buteurs, sa défense manque de physique, et un arrière avec un gros lancer fait cruellement défaut en supériorité numérique. Kassel a néanmoins travaillé avec humilité pour accrocher une place en play-offs, où Cologne a été surpris de la résistance des Huskies dans un quart de finale joué pour la première fois au meilleur des sept manches, et qui s'est prolongé jusqu'à la septième. Il était cependant trop tard car le compte de Leidborg avait déjà été réglé depuis la fin janvier. Dans le rôle difficile du successeur de Zach, l'entraîneur suédois aura finalement essuyé les plâtres.

Il y a tout de même une grande réussite à Kassel cette année, c'est l'incroyable retour d'Alexander Serikow. À sa grande époque, il jouait sur la même ligne que Bozon et Pouget à Mannheim et était le grand espoir du hockey allemand. Mais depuis, son passage chez les Munich Barons avait presque achevé sa carrière. On ne lui faisait plus confiance, il était relégué dans l'ombre, on le disait fini. Pourtant, Kassel l'a engagé au dernier moment, et Serikow y a trouvé un parfait terrain d'épanouissement. Il a retrouvé son hockey au point d'être le seul Allemand à terminer meilleur marqueur de son équipe en DEL. Du coup, l'EC Kassel conserve donc sa réputation de club qui prend le risque de faire confiance aux joueurs allemands... et cette fois, ce n'est pas à Hans Zach qu'il la doit.

 

Huitième : Hambourg. Après l'échec à Munich, le groupe Anschutz n'imaginait pas une telle réussite en déplaçant ses intérêts à Hambourg. Sportivement, les douze premiers matches joués à l'extérieur en attendant la patinoire - pour neuf défaites - n'ont pas empêché de remonter à une place qualificative pour les play-offs. Mais c'est surtout l'étonnant succès public qui a réjoui les dirigeants, avec plus de dix mille spectateurs de moyenne. Le milliardaire finlandais Hjallis Harkimo, qui a construit la Color Line Arena pour y faire emménager un club de hockey sur glace mais aussi de handball, a le sourire jusqu'aux oreilles depuis le match d'ouverture à guichets fermés. Dire que cette soudaine popularité a nettement dépassé les attentes est encore un doux euphémisme.

Le problème est maintenant de savoir si cette success story pourra se stabiliser dans le temps, ou si elle n'est qu'un phénomène de mode. Les Manchester Storm avaient battu des records européens d'affluence en accueillant plus de dix-sept mille personnes il y a quelques années. Ils ont fini par mettre la clé sous la porte en octobre dernier avec quelques centaines de spectateurs payants. Il faudra donc attendre avant de juger si la greffe du hockey sur glace à Hambourg occasionnera ou non un rejet. Cet avenir devra en tout cas sa faire sans Max Fedra. Le manager était un peu le fil conducteur d'Anschutz, puisqu'il avait été embarqué dans l'aventure dès le début, alors qu'il s'occupait de Landshut. Il a connu le rachat de la licence de ce club et le déménagement à Munich, puis l'été dernier à Hambourg, tout en restant un pilier incontournable de l'organisation. Mais il a dû être hospitalisé pour une grave dépression, et a donc dû quitter son poste pour raisons de santé.

 

Neuvième : Iserlohn. Plus petit budget du championnat, Iserlohn aura pourtant rêvé des play-offs presque jusqu'à la dernière journée. Les Roosters y ont rempli leur contrat en gagnant, et même en écrasant Krefeld 8-1, mais leur destin dépendait de Francfort, pas vraiment l'équipe la plus digne de confiance quand on a besoin de son aide. Effectivement, Hambourg a égalisé à trois minutes et demie de la fin chez les Lions, grâce à un but de Ted Drury, et est donc resté devant au classement. La soirée s'acheva donc par les larmes pour beaucoup de supporters d'Iserlohn, mais ils avaient auparavant vécu une superbe saison, et ils avaient d'ailleurs répondu présent avec 3500 spectateurs par match, soit cinq cents de plus que l'an dernier.

Le joueur le plus important a été le gardien Jimmy Waite, qui n'a presque jamais commis d'erreurs. Mais, au-delà de cette clé de voûte, c'est tout un collectif qui a parfaitement fonctionné alors qu'il était composé de joueurs sous-cotés. Le meilleur marqueur, Scott King, n'évoluait ainsi qu'en deuxième division l'an passé, à Bad Tölz. Greg Poss a plus que jamais accompli sa mission, assembler le meilleur groupe possible avec des moyens limités. Il a pour cela mis l'accent sur les qualités de patinage et la réputation de ses recrues, afin qu'elles s'intègrent dans un collectif où tout le monde doit jouer à haut rythme et faire son travail de forechecking. Outre son flair dans la sélection des candidats, Poss a aussi révélé trois jeunes Allemands, Christian Franz, Lasse Kopitz et Christian Hommel. Il a donc été élu entraîneur de l'année... et a été embauché par Nuremberg.

 

Dixième : Hanovre. Deux feuilletons bas de gamme ont jalonné la saison des Scorpions. Le premier est un grand classique, "la valse des entraîneurs", qui a tout de même décontenancé même les plus habitués par son nombre d'épisodes anormalement élevé. Il y a d'abord eu Christer Abrahamsson, qui obtenait des résultats corrects - sans plus - mais qui ne plaisait pas aux joueurs canadiens. Il y a ensuite eu Paulin Bordeleau, qui, lui, ne plaisait qu'aux Canadiens. Après trois victoires en quatre matches et une réjouissante cinquième place à la mi-novembre, les défaites se sont succédé, et même le vieux capitaine Len Soccio menaçait de faire ses valises si Bordeleau restait. C'est donc l'adjoint Siegfried Reiss qui a pris le relais, mais il n'a fait qu'un match avant de céder sa place à cause d'un ulcère à l'estomac. Il pourra ainsi se prévaloir d'un bilan parfait : une victoire - 8-1 contre la lanterne rouge Schwenningen - et zéro défaite ! Enfin, c'est un Suédois qui a bouclé la boucle. Mats Weiderstål, viré un peu plus tôt par Linköping, a assuré le maintien lors des six dernières journées, et a amené l'équipe à son objectif prévisionnel, la dixième place.

Le second feuilleton pourrait s'intituler "Argent, gloire et pouvoir", c'est dire si ça a volé haut. Un conflit a opposé le club à la direction de la Preussag Arena de Hanovre, qui demandait des loyers exorbitants pour l'utilisation de cette salle multifonctions. Le but de la manœuvre était d'exercer une sorte de chantage afin que les responsables des Scorpions n'aient d'autre choix que de livrer le contrôle du club. Mais l'entêtement des uns valait bien l'obstination des autres. Dans ce bras de fer implacable, le président Jochen Haselbacher a mis exécution sa propre menace : les Scorpions reviendront l'an prochain dans leur terrier d'origine, à Mellendorf, village du nord de Hanovre où la patinoire est vieillotte mais tellement plus accueillante.

 

Onzième : Augsbourg. Ça a duré moins d'un mois, mais c'était beau. Début octobre, Augsbourg, ce petit club dont les vedettes bien modestes sont le charismatique P.C. Drouin et le rapide et épatant renfort Greg Leeb, se permet de trôner en tête de la DEL. La destitution n'en est que plus brutale : à l'image du vieux Vostrikov qui a fait la saison de trop, Augsbourg s'essouffle, et n'est plus que onzième après douze défaites d'affilée (dont un quart de finale de coupe). Daniel Naud est alors licencié. Le nouvel entraîneur Rich Chernomaz, champion avec Cologne au printemps dernier, connaît un premier mois difficile, mais parvient ensuite à redresser l'équipe, renforcée de l'excellent défenseur Chris Armstrong, pour la faire terminer à ce onzième rang qui est sans doute sa vraie place. Mais qu'il était bon de rêver à mieux...

Augsbourg se consolera tout de même avec une distinction honorifique, le championnat de Bavière. Cette compétition, qui prend en compte les confrontations directes entre les équipes bavaroises évoluant au plus haut niveau, existe toujours, même si elle n'est plus aussi importante qu'à l'époque où les clubs traditionnels de la région (Füssen, Bad Tölz, Riessersee, Landshut, Rosenheim ou encore Kaufbeuren) étaient le centre névralgique du hockey allemand. Dans le classement établi sans effort par la fédération bavaroise, l'AEV devance Nuremberg et Ingolstadt, les deux autres clubs de la région. Autre succès savouré avec plaisir et surtout soulagement, la victoire à Mannheim, premier succès là-bas depuis plus d'un quart de siècle.

 

Douzième : Ingolstadt. Il y a eu deux années bien distinctes dans ce championnat pour l'ERC Ingolstadt. 2002 : après l'impression positive laissée dans les premières journées avec toute l'envie et l'insouciance d'un promu, Ingolstadt n'en finit plus de s'effondrer au fur et à mesure que l'ambiance se dégrade, au point d'accuser douze points de retard sur le douzième et d'être donc déjà presque condamné au barrage de relégation. 2003 : Ingolstadt réussit une remontée fantastique totalement inattendue afin d'obtenir son maintien, au point d'être le meilleur club de DEL au classement virtuel depuis le 1er janvier.

Comment expliquer une telle métamorphose ? Tout simplement par un changement d'entraîneur, pour une fois clairement indispensable. Jim Boni a démissionné le 3 janvier en accusant les joueurs de l'avoir poussé au départ par leurs mauvaises prestations volontaires. Olle Öst l'a remplacé cinq jours plus tard. Une des premières décisions du Suédois a été de rappeler Jason Young, l'ex-capitaine viré une semaine plus tôt par Boni qui l'accusait de semer le trouble dans le vestiaire. Öst a réussi à redonner le moral à un groupe impatient de prouver sa valeur. Le petit gabarit Samuel Groleau a ainsi montré aux sceptiques qu'on avait bien fait de le conserver pour la montée, car il s'est parfaitement adapté à la DEL. Malgré un bilan comparatif sans équivoque avec son successeur, Boni n'a cependant jamais quitté Ingolstadt. Ses amis parmi les dirigeants ont finalement réussi à lui faire signer un contrat de directeur sportif pour la saison prochaine, dix jours après l'avoir mis à l'écart comme entraîneur. Pendant ce temps, Olle Öst attendait toujours sa prolongation de contrat, et prévenu de ce qui se tramait par des membres démissionnaires du club, il a fini par céder aux avances de Hanovre. La fable de la tortue d'Ingolstadt était jolie, mais la moralité est peu commune.

 

Treizième : Schwenningen. La catastrophe était inévitable. Elle était prévisible avant même le début de la saison. En prévoyant une hausse de la moyenne de spectateurs, les dirigeants versaient dans un optimisme angélique que rien ne justifiait. Ils continuaient de se bercer d'illusions en vivant au-dessus de leurs moyens, alors que la réalité était moins idyllique. Pendant qu'Iserlohn faisait des miracles avec un budget serré, Schwenningen utilisait son argent fantôme pour s'acheter un effectif hétéroclite et absolument pas compétitif. Il manquait à ces joueurs, notamment à ceux d'Europe de l'est, mais aussi au défenseur international allemand Jochen Molling (qu'on a laissé partir à Hambourg en cours de saison), la volonté de mouiller le maillot. Le crash fut donc complet, à la fois sportif et financier.

Pourtant, le maintien a été obtenu sur la glace, grâce à un sursaut d'orgueil qui doit beaucoup au retour de Mike Bullard. Après une demi-saison à Heilbronn, qui n'a pas compris sa chance en se focalisant sur le compteur-points du Canadien et non sur ses qualités de leadership, le vétéran de quarante-deux ans, qui a franchi au passage le cap des cinq cents points marqués en DEL, un record, a montré ce que le dévouement à un club veut dire. Le barrage de relégation remporté par miracle contre Francfort, après dix-huit défaites consécutives en championnat, n'aura néanmoins servi à rien. Le dépôt de bilan avait déjà été prononcé, et l'administrateur judiciaire savait que le trou de deux millions d'euros rendait impossible la poursuite du parcours en DEL. Après vingt-deux années de présence ininterrompue au plus haut niveau, Schwenningen devra donc reconstruire en division inférieure.

 

Quatorzième : Francfort. La chèvre de M. Seguin version allemande a continué à brouter tranquillement comme si de rien n'était. Ce n'est pas faute d'avoir été prévenu, mais le président Gerd Schröder est toujours persuadé d'être intouchable et incontournable, comme son club. Pourtant, tout le monde a contourné cette équipe, ridiculisée par sa relégation sportive théorique. Une descente que Schröder se refusait à prendre au sérieux, puisque la situation financière de Schwenningen faisait office de parachute. Celui-ci s'est ouvert... pour cette fois. Avec une telle arrogance présidentielle, pourquoi s'étonner de l'attitude de certains étrangers qui ont pris prématurément leurs vacances ? Il n'en restait plus que quatre sur treize (dont il est vrai pas mal de blessés) pour jouer le barrage de maintien. Quand on sait que l'intégration des jeunes allemands n'est vraiment pas le point fort de Francfort, on comprend mieux cet ultime humiliation. Mais il a fallu un lent processus de décomposition avant d'en arriver là.

Bien sûr, on a trouvé un bouc émissaire en novembre avec le manager Bernie Johnston, en épargnant cette fois l'entraîneur Lance Nethery, conforté alors qu'il était loin des play-offs qu'il avait promis. Bien sûr, les blessures du capitaine Stéphane Richer puis de l'attaquant Jackson Penney et du gardien Dominic Roussel, ont constitué un lourd handicap. Mais, les mêmes causes produisant les mêmes effets, on a encore vu un leader reconnu, Marc Fortier, perdre ses qualités morales une fois placé dans l'environnement de Francfort, même s'il a fini par créer à nouveau du jeu après l'arrivée du joker offensif Patrice Lebeau. En fin de compte, cette dernière place, cette relégation évitée par chance, pourrait constituer le plus salutaire des électrochocs. Pourtant, son passage sur les barbelés, répété chaque année, n'a fait jusqu'ici ni chaud ni froid à la chèvre de M. Seguin, qui continue de gambader avec insouciance, intimement convaincue qu'elle ne risque rien et qu'elle est infaillible... Assistera-t-on enfin à une prise de conscience ?

 

 

Les clubs de 2è Bundesliga

Premier : Fribourg-en-Brisgau. Il y a dix ans, Fribourg avait quitté la Bundesliga de force lorsqu'on lui avait retiré sa licence pour raisons financières. Le club qui avait alors pu être repêché s'appelait Schwenningen, le voisin de la Forêt-Noire. Aujourd'hui, Fribourg-en-Brisgau fera son grand retour au plus haut niveau... à la place de Schwenningen. C'est l'aboutissement du rêve du Docteur Kouba, l'ancien président décédé l'année dernière. Pour y parvenir, on n'a pas fait dans le sentiment. Afin d'engager le joker biélorusse du nouvel an Aleksandr Andrievski, deux joueurs formés au club, Phillip Thimm et Wayne Kern, ont carrément été virés de l'effectif pour alléger la masse salariale ! Mais la clé de cette montée a été le gardien Rostislav "Hugo" Haas, dont les excellentes performances ont été cruciales pour intégrer les play-offs, et surtout pour les remporter, à la surprise générale, au nez et à la barbe de tous les favoris. Avec son hockey offensif à quatre lignes, Fribourg a donné du piment à la II. Bundesliga. Le fait qu'un outsider inattendu réussisse à concrétiser la promotion obtenue sur la glace est une très bonne nouvelle pour la DEL comme pour la division inférieure, car elle prouve que le renouvellement est possible et que les championnats sont pérennes.

Deuxième : Riessersee. Il y a quelques années, le club de Garmisch-Partenkirchen s'était crashé en DEL en dépit des grandes promesses faites par un généreux mécène plein aux as. On comprendra donc que les supporters aient été méfiants en voyant débarquer "l'Oncle d'Amérique" venu d'Hollywood, Horst Lasse, l'été dernier. Pourtant, celui-ci n'a pas menti sur le recrutement, et les joueurs américains sans grandes références, comme Aaron Fox, ont été choisis judicieusement pour leurs qualités de patinage et leur technique, ce qui leur a permis de bien s'adapter aux glaces européennes. Avec de tels renforts, et même s'il a du jouer à trois lignes, Riessersee a surpris en atteignant la finale, en se qualifiant en cinq manches face à Landshut devant plus de 6000 spectateurs. Mais, en coulisses, ce fut la catastrophe. Le millionnaire Horst Lasse, qui était censé régler lui-même le salaire de "ses" étrangers, a vite été aux abonnés absents, et on s'est entre-déchiré parmi les dirigeants. Après ces interminables querelles, le SCR a gagné le surnom de "SC Hollywood", en référence au "FC Hollywood", comme on appelle le club de football du Bayern Munich, où le moindre scandale est théâtralisé à l'extrême.

Troisième : Bietigheim-Bissingen. Même si les dirigeants prétendent que la DEL n'est pas à proprement parler un objectif, seulement une possibilité si les résultats veulent bien sourire, l'ambition du club se voit comme le nez au milieu de la figure. Comment expliquer sinon que l'on licencie l'entraîneur Markus Berwanger, simplement parce que l'équipe enregistre pour une fois trois défaites de suite, alors qu'elle n'était pas arrivée première par hasard ? Son remplacement par Danny Naud (viré auparavant par Augsbourg) n'aura pas changé grand-chose. Derrière sa première ligne Kovalev-Teeple-Ritchie, l'effectif manque de densité et d'équilibre. Même s'il a abordé les play-offs en pole position, Bietigheim-Bissingen a été éliminé dès les demi-finales par le surprenant EHC Fribourg, qui a su exploiter les trop nombreuses faiblesses du gardien biélorusse Leonid Fatikov.

Quatrième : Landshut. Avec l'équipe la plus jeune du championnat, très peu modifiée malgré la montée, Landshut ne s'est finalement pas contenté de jouer le maintien, mais s'est surpris à jouer toute la saison en haut du tableau. Le public a suivi avec deux mille cinq cents spectateurs de moyenne, pas encore comme aux plus beaux jours du club, mais on y revient doucement. L'entraîneur Bernie Engelbrecht fait un formidable travail de développement, et le hockey à Landshut est plus que jamais vivant et toujours fidèle à sa tradition. Il aura juste manqué qu'un poil d'expérience pour accéder à la finale, mais quoi de plus normal.

Cinquième : Bad Nauheim. Peter Obresa a réussi à transformer un effectif beau et cher sur le papier en équipe gagnante, qui a donc surgi en haut de classement. Capable de battre tout le monde même à l'extérieur, Bad Nauheim a connu une saison sans passages à vide et pouvait légitimement prétendre à la finale au vu de sa deuxième place. C'était avant la défaite inattendue en quarts de finale face à Fribourg, lors de laquelle le gardien allemand Leo Conti n'a pas soutenu la comparaison avec son vis-à-vis et n'a pu donc mener à terme sa réhabilitation. Cette sortie plus rapide que prévu a laissé un trou dans la caisse... que le président Hans-Bernd Koal s'est encore chargé de combler de sa poche.

Sixième : Heilbronn. Une nouvelle et superbe patinoire inaugurée le 30 novembre après deux mois de rencontres à l'extérieur, un effectif riche en grands noms, cette saison aurait dû être celle de la consécration pour Heilbronn. Malheureusement, Jörg Mayr, qui souffre toujours de sa mâchoire fracturée aux Jeux Olympiques, n'a pas joué un seul match, et Mike Bullard est finalement retourné à Schwenningen. Quand à l'entraîneur Schorsch Holzmann et au manager Ernst Rupp, ils ont tour à tour rendu leur tablier. Mais l'amélioration alors constatée n'a pas duré jusqu'aux play-offs, où Heilbronn a été trop léger et indiscipliné pour battre Landshut. Le résumé le plus cruel a été effectué par le président Claus Böhm : "J'ai espéré toute la saison que l'équipe montrerait enfin son vrai visage. C'est ce qu'elle vient de faire en play-offs". Inutile de dire que le visage en question n'était pas aussi souriant qu'escompté...

Septième : Wolfsburg. Parmi les treize recrues engagées à l'intersaison, certaines n'ont pas tardé à être critiquées. Alors que la saison dernière avait dépassé les espérances, celle-ci n'a pas été conforme aux hautes ambitions. La continuité portait plus ses fruits que ce grand remaniement, et le public a encore fui la patinoire, avec moins de huit cents spectateurs, malgré le sympathique retour de l'attaquant tchèque Arpad Györi, qui jouait chez lui, à Tábor, depuis sa blessure. Malgré le faible soutien dont il dispose, Wolfsburg a surtout été médiocre à l'extérieur. L'optimisme s'est évaporé tout aussi vite en quarts de finale avec une nette élimination contre Riessersee.

Huitième : Straubing. La satisfaction est au contraire de mise à Straubing, qui accède finalement aux play-offs pour sa troisième saison en deuxième Bundesliga. Emmenés par Norman Batherson, un centre utile dans tous les secteurs du jeu, les six étrangers ont tous bien rempli leur contrat, ce qui a compensé les performances parfois irrégulières des gardiens Dimitrij Kotschnew et Dominic Lonscher. Seule petite déception, l'équipe a semblé se contenter de cette huitième place, sans chercher à l'améliorer lors de la partie finale de la saison. Il faut dire que la combativité seule ne suffisait plus, car l'effectif n'était pas aussi dense que celui des concurrents.

Neuvième : Duisburg. La place finale correspond tout à fait aux objectifs de début de saison. Pourquoi alors être déçu ? Parce qu'on a longtemps espéré mieux, voire beaucoup mieux. La victoire en coupe contre les Hanovre Scorpions, puis l'excellent début de championnat au sein du groupe de tête, avaient ré-haussé les ambitions. Mais les acquisitions de Jimmy Drolet et Daniel Laperrière pour renforcer la défense s'avèrent un mauvais choix. L'équipe se trouve perturbée par les multiples changements, dont certains ne sont pas prévus comme le départ de Cory Gustafson qui rejoint Landshut parce qu'il se languit de la Bavière, ce qui oblige à recruter l'international français Jonathan Zwikel malgré ses problèmes de dos. Habitués aux victoires, les supporters se détournent de leur équipe lorsque celle-ci cale et qu'elle échoue piteusement dans la course aux play-offs.

Dixième : Regensburg. En expliquant le départ de l'entraîneur Ignaz Berndaner par des raisons de santé, Jirí Lala avait tenté de faire passer la pilule de manière douce. Ce fut raté, car une éreintante polémique s'engagea alors entre les deux hommes. Lala trouva néanmoins moins la meilleure méthode pour la faire oublier en dévoilant l'identité du remplaçant, Erich Kühnhackl, le recordman des buts marqués avec la sélection allemande. Auparavant, un autre bon coup avait été effectué : le recrutement de Markus Janka, encore troisième gardien de l'Allemagne aux championnats du monde 2002, mais qui avait même perdu son poste de doublure à Kassel (au profit de l'étonnant Jan Münster) six mois plus tard. Janka remplaça avantageusement le décevant Markus Hätinen (ex-Reims). Même s'il dut composer avec de nombreux blessés, Kühnhackl améliora notablement le comportement défensif de l'équipe sans nuire à l'attaque, et lui permit d'obtenir haut la main son maintien.

Onzième : Bad Tölz. 2,6 g d'alcool, c'est ce qui coulait dans les veines du gardien finlandais Samuli Peltosara. Selon l'entraîneur slovaque Lubomír Pokovic, ce contrôle d'alcoolémie au volant impliquait forcément une mise à la porte, mais il fut désavoué par sa direction. Lorsque, deux mois plus tard, Peltosara se présenta à l'entraînement complètement bourré, Pokovic en eut assez de l'indolence de sa direction et démissionna, remplacé par l'entraîneur des juniors Rick Boehm. Le gardien alcoolique, lui aussi, dut finalement partir, suppléé par Mark Cavallin. Ce scandale de tout début de saison est presque anecdotique devant le coup de tonnerre de la Saint-Valentin, jour choisi par Bad Tölz pour se déclarer en cessation de paiement. Mais malgré ces tourments financiers, ce club au grand passé devrait néanmoins pouvoir continuer son chemin en 2è Bundesliga.

Douzième : Kaufbeuren. L'adaptation à la Bundesliga 2 fut comme prévu difficile, mais après cette période d'observation, l'ESVK trouva son rythme de croisière, emmené par de jeunes joueurs prometteurs comme les frères Rau ou Patrick Reimer, et se retrouva parmi les huit premiers. Cependant, si la formation est toujours de qualité dans le club bavarois, il a sans doute manqué pour la compléter un bon buteur parmi les étrangers. Le seul à avoir franchi la barre des vingt buts est ainsi le local Thomas Jörg. Par conséquent, Kaufbeuren a reculé en fin de saison, et s'il a assuré son maintien, objectif initial, face à Weißwasser, les supporters furent relativement déçus car ils avaient eu le temps de rêver à mieux.

Treizième : Crimmitschau. Si l'on fait le bilan, le maintien de l'ETC peut être légitimement considéré comme un petit miracle. La saison a commencé par huit défaites, et après quatorze revers en dix-huit journées, Horymir Sekera en a fait les frais. Le nouvel entraîneur Paul Sommer n'a pas arrangé la situation, et si Crimmistchau grappille quelques points à l'extérieur, ce n'est qu'au dixième match à domicile que viendra enfin la première victoire à la maison de son mandat. Même si le barrage de relégation parfaitement négocié face à Bremerhaven a sauvé sportivement la saison, la fuite des spectateurs s'était très largement aggravée entre-temps à cause des mauvais résultats. Si Crimmitschau a toujours le public le plus nombreux de la division, il ne devance maintenant ses concurrents que de très peu. Trop peu sans doute dans le contexte économique difficile de l'ex-RDA, où le club souffre plus que jamais financièrement, maintenant qu'il a connu sa première déconvenue après une décennie d'ascension permanente.

Quatorzième : Bremerhaven. Quand on est champion en titre et que la montée était impossible (à cause d'une situation financière catastrophique), il est difficile de se remotiver. Bremerhaven a connu une très longue gueule de bois, et un réveil affreux, dans les nimbes de l'Oberliga. Un premier coupable a été trouvé avec le gardien finlandais Tommi Satosaari, remplacé très avantageusement par le Tchèque Pavel Cagas, seul joueur étranger à répondre aux attentes, puis un second avec l'entraîneur Jamie Bartman, auquel succéda Peter Draisaitl. Malgré ces changements bénéfiques, le REV sombra complètement dans le barrage de maintien contre la lanterne rouge Crimmitschau. À court de condition physique et incapable de trouver le chemin des filets, il fut logiquement condamné à la descente. Pourtant, désensibilisé par des années de laxisme et de repêchages, le club refusa cette sanction sportive indiscutable, et on vit même un quotidien régional, le Nordsee Zeitung, se lancer dans une campagne médiatique nationale de grande envergure pour le maintien sur tapis vert de Bremerhaven, histoire de caresser ses lecteurs dans le sens du poil et de se faire de la pub. Ce lobbying douteux qui dénonçait la mafia du sud et autres complots, alors qu'il ne s'agissait que de la vérité de la glace, fut sans effet, car la fédération avait décidé de tenir enfin ses engagements et de ne plus accorder de passe-droits, afin que la deuxième Bundesliga se joue bien à quatorze comme cela a été prévu.

Quatorzième : Weißwasser. Ayant commencé la saison exactement de la même façon que son rival saxon Crimmitschau, le club du Lausitz (la Lusace en français) a réussi à redresser un peu mieux la barre grâce à... l'entraîneur tchèque viré par ses voisins, Horymir Sekera ! Cependant, cette amélioration n'a pas suffi à remonter un retard trop conséquent et à éviter l'avant-dernière place. Dans le barrage de maintien, il n'a pas eu autant de chance que l'autre représentant est-allemand. Dommage, car la gestion du club était enfin bien meilleure et bien plus sage que par le passé.

Marc Branchu

 

 

Retour à la rubrique articles