Allemagne 2007/08 : présentation

 

Après cinq ans de stabilité à quatorze, la DEL, n'ayant plus de relégués, se retrouve maintenant à quinze. Cela complique déjà le calendrier, qui a été sous-traité pour la seconde année à une entreprise canadienne spécialisée. Les réclamations enregistrées l'an passé ont été paraît-il prises en compte, mais les plaintes des supporters sont les mêmes depuis que cette sous-traitance existe : calendrier en dépit du bon sens, matches avancés d'un bout à l'autre de la saison, mauvaise répartition domicile/extérieur. Et l'an prochain, il faudra accueillir une seizième équipe, tout en casant les dates de la future Ligue des Champions. Cela fait dire à Elmar Schmellenkamp, le président de Düsseldorf opposé dès le départ à la fermeture de la ligue, que tous ressentent aujourd'hui l'amertume d'avoir aboli la relégation. De là à ce qu'ils prennent sur eux de l'avouer...

Si les dirigeants de DEL sont souvent soupçonnés de jouer les autistes, les hommes de terrain, eux, sont parfois enclins à se diversifier. Tous ont décrit cet été un marché nord-américain presque tari, où beaucoup de clubs se battaient pour peu de joueurs disponibles. Les sources de recrutement ont donc changé de gré ou de force, un peu vers l'est, pas mal dans les divisions inférieures. La DEL ressemble un tout petit peu moins à une succursale de l'AHL... et la 2e Bundesliga plus que jamais à une succursale de l'ECHL.

 

La DEL

 

Devinette : la saison dernière, Mannheim a remporté la saison régulière, les play-offs et la Coupe. Sachant qu'ils ont exactement la même équipe, que vont-ils gagner cette année ? Attention, ils participent en plus à un tournoi subsidiaire, la Coupe Spengler...

La devise "on ne change pas une équipe qui gagne" a rarement été aussi bien illustrée. C'est bien simple, il y a un départ en attaque, Nathan Robinson, remplacé par l'international allemand Michael Hackert, engagé avant même qu'il n'explose aux championnats du monde et conforte encore plus ce choix. Au passage, cela fait une licence d'étranger en moins, donc une possibilité de plus de recruter si jamais la grippe espagnole ou une météorite décimait l'équipe en place, déjà bien suffisante. Si vraiment on veut s'acharner à décrire des transferts, on peut noter que celui qui n'était plus guère que le huitième défenseur, Stephan Retzer, est parti à Hambourg. À sa place, Stefan Langwieder revient d'une expérience d'un an dans une des rares équipes américaines de la rude ligue junior majeur de l'ouest (Portland). Il a survécu à l'intensité et même à la nourriture - ou plutôt à la totale absence de culture nutritionnelle qui l'a affolé.

Pour bien comprendre à quel point Mannheim a dominé, il faut voir que le seul regret des supporters sur la saison écoulée, c'est que la quatrième ligne n'ait pas été sélectionnée en équipe nationale ! Et ce n'est même pas un excès d'arrogance car Tomas Martinec, Christoph Ullmann et Ronny Arendt (oui, oui, c'est la 4e ligne, avec 74 points à eux trois...) en ont effectivement le potentiel. Ils en ont d'ailleurs tous fait partie par le passé. Les Adler ont quatre vraies lignes de haut niveau, aucune ne fait tapisserie, et c'est la principale différence avec leurs adversaires. C'est pourquoi tout le monde que la route du titre passe forcément par Mannheim.

La seule source potentielle de conflit est la présence de deux gardiens numéros 1, la nouvelle recrue Adam Hauser et un Robert Müller que l'on espère totalement remis de sa tumeur au cerveau. Tous deux sont orgueilleux et aucun n'aime le banc.

 

Le principal concurrent annoncé sera Düsseldorf. L'effectif y est cependant moins stable, y compris au niveau du chef d'orchestre : c'est maintenant Slavomir Lener, l'ancien entraîneur national tchèque qui sort de deux saisons plutôt décevantes à Luleå. L'envie de titre est de plus en plus forte aux bords du Rhin. Et après les affluences décevantes de la première saison au ISS Dome, le club a lancé avec le soutien de la ville la plus grande campagne de pub de son histoire : affiches un peu partout, spots sur la télé locale, promotion vidéo diffusée dans le métro, etc.

Que proposera le DEG à aux nouveaux spectateurs que l'on espère nombreux ? L'an passé, il avait recruté des vedettes d'AHL avec un succès mitigé. Il n'a pris cette fois que des recrues nord-américaines déjà vues à l'œuvre en Allemagne. Cela devrait éviter de connaître les mêmes déceptions qu'avec Brown et Collins en défense, puisque Peter Ratchuk et Andy Hedlund ont déjà montré leur puissance de lancer sur les glaces allemandes. En outre, Lener a amené de Suède l'arrière tchèque Robert Kantor, qui prépare peut-être une étude comparative des championnats européens car il vient d'enchaîner Superliga, SM-liiga, Extraliga, Elitserien et maintenant DEL en cinq saisons ! Une bougeotte qui illustre peut-être aussi une forme déclinante. Aux côtés des trentenaires, la valeur montante était jusqu'ici Alexander Sulzer, mais l'international allemand part comme on s'y attendait en NHL. Jean-Luc Grand-Pierre aussi, du reste, même s'il est sans doute trop limité pour s'y faire une place. On compte donc sur la révélation de nouveaux espoirs allemands, à l'image de l'ascension de Robert Dietrich l'an dernier. C'est au tour du robuste Korbinian Holzer de faire ses preuves.

L'attaque doit gagner en profondeur pour espérer concurrencer Mannheim. Des joueurs qui n'avaient que des chances d'apparition sporadique chez les Adler (Fabio Carciola et André Schietzold) sont justement venus voir si ce n'était pas plus facile à Düsseldorf. Pas forcément cette année... Pendant que Jamie Wright (Genève-Servette) et Brandon Reid (Vancouver/Manitoba, NHL/AHL) viennent former un nouveau duo offensif majeur, le DEG a aussi récupéré deux joueurs de Bremerhaven en division inférieure (Peter Boon et le naturalisé Jason Pinizzotto). Et puisque le débat fait rage pour savoir s'il est franchement possible de faire la transition directement de DNL en DEL, Dennis Fischbuch et Martin Hinterstocker vont devoir faire le grand saut.

C'est bien beau de densifier ses lignes, mais encore faut-il garder sa première ligne. Or, le centre norvégien Tore Vikingstad se remet d'une opération à l'épaule. Et, on l'a vu lors de son absence en play-offs, la clé de voûte de Düsseldorf, c'est lui et personne d'autre.

 

Ce qu'il n'a pas réussi avec Düsseldorf, l'entraîneur américain Don Jackson va le tenter avec les Eisbären Berlin. Il connaît bien la maison puisqu'il avait été l'assistant de Pierre Pagé, à qui il succède désormais. Mais si les deux hommes sont amis, tout les sépare dans l'attitude. Le placide Jackson doit ainsi apaiser les esprits qui se sont sérieusement échauffés lors de la dernière saison du vitupérant Pagé. Il ne reste plus qu'un an au mythique Wellblechpalast avant le grand déménagement, et il faut que cette ultime saison s'y passe bien.

Bardée de jeunes espoirs qui ont parfois plafonné l'an dernier, l'attaque berlinoise a en permanence dans l'arrière-boutique deux lignes qui jouent avec la réserve en Oberliga. Elle s'est renforcée avec le centre Nathan Robinson (Mannheim), excellent dans la possession du palet mais qui sera peut-être encouragé à accélérer sa transmission, et par le buteur Tyson Mulock, qui a pour l'instant cartonné en troisième puis en deuxième division.

Cependant, si Jackson avait la meilleure défense du championnat à Düsseldorf, il n'est pas sûr que celui lui arrive cette fois. Les lignes arrières semblent plutôt faibles. Elles comptaient sur le grand retour de Derrick Walser, champion avec les Eisbären en 2005 et 2006, mais celui-ci a soudain obtenu un contrat "one-way" des Maple Leafs de Toronto. En urgence, il a fallu trouver une autre recrue, et ce sera Brandon Smith, cinquième marqueur des défenseurs d'AHL. Un moindre mal. Cela montre que les Berlinois ont encore de la puissance financière. Avec trois licences d'étrangers non utilisées, ils ont donc de la réserve au cas où.

Dans les cages, la décision a déjà été prise : après l'alternance d'un an entre deux espoirs allemands, le meilleur d'entre eux, Youri Ziffzer, sera cette fois confronté à Rob Zepp. Ce Canadien sort d'une seconde saison médiocre en Finlande et ne constitue pas une recrue très alléchante. Mais quand le manager Peter John Lee explique que ce choix est "bon aussi pour Ziffzer et pour les Eisbären", on comprend mieux comment il s'inscrit dans une logique de formation. S'il est vraiment un espoir, Ziffzer (21 ans) devra s'affirmer, non pas dans une pseudo-concurrence avec un gardien recruté très cher où les dés seraient pipés dès le départ, mais dans une comparaison honnête face à un compétiteur pas insurmontable, du niveau de celui qu'il croiserait par exemple s'il jouait en AHL. Mettre en place une véritable concurrence, c'est aussi un objectif des Eisbären cette année.

 

Pour retrouver un duo de deux jeunes gardiens allemands, il faut aller à Nuremberg, où Jean-François Labbé a été remplacé par Dimitrij Kotschnew. L'homme qui a blanchi les Tchèques au Mondial devient ainsi titulaire dans un club de pointe. Sa doublure Patrick Ehelechner s'est par contre totalement trouée dans ses rares apparitions à Duisburg et devra prouver qu'il est bien le talent qu'on promettait.

Ils seront protégés par une défense résolument défensive avec l'arrivée du rude Sean Brown (Düsseldorf). En effet, l'arrière canadien - et meilleur marqueur de l'équipe ! - Jame Pollock a signé avec Washington en NHL. Le transfert ayant eu lieu après la date limite du 15 juin, la compensation reçue par le club allemand est coquette - 150 000 dollars - mais aucun joueur de ce type n'est sur le marché. Benoît Laporte compte donc plutôt sur la progression du jeune David Cespiva : révélé durant les play-offs à la place des blessés, il a démontré une qualité de lancer intéressante en pré-saison. Nuremberg a cependant des moyens et une licence en réserve pour cette défense.

En attaque, l'exemple mannheimois a incité ici aussi à avoir quatre vraies lignes. Arrivent pour cela deux forts tempéraments, Björn Barta et le Germano-Canadien Ahren Spylo, plus un joueur de talent réputé "à problèmes", Florian Keller, qui a mis 29 points l'an dernier à Ingolstadt mais a souvent été cloué au pilori (et au banc).

Voilà un défi supplémentaire pour Benoît Laporte, qui en a déjà accompli un : rester plus de deux ans à la tête de Nuremberg, personne n'y était parvenu depuis l'arrivée en treize saisons de DEL ! La précédente place de finaliste, en 1999, avait été suivie d'une traversée du désert, mais les Ice Tigers paraissent capables aujourd'hui de s'établir pour longtemps.

 

Même avec un budget repartant à la hausse, Nuremberg n'a cependant pas eu les moyens de s'aligner sur les exigences financières d'un joueur comme Peter Sarno. Le centre de Fribourg-Gottéron sera donc le nouveau meneur de jeu de Hambourg à la place de Greg Claessen. Mais si les Freezers paient si cher les individualités, c'est aussi parce que leur effectif est très différemment constitué.

Ici, la quatrième ligne n'est qu'un prétexte. L'attaque se résume à neuf attaquants de valeur, dont l'Autrichien Christoph Brandner et son dos en compote. Et contrairement aux candidats au titre, Hambourg a onze étrangers dès le départ. La réserve, on ne connaît pas... Les rares joueurs allemands ont été formés chez les Eisbären, également contrôlés par le groupe Anschutz. Et si on a investi dans un international allemand, il s'agit d'un naturalisé, John Tripp.

La base arrière des Freezers a cependant été nettement renforcée. C'est le gardien champion Jean-Marc Pelletier qui prend place dans les cages. Et le manque de défenseurs offensifs, déploré l'an dernier, ne semble plus d'actualité avec l'arrivée d'AHL de Marty Wilford et Andy Delmore.

Le virulent Bill Stewart est cette fois aux commandes dès la pré-saison, et il sera intransigeant quant à la condition physique. Celle-ci sera nécessaire pour que cette formation à faible densité puisse rivaliser avec les quatre lignes des favoris.

 

Les Scorpions de Hanovre ressemblaient autrefois un peu à l'effectif de Hambourg, avec de très vagues joueurs allemands pour chauffer le bout du banc. C'était avant l'arrivée de Hans Zach qui a radicalement transformé l'image du club. Il a conservé de l'attrait pour ses anciens joueurs, faisant venir Tino Boos qui formera avec Niki Mondt une sacrée paire de centres défensifs.

Si la densité et l'uniformité de l'attaque ne font guère de doute, tant tout le monde travaille du même pied avec Zach, il manquait surtout un joueur qui fasse la différence. Matt Dzieduszycki, révélé chez le faible Duisburg, a été engagé pour mettre les palets au fond, et Chris Herperger, revenu en DEL après une saison de LNA en demi-teinte, pour les lui servir sur un plateau. Autre type de retour, celui de Mike Green, qui a fait faux bond l'an passé en espérant une place en NHL mais qui a eu une saison pourrie par des problèmes de dos.

En défense, la partie offensive sera toujours assurée par Stéphane Robitaille et surtout par l'incommensurable Sascha Goc. Pas d'inquiétude, de lourds sacs de ciment arrivent avec le vétéran américain Aris Brimanis (Kloten) et le colosse Rainer Köttstorfer (Krefeld). Il faut juste être sûr que le mortier soit bon. Puisqu'on vous dit que l'élimination en play-offs n'était pas imputable au gardien Alexander Jung mais uniquement à la température des palets...

 

En dépit d'un contrat de location de salle renégocié à la baisse avec la Kölnarena, Cologne n'a pas les marges de manœuvre financières de ses concurrents, qui l'ont dépassé économiquement ces dernières années. Il lui faut donc un peu de chance et de flair dans le recrutement. Par exemple, oser contacter Travis Scott, tout juste champion de Russie avec Magnitogorsk. C'était le bon moment : celui-ci voulait un endroit où vivre avec sa famille, loin de la pollution et de l'ennui de la ville industrielle de l'Oural. Il signait sans grand délai de réflexion, et le gros transfert de l'été était bouclé. On attend avec impatience les derbys Cologne-Düsseldorf où Scott retrouvera Jamie Storr, son ancien collègue dans l'organisation des Los Angeles Kings.

L'autre recrue-phare, c'est le centre tchèque Kamil Piros, qui remplacera le décevant ex-NHL Aaron Gavey sur la deuxième ligne. Le centre du troisième trio, Tino Boos, s'en est allé à Hanovre après sept années au club, et il sera finalement remplacé par Todd Warriner qui fait le chemin inverse. Mais comme cela fait une licence d'étranger dépensée en plus, Cologne a besoin de sang neuf allemand. Il en a dans l'équipe championne de DNL, et y a encore ajouté le Berlinois Marcel Müller (19 ans) et le grand talent Jerome Flaake (17 ans, formé à Königsbrunn et déjà passé par Riessersee et Mannheim).

Malgré le départ de Lasse Kopitz et Jason Marshall à Francfort, aucune recrue n'est arrivée en défense. Jere Karalahti a été approché, mais il ne viendra pas. Désolé pour le chiffre d'affaires de tous les débitants de boisson de Cologne. Les Haie considèrent qu'ils ont assez d'arrières et préfèrent se laisser le temps, sans doute pour récupérer un recalé des camps NHL.

 

Une deuxième glace : voici l'outil tant attendu qui pourrait permettre à Ingolstadt d'être enfin un peu plus présent dans la formation des jeunes. Car jusqu'ici, le club de référence dans la région, c'était clairement Landshut. Depuis son accession en DEL, Ingolstadt s'est logiquement dit qu'il pourrait attirer les meilleurs espoirs de ce brillant voisin, ceux qui sont draftés en NHL par exemple, pour leur offrir un tremplin. Il y a deux ans, l'ERCI faisait ainsi signer Felix Schütz... qui partait alors en junior majeur au Canada. Qu'importe, il remettait ça cet été en recrutant Max Brandl... qui prenait la même direction ! Tout n'est pas perdu, se disait-on encore. Schütz, toujours sous contrat, pouvait revenir à la fin de ses années juniors, avec désormais un statut d'international. Seulement voilà, le bon Felix a filé une nouvelle fois entre les pattes de la panthère. Il a préféré signer avec les Boston Bruins (sachant qu'il passera la saison en AHL), et ce aussi tard qu'au mois d'août.

Le jeune manager Stefan Wagner a de quoi morigéner contre ces Américains qui ne respectent aucune règle et fiche tous ses plans en l'air au dernier moment, car la situation est inquiétante. Il n'y a évidemment aucun Allemand sur le marché. Et il faut y retourner par ailleurs pour chercher un étranger, car l'attaquant Matt Higgins, dont le club attendait plus qu'impatiemment la décision, a finalement choisi à deux semaines et demie du début du championnat qu'il serait opéré de sa blessure à la nuque. Il faut savoir que l'effectif a déjà été pas mal renouvelé avant ces contretemps. Le club a même sorti le chéquier pour se débarrasser de Rob Valicevic après d'essoufflantes négociations : le Canadien était sous contrat mais indésirable en raison de ses prestations en dessous de tout depuis sa prolongation.

L'attaque paraît un peu juste, et la pression est sur les trois nouveaux car le moindre ratage est interdit. Yorick Treille, qui sera le plus grand gabarit d'une attaque peu impressionnante sous la toise, est le premier joueur de champ français en DEL depuis huit ans, mais sa carte de visite estampillée "LNA" rassure. En revanche, Vince Belllissimo, avant de faire le beau, devra faire oublier qu'il ne vient que d'ECHL, où il a cartonné avec 12 buts en play-offs. Le plus attendu est le centre n°1 Eric Boguniecki, au temps de jeu en NHL de plus en plus limité à cause de sa taille (1m75). C'est sa deuxième expérience européenne après un passage à Langenthal pendant le lock-out. Il l'avait peu apprécié à l'époque puisqu'il avait déclaré qu'il préférait encore vendre des hamburgers dans un McDonalds toute sa vie plutôt que de retourner dans le club de LNB suisse...

Devant le gardien Jimmy Waite qui est sous contrat jusqu'à ses 40 ans, la défense ne soulève en revanche aucune inquiétude chez les supporters. Les canonniers Jakub Ficenec et Jason Holland auront chacun un défenseur d'AHL a priori fiable à leurs côtés (respectivement Scott Ferguson et Dustin Wood). A contrario, Josh McNevin, le défenseur très offensif venu de Regensburg, sera sous la bonne garde du pur défenseur Michael Bakos. L'équilibre parfait... sur le papier du moins.

 

C'est l'information-surprise du début du mois d'août : Patrick Lebeau quitte Francfort parce qu'il a été approché par plusieurs clubs de NHL et qu'il veut négocier un dernier retour ! Mais pourquoi cet empressement soudain autour de sa personne, alors qu'il n'est plus que l'ombre de ce qu'il était il y a trois ans quand il dominait la DEL ? Tout simplement parce qu'il a été supérieur à plusieurs stars de NHL en exercice lors d'un... tournoi de charité au Canada ! Cela laisse songeur sur le caractère prétendument pointu du scouting des franchises nord-américaines...

Même si cela laisse une petite pointe au ventre, Francfort sait que ce départ est loin d'être une catastrophe. Lebeau était de plus en plus souvent blessé et ses relations avec l'entraîneur Rich Chernomaz s'étaient dégradées. Francfort n'a mis qu'une semaine à engager un remplaçant, le marqueur d'AHL Jeff Heerema.

Et puis, si une idole s'en va, une autre revient... Les supporters des Lions ont en effet été comblés par le retour d'Ilya Vorobiev. Il était arrivé en 1993, dans les bagages de son père, l'entraîneur Piotr Vorobiev. Encore junior, le petit moineau n'avait pas la carrure dans une Bundesliga à deux étrangers, mais cela n'a pas tardé. Il a vite été adopté comme un enfant du pays. Le Moscovite n'a pas d'allemand que le passeport, ses enfants sont nés ici, et même le fait d'avoir joué à Mannheim - horrible faute de goût à Francfort ! - n'a pas altéré l'attachement du public. Il a donc quitté la Superliga et ses voyages incessants pour rentrer, au bout de huit ans, dans la capitale économique allemande. Ayant subi de nombreux départs à l'intersaison (Hackert, Kelly et le retraité Norris en plus de Lebeau), les Lions ont essayé de limiter la casse avec un recrutement canadien mais original : Layne Ulmer vient de Finlande et du TPS Turku, Derek Hahn du Danemark et de Rødovre.

Le départ du défenseur offensif Peter Podhradsky, international slovaque, laisse aussi un sacré vide. Ce sera à Richie Regehr de le combler. Le "petit" frère - plus jeune et de gabarit inférieur - de Robyn Regehr, connu pour être la réponse au fameux quizz "quel joueur de NHL est né au Brésil ?", est quant à lui la solution de l'énigme "quel joueur de NHL est né en Indonésie ?". C'est ça d'avoir des parents missionnaires...

Chernomaz se doute que son équipe ne marquera pas plus, et il a donc fixé comme priorité d'encaisser moins de buts. Une tâche qui ne dépendra pas que du rugueux Jason Marshall (Cologne), mais de l'investissement de toute l'équipe.

 

Si le promu Wolfsburg a gardé douze joueurs, ce n'est pas juste par sentiment. Il l'a prouvé en ne reconduisant pas deux éléments très appréciés du public, le défenseur offensif germano-slovène Elvis Beslagic et même le centre canadien Todd Simon. Ce grand contributeur de la montée (meilleur marqueur des play-offs) se rabattra sur Milan, car il a été remplacé par un Jason Ulmer qui a l'expérience de la DEL. Wolfsburg n'a gardé que ceux dont l'apport était transposable au niveau supérieur dans un rôle de complément. Le soutien réaffirmé de Skoda donnait en effet les coudées franches pour recruter un nouveau premier bloc.

Écarté comme un malpropre de la DEL il y a deux ans, Wolfsburg est aujourd'hui accueilli à bras ouverts. Sa patinoire a bien été construite, et en un temps record s'il vous plaît. Mieux, ses 4500 places se sont même remplies lors de la finale pour la promotion face à Kassel. Le public autrefois absent pourrait accompagner le mouvement, avec une alléchante cerise sur le gâteau du recrutement : David Moravec, aujourd'hui âgé de 34 ans, est un des noms indéfectiblement lié aux grandes années du hockey tchèque : champion olympique à Nagano, bien sûr, mais surtout buteur en prolongation de la finale 2001 qui a parachevé un incroyable triplé mondial.

Derrière, comme les blueliners étaient hors de prix, on a pris du pur défensif avec Fredrik Svensson (Ambrì) et Jean-François Fortin (Duisburg). À suivre aussi, ce Petr Macholda (Francfort) qui n'a pas pu jouer avec l'équipe d'Allemagne au Mondial car une pige dans son pays d'origine - la République tchèque - avait interrompu les deux années complètes nécessaires à sa qualification.

Si on ne verra plus le gardien Oliver Jonas avec le maillot allemand, c'est pour une autre raison : on a appris cet été que, lors des derniers championnats du monde, ce père de bientôt de trois enfants avait annoncé à Krupp sa retraite internationale, pour l'instant du moins. À 29 ans, après deux années comme doublure, Jonas a quand même l'intention de relancer sa carrière de club en se présentant comme une alternative au vétéran Chris Rogles. Son arrivée impliquait le départ de l'autre gardien sous contrat Jan Münster, avec qui un arrangement à l'amiable - chèrement monnayé - a été trouvé in extremis pour éviter un procès. Deux gardiens potentiellement titulaires, c'est rare en bas de tableau... C'est peut-être parce que Wolfsburg n'a pas l'intention de s'y éterniser.

 

Le joueur de l'année de la DEL, le Letton Herberts Vasiljevs, est toujours là, nanti du statut de capitaine. La plupart des marqueurs sont restés, à part l'international slovène Ivo Jan. Et pourtant, la saison qui s'annonce n'aura rien d'une sinécure à Krefeld. Le KEV est toujours à la merci d'une blessure d'un joueur majeur, on l'avait vu l'an passé quand la perte du meilleur marqueur avait failli coûter la qualification en play-offs, sauvée d'un point. C'est encore pire si cela frappe le gardien Reto Pavoni, qui tient bon à 39 ans et a été approché par plusieurs clubs suisses durant l'été, car il n'y a pas de gardien de secours valable.

L'entraîneur et directeur sportif Jiri Ehrenberger a tout de même essayé de densifier son effectif, malgré des moyens financiers en régression. À la qualité technique est-européenne, il a ajouté une bonne dose d'engagement physique. Les défenseurs Daryl Andrews (SønderjyskE, Danemark) et Benedikt Schopper (Essen) ont allègrement dépassé la barre des cent minutes de pénalité l'an passé, un total que l'attaquant d'AHL Ryan Ramsey a carrément explosé. Même l'international junior Patrick Hager (Rosenheim), qui a signé un contrat de quatre ans, s'en est rapproché avec 94 minutes.

Les seules recrues qui ne cadrent pas avec ce profil sont Björn Bombis, que Hans Zach avait renvoyé en deuxième division l'an passé car il est tout sauf un attaquant défensif, et Brian Maloney. Pour ce dernier, il suffit simplement de remonter une saison de plus pour trouver une prison bien remplie. Mais ce sont surtout ses bonnes fiches +/- qui ont attiré l'œil de Krefeld. Recrutement malin ou troisième couteau recruté faute de mieux ? Ce n'est pas parce que le budget n'est pas extensible que tout est perdu.

 

Comme l'an dernier, Iserlohn aborde la saison avec un entraîneur canadien sans expérience en Europe. Le précédent, Geoff Ward, est reparti en mai à son poste antérieur, entraîner l'équipe-ferme des Edmonton Oilers, avant de le lâcher en août pour signer directement en NHL, comme assistant-coach à Boston. Son successeur, Rick Adduono, débarque avec encore moins de références, ses deux titres en ECHL n'ayant jamais débouché sur une découverte du niveau supérieur. Son nom est cependant familier car son neveu Jeremy Adduono a joué ici la saison dernière.

Iserlohn fait dans la tradition avec des étrangers canadiens. Le genre de cocon anglophone que recherchait le gardien Norm Maracle, revenu de la lointaine Russie. Cela devrait aussi mieux convenir à l'attaquant Pat Kavanagh, un ancien de l'AHL peu convaincant dans les championnats suédois et finlandais. Les autres sont des habitués de la DEL : la fusée Brad Tapper vient de Hanovre, et le défenseur Chris Schmidt d'Ingolstadt où il avait dû réfréner ses tendances offensives aux côtés d'un Jeff Tory qui faisait tout mieux que lui. On lui demandera tout le contraire dans le Sauerland. Même Bob Wren est bien connu en Allemagne. Il était quatrième marqueur de la ligue lorsqu'il avait préféré plaquer Augsbourg pour un contrat plus lucratif à Vienne. Après trois années de haut pointage en Autriche, il est attendu au tournant pour son retour dans un championnat plus exigeant.

La seule exception chez les renforts est Kevin Truelson : il est américain et non canadien, et comme il ne vient que d'ECHL (où il a été quatrième marqueur des défenseurs), il n'a été prudemment pris qu'à l'essai. En test également, Luke Sellars, un ancien deuxième tour de draft de NHL qui avait été arrêté dans une boîte de nuit de Toronto fin août 2004 pour menaces de mort sur un videur. Ses ennuis judiciaires ont stoppé net sa carrière naissante pendant près de deux ans, avant qu'il ne tente un retour en UHL puis au Danemark, où son "impact" a pu être mesuré : 252 minutes de pénalité en 29 matches, bagarres sur la glace, problèmes dans les vestiaires, équipe détruite... Conclusion des essais : Truelson a été recalé, Sellers gardé.

Iserlohn ne recrute donc pas totalement dans les normes. Il faut dire que la norme des Roosters est de ne jamais se qualifier pour les play-offs. Avec dix places à distribuer, il s'en est fallu de rien au printemps dernier, et ce serait une grosse déception de ne pas enfin y parvenir.

 

C'est Straubing qui est à l'origine du nouvel engouement pour les joueurs de 2e Bundesliga. Les cadres de la montée avaient rapidement pris le rythme de la DEL, et s'étaient adaptés bien plus vite par exemple que l'ex-joueur de NHL Cam Severson, finalement bien intégré grâce à l'aide de ses "baby-sitters", comme il appelle ses coéquipiers qui lui ont tout expliqué de la vie allemande. Ils étaient eux-mêmes passés par là, et dans des conditions plus difficiles. Calvin Elfring raconte sur le site de Severson comment il a débuté en Oberliga à Bad Aibling : une savoureuse description de son attente pendant cinq heures à l'aéroport avant qu'on vienne le chercher, de son arrivée dans son appartement au-dessus d'une ferme avec comme vue en odorama un cochon juste tué, des toilettes de la patinoire que l'équipe locale devait partager pendant le match avec les supporters, ou encore de la fois où on l'a appelé pour peindre les lignes sur la glace...

C'est l'avantage de ces étrangers qui ont fait leur trou dans les divisions inférieures. Quand ils ont connu ça, ils apprécient d'autant plus la chance de jouer en DEL. D'où la réussite l'an passé du bloc Lehner-Elfring-Dunham-Gallant-Trew, conservé en intégralité après la montée : un capitaine allemand et quatre étrangers méconnus. Les cinq hommes sont encore là, mais ne pourront peutétre pas rejouer ensemble tout de suite. Cela dépendra du temps que mettra Billy Trew à obtenir un passeport allemand : comme les licences étrangères sont toutes distribuées, il sera prêté le temps qu'il faudra au voisin Landshut.

Les Tigers ont décidé de suivre la même logique, avec des extérieurs cette fois. Ils ont pioché des joueurs de 2e Bundesliga dans d'autres clubs, les étrangers McPherson, Schmidt et Moborg mais aussi le jeune défenseur allemand Stefan Wilhelm. En quête d'une promotion sportive, ces joueurs ne sont pas les plus gourmands. Cela permet de dégager assez de budget pour s'offrir une recrue-vedette, Éric Meloche, ballotté entre NHL et AHL l'an passé à Philadelphie.

Le potentiel offensif est sans doute meilleur, mais l'entraîneur Erich Kühnhackl, meilleur buteur de l'histoire de l'équipe d'Allemagne, est surtout un adepte de la défense depuis qu'il est entraîneur. Il mettra une fois de plus l'accent sur le comportement défensif de son bloc-équipe assez homogène. Cela peut permettre d'atteindre l'objectif officiel, "rester le plus longtemps possible dans la course pour la dixième place".

 

Chacun a revu les objectifs à la baisse à Augsbourg. Paulin Bordeleau a arrêté les délires et se contente d'évoquer du bout des lèvres l'objectif obligé des play-offs, là où les observateurs ne parlent plus que de survie. En l'absence de relégation, aucune porte de sortie ne semble se dessiner pour Augsbourg sinon celle d'une mort lente. Avec son petit budget, avec sa patinoire hors d'âge, avec la concurrence du football, il devient chaque année plus difficile de lutter pour l'AEV.

L'illusion est de plus en plus difficile à entretenir. Alors que tout le monde avait expliqué en long et en large pourquoi on ne voulait plus de Travis Brigley, il a finalement été prolongé... en août, quand il était devenu manifeste que l'on était incapable de recruter quelqu'un d'autre. La dèche totale. Augsbourg se sert en dernier, et récupère ceux qui ne trouvent plus de place, comme le jeune défenseur slovaque Tomas Slovak, ancien deuxième tour de draft NHL qui a erré entre quatre clubs et trois championnats européens lors de la saison écoulée. Dans un tour de prestidigitation qui n'a trompé personne, le club bavarois a aussi tenté d'habiller l'ex-international Jochen Molling (135 sélections... jadis) en recrue de premier plan, alors que ce piètre relanceur, de plus en plus poussif au fil des ans, était déjà médiocre l'an passé en 2e Bundesliga à Bietigheim.

Il n'y a que deux possibilités de salut pour Augsbourg. La première, c'est d'explorer là où les autres ne vont pas, en Norvège par exemple avec le défenseur offensif canadien Christian Chartier et le rapide Mathis Olimb, authentique espoir de son pays. La seconde, c'est de compter sur les joueurs du cru, car l'AEV reste heureusement un bon club formateur. L'ailier de 20 ans Patrick Buzas, révélation de la saison dernière, a ainsi déjà été appelé par Krupp en équipe d'Allemagne.

 

Lorsque la DEL s'est massivement ouverte aux étrangers au milieu des années 90, le championnat allemand a pris un mode de fonctionnement plus typique des ligues nord-américaines, avec des joueurs qui rentrent chez eux passer un long été au golf. On paye juste les joueurs pour leurs performances sur une saison de huit mois, et on ne s'occupe plus de les développer sur le long terme. La préparation estivale, telle qu'elle existe dans les grands pays européens, a été sacrifiée au passage. Le résultat est un retard de condition physique - déploré notamment par le sélectionneur Uwe Krupp - que l'Allemagne s'efforce aujourd'hui de combler.

Dieter Hegen, qui a connu l'époque où les joueurs avaient droit à moins d'un mois de vacances, a été le premier à convoquer son équipe de Duisburg à la reprise de l'entraînement, le 20 juillet. Signe que les mentalités changent ? Oui et non. Si les trois "petits" ont été les trois premiers à reprendre, c'est parce qu'ils n'ont guère le choix pour rivaliser. Les gros calibres étrangers des grands clubs n'écourtent pas leurs congés, eux. Dans le cas particulier de Duisburg, la pré-saison a été longue parce qu'elle a surtout servi à jauger les nombreux joueurs mis à l'essai venus d'horizons des plus divers. Des joueurs que même un serre-file de DEL n'aurait pas mis sous contrat "à l'aveugle".

Si Dan Tessier (Sheffield) et Adam Courchaine (Zell am See en deuxième division autrichienne !) ont obtenu un contrat ferme grâce à leurs fiches à cent points, un Jeff Paul, arrivant en DEL depuis le... championnat néerlandais (avec tout de même un passé en AHL), n'a signé que pour un essai. Le rugueux défenseur l'a réussi, tout comme son collègue Dustin VanBallegooie (ECHL/AHL l'an dernier) et le rapide ailier Justin Cox (ECHL/LNB/Norvège). Un seul joueur a été recalé tout de suite, le défenseur offensif James Sanford, et pour la même raison qu'un an plus tôt chez les Canadiens de Montréal : il s'est présenté dans une condition physique déplorable. Pour le reste, le camp a été assez clément. Seul Jade Galbraith reste sur la sellette : le buteur d'Oberliga a de bonnes mains mais doit se bouger s'il veut sauter deux divisions d'un coup. C'est sans doute juste un moyen de le garder sous pression et de le faire travailler, car Duisburg a si peu de talent qu'il n'a guère d'alternative, sinon le garder.

Sans relégation, Duisburg n'a pas vraiment d'objectif réaliste, si ce n'est celui de ne pas revivre une saison aussi chaotique que la précédente. Et c'est déjà énorme... C'est de toute façon indispensable pour ressembler enfin à une équipe viable. Soupçonnée d'être un piètre soutien après certaines déclarations du maire ("Duisburg n'est pas une ville de hockey"), la municipalité a fait sa part en rénovant la patinoire pour 800 000 euros (éclairage et balustrades entre autres). Difficile de s'engager plus avant : au club du président-sponsor Ralf Pape de présenter de meilleurs gages de sérieux.

 

 

La 2e Bundesliga

C'est à l'étage inférieur que le gonflement de la DEL inquiète le plus. Comme la ligue a fait inscrire dans ses statuts qu'elle se joue à seize maximum, elle n'aura plus de place disponible après le prochain promu.

Par conséquent, c'est cette saison ou jamais pour Kassel. À tous les titres. On peut penser en effet que l'espoir local Manuel Klinge, déjà convoqué par le sélectionneur national Uwe Krupp au premier regroupement de la saison, rejoindra de toute façon la DEL dans un an même si son club formateur ne monte pas. Déjà très expérimentés en défense - voire âgés puisque le Belge Mike Pellegrims fêtera ses quarante ans le 1er avril prochain - les Huskies ont recruté d'autres hommes de métier dans les autres lignes. Ils ont ainsi récupéré les joueurs "originels" de la franchise de Hambourg qui se sont fait débarquer, le gardien canadien Boris Rousson et l'attaquant international polonais Jacek Plachta.

Kassel devrait avoir moins de concurrence déclarée que l'an passé. D'abord parce que Wolfsburg est monté, et ensuite parce que d'autres ambitieux ont dû réduire la voilure. Après avoir dépensé sans compter pendant des années pour un retour sur investissement ridiculement faible, Bietigheim-Bissingen s'est calmé. Plus préoccupé actuellement de se doter de meilleures infrastructures et d'une seconde glace, il a amputé d'un quart le budget de l'équipe senior. Cela lui laisse tout de même plus de deux millions d'euros dans les caisses, de quoi recruter par exemple l'ex-international allemand Alexander Serikow. S'il revient en forme après deux saisons gâchées par les blessures, qui sait si Bietigheim ne pourrait paradoxalement mieux réussir avec moins d'argent. À Regensburg, en revanche, on n'y croit plus trop. On a un peu rêvé de DEL mais on a surtout vécu au-dessus de ses moyens.

La principale menace pour Kassel, elle est donc à chercher auprès d'un autre ancien pensionnaire de l'élite, Schwenningen. Comme souvent, le SERC met presque tous ses œufs en attaque, avec trois nouvelles recrues nord-américaines de bon calibre. Le meilleur joueur universitaire canadien 2006 Kevin Baker a été élu à l'aile de la première équipe-type d'ECHL dès son retour chez les pros, et il arrive avec celui qui était son centre au Texas, le petit nerveux Olivier Proulx. Quant à Garrett Bembridge, depuis son dernier passage en Allemagne à Crimmitschau, on l'aurait trouvé très haut dans les marqueurs d'ECHL s'il n'avait pas été si souvent appelé en AHL.

Au niveau du spectacle, une équipe veut faire mieux : Essen, totalement dévoué au plaisir sans entraves. Le recrutement du pur talent offensif slovaque Martin Bartek en est la preuve. Bon courage au gardien finlandais Markus Hätinen qui devra composer avec une défense beaucoup moins présente que celle qu'il avait à Kassel. Bremerhaven a par contre assuré ses arrières en dotant Alfie Michaud d'une bonne doublure, Jan Guryca, le fils de l'ex-international français Ivan Guryca.

Les deux derniers outsiders viennent de Bavière. Après avoir refusé de se vendre au milliardaire Kirsch, Landshut s'appuie sur un effectif très stable, renforcé par les attaquants Ales Kratoska (Trondheim, Norvège) et Brandon Dietrich (Bienne et Regensburg). Munich a engagé les deux ex-internationaux Erich Goldmann et Markus Wieland en défense et compte une étonnante recrue de dernière minute en attaque : son meilleur buteur de l'an dernier Brent Robinson. Il avait pourtant décidé d'arrêter sa carrière pour reprendre des études, mais il s'est présenté à l'université deux jours après la date limite des inscriptions ! À défaut, le Canadien rempile donc pour une année de hockey pro, sans préparation.

Comme toujours en 2e Bundesliga, les promus vont se mêler au jeu et ne doivent pas être sous-estimés. Les Faucons de Heilbronn sont les plus solides avec les joueurs prêtés grâce à l'habituelle collaboration entre rapaces avec les Aigles de Mannheim, dont le fond de banc est comme chacun sait particulièrement fort. L'autre nouvel arrivant du Bade-Wutermberg, Ravensburg, n'a signé aucun partenariat et se contentera de jouer le maintien. Le troisième accédant, le SC Riessersee, mêle la grande tradition du hockey à Garmisch-Partenkirchen, l'idéalisme de ses supporters, et le soutien financier de Günther Hertel, qui possède aussi le club de Nuremberg.

Si les promus réussissent bien en général, on dit souvent que la deuxième saison est la plus difficile. C'est ce que craint Landsberg, qui parie que les contacts en ECHL de son entraîneur Larry Mitchell ont été de bon conseil sur les quatre nouvelles recrues de cette provenance.

Après le maintien miraculeux de la saison dernière, les clubs de l'est aspirent toujours à sortir de la crise : cela semble moins difficile pour Weißwasser que pour Crimmitschau, au bord de la faillite durant l'été.

Marc Branchu

 

 

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