Russie - Canada (10 mai 2009)

 

Finale des championnats du monde 2009.

Bykov maître en "son" pays

Si la finale de Québec l'an dernier avait un caractère inédit, elle pourrait vite devenir un refrain courant. De nouveau, les deux équipes ont dominé le tournoi et se retrouvent en finale comme une évidence. Avec 24 titres mondiaux chacun, les deux grands pays de hockey, à égalité au classement IIHF, livrent ce soir le duel ultime pour la suprématie. La Russie est invaincue alors que le Canada s'est presque baladé, ne connaissant qu'un match difficile lors de sa défaite face à la Finlande.

Il n'y a toujours que onze attaquants valides dans l'équipe russe, et Ilya Kovalchuk effectue donc comme en demi-finale des doubles présences. La réponse canadienne est claire : la paire défensive Hamhuis-Weber joue elle aussi une présence sur deux et se retrouve à chaque fois chargée de s'occuper du buteur russe. Le Canada a privilégié l'expérience de Dwayne Roloson dans les buts.

Les Russes abordent le match de manière plus dynamique et en est récompensée assea rapidement par une pénalité contre Doan, qui a chargé Radulov en train de se relever. Dwayne Roloson doit déjà réaliser deux arrêts décisifs, face à Zinoviev sur une passe de Kovalchuk qui a percé la ligne défensive, puis face à Perezhogin sur passe de derrière la cage de Kuryanov. Mais dès que le Canada revient au complet, il marque contre le cours du jeu : Jason Spezza gagne non seulement la mise au jeu en zone offensive face à Tereshchenko mais aussi le duel pour venir devant la cage où il finit l'action après un lancer de la bleue de Shea Weber et un rebond pris par Doan pour un centre immédiat (0-1). Comme en quart de finale, comme en demi, les Russes ont encaissé le premier but. Mais peuvent-ils encore se le permettre face à un adversaire de ce calibre ?

La patinoire bernoise largement acquise à la cause russe encourage les hommes de Slava Bykov aux cris de "Shaïbu" (but) ou de "Rossi-ya", mais ils sont à la peine après ce but encaissé. Ils éprouvent maintenant des difficultés à entrer en zone canadienne. Le premier qui passe la bleue est Aleksei Morozov, mais il est tout seul, et contraint d'envoyer le palet le long de la bande où il n'y a que des Canadiens. Pourtant, sur cette action anodine, Braydon Coburn dégage le palet au-dessus du plexi, comme Nash en prolongation de la finale à Québec. Et encore une fois, ce geste banal est lourd de conséquences : Gorovikov gagne l'engagement, les rouges sont installés, et Oleg Saprykin, laissé seul devant le gardien, dévie un lancer de la bleue de Vitali Atyushov (1-1). La Russie reprend pied dans le match et tue sans frémir une pénalité de Zinoviev pour une crosse haute sur Colby Armstrong.

La deuxième période se joue à un bon rythme, longtemps sans pénalités, malgré une crosse de Heatley qui a touché le visage de Kovalchuk. Le tempo semble plus favorable aux Canadiens qui mettent pas mal de pression sur la cage de Bryzgalov. Mais cela ne les met pas à l'abri d'une transition russe rapide. Coburn se fait contrer dans la bande en essayant de fermer le palet à la ligne bleue, et un extraterrestre se saisit du palet : Aleksandr Radulov, l'homme aux gants verts (la couleur de son club, le Salavat Yulaev Ufa). En deux contre deux, alors que Zinoviev entraîne Fisher au poteau opposé, Radulov fait se coucher le défenseur Chris Phillips, repique dans l'axe et prend un tir croisé (2-1)

Peu après, Zinoviev passe dans le dos de Roloson qui reprend son poste en reculant après être sorti derrière sa cage et se fait sanctionner pour une obstruction. Il n'y a plus d'autre place pour passer mais le gardien canadien en rajoute et obtient la faute. Elle donne un palet d'égalisation à Steven Stamkos, mais il rate sa reprise au second poteau.

Le troisième tiers-temps reprend de la même manière, par une pression canadienne soutenue. Le défenseur du CSKA Konstantin Korneev se couche parfaitement pour bloquer un centre de Matthew Lombardi en 2 contre 1. Cela reste la meilleure occasion canadienne jusqu'à la mi-tiers, lorsque Korneev - encore - se couche devant un lancer de Dany Heatley, servi entre les cercles par une passe en retrait de Spezza. Le tir est détourné deux fois, par l'arrière puis par l'épaule de Bryzgalov.

Il reste huit minutes. Jason Spezza gagne un énième engagement dans la zone offensive, et on a l'impression de revivre le premier but : Shane Doan va chercher un rebond et décale idéalement Heatley... qui se fait intercepter ce but tout fait par Sergei Zinoviev. La différence avec le but, c'est que le centre a cette fois réussi à compenser sa mise au jeu perdue. Sur l'attaque russe suivante, Fisher part en prison, et même si les Russes ne tirent pas une seule fois au but, le temps a passé. On entre maintenant dans les cinq dernières minutes. Les espaces se font rares.

À l'avant-dernière minute, la Russie porte une dernière attaque, avec une bonne passe pour Denis Grebeshkov qui s'est avancé en soutien dans l'enclave... mais le défenseur rate son contrôle, ce qui aurait pu être cataclysmique. Immédiatement, les blancs récupèrent et envoient une passe vers Shane Doan tout seul à la ligne bleue... mais le capitaine canadien rate ce palet ultra-rapide et trébuche. Roloson quitte sa cage pour la dernière minute, et le match finit de façon très intense. Un palet aérien de Shea Weber est dévié à côté de la cage par Spezza, le palet atterrit dans le petit filet, et tous les joueurs s'y jettent dans une véritable mêlée. Il reste sept secondes et la mise au jeu est pour... Tereshchenko, devant Spezza ! Oh, il n'en aura pas gagné beaucoup, mais la dernière était la plus importante.

Slava Bykov est porté en triomphe par ses joueurs, mais même dans ces moments d'euphorie, il les rappelle à l'ordre... pour qu'ils réservent le même traitement à son indissociable adjoint Igor Zakharkin. Dans le pays qui l'a consacré bien avant le sien, la Suisse, Bykov confirme que le titre de l'an dernier ne devait rien au hasard et confirme le retour au firmament du hockey russe. Les années de disette appartiennent bel et bien au passé.

Le Canada a nettement dominé aux tirs et aux engagements, mais il a buté sur une bonne défense, un Bryzgalov qui n'a finalement pas craqué, et une attaque rapide dans ses transitions. Le danger marqué d'une croix rouge, Ilya Kovalchuk, a été bien surveillé, et il a fini de lui-même par tirer la langue avec son double temps de jeu (30'33" sur la glace !). Mais il restait encore le duo d'énergie Saprykin-Radulov. Les deux hommes ont conclu par deux buts capitaux leur montée en puissance toute la saison pour la Sbornaïa durant... cet Euro Hockey Tour que la KHL dédaigne tant.

Désignés joueurs du match : Ilya Bryzgalov pour la Russie et Drew Doughty pour le Canada.

Les trois meilleurs Canadiens du tournoi : Shea Weber, Dany Heatley et Martin Saint-Louis.

Les trois meilleurs Russes du tournoi : Oleg Tverdovsky, Ilya Kovalchuk et Oleg Saprykin.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Russie - Canada 2-1 (1-1, 1-0, 0-0)

Dimanche 10 mai 2009 à 20h30 à Berne. 11454 spectateurs.

Arbitrage de Peter Orszag (SVK) et Jyri Petteri Rönn (FIN) assistés de Petr Blümel (TCH) et Peter Feola (USA).

Pénalités : Russie 4' (2', 2', 0'), Canada 6' (4', 0', 2').

Tirs : Russie 17 (8, 5, 4), Canada 38 (11, 16, 11).

Évolution du score :

0-1 à 05'37" : Spezza assisté de Doan et Weber

1-1 à 12'59" : Saprykin assisté d'Atyushov et Kalinin (sup. num.)

2-1 à 34'30" : Radulov assisté de Gorovikov et Saprykin

 

Russie

Gardien : Ilya Bryzgalov.

Défenseurs : Vitali Proshkin - Ilya Nikulin ; Dmitri Kalinin - Vitali Atyushov ; Vitali Vishnevsky - Oleg Tverdovsky (A) ; Denis Grebeshkov - Konstantin Korneev.

Attaquants : Ilya Kovalchuk (A) - Aleksei Tereshchenko - Aleksei Morozov (C) ; Oleg Saprykin - Konstantin Gorovikov - Aleksandr Radulov ; [Kovalchuk] - Sergei Zinoviev - Aleksandr Frolov ; Sergei Mozyakin - Anton Kuryanov - Aleksandr Perezhogin.

Remplaçant : Aleksandr Eremenko (G). Absents : Anton Volchenkov (jambe), Danis Zaripov (bras en écharpe), Nikolaï Zherdev (main cassée), Vassili Koshechkin (G).

Canada

Gardien : Dwayne Roloson [sorti à 58'52"].

Défenseurs : Dan Hamhuis - Shea Weber (A) ; Drew Doughty - Marc-Edouard Vlasic ; [Hamhuis - Weber] ; Chris Phillips - Braydon Coburn.

Attaquants : Shawn Horcoff - Travis Zajac - Mike Fisher ; Shane Doan (C) - Jason Spezza - Dany Heatley (A) ; Derek Roy - Steven Stamkos - Martin St Louis ; Scottie Upshall - Matthew Lombardi - Colby Armstrong.

Remplaçants : Chris Mason (G), Luke Schenn, Joel Kwiatkowski. Absents : James Neal (œil), Ian White (douleurs au cou), Josh Harding (G).

 

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