Match comptant pour la première journée de Ligue Magnus.

Si dans la tête de certains supporters rouennais, l'affiche de ce soir pouvait être un remake de la saison précédente, à savoir un match de poule "Nationale", au sortir du match ces mêmes partisans pouvaient être satisfaits de la nouvelle mouture normande, au contraire des supporters vosgiens impuissants devant le naufrage prévisible des leurs.

Pourtant, la partie ne pouvait pas mieux débuter pour les Dauphins quand "le Roman" marquait lors de la première montée locale et déclenchait un tir puissant à mi-zone qui trompait Éric Raymond par encore bien chauffé (1'52"). Les Rouennais étaient cueillis à froid alors qu'ils avaient pris dès l'engagement le match en mains. Pire, une deuxième réalisation spinalienne échouait de peu dans les instants suivants, faisant douter des visiteurs qui éprouvaient alors quelques difficultés à tirer de près sur un Stanislas Petrik déterminé. Même en supériorité, les Dragons étaient encore imprécis et voyaient Roman Trebaticky, encore lui, partir en solo en sortie de prison, butant sur Raymond. Dans les instants suivants, Rouen contre-attaquait et Petrik connaissait alors ses premières sueurs froides quand il ne put contrôler le palet alors qu'il était monté pour boucher l'angle, ne devant son salut qu'à une crosse salvatrice de sa défense (7'52"). Rouen pressait de plus en plus, mais il fallait un déclic, un but. Il arriva lors d'une action d'entraînement : engagement gagné de Ludek Broz en retrait pour Stéphane Robitaille qui décale lumineusement Éric Doucet pour un tir qui ne laisse aucune chance au portier local (13'58").

Dès lors, un deuxième match pouvait commencer pour Rouen, et le calvaire débutait pour Épinal. En effet, cette première période se termine un grigri de Broz puis un duo Paré-Salminen (19'17") qui préfigurent les deux tiers-temps suivants, à savoir une occupation territoriale des Normands dans la moitié de glace spinalienne, mêlant rapidité, tirs dès que possible, combinaisons, et surtout un pressing empêchant les locaux de peser sur le match et se rebeller. Poteaux de Guillaume Besse (23'15") puis de Kimmo Salminen (24'38"). Épinal ne peut plus attaquer, même en supériorité numérique, Rouen se payant le luxe de continuer à presser dans cette configuration de jeu puis d'y marquer lors d'un rush de Doucet pour Broz (2-1 à 25'42"). Le rythme baisse pourtant d'intensité, la faute à quelques pénalités de part et d'autre qui hachent la partie. Épinal subit pourtant et ne parvient à placer ses premières banderilles qu'au bout de treize minutes, par Dehaëne puis Trebaticky à bout portant (24'32"). Le bref orage vient de passer devant la cage de Raymond qui ne sera plus vraiment inquiété de la soirée. Comme pour mieux clouer les locaux, sur la continuité de l'action, Bellemare remonte et centre victorieusement au second poteau pour Salminen (34'52"), dans des conditions climatiques n'ayant rien à envier au légendaire fog londonien (beaucoup de brouillard d'ailleurs hier soir, obligeant les joueurs à s'arrêter de jouer périodiquement pour tourner sur la glace. Elle n'est pas si loin que cela, l'époque du tant décrié marécage brouillardeux de la patinoire caennaise !). En tout cas, le match est à sens unique depuis longtemps et Petrik fait ce qu'il peut pour garder ses coéquipiers dans la course, notamment sur un échange Doucet-Besse contré avec culot, loin de sa cage (35'28").

De nouveau, il sera aidé par ses poteaux, encore sur un essai de Besse (42'21"), puis sur un tir de Lefèvre (46'34"). Son compère de ligne Tristan Lemoine n'est pas en reste en effectuant un grigri impressionnant d'audace dans les instants qui suivent (46'57"), mais le score en reste encore à 3-1 malgré une avalanche de tirs sur Petrik. De l'autre côté de la glace, Raymond s'ennuie, les Spinaliens n'arrivant tout simplement pas à rentrer dans sa zone de défense et devant se contenter de tirer de la bleue, ou même de la rouge... Rouen ponctue alors le match d'une nouvelle réalisation de "Doudou" qui prolonge génialement un centre-tir de Pourtanel (56'01").

Pas besoin d'en dire beaucoup plus, les deux équipes ne jouent pas dans la même cour. Même si les Normands ont douté en début de partie face au réalisme des Lorrains, ils ont repris les rênes du match et ont assumé leur rôle de favori. L'issue du match était donc prévisible, mais la manière pour y arriver était là. Il manque juste encore un peu de précision dans les passes, mais la défense a été impressionnante, à l'image des Robitaille et Carlsson partout devant comme derrière. Devant, on a admiré grigris, combinaisons, grattage, vitesse aussi avec un Paré déterminé. Prestation à confirmer et à renouveler si possible devant des adversaires un peu plus comparables et désignés.

Que pouvait donc espérer Épinal face à l'ogre, sinon tenir le plus longtemps possible ? 4-1 à la fin de ce match à sens unique, c'est un résultat honorable et acquis en grande partie par la prestation de Petrik. On dit que la chance est l'apanage des grands gardiens, que dire de l'aide de quatre poteaux ? Maintenant, Épinal devra avant tout essayer de se situer face à des équipes plus modestes. L'effectif, notamment devant, semble plus homogène et moins hétéroclite que la saison suivante, de quoi être alors un peu plus confiant.

Les joueurs marquants :

Stéphane Robitaille (grosse présence offensive) et Daniel Carlsson (soixante minutes de jeu... Non, moins ! Ah bon ?) pour Rouen.

Stanislas Petrik et Guillaume Chassard (pas mal de maturité acquise depuis deux ans) pour Épinal.

Compte-rendu signé Stéphane Rault

Épinal - Rouen 1-4 (1-1, 0-2, 0-1)

Samedi 11 septembre 2004 à 20h15 à la patinoire de Poissompré. 900 spectateurs.

Arbitrage de Gilles Durand assisté de Laurent Rouèche et Benjamin Gremion.

Tirs : Épinal 16 (6, 4, 6), Rouen 52 (16, 14, 22).

Pénalités : Épinal 20' (6', 6', 8'), Rouen 16' (4', 10', 2')

Évolution du score :

1-0 à 01'52" : Trebaticky assisté de Chassard

1-1 à 13'58" : Doucet assisté de Robitaille et Broz (sup. num.)

1-2 à 25'42" : Broz assisté de Doucet (inf. num.)

1-3 à 34'52" : Salminen assisté de Karjalainen

1-4 à 56'01" : Doucet assisté de Pourtanel et Broz (sup. num.)

Gardien : Stanislas Petrik.

Défenseurs : Bohuslav Ptacek - Radoslav Regenda (A) ; Jiri Sevcik - Robert Pospisil ; Djamel Zitouni.

Attaquants : Guillaume Papelier - Mihail Kozlov - Maksim Ivanov ; Daniel Goneau - Roman Trebaticky - Guillaume Chassard ; Christophe Ribanelli - Anthony Maurice - Frédéric Dehaëne.

Remplaçants : Franck Constantin (G), Borislav Ilic, Gaëtan Gavoille.

Gardien : Éric Raymond

Défenseurs : Benoît Pourtanel - Daniel Carlsson ; Benoît Quessandier - Stéphane Robitaille ; Jonas Elofsson - Nicolas Besch.

Attaquants : Éric Doucet (C) - Ludek Broz - Guillaume Besse (A) ; Kimmo Salminen - Sami Karjalainen - Pierre-Édouard Bellemare ; Alexandre Lefèvre - Jean Philippe Paré - Tristan Lemoine.

Remplaçant : Stéphane Burnet (G). Absents : Arnaud Briand (déchirure au muscle couturier de la cuisse), Simon Doreille (œil).

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