Brest - Amiens (3 décembre 2003)

 

Match comptant pour la douzième journée du Super 16, poule ouest.

Une chose est sûre, les spectateurs en ont eu pour leur argent en assistant à un match de très haut niveau, d'un engagement et d'une intensité plus vus à Brest depuis la "belle époque". Des actions de but, des arrêts de grande classe, un public survolté et en nombre suffisant, bref tous les ingrédients étaient réunis pour faire de cette soirée une soirée de fête, si ce n'est le plus important... Une victoire brestoise ! En effet, dans un match où les Albatros n'ont pas grand-chose à se reprocher sinon un léger passage à vide fatal et un manque de réussite dans le premier tiers, Amiens, venu en guerrier et en forme, l'a emporté. Les Picards, sans doute plus tranchants en attaque et souvent auteurs du geste qu'il faut défensivement, ont tout de même bénéficié d'un manque de chance côté brestois et qui auraient, en toute logique, mérité mieux qu'une telle défaite aussi rageante que frustrante. Désormais, après cette unique défaite à domicile, les Albatros sont dos au mur et n'ont plus qu'une marge d'erreur infime alors qu'Amiens est en poule Magnus.

Du coup, le transfert de la dernière recrue est toujours en suspens. Il s'agit d'une vieille connaissance brestoise, Maksim Slysh, l'attaquant biélorusse victime d'une rupture des ligaments croisés du genou le 11 février dernier, justement à Amiens, et qui après de longs mois de convalescence a commencé cette saison dans son pays d'origine. Ce transfert n'aura toutefois lieu qu'en cas de qualification de Brest pour la poule Magnus, et seulement si la commission de l'inspection du travail de Quimper et l'OMI auront fait parvenir leurs autorisations pour ce transfert avant le 27 janvier, date butoir fixée par le club Brestois et après laquelle le transfert sera annulé.

Pour commencer ce match, les Albatros doivent composer avec un effectif réduit d'une unité à la dernière minute. Timo Kulonen, déjà sensible, renonce en raison d'un point de contracture à un adducteur. Christian Élian prend donc part aux débats aux côtés de Maynard au coup d'envoi d'un match qui s'annonçait particulièrement intense, à l'image de Rozenthal qui d'un bon lancer (01'10) répond à un non moins dangereux tir d'Ijäs qui a donné le ton d'entrée (00'20). Tout le monde est prévenu ? Tant mieux, car Bona ne tarde pas pour allumer sa mèche en se jouant de deux défenseurs amiénois pour créer un réel vent de panique sur le but de Mindji' qui éprouve toutes les difficultés du monde à se dégager (02'22). Mindjimba est encore sollicité quand Loïc Sadoun sur un débordement limpide trouve encore le cuir du cerbère amiénois (03'32). Il tient remarquablement bien dans un match engagé et intense jusqu'à ce que Maksim Tikhonov trouve enfin la faille du coffre picard en deux temps (1-0 à 04'12). Bien entendu, les visiteurs ne l'entendent pas de cette oreille et Hämäläinen sonne la révolte d'un bon slap dévié par le lieutenant Figved (05'27) qui permet ainsi à son capitaine Grossi de repartir aussitôt puissamment à l'attaque, même si au final son lancer flirte avec la ligne de but, la reprise de Provencher n'ayant pas plus de réussite dans la foulée. Les équipes n'en finissent plus de se répondre du tac au tac puisqu'Aimonetto trouve l'ouverture juste après que M. Bocquet a sifflé une faute (06'49). Jan Mikel n'éprouvera pas la joie du but lui non plus suite à un départ en breakaway (08'20), la faute à un Mindji toujours attentif. Ni Zwikel en plusieurs fois (09'20) ni Hecquefeuille qui s'infiltre tout en technique (11'18) ne parviennent à tromper la muraille brestoise. Des actions tranchantes en veux-tu en voilà... Malheureusement ce sont autant d'actions qui font lever les foules mais qui sont gâchées. Puisqu'à leur tour les Sadoun Brothers (12'29), Oprandi d'un lancer lourd dans la course (12'55) ou encore Provencher puis Grossi qui loupe la cage pourtant vide (14'01) et pour finir Yven Sadoun en tête-à-tête avec Mindjimba (15'38) viennent buter inexorablement sur le portier amiénois qui, même s'il ne le sait pas encore, est l'auteur du tournant du match en déboutant des Brestois qui regretteront amèrement par la suite une telle débauche d'énergie pour un si maigre butin.

Au retour des vestiaires, les Brestois, toujours forts de leur avantage au score, ont le sourire crispé. Une si maigre avance face à des adversaires si vifs et percutants et capables de l'étincelle fatale à tout moment... C'est d'ailleurs ce qui arrive après un prélude oppressant sur le but de Brest qui a vu passer tour à tour en chef d'orchestre Hecquefeuille puis Gras, qui trouvent toutefois comme censeur Julien Figved maître aux abords de sa cage (22'39). Seulement, la tanière de l'ours brestois a ses failles, qui vont être trouvées assez rapidement par Zwikel qui parvient à glisser le palet dans les filets par on ne sait quel trou au travers d'une mêlée de crosses et de jambes (1-1 à 22'49). Dès lors, la marche amiénoise est en route malgré un jeu toujours aussi équilibré et intense. Ce ne sont malheureusement pas les trois jeux de puissance consécutifs accordés aux Brestois qui contrarieront les Gothiques malgré de bonnes incartades qui voient Grossi taquiner Mindji autour de sa cage (25'18), Yven Sadoun faire chauffer le cuir du bouclier de Mindjimba en entrée de zone (27'25) ou encore Provencher dévier en vain devant le but picard un bon lancer de Tsyplakov (29'09).

Le superbe enchaînement de Loïc Sadoun pour Ijäs, d'Ijäs pour Pulawski, et de Pulawski seul face à Mindjimba (32'00) ne change rien à l'infaillibilité du geôlier visiteur. Quelques minutes plus tard, Gras vient comme prémice annonciateur solliciter en fugue et de manière spectaculaire Figved qui réalise un arrêt non moins spectaculaire au plus grand bonheur du public qui le fait savoir (32'30). Malheureusement, si Figved fait le plus dur en réalisant régulièrement de véritables exploits, il ne peut rien lorsque le "vieux" Perez profite d'un palet mal ressorti sur un nouveau cafouillage devant le coffre-fort brestois pour faire exploser la serrure tout en douceur en y glissant la rondelle alors que la cage était entrouverte (1-2 à 33'02). Ce coup dur ne démoralise pas pour autant les Albatros, qui se remettent au travail d'arrache-pied et résistent même à une minute de double infériorité (36'47). Malheureusement, alors que le plus dur avait été fait, le coup de grâce arrive alors que les Brestois évoluent encore avec un joueur de moins pendant encore quarante secondes. L'excellent François Rozenthal ne fait pas de pitié en transformant comme à l'entraînement une jolie combinaison avec Zwikel et Bachet qui laisse le portier finistérien impuissant (1-3 à 37'01). Mikel tente bien de réagir dans la foulée en allumant un pétard à la bleue, mais la poisse continue de poursuivre les Brestois et la déviation de Yven Sadoun passe au ras du poteau (38'50).

À l'entame de la dernière période, on voit mal comment les Bretons pourraient renverser la tendance, les Amiénois ne lâchant pas une once de glace de surcroît. Toutefois, même si auparavant le jeu de puissance n'avait pas été probant d'efficacité, il l'est cette fois-ci avec une conclusion en finesse de Dino Grossi sur une bonne transmission de Provencher (2-3 à 41'22). Déchaînés et portés par un public chauffé à blanc, les Albatros se relancent dans de folles bordées à l'image de Borzik dont le tir dans l'axe oblige Mindjimba à laisser un rebond qu'Yven Sadoun ne pourra malheureusement cadrer (44'18). Sentant le vent souffler d'ouest, les Gothiques se remettent également au boulot et Aimonetto est arrêté in extremis par un Figved intraitable, alors qu'une confusion surprenante aurait pu coûter le but du K.O. (45'11). Même traitement pour Brice Chauvel d'un tir de loin (45'16) ou pour François Rozenthal également débouté par la mitaine de Figved (46'15), alors que le capitaine brestois Dino Grossi évacuait la glace pour cause de saignement pour ne plus revenir jusqu'à la fin du match, détail qui aura malheureusement son importance.

Des arrêts de grande classe de la part de leur gardien relancent les Brestois, en quête d'inspiration face à une défense Amiénoise particulièrement agressive et accrocheuse, à l'image d'un 2 contre 1 rondement mené entre Janne Ijäs et Yven Sadoun qui voit malheureusement son tir dévié par une énième crosse gothique (51'20). Ça combine même de mieux en mieux du coté des locaux même si le duo Borzik-L.Sadoun voit à nouveau sa conclusion gâchée par un défenseur picard traînant par là (53'13). Fin d'action que Patrick Bona sera tout près de ne pas connaître après avoir réalisé un débordement dans son style caractéristique, tout en force, même si cette fois-ci c'est le portier amiénois qui s'emploie de belle manière pour endiguer le flot bleu et rouge (53'38). Seulement, comme souvent cette saison, le regain de forme des Brestois n'est pas payant, puisque c'est Amiens qui assène un coup de massue que l'on suppose fatal après que Rozenthal a mené à perfection une contre-attaque qu'il fait fructifier en décalant Zwikel seul à la conclusion (2-4 à 53'58). Un silence de cathédrale envahit alors la patinoire jusqu'à ce qu'une minute plus tard, en supériorité, Tadeusz Pulawski, d'un slap limpide et impressionnant, fasse sonner la transversale de Mindji, obligé de constater le troisième but brestois (3-4 à 54'40). Le suspense est alors remonté, tout comme le public qui ne tient plus en place. Laurent Gras manque de peu le break décisif (57'29) alors que les charges vont crescendo, à l'instar d'une partie engagée, intense et particulièrement agréable à voir. Le temps mort brestois (58'43) puis la sortie de Figved (58'47) ne changent malheureusement rien à la donne pour les Albatros privés d'un Grossi qui aurait été bien utile à ce moment-là. Les Amiénois un brin plus réalistes et plus tranchants en attaque inscrivent même un dernier but en cage vide par Aimonetto (3-5 à 59'44), scellant ainsi le match au grand dam d'un public qui ne sait plus faire entendre le moindre bruit durant les dernières secondes, sous le choc d'un match frustrant et stressant qui met désormais les Brestois dos au mur et les contraint de l'emporter à Tours à moins d'une défaite de Rouen à Anglet dans le même temps.

Compte-rendu signé William Boussard

 

Commentaires d'après-match

Julien Figved (gardien de Brest) : "On a loupé le coche lors des vingt premières minutes où on aurait dû ressortir avec 4-0 en notre faveur. Par la suite, ils ont été beaucoup plus réalistes que nous et ils nous ont fait très mal lors du deuxième tiers. Nous n'avons pas su réagir après."

Antoine Richer (entraîneur d'Amiens) : "Je dirais que Brest a fait une bonne entame de match, il y avait des moments de flottement et de panique de notre coté, on était mal placé, on avait l'impression d'être collé à la glace, et puis je pense qu'on a su dans le deuxième tiers reprendre les choses en main, inverser la tendance, en travaillant simplement, en étant opportuniste avec aussi pas mal de réussite. On a vu que Brest poussait sur la fin et travaillait fort puisqu'il y avait un gros enjeu au terme de cette rencontre. Maintenant, avec les deux points et la qualification en poche, on est tout de suite plus serein, mais c'est Brest qui va devoir batailler dur maintenant."

 

Brest - Amiens 3-5 (1-0, 0-3, 2-2)

Mercredi 3 décembre 2003 à 20h00 au Rïnkla Stadium. 1000 spectateurs.

Arbitrage de Didier Bocquet assisté d'Éric Bouguin et Savice Fabre.

Pénalités : Brest 10' (2', 6', 2'), Amiens 18' (4', 8', 6').

Tirs : Brest 32 (13, 5, 14), Amiens 35 (8, 12, 15).

Évolution du score :

1-0 à 04'12" : Tikhonov assisté de Maynard

1-1 à 22'49" : Zwikel assisté de F. Rozenthal

1-2 à 33'02" : Perez assisté de Gras et Mortas

1-3 à 37'01" : F. Rozenthal assisté de Zwikel et Bachet (sup. num.)

2-3 à 41'22" : Grossi assisté de Provencher (sup. num.)

2-4 à 53'58" : Zwikel assisté de F. Rozenthal et Mazzone

3-4 à 54'40" : Pulawski assisté d'Y. Sadoun et L. Sadoun (sup. num.)

3-5 à 59'44" : Aimonetto assisté de Mortas et F. Rozenthal (cage vide)

 

Brest

Gardien : Julien Figved (sorti de sa cage de 58'47" à 59'44").

Défenseurs : Ivan Borzik - Tadeusz Pulawski ; Jan Mikel - Aleksandr Tsyplakov ; Bruno Maynard (A) - Christian Élian.

Attaquants : Loïc Sadoun (A) - Janne Ijäs - Yven Sadoun ; Dino Grossi (C) - Stéphane Arcangeloni - Jimmy Provencher ; Maksim Tikhonov - Sébastien Oprandi - Patrick Bona.

Remplaçants : Thomas Morvan (G), Jérôme Veret. Absents : Ludek Broz (adducteurs), Timo Kulonen (point de contracture).

Amiens

Gardiens : Antoine Mindjimba.

Défenseurs : Arnaud Mazzone - Tommi Hämäläinen ; Vincent Bachet - Frédérick Brodin ; Denis Perez - Nicolas Roussel.

Attaquants : Mickaël Brodin - Jonathan Zwikel - François Rozenthal ; Luc Chauvel (C) - Laurent Gras (A) - Brice Chauvel ; Élie Marcos - Anthony Mortas (A) - Richard Aimonetto ; Kévin Hecqefeuille - Simon Petit.

Remplaçant : Jérôme Plumejeau (G). Absents : Matthieu Jestin, David Hennebert.

 

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