Lokomotiv Yaroslavl - Jokerit Helsinki (12 janvier 2003)

 

Superfinale de la Coupe Continentale 2002/2003, finale.

Voilà la finale tant attendue qui doit relancer les compétitions européennes. Avec le Lokomotiv Yaroslavl, champion de Russie, et le Jokerit Helsinki, champion de Finlande, ce sont sans doute les deux meilleures équipes européennes du moment qui s'opposent. Tout est donc prêt pour ce choc au sommet, tout, sauf le public de Lugano, complètement absent, au point que l'IIHF pourrait décider de confier l'organisation à Milan tout seul l'an prochain. Certes, les prix n'étaient pas particulièrement abordables, mais quand on se souvient de la Resega pleine lors du tournoi final de la dernière édition de l'EHL, on ne peut s'empêcher de ressentir un grand sentiment de gâchis.

C'est donc devant des gradins vides indignes d'une telle affiche que se déroule un match qui tient toutes ses promesses. Les deux équipes commencent par un round d'observation sans se créer de vraies occasions, hormis un bon tir de Grebeshkov. Peut-être que les pénalités seront donc la clé du match. Nepryaïev est envoyé en prison pour rudesse, mais le Lokomotiv est impérial en infériorité numérique. En revanche, quand le gardien Kari Lehtonen est sanctionné pour la même raison, Yaroslavl ne lui laisse aucune chance pendant le jeu de puissance. Les frères Butsaïev prennent tout à tour les rebonds, et c'est le cadet, Yuri, qui ouvre le score (1-0 à 08'49").

Les Russes dominent nettement cette première période, mais les Finlandais se procurent leurs meilleures occasions après un quart d'heure de jeu par Esa Peltonen puis par Ville Peltonen. Après que Dmitri Krasotkin a pris 2'+10' pour une charge dans le dos, Nepryaïev s'échappe en infériorité et échoue sur Lehtonen alors qu'il est accroché par Mikkola. Celui-ci est envoyé en prison, mais c'est bientôt aussi le cas de Vyacheslav Butsaïev pour une crosse haute sur Nemirovsky. Le Jokerit évolue donc à quatre contre trois et se régale de ces espaces, Tukio trouvant Petr Pakaslahti près du but pour l'égalisation (1-1 à 17'20").

Dans l'équipe du Jokerit, on sent un joueur particulièrement motivé, l'attaquant canadien David Nemirovsky : avant d'arriver à Helsinki, il avait en effet évolué au Lokomotiv Yaroslavl, mais n'avait pas du tout réussi à s'y imposer. Il se crée quelques bonnes occasions, dont un face-à-face avec Podomatsky, mais celui-ci effectue un bon poke-check. La vitesse de jeu est telle que les joueurs qui défendent sont souvent pris en défaut, ce qui explique les pénalités dans ce match alors plutôt propre dans l'ensemble. Plusieurs deux contre un se développent, Peltonen et Hentunen côté finlandais, But et Nepryaïev côté et russe, mais les ultimes défenseurs jouent bien le coup.

Habitué à jouer un peu plus offensivement dans son championnat, le Jokerit se méfie visiblement de son adversaire et met l'accent sur sa bonne organisation défensive, qui empêche Yaroslavl de réellement traduire sa domination en occasions décisives malgré un gros travail de la ligne But-Nepryaïev-Suglobov.

Dès le début du troisième tiers-temps, Vladimir Antipov en a pourtant une à bout portant, mais Lehtonen repousse le tir, tout comme le rebond. Le Jokerit est dominé et semble attendre le bon moment. Celui-ci semble arriver quand Anton But est pénalisé pour accrocher à dix minutes de la fin. Mais le Lokomotiv se défend bien et ce même But obtient même une occasion peu après, mais Lehtonen réussit un nouvel arrêt d'exception.

Mika Stromberg intercepte parfaitement un 2 contre 1 russe à cinq minutes de la fin, et c'est le dernier fait saillant du temps réglementaire. Ensuite, les attaques se résument de plus en plus souvent à des tirs de loin, personne ne voulant prendre de risques. Hormis dans ces dernières minutes, le match n'est pourtant pas défensif malgré le score, mais les deux gardiens sont tout bonnement époustouflants.

Jusqu'ici, on a surtout vu le prodige Kari Lehtonen, mais c'est autour de Yegor Podomatsky de se mettre en évidence après 1'30" d'une prolongation qui doit durer vingt minutes. Parfaitement décalé sur un 2 contre 1, le meilleur buteur finlandais du week-end, Jukka Voutilainen, a la cage ouverte mais Podomatsky réagit à grande vitesse, et remet ça sur le rebond de Jussi Pesonen. Les tirs dangereux se multiplient sur la cage russe avec Pesonen ou Aalto.

Un coup de genou de Timo Vertala (66'56") brise néanmoins cet avantage finlandais. Sur un lancer de Krasotkin, Butsaïev est au rebond mais sa tentative échoue sur le poteau. Les arbitres sont parfois plus réticents à siffler en prolongation, et le Jokerit semble en tirer parti. Après Antipov, c'est Peterek qui est KO sur une violente charge adverse. Mais les deux spécialistes des tirs au but au Lokomotiv reviendront tous deux sur la glace.

La domination du Jokerit dans la prolongation reprend, et Podomatsky réalise des miracles devant Hentunen, Turunen et surtout Nemirovsky superbement décalé par Paskalahti. Les Finlandais prennent une nouvelle pénalité pour un jeu dur de Sihvonen (75'33") et les dernières minutes sont à l'avantage de Yaroslavl, mais aucune des deux formations ne semble décider à céder sous la pression.

On en arrive donc à la séance de tirs au but, et le héros finlandais Ville Peltonen, l'homme du titre de champion du monde 1995, l'inaugure de la meilleure des manières d'un tir à ras la glace. Antipov ne réussit pas à feinter Lehtonen, et les deux gardiens ne laissent ensuite plus rien passer, alors que le Jokerit a toujours l'avantage. Mais, à l'avant-dernière tentative russe, Dmitri Vlasenkov fait un beau mouvement et glisse le palet entre les jambières de Kari Lehtonen.

Une réussite de chaque côté après cinq tirs, on passe donc à des duels directs. Les buteurs Vlasenkov et Peltonen sont remis à contribution, mais ils sont cette fois moins précis. Idem pour Vyacheslav Butsaïev et David Nemirovsky, ainsi que pour Vladimir Antipov décidément pas en réussite. Le palet de la victoire est sur la palette de Jukka Voutilainen, qui feinte superbement Podomatsky et marque le but vainqueur. Sa crosse est récupérée par l'IIHF qui l'enverra au Hockey Hall of Fame de Toronto.

Ce fut une vraie "superfinale" qui s'est joué à un très haut niveau technique et tactique, et le Lokomotiv Yaroslavl a eu plus de difficultés face à un adversaire plus rugueux que ses précédents rivaux suisses. Après ses deux victoires en Coupe d'Europe en 1995 et 1996, le Jokerit Helsinki remonte à nouveau sur le toit de l'Europe. La pilule est amère pour Yaroslavl qui n'a après tout cédé qu'aux tirs au but, et on espère qu'ils auront l'occasion de prendre leur revanche, et que cette grande finale ne sera pas sans lendemain.

Élus meilleurs joueurs du match : Yegor Podomatsky pour le Lokomotiv Yaroslavl et Kari Lehtonen pour le Jokerit Helsinki.

 

Commentaires d'après-match

Vladimir Vujtek (entraîneur de Yaroslavl) : "Nous avons du mal dans la finition lorsque nous affrontons un bon gardien, c'est la leçon de ce tournoi. C'est valable notamment en supériorité numérique où nous n'avons pas les défenseurs capables de forcer la décision dans ces phases de jeu. Par ailleurs, c'est notre cinquième match en sept jours, et à l'avenir il faudra se préparer plus spécifiquement pour ce genre de tournois, et il faudra aussi que nous soyons plus prêts psychologiquement. Quand nous étions en supériorité pendant la prolongation, un de nos défenseurs ne faisait pas avec ses mains ses mouvements habituels, simplement à cause de la nervosité, alors que cette situation requiert du calme."

 

Lokomotiv Yaroslavl (RUS) - Jokerit Helsinki (FIN) 1-1 (1-1, 0-0, 0-0, 0-0) / 1-2 aux tirs au but

Dimanche 12 janvier 2003 à 20h30 à la Resega de Lugano. 1989 spectateurs.

Arbitrage de Christer Larking (SUE) assisté de Michael Linke et Tobias Wehrli (SUI).

Pénalités : Yaroslavl 32' (6'+10', 2', 4'+10'), Helsinki 18' (6', 6', 2', 4').

Tirs : Yaroslavl 38 (11, 11, 8, 8), Helsinki 41 (14, 6, 8, 13).

Évolution du score :

1-0 à 08'49" : Y. Butsaïev assisté de V. Butsaïev (sup. num.)

1-1 à 17'20" : Pakaslahti assisté de Tukio et Peltonen (sup. num.)

Tirs au but (première série)

Jokerit Helsinki : Peltonen (réussi), Voutilainen (manqué), Nemirovsky (manqué), Aalto (manqué), Pakaslahti (manqué).

Lokomotiv Yaroslavl : Antipov (manqué), Peterek (manqué), But (manqué), Vlasenkov (réussi), Kovalenko (manqué).

Tirs au but (suite)

Lokomotiv Yaroslavl : Vlasenkov (manqué), V. Butsaïev (manqué), Antipov (manqué).

Jokerit Helsinki : Peltonen (manqué), Nemirovsky (manqué), Voutilainen (réussi).

 

Lokomotiv Yaroslavl

Gardien : Yegor Podomatsky.

Défenseurs : Sergueï Zhukov - Ilya Gorokhov ; Radim Tesarik - Evgeni Korolev ; Aleksandr Guskov - Aleksei Vassiliev ; Dmitri Krasotkin - Denis Grebeshkov.

Attaquants : Vladimir Antipov - Vladimir Samylin - Dmitri Vlasenkov ; Andreï Kovalenko - Yuri Butsaïev - Vyacheslav Butsaïev ; Jan Peterek - Sergueï Nemchinov - Ivan Tkachenko ; Aleksandr Suglobov - Ivan Nepryaïev - Anton But.

Jokerit Helsinki

Gardien : Kari Lehtonen.

Défenseurs : Ilkka Mikkola - Antti-Jussi Niemi ; Ari Vallin - Mika Stromberg ; Arto Tukio - Markus Kankaanpera ; Terran Sandwith - Sean Bergenheim.

Attaquants : Ville Peltonen - Petri Pakaslahti - Jukka Hentunen ; Timo Vertala - Antti Aalto - David Nemirovsky ; Tommi Turunen - Jukka Vuotilainen - Jussi Pesonen ; Tomek Valtonen - Toni Sihvonen - Teemu Laine.

 

 

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