Autriche 2011/12 : présentation

 

La ligue autrichienne (EBEL) n'en finit plus de s'internationaliser en intégrant un cinquième pays. Mais ce cas est bien différent des autres. Jusqu'ici, l'Autriche avait ouvert ses portes à des nations (Slovénie, Hongrie, Croatie) qui ne pouvaient entretenir qu'un ou deux clubs de haut niveau et qui palliaient ainsi grâce à l'EBEL la faiblesse de leur championnat national. La République Tchèque n'a évidemment pas besoin des Autrichiens pour progresser au hockey. Et le club qui la représente - Znojmo - n'évoluait donc qu'en deuxième division (1. Liga) dans son pays.

Cette stratégie d'expansion au cas par cas n'est pas claire pour tout le monde, surtout que le onzième club emberlificote le calendrier. Au lieu d'avoir des play-offs directs entre les huit premiers du classement, une seconde phase s'est rajoutée en janvier/février avec une poule finale de six et une poule de qualification où le septième de la saison régulière gardera 3 points, le huitième 2 points, le neuvième 1 point, et les deux derniers aucun point. Puisque la limite des transferts internationaux est fixée au 31 janvier, la tentation est grande pour les équipes de bas de tableau d'attendre le dernier moment pour se renforcer puisque la plus grande partie de la saison ne rapporte que quelques points de bonus.

Le dernier championnat 2010/11 - Les présentations 2010, 2009, 2008, 2007, 2006, 2005, 2004, 2003 et 2002.

 

L'étiquette de favori est cousue automatiquement sur les maillots de Salzbourg après quatre titres en cinq ans. Néanmoins, elle pourrait être plus difficile à assumer cette année car les hommes-clés ne sont plus là. Les Red Bulls avaient en effet construit leurs succès en regroupant dans leurs rangs la moitié de l'équipe nationale d'Autriche. Mais ils se sont séparés cet été des cadres les plus expérimentés : Reinhard Divis a été poussé à la retraite mais s'est recasé à Vienne, André Lakos est parti en DEL, Marco Pewal et Thomas Koch sont rentrés dans leurs clubs formateurs. Ils étaient l'âme du vestiaire, et ils ne peuvent pas aisément être remplacés.

En défense, où l'on sait combien l'expérience est en général valorisée, Salzbourg n'a pas recruté de vétérans car il est compliqué de leur réapprendre leur métier dans le système de jeu très spécifique de Pierre Pagé, qui reconvertit des attaquants en demi-arrières. Comme Trattnig avant eux, les Daniel Welser, Thomas Raffl, Dominique Heinrich voire les nouveaux Andreas Kristler et Markus Schlacher s'essaient tous au même changement de poste qui pourrait aider une équipe nationale d'Autriche moins fournie derrière que devant.

Pour conserver son titre, Salzbourg devra trouver d'autres voies. Cela passe forcément par une contribution plus importante des recrues étrangères pour compenser le départ des cadres. La plus intéressante est Robbie Earl, joueur de talent qui a dû se muer en homme de devoir quand il a été utilisé 38 fois en NHL par Minnesota pendant les deux dernières saisons. Cet Américain était sur le départ vers Riga en KHL avant de se raviser pour raisons familiales, et il a donc atterri à Salzbourg où il doit découvrir comme les autres les exigences du système Pagé.

 

Linz revient fort après avoir tiré les leçons d'une saison moyenne. Lagrande série de blessures en défense l'an dernier a convaincu les Black Wings de la nécessité d'approfondir leur banc dans ce secteur. Tout en accroissant numériquement les lignes arrières, ils y ont engagé un vrai leader avec Curtis Murphy (Langnau). Le défenseur venu de Langnau (LNA suisse) a toutes les qualités pour devenir un des meilleurs à son poste dans la ligue. C'est un joueur expérimenté sur lequel peut se reposer un collectif, y compris pour préparer les offensives car il dispose d'une excellente vision du jeu.

Linz a décidé de réveiller son attaque poussive avec un système plus rythmé et plus agressif, instauré par Rob Daum. Pour mettre la pression sur l'adversaire, le nouvel entraîneur canadien a besoin de joueurs qui patinent beaucoup, et on n'a donc pas hésité à expédier à la retraite les figures du club Rob Shearer et Brad Purdie.

L'attaque de Linz ne compte donc pas seulement sur un nouveau système, mais aussi sur des hommes nouveaux pour l'appliquer. Mike Ouellette, qui tourne à un point par match depuis deux saisons en EBEL, est un meneur tout désigné. Le centre Rob Hisey avait été moins enthousiasmant lors de son précédent séjour autrichien (à Graz), mais ses stats en progrès en AHL légitiment le recrutement de ce fin technicien.

Le seul élément qui semblait manquer à Linz, c'est un authentique buteur. Mais l'inattendu Danny Irmen, venu de Bolzano et surtout réputé pour son travail défensif, s'est avéré être ce chasseur de filets que les Black Wings attendaient. De quoi décoller en tête du classement !

 

Même s'il n'est pas parvenu à détrôner Salzbourg, Klagenfurt garde foi en Manny Viveiros. Un an avant l'échéance de son contrat, l'entraîneur a été prolongé jusqu'en 2015. Une marque de confiance qui explique que Viveiros travaille à long terme et ait toujours pris le soin d'intégrer les jeunes et de leur accorder du temps de jeu. C'est d'ailleurs pour cela qu'il a été choisi comme nouveau sélectionneur national de l'équipe d'Autriche.

Le banc du KAC est ainsi très fourni, surtout en attaque. Un nouveau meneur arrive en la personne de Thomas Koch, joueur important dont le virus contracté autour des championnats du monde a sans doute joué sa part dans la relégation de l'Autriche. Les quatre lignes semblent toutes capables de créer du danger. Mais le défaut d'avoir des blocs de soutien qui fonctionnent très bien (comme le troisième trio Geier-Herburger-Geier) est que la moindre blessure rend les remaniements difficiles.

Quand Tyler Spurgeon s'est grièvement blessé à l'épaule à l'entraînement mi-octobre, Klagenfurt a donc immédiatement réagi en engageant Jordan Morrison. Mais la surprise est venue du recrutement complémentaire d'un autre attaquant canadien, Joey Tenute. Les supporters attendaient en effet surtout du changement en défense, où Mike Siklenka n'est plus vraiment en odeur de sainteté. Mais en fait, Morrisson n'est resté qu'un peu plus d'un mois avant d'être renvoyé. Une preuve que le KAC se cherche encore et s'alarme de son classement dans le ventre mou. Un peu d'adversité ne fait cependant pas de mal, car survoler la saison régulière n'avait servi à rien l'an dernier.

 

Tommy Samuelsson, qui avait terminé sa carrière de joueur à Vienne en 1998, y revient treize ans plus tard comme entraîneur. Il vient de passer cinq saisons sur le banc de Färjestad, dont une couronnée d'un titre de champion de Suède en 2009 (avec comme gardien remplaçant Reinhard Divis, qu'il a donc souhaité recruter). Mais les ingrédients qui avaient fait le succès du FBK - le métier des grognards de la quatrième ligne et l'implication collective en défense - sont-ils transposables dans la capitale autrichienne.

La quatrième ligne, dites-vous ? Chez les Vienna Capitals, c'est un concept dont l'existence est rangée au même niveau de confiance que celle des OVNI. Si ce club a toujours milité pour la libéralisation des renforts étrangers, c'est que le contingent autrichien est maintenu dans un rôle mineur. Cela ne risque pas de s'arranger car plusieurs éléments utiles ont été contraints à une retraite prématurée. L'attaquant défensif Kevin Kraxner, précieux en infériorité, a été contraint d'arrêter le hockey à 24 ans à cause de problèmes de hanche que la chirurgie n'a pas pu réparer. Quant au meilleur marqueur autrichien de l'équipe, Harald Ofner, il avait bien commencé la saison, mais il lui a fallu raccrocher soudainement les patins en novembre pour pouvoir entrer à l'école de police de Klagenfurt. Pour pouvoir troquer la crosse pour la matraque, il a été obligé de choisir sa reconversion à seulement 28 ans.

Plus que jamais, l'offensive repose donc sur le prolifique duo canadien, Benoît Gratton et François Fortier. Le nouveau coach n'a pas tardé à s'apercevoir, quand Fortier s'est blessé, combien l'équipe était dépendante d'eux. Les Capitals ont donc poursuivi la même stratégie en engageant des vétérans de DEL au gros compteur, mais la transposition ne fonctionne évidemment pas à tous les coups. Pat Kavanagh a été écarté de l'équipe après seulement 6 rencontres pour mettre à sa place Nathan Robinson, égal à lui-même, c'est-à-dire capables de gestes techniques de génie mais terriblement inconstant. Quand le centre slovène Marcel Rodman s'est gravement blessé, on n'a donc pas décidé à donner une seconde chance à Kavanagh, qui était toujours sous contrat.

Malgré la maigreur du banc, Vienne vise en effet très haut dans son Albert-Schutz-Halle rénovée de 7 000 places, la grande et belle patinoire dont la capitale avait besoin. Et après trois échecs consécutifs en demi-finale, on se doute que les Capitals voudront cette fois aller au bout.

 

Lors de son précédent passage en Europe, Martin Raymond jouait à Cergy-Pontoise qu'il avait fait monter de division 3 en division 2 française en 1996, tout en commençant sa carrière de coach auprès de l'équipe féminine. Depuis, le Canada a entraîné des pros aux États-Unis, le pays de sa femme, et il retraverse aujourd'hui l'Atlantique pour un nouveau défi à la tête du Medvescak Zagreb. Un tout autre environnement que le parvis de la préfecture du Val d'Oise, puisqu'il sera scruté par 5 600 spectateurs de moyenne... et même 15 000 quand l'Arena Zagreb sera remise en glace en janvier, pour plus de deux semaines cette fois et 7 matches au lieu de 4 l'an dernier.

Le coach a d'autant moins le droit à l'erreur que sa décision de se séparer du chouchou du public John Hecimovic (récupéré par Ljubljana) a été impopulaire. "Marty" Raymond s'est vu parfois soupçonner de favoritisme puisque deux recrues sont arrivées de l'équipe qu'il entraînait depuis neuf ans, les Bakersfield Condors (ECHL). Heureusement, le centre russe Vyacheslav Trukhno a vite démontré son potentiel et Adam Naglich présente le grand avantage d'avoir la double nationalité américano-croate. Le Medvescak continue en effet d'accumuler les doubles passeports. Il a même dépêché deux envoyés en Amérique du nord pendant deux semaines avec pour mission de recruter des joueurs d'origine croate. Tom Zanoski, dont la famille a déménagé au Canada à neuf ans, revient ainsi dans le pays qui l'a vu naître.

Il manque juste au Medvescak un meneur d'attaque : le centre d'AHL David Brine est bon défensivement et aux mises au jeu mais est loin du pointeur attendu. Zagreb a en revanche largement renforcé sa défense. L'ancien premier tour de draft NHL Sasha Pokulok, qui n'aura convaincu ni en Amérique du nord ni en DEL, tient là une nouvelle chance d'exprimer son talent. Le public considère sous un jour favorable ce géant, ex-international junior canadien, car il est lui aussi d'origine croate. Idem pour l'Allemand Sasa Martinovic, qui a été intégré aux lignes arrières dès qu'il a obtenu son passeport.

Le Medvescak ne se repose donc plus uniquement sur Robert Kristan... et pour cause puisque le gardien slovène, qui a resigné malgré des propositions de Salzbourg et de Vienne, a manqué la pré-saison en raison d'une opération du genou. On l'a donc doté d'une vraie doublure avec Michael Ouzas, un Canadien qui possède une double nationalité. Je vous laisse deviner laquelle...

 

Giuseppe Mion, qui est à la fois le manager de Villach et de l'équipe nationale, s'est fait le porte-voix de quatre clubs (le VSV, mais aussi Graz, Linz et les Slovènes de Jesenice) pour réclamer à la ligue de réduire les renforts étrangers et réduire les coûts, sinon ces clubs envisageraient de quitter la ligue. Mion a ajouté que la ligue ferait mieux de s'occuper des intérêts autrichiens et d'intégrer de nouveaux clubs locaux au lieu de rendre les autres pays forts. La menace de sécession n'était pas vraiment crédible à quelques semaines du début du championnat, mais elle traduisait déjà un malaise.

Un malaise perceptible aussi par le cas de Markus Peintner. L'international autrichien envisageait d'être obligé de s'exiler parce qu'il "valait" 3,5 points et qu'aucun club ne consentait à en dépenser autant pour lui dans le quota de 60 qui lui est attribué par le système de points de la ligue. Finalement, c'est le VSV qui a débloqué la situation en engageant Peintner en septembre, après un début de saison difficile.

Mike Stewart, qui avait pris les rênes du club en février, avait alors procédé à quelques ajustements. Il avait notamment nommé Bernhard Starkbaum gardien titulaire et poussé Gert Prohaska à la retraite. Pendant l'intersaison, le coach avait plus de temps pour constituer une équipe à son image. Mais les départs du capitaine Jonathan Ferland (à Vienne) et de Michael Raffl, qui a quitté son club formateur pour la première fois pour tenter sa chance en Suède (Leksand), ont fait mal. Villach pensait régler la question en accueillant Marco Pewal, promu capitaine pour son retour dans sa ville natale, mais il ne parvient pas à diriger l'offensive.

En fait, l'effectif de Villach possède deux des meilleurs passeurs de la ligue, Derek Damon et Roland Kaspitz, mais n'arrive pas à conclure. Fin octobre, le club était bon dernier, et il a fallu réagir : Pierre-Luc Sleigher, qui n'était pas le buteur attendu, a été renvoyé et remplacé dans son rôle par un finisseur notoire, Shayne Toporowski, le Canadien qui reste sur huit saisons en Finlande. Dans le même temps, le VSV a sorti de sa retraite Mike Craig (40 ans), l'ancien meneur du rival Klagenfurt, pour assumer ce rôle de pilier d'expérience que Pewal avait moins assumé que prévu. D'abord pris à l'essai, les deux hommes ont été conservés, et représentent l'espoir de jours meilleurs.

 

L'an passé, le président Pildner-Steinburg avait constitué l'équipe de Graz la plus chère de l'histoire, pour un faible résultat. L'investissement sera donc moins fort chaque année et le club risque de redevenir la moins forte des équipes autrichiennes. On a même renoncé au coach prestigieux Bill Gilligan, qui ne sera plus que "consultant" et est remplacé par un quasi-débutant.

Mario Richer était en effet adjoint à Salzbourg et ne compte qu'une expérience de quelques semaines comme entraîneur-chef à Gatineau en junior majeur. Il doit reconstruire une équipe avec un slogan, du jeu offensif et du spectacle à chaque match. Cela n'a rien de facile avec un effectif recomposé qui compte 13 nouveaux joueurs et pas de véritable star. Heureusement, il y a une bonne surprise, et elle est tchèque : Zdenek Blatny, un travailleur au jeu assez nord-américain passé par le junior majeur, l'AHL et la NHL, s'est imposé comme le meilleur buteur alors qu'il errait partout en Europe sans produire de stats depuis quatre ans.

Mais la principale faiblesse identifiée en début de saison était le gardien Fabian Weinhandl. Depuis l'an passé, il est seul titulaire dans les cages, et comme il a aussi intégré l'équipe nationale, il commençait sans doute à fatiguer. Le club a donc fini par lui engager un concurrent, Frédéric Cloutier, l'ancien gardien de Renon en Italie qui n'a guère réussi ses dernières sorties.

 

L'an dernier, les six équipes autrichiennes avaient terminé aux six premières places, mais les équipes étrangères se rebiffent cette année. Et la première à mener la révolte, c'est la seule à avoir bouleversé la hiérarchie par sa finale en 2008, l'Olimpija Ljubljana. Depuis cette époque, les Slovènes ont connu plus de difficultés, terminant deux fois derniers avant de refaire surface (septièmes) l'an passé.

La principale raison de cette traversée du désert est que l'Olimpija n'avait jamais retrouvé un gardien du niveau d'Alex Westlund. Ce n'est donc pas un hasard si le retour en haut du classement coïncide avec l'arrivée d'un autre gardien américain, Jean-Philippe Lamoureux, qui avait été élu gardien de l'année à sa première saison pro en ECHL en 2009. Bien qu'il n'ait jamais été drafté (il mesure seulement 1,76 m), il a donc signé des contrats NHL et joué en AHL depuis deux ans. Lamoureux s'est montré solide, et en plus il est mieux protégé que ses prédécesseurs. Si les Slovènes comptent toujours quatre arrières étrangers, ils ont choisi cette fois des profils plus défensifs et plus physiques.

L'attaque reste très dépendante du jeune centre canadien John Hughes, meneur de toutes les offensives même s'il est moins impliqué dans le repli. Les ailiers qui l'entourent sont toujours prolifiques, quels qu'ils soient, et cette saison c'est le tour d'Ales Music, un ex-international que personne n'attendait à un point par match. Mais dès qu'un joueur passe sur une autre ligne, sa production décline.

 

De toutes les équipes étrangères de la ligue, Alba Volán Székesfehérvár est la seule à vraiment être une succursale de son équipe nationale. La première ligne de la Hongrie, Ladanyi-Vas-Sofron, est aussi celle d'Alba Volán, mais elle n'est pas - ou plus - toute seule. Le club magyar a en effet recruté le petit attaquant américain Derek Ryan, juste sorti de l'université, qui se révèle très efficace dans le système de contre-attaque de Kevin Primeau et forme une autre ligne forte aux côtés du vétéran Krisztian Palkovics.

En défense par contre, il reste des internationaux expatriés (Szélig et Sziranyi à Briançon), et c'est donc le secteur le plus problématique. On reprochait souvent aux lignes arrières d'être trop tendres dans leur zone, c'est pourquoi le vétéran canadien Harlan Pratt a été engagé pour faire le ménage devant le nouveau gardien.

La plus grande révolution se situe en effet dans les cages. Tommi Satosaari n'a pas été conservé et le jeune portier hongrois Zoltan Hetenyi a saisi sa chance de faire un essai au Jokerit Helsinki. Plutôt qu'un duo, on a donc fait appel à un numéro 1 indiscutable, qui n'aura que des doublures sans expérience. Dunc Munro, ancien gardien d'AHL qui a joué 17 matches en NHL et 4 en KHL, reste sur une bonne saison à Cortina et s'affirme comme un des meilleurs dans la ligue autrichienne. Si le gardien représente 50% d'une équipe, on comprend qu'Alba Volán puisse viser le meilleur classement de son histoire.

 

Le club de Znojmo avait tiré une croix sur ses ambitions dans son pays en vendant sa licence d'Extraliga au Kometa Brno il y a deux ans. Il tente de s'en découvrir de nouvelles en franchissant la frontière, distante de seulement... huit kilomètres. La ligue autrichienne a bien conscience qu'il s'agit d'une opportunité ponctuelle et que tout club tchèque qui se respecte ne peut avoir que l'Extraliga comme le Graal et sûrement pas l'EBEL. Elle a donc exigé que Znojmo s'engage à rester trois ans pour accepter sa candidature.

Avec 800 000 euros, le budget du nouveau venu est le plus bas de la ligue autrichienne. Mais le club tchèque a moins besoin d'argent que ses concurrents puisqu'il peut compter sur pléthore de talents formés localement : il a en effet été sacré champion junior de République Tchèque en 2011. Il aligne donc une jeune équipe dont le seul nom connu est le champion du monde 2002 Peter Pucher (le médaillé d'or pour la Slovaquie avait cependant passé les phases finales en tribune à l'époque), un joueur complet et très expérimenté de 37 ans.

En ce qui concerne la technique de crosse, les Tchèques n'ont rien à envier à personne dans ce championnat. Physiquement en revanche, ils sont nettement inférieurs dans les duels. S'ils apportent de la nouveauté et une certaine fraîcheur dans la compétition, c'est donc surtout parce qu'ils tranchent avec le style de jeu canadien habituellement pratiqué sur les glaces autrichiennes.

 

Très remarquée en club puis en équipe de Slovénie aux championnats du monde, la ligne Jeglic-Ticar-Sabolic était très demandée. Rok Ticar a été recommandé à Krefeld (Allemagne) par son ancien joueur Ivo Jan, devenu agent, et Ziga Jeglic s'est engagé en Allsvenskan (deuxième division suédoise). Robert Sabolic avait été le seul des trois à signer un contrat avant les Mondiaux et l'avait regretté car il n'avait pas utilisé la vitrine internationale que constituent les championnats du monde. La rumeur de son changement d'avis avait circulé tout l'été : effectivement, il s'est finalement désengagé du Medvescak pour rejoindre son camarade Jeglic à Södertälje.

Sans son épatant trio, Jesenice se retrouve bien démuni cette saison. Les Slovènes avaient espéré constituer une ligne de choc autour des jumeaux Donati, meilleurs marqueurs d'ECHL il y a deux ans. L'un des frères n'est jamais arrivé, parce qu'il s'est renseigné auprès de Jean-Philippe Paré qui lui a expliqué qu'il recevait son salaire en retard la saison dernière. Le second jumeau ne sera resté que quelques jours, comme les autres joueurs étrangers prévus, car ils n'ont pas apprécié de se retrouver tous les cinq à habiter dans la même maison à Bled (avec une chambre individuelle chacun et trois salles de bain tout de même). Ils ont trouvé pour la plupart refuge en Norvège où ils dominent le championnat.

La mauvaise publicité faite par Paré ou la colocation de luxe seraient cependant de piètres excuses à une réalité plus simple : les caisses sont vides à Jesenice. N'étant toujours pas payés, les étrangers de remplacement sont partis à leur tour en novembre. Le club s'est rabattu sur un joueur qui n'avait pourtant pas été gardé à la fin de son essai (Henrik Petré) et des recrues de championnat bon marché (deuxième division slovaque) en désespoir de cause.

Ce sont les supporters qui ont dû organiser une collecte pour que les joueurs soient payés et que la saison se termine. Bref, l'entraîneur finlandais Heikki Mälkiä, qui avait rempilé pour deux ans, se retrouve dans une belle galère.

 

Marc Branchu

 

 

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