URSS - Tchécoslovaquie (11 septembre 1981)

 

Demi-finale de la deuxième édition de la Coupe Canada.

Cette demi-finale déplacée à Ottawa fait recette, puisque la patinoire de la capitale fédérale est presque pleine. On y recense même quelques ministres et députés. Ils sont venus voir le gratin du hockey d'Europe de l'Est avec cette URSS-Tchécoslovaquie. Même si les Soviétiques restent favoris, la fougue de leurs adversaires peut leur poser problème. Ludek Bukac pense que son équipe a plus de chance de résister à la vitesse des attaquants russes sur les petites glaces nord-américaines que sur les glaces européennes. Et elle l'a prouvé en poule en décrochant le match nul.

Le début de match est poussif, et les passes - a priori le point fort se ces équipes - étonnamment imprécises. Les Tchécoslovaques concèdent quatre dégagements interdits en trois minutes car ils n'arrivent pas à se dépêtrer du pressing soviétique. Mais en forecheckant, Vladimir Krutov est sanctionné pour un coup de coude. Arnold Kadlec signe deux bons lancers pendant la supériorité numérique, mais il perd aussi le palet face à Shalimov qui centre pour Shepelev. Karel Lang se jette en avant pour repousser cette première occasion.

Quand Oldrich Valek fait trébucher un adversaire en zone neutre, le jeu de puissance russe ne paraît pas construire grand chose. Mais soudain, Viktor Shalimov déboule à pleine vitesse, fait le tour de la zone offensive et sert Zinetula Bilyaletdinov dont le tir de la ligne bleue est dévié au poteau droit par Sergei Shepelev (1-0, 08'36"). L'égalisation aurait pu être rapide, mais le lancer en entrée de zone de Jindrich Kokrment frappe le poteau. Une pénalité de Skvortsov est aussi renversée quand Irek Gimaev intercepte une passe de Dvorak et provoque la faute de Chalupa pour empêcher la contre-attaque.

Le jeu s'est franchement accéléré et va maintenant d'une cage à l'autre. À une offensive menée par Krutov répond une action individuelle du capitaine Milan Novy, qui dépasse Aleksei Kasatonov. La vitesse est cependant le seul point faible de Kasatonov, défenseur solide et bien placé qui maîtrise parfaitement l'art de la passe en transition. Il le prouve dès la récupération du palet en servant une passe transversale du revers vers Vladimir Golikov qui sort du banc. Dépassé par le centre russe, le défenseur tchèque Radoslav Svoboda plonge de façon désespérée, ce qui le rend inopérant sur le rebond alors que Lang avait arrêté le premier tir (2-0, 15'12"). Kasatonov lance aussi Gimaev en échappée, mais son revers est capté par la mitaine de Lang. L'URSS domine de plus en plus et les Tchécoslovaques n'arrivent plus à sortir de leur zone. Kadlec est contré en s'y essayant, et Shepelev trouve Shalimov près du but (3-0, 16'41").

Cela devient mission impossible pour la Tchécoslovaquie, menée de trois buts. Elle ne va néanmoins pas lâcher face à son adversaire numéro 1, et aborde donc la deuxième période en intensifiant la pression physique. Nikolaï Drozdetsky n'a pas pu éviter la mise en échec à l'épaule de Jaroslav Korbala et perd même connaissance quelques instants, avant heureusement de se relever. La meilleure occasion vient d'une relance croisée de Kadlec pour Frantisek Cernik, mais Tretiak réalise un arrêt du gant magistral. Mais lorsque ce même Kadlec se couche sur le palet pendant une action de Shalimov, les arbitres sifflent un tir de pénalité. Shepelev le transforme en glissant le palet sous les bottes de Lang (4-0, 31'09").

L'addition devient salée, et l'on sent le patinage tchécoslovaque moins fringant au début du troisième tiers-temps. Le signal arrive lorsque Kapustin fait trébucher le toujours actif Cernik. Le jeu de puissance met cette fois la juste intensité face à la défense acharnée des blancs. Jiri Lala lance en lucarne depuis le haut du cercle gauche (4-1, 47'39"). Les Tchécoslovaques continuent de mener la vie dure aux Russes avec leur agressivité dans les coins. Darius Rusnak attrape ainsi Larionov par le cou pour le contraindre à une altercation. Jiri Dudacek tire à son tour sur le poteau : il aurait fallu un soupçon supplémentaire de réussite pour les Tchèques pour que le match soit plus serré.

Avec son équipe de moins de 22 ans de moyenne d'âge, la Tchécoslovaquie n'avait cependant pas d'autre ambition que la demi-finale dans ce tournoi. Même s'ils pratiquent aussi le changement de générations, les Soviétiques sont logiquement en finale. Ils se sont bien remis de leur défaite contre le Canada, notamment le défenseur Zinetula Bilyaletdinov qui a cette fois réalisé un match solide aux côtés de son habituel partenaire du Dynamo, Pervukhin. Les vainqueurs de match pourront donc tranquillement regarder à la télévision la seconde demi-finale entre Canadiens et Américains pendant leur dîner, afin de connaître leur futur adversaire.

Élus meilleurs joueurs du match : Vladislav Tretiak pour l'URSS et Jiri Lala pour la Tchécoslovaquie.

Marc Branchu

Commentaires d'après-match

Ludek Bukac (entraîneur de la Tchécoslovaquie) : "Avant tout, je voudrais féliciter les hockeyeurs soviétiques pour leur qualification en finale. Ils méritent leur victoire. Nous avons démarré trop lentement. Auparavant, certains de nos joueurs venaient affronter les champions du monde comme s'ils étaient des enfants dans la salle d'attente du dentiste. Aujourd'hui, il n'y avait pas cette timidité, mais beaucoup ont senti la possibilité de créer la surprise en allant en finale et sont devenus nerveux comme une jeune fille à son premier rendez-vous. Cela ne nous a pas permis d'arrêter les rapides attaquants soviétiques. Malgré cette défaite, nous sommes satisfaits de ce tournoi. Nos jeunes joueurs ont gagné une expérience précieuse dans les grandes compétitions."

Viktor Tikhonov (entraîneur de l'URSS) : "Nous savions que ce serait un match difficile. Contrairement à notre première confrontation, nous avons cette fois marqué le premier but et c'est mentalement très important dans les duels. La Tchécoslovaquie a beaucoup de très bons jeunes, ce sera un adversaire avec lequel il faudra compter dans le futur. Mon seul commentaire est pour l'arbitre qui a été inutilement sévère, ce que plusieurs de nos joueurs ont payé."

 

URSS - Tchécoslovaquie 4-1 (3-0, 1-0, 0-1)
Vendredi 11 septembre 1981 au Civic Centre d'Ottawa. 7500 spectateurs.
Arbitrage de Bob Henry (USA) assisté de John D'Amico et Ray Scapinello (USA).
Pénalités : URSS 12' (4', 4', 4') ; Tchécoslovaquie 10' (6', 0', 4').
Tirs cadrés : URSS 24 (13, 5, 6) ; Tchécoslovaquie 27 (4, 13, 10).

Évolution du score :
1-0 à 08'26" : Shepelev assisté de Bilyaletdinov et Pervukhin (sup. num.)
2-0 à 15'12" : Golikov
3-0 à 16'41" : Shalimov assisté de Shepelev
4-0 à 31'09" : Shepelev (tir de pénalité)
4-1 à 47'39" : Lala assisté de Dvorak (sup. num.)
 

URSS

Attaquants :
Vladimir Krutov (2') - Igor Larionov (2') - Sergei Makarov
Nikolaï Drozdetsky - Vladimir Golikov - Irek Gimaev (2')
Sergei Kapustin (2') - Sergei Shepelev - Viktor Shalimov
Andrei Khomutov - Viktor Zhlutkov (2') - Aleksandr Skvortsov (2')

Défenseurs :
Vyacheslav Fetisov - Aleksei Kasatonov
Vassili Pervukhin - Zinetula Bilyaletdinov
Sergei Babinov - Valeri Vassiliev (C)

Gardien :
Vladislav Tretiak

Remplaçant : Vladimir Myshkin (G). En réserve : Vladimir Zubkov (D), Aleksandr Maltsev (A, épaule).

Tchécoslovaquie

Attaquants :
Jaroslav Pouzar - Darius Rusnak (4') - Dusan Pasek
Jaroslav Korbela - Milan Novy (C) - Jiri Dudacek
Frantisek Cernik - Norbert Kral - Oldrich Valek (2')
Lubomir Penicka - Jindrich Kokrment - Jiri Lala

Défenseurs :
Miroslav Dvorak - Milan Chalupa (4')
Stanislav Hajdusek - Arnold Kadlec
Radoslav Svoboda - Miloslav Horava

Gardien :
Karel Lang

Remplaçant : Jiri Kralik (G). En réserve : Pavel Richter (A), Jan Neliba (A).

 

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