Canada - Suisse (16 mars 1951)
Match comptant pour les Championnats du monde 1951.
La grève des transports n'a pas empêché le Palais des Sports d'être bien rempli pour ce match très attendu. 12 000 spectateurs se pressent dans les tribunes, et les cloches à vaches des supporters suisses contribuent à une ambiance formidable.
La Suisse aborde le match avec une grande ardeur, mettant toute son énergie en phase défensive comme en phase offensive. Will Pfister est à son meilleur niveau, et son habileté et son intelligence lui permettent de se procurer des occasions. Mais celui vers lequel tous les regards convergent, c'est Jean Ayer, le gardien lausannois de 20 ans, propulsé titulaire par la blessure de Bänninger. Il arrête les tirs puissants et souvent insidieux des championnats du monde, ce qui met en confiance toute son équipe. En fin de première période, l'impensable se produit : sur une contre-attaque, le défenseur Hans Heierling donne l'avantage aux maillots rouges à croix blanche. Les "Hop Suisse" des supporters helvètes sont rejoints par les spectateurs français qui rêvent d'assister à un sensationnel exploit.
On se souvient combien le Canada avait fait payer aux Britanniques d'avoir mené au score à la première pause. Il redouble donc d'efforts et tire dans toutes les positions, mais il trouve toujours un bras et une jambe en opposition. Il faut attendre presque la mi-match pour que l'agile dribbleur Bill Gibson reçoive une belle passe de Denny Flanagan et égalise. Dès la remise en jeu, Hans Martin Trepp réussit à fausser compagnie à la défense canadienne, mais il manque de peu le but. C'est donc le Canada qui finit par prendre l'avantage, par Stan Obodiac, face à des adversaires usés de leurs efforts. Jean Ayer doit encore arrêter quelques échappées solitaires, mais s'incline finalement devant Gibson après une jolie action du capitaine Negrello.
La Suisse réagit un peu en début de troisième période mais s'applique surtout à limiter les dégâts. Il s'agit maintenant de viser le titre de champion d'Europe qui risque fort de se jouer au "goal-average" face à la Suède. Or, pour que le quotient entre buts marqués et buts encaissés soit le meilleur, il faut surtout en concéder le moins possible. Les Helvètes s'efforcent donc de défendre, mais encaissent deux nouveaux buts d'Obodiac, qui dévie devant la cage un tir de Vogan, et de Gibson, sur passe de McLean.
Les Canadiens ont gagné sur la distance grâce à la rotation perpétuelle entre leurs trois lignes, dont ils ne disposaient pas encore lors de leur fameuse défaite à Bâle en janvier face à ce même adversaire. Ils n'ont plus qu'un dernier obstacle, la Suède, sur la route du titre mondial.
Marc Branchu, avec les archives photographiques de Patrick H.
Canada - Suisse 5-1 (0-1, 3-0, 2-0)
Vendredi 16 mars 1951 à 21h45 au Palais des Sports de Grenelle, Paris (FRA). 12000 spectateurs.
Arbitrage de Fan Heximer (GBR) et Wim Dwars (HOL).
Pénalités : Canada 4' (0', 4', 0'), Suisse 6' (0', 6', 0').
Évolution du score :
0-1 à 17'10" : Heierling
1-1 à 28'40" : Gibson assisté de Negrello et Flanagan
2-1 à 34'49" : Obodiac assisté de Rimstad et Chandler
3-1 à 38'44" : Gibson assisté de Rimstad
4-1 à 44'00" : Obodiac assisté de Vogan
5-1 à 59'10" : Gibson
Canada
Attaquants :
Don McLean (2') - Bill Gibson - Hector Negrello (C)
Bill Chandler - Walter Rimstad - Stan Obodiac
Denny Flanagan - Mickey Roth - Billy Flick
Défenseurs :
Jim Malacko - Dick Gray (2')
Don Vogan - Tom Wood
Gardien :
Carl Sorokoski
En réserve : Hugues Maille (G), Bert Knibbs (A), Lou Siray (A), Andrew Milroy (A).
Suisse
Attaquants :
Gebi Poltera - Uli Poltera - Hansmartin Trepp
Reto Delnon - Wilhelm Pfister - Fredy Bieler (C, 2')
Walter Guggenbühl, André Bazzi
Défenseurs :
Hans Heierling (2'+2') - Emil Handschin
Walter Dürst - Otto Schläpfer
Milo Golaz
Gardien :
Jean Ayer
En réserve : Hans Bänninger (G, blessé), André Favre (A), Otto Schubiger (A).