Racing - Chamonix (4 mars 1933)

 

Demi-finale du championnat de France 1933.

L'attaque de Chamonix pâtit en cette fin de saison de l'absence de Charles Muntz, qui a été suspendu pour "professionnalisme" fin janvier : lorsqu'il avait été annoncé que Muntz et Hassler donneraient de cours de patinage à la patinoire Molitor cet hiver, ils avaient dû préciser que leurs intentions étaient désintéressées, uniquement pour l'amour de leur sport qu'ils veulent voir se développer. Mais Muntz est rémunéré comme "chef de piste" par la direction de Molitor, travail considéré comme non lié au sport... si sa situation de professeur de patinage ne crée pas une ambiguité susceptible de lui valoir l'étiquette interdite de "professionnel". La Fédération Française des Sports d'Hiver lui a fixé un ultimatum pour qu'il arrête ses leçons de patinage, mais il n'a pas répondu et s'est donc fait suspendre.

Chamonix lance la première attaque, mais le contre de la paire canadienne Cholette/Moussette est immédiat et la sanction inévitable. Du fait de la sortie de Pennypacker, la cage est ouverte devant Jules Cholette, mais il tire juste à côté. La domination reste parisienne. François Mautin cherche une passe à direction de Cholette, mais une crosse chamoniarde coupe la trajectoire. Le palet arrive sur Jacques Lacarrière, toujours intelligemment placé, qui a suivi l'action et ouvre le score. Chamonix essaie de mettre en place des combinaisons, mais Savoye et Mautin les font avorter. Et quand le premier nommé déborde le long de la bande, il trouve le centre pour un second but signé Jacques Moussette.

Chez les Chamoniards, Hassler semble à côté de ses patins aujourd'hui, répétant les mêmes descentes solitaires sans succès. C'est surtout le vétéran Léon Quaglia qui s'active, comme s'il ne sentait plus le poids des ans. Mais ses percées sont bien arrêtées par la défense ou par le gardien Philippe Lefébure. Face aux dribbles du duo canadien du Racing, les arrières chamoniards emploient des moyens rugueux et se font pénaliser. "Ce n'est pas que leur jeu fût plus dur que celui des arrières d'en face, surtout de Savoye ; mais la science du body-check, autrement dit l'arrêt au corps, n'était pas encore, au début de l'année derniè,re, entrée dans les moeurs des anciens champions de France. Cette science est toute de dissimulation, et les braves Chamoniards, avec leur franchise, ne savent pas encore y faire !", écrit Charles Sabouret dans Match l'intran. Le soigneur de Chamonix s'écrie pour sa part : "Savoye, c’est dix ans de prison qu'il mériterait !"

Les jaunes parviennent quand même à réduire le score par Simond, sur un rebond. Mais les Racingmen, dans leurs nouveaux maillots blancs cerclés d'une large bande bleue, confortent leur qualification pour la finale grâce à un dernier but superbe de Jules Cholette, qui a mis dans le vent gardien et défenseur avec une feinte de tir.

 

Racing Club de France - Chamonix HC 3-1 (2-0, 0-1, 1-0)
Samedi 4 mars 1933 au Palais des Sports de Grenelle.
Arbitrage de M. Bélanger.

Évolution du score :
1-0 : Lacarrière assisté de Mautin
2-0 : Moussette assisté de Savoye
2-1 : Simond
3-1 : Cholette
 

Racing

Avants : François Mautin - Jules Cholette - Jacques Moussette (1')

Arrières : Pierre Savoye - Jacques Lacarrière.

Gardien : Philippe Lefébure.

Remplaçants : Claude Desouches et Peschier.

Chamonix

Avants : Gérard Simond - Albert Hassler - Léon Quaglia.

Arrières : André Bossonney (1') - Francis Couvert (1').

Gardien : Henry Pennypacker.

Remplaçants : Martial Couvert et Marcel Couttet.

 

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