Canada - Suède (8 mai 2009)

 

Demi-finale des championnats du monde 2009.

Saint-Louis rend la justice sous son... érable

Le Mondial bernois aura-t-il la finale attendue entre Canadiens et Russes ? Cela dépend une fois de plus de la Suède. L'an dernier, elle avait échoué de peu à faire tomber les Canadiens dans un match de folie, mais cette fois, son indispensable capitaine Kenny Jönsson, même s'il a connu des petites douleurs plus tôt dans le tournoi, est bien présent sur la glace.

Le Canada continue de faire tourner ses gardiens, même lors des phases finales, et le vétéran Dwayne Roloson relaie donc Chris Mason. Après avoir peiné à geler un premier palet au sol, les Suédois le testent en envoyant pas mal de palets à la cage. C'est un simple round d'observation pour l'instant.

Après cinq minutes timides, les Canadiens élèvent l'intensité. La récompense arrive très vite, sur un coup de génie de Martin Saint-Louis. Le petit gabarit traverse derrière la cage et est suivi par le défenseur et par le gardien. Il fait alors la passe dans son dos à Derek Roy de l'autre côté du but. Son nouveau partenaire (il a changé de poste avec Doan) ramène aussitôt le palet devant la ligne et l'élève dans l'angle ouvert avant que Gustavsson ait fini de se replacer (1-0). L'inviolabilité de "Monstret" n'aura pas duré bien longtemps, les Nord-Américains ne semblant pas avoir peur des monstres masqués suédois. C'est la première fois dans ces phases finales qu'un but est marqué lors du premier tiers-temps !

Ce but précoce n'ouvre pas le jeu. Les défenses sont resserrées, et ne faiblissent que lorsqu'un 3 contre 2 canadien est suivi en contre-attaque par un 3 contre 2 suédois : Mattias Weinhandl centre pour Loui Eriksson dont le tir à mi-distance est repoussé par Roloson. La seule pénalité du tiers-temps est pour Upshall et la Suède applique le même schéma en supériorité numérique que depuis le début du tournoi : des tirs rasants de la bleue qui cherchent des déviations. Le Canada rentre aux vestiaires avec son avance d'un but.

Seize secondes seulement se sont écoulées en deuxième période et Shawn Horcoff est pénalisé pour un cinglage. Le Canada défend bien en infériorité, en mettant sous bonne garde les joueurs devant la cage et en coupant les lignes de tir pour que le palet ne leur parvienne pas. Derek Roy peut même lancer une contre-attaque et provoquer la faute de Tärnström, récupérant une minute de supériorité numérique canadienne, également bien défendue par la Tre Kronor.

La Suède prend le dessus au fil des minutes. La ligne de Mårtensson met le feu et les Canadiens doivent se mettre à trois pour protéger leur slot. Une passe de derrière la cage de Niklas Persson offre un tir direct à Rickard Wallin bien placé dans le cercle gauche, mais Roloson capte de la mitaine.

Mais à la mi-match, le jeune défenseur Carl Gunnarsson rate un contrôle dans sa zone défensive et la sanction est immédiate. Mike Fisher remet en retrait à Shawn Horcoff qui creuse l'écart sur la première occasion canadienne depuis sept minutes (2-0). La Suède est sonnée, subit une nouvelle frayeur, et quand elle essaie de réagir, Strålman se fait pénaliser en zone offensive. De quoi asséner le coup de grâce : Derek Roy passe de derrière la cage à Dany Heatley et vient lui-même prendre le rebond, que Grossman n'a pas pu dégager (3-0). Tärnström prend une autre pénalité et Gustavsson doit rester vigilant deux fois face à Heatley, toujours aussi chasseur de buts dans l'enclave. Lombardi part en prison à une minute de la pause, les Suédois resserrent l'étau, mais Mike Fisher intercepte la passe dans le slot et dégage avant de prendre sereinement le chemin des vestiaires.

La Suède a le mérite de continuer à essayer en troisième période. Elle passe à trois lignes, en mettant Persson (une seule fois) puis Berglund à la place de Thornberg aux côtés du duo Harju-Omark, qui ne parvient toujours pas à peser sur le match. Les efforts scandinaves trouvent leur récompense quand Tony Mårtensson prend le meilleur sur Heatley derrière la cage et sort le palet vers Loui Eriksson. Ce dernier prend un premier tir malgré Doughty qui se couche, récupère le rebond et attire Roloson pour mieux s'ouvrir la cage (3-1).

À neuf minutes de la fin, Derek Roy vient charger Magnus Johansson dans le dos contre la bande, mais cette pénalité cruciale est tuée grâce à l'agressivité de Horcoff et à deux interceptions de Weber et de Lombardi. Un travail absolument décisif sur cette infériorité numérique. Shea Weber réussira encore une intervention décisive en se couchant devant Loui Eriksson bien servi sur un centre de la droite. Les joueurs défensifs sont à l'honneur dans cette fin de match que la ligne Doan-Spezza-Heatley sont invitées à regarder depuis le banc... La Suède sortira son gardien, mais les dernières mises au jeu sont gagnées par Zajac et Fisher et résument la domination canadienne dans ce secteur.

Le Canada s'est donc qualifié sur un coup de génie de Martin Saint-Louis, qui a récupéré la tête du classement des marqueurs brièvement prise par Kovalchuk dans l'après-midi, puis sur son travail défensif global. Les joueurs de l'ombre ont pris une part prépondérante dans la victoire, une constante du coaching canadien. On n'a cependant pas l'impression que Lindy Ruff connaisse aussi bien l'adversaire que ses précédesseurs. La grande habitude canadienne en phase finale est de placer un trio défensif (ici Horcoff-Zajac-Fisher) face à la meilleure ligne adverse. Or, ce soir, ils ont été "automatiquement" alignés face à la première ligne suédoise, alors que tous ceux qui ont vu jouer la Tre Kronor savent que le danger vient essentiellement de la deuxième ligne de Mårtensson. Et comme de bien entendu, c'est celle-ci qui a marqué en faisant face à l'antithèse d'une ligne défensive (Spezza et Heatley). Au moins, contre la Russie, il n'y aura pas de risque de se tromper avec le sniper Kovalchuk sur le premier trio...

Là où Ruff aura une décision délicate à prendre, c'est sur le choix de son gardien. Faut-il opter pour Chris Mason, meilleur pourcentage d'arrêts du tournoi, ou pour Dwayne Roloson, impeccable ce soir ? Le réalisateur s'est d'ailleurs délecté des gros plans à travers le masque où l'on percevait les yeux fermés du gardien vétéran en train de se concentrer et de marmonner dans son monde pendant les arrêts du jeu.

Les deux finalistes du championnat du monde auront connu deux parcours différents : la Russie s'est fait très peur pour se qualifier, alors que le Canada a pu gérer son quart de finale et sa demi-finale à sa main, bien aidé par le but marqué rapidement ce soir. Que vaut-il mieux ? Accumuler de la confiance comme les Canadiens ou vaincre l'adversité comme les Russes. Réponse dimanche soir...

Désignés joueurs du match : Dwayne Roloson pour le Canada et Marcus Nilson pour la Suède.

Compte-rendu signé Marc Branchu / photos Stéphane Matthey

 

Canada - Suède 3-1 (1-0, 2-0, 0-1)

Vendredi 8 mai 2009 à 20h15 à Berne. 11477 spectateurs.

Arbitrage de Vyacheslav Bulanov (RUS) et Danny Kurmann (SUI) assistés de Miroslav Valach (SVK) et Felix Winnekens (ALL).

Pénalités : Canada 10' (2', 4', 4'), Suède 6' (0', 6', 0').

Tirs cadrés : Canada 29 (6, 17, 6), Suède 26 (9, 8, 9).

Évolution du score :

1-0 à 06'51" : Roy assisté de St-Louis et Stamkos

2-0 à 29'53" : Horcoff assisté de Fisher

3-0 à 30'38" : Roy assisté de Heatley (sup. num.)

3-1 à 46'14" : Eriksson assisté de Mårtensson

 

Canada

Gardien : Dwayne Roloson.

Défenseurs : Dan Hamhuis - Shea Weber (A) ; Drew Doughty - Marc-Edouard Vlasic ; Chris Phillips - Braydon Coburn.

Attaquants : Shawn Horcoff - Travis Zajac - Mike Fisher ; Shane Doan (C) - Jason Spezza - Dany Heatley (A) ; Derek Roy - Steven Stamkos - Martin St Louis ; Scottie Upshall - Matthew Lombardi - Colby Armstrong.

Remplaçants : Chris Mason (G), Luke Schenn, Joel Kwiatkowski. Absents : James Neal (œil), Ian White (douleurs au cou), Josh Harding (G).

Suède

Gardien : Jonas Gustavsson [sorti à 58'08"].

Défenseurs : Dick Tärnström - Johnny Oduya ; Carl Gunnarsson - Magnus Johansson (A) ; Kenny Jönsson (C) - Anton Strålman ; Nicklas Grossman.

Attaquants : Kristian Huselius - Rickard Wallin (A) - Marcus Nilson ; Loui Eriksson - Tony Mårtensson - Mattias Weinhandl ; Martin Thörnberg - Johan Harju - Linus Omark ; Niklas Persson - Johan Andersson - Patrik Berglund.

Remplaçants : Stefan Liv (G), Johan Åkerman. Absents : Joel Lundqvist (cuisse), Tobias Enström (fracture au visage), Johan Holmqvist (G).

 

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