Danemark - Autriche (4 mai 2009)

 

Championnats du monde, poule de relégation.

Des erreurs qui se payent cash

Cette fois ça y est. C'est l'heure de vérité pour le mondial "d'en bas". L'Allemagne protégée (on se croirait revenu au "bon vieux temps" du Japon), ce match servira à déterminer qui de l'Autriche ou du Danemark s'en ira rejoindre les Hongrois dans la charrette. Comme point de repère face aux Danois, les Autrichiens gardent en souvenir ce 4-0 infligé à Vienne en amical, une semaine avant les qualifications olympiques. Ou alors, ils peuvent aussi se remémorer des Mondiaux 2005 de triste facture, où ils avaient perdu de peu (3-4 après avoir mené 3-1) et avaient fini... relégués !

Car l'ascenseur, l'Autriche, ça la connaît. Décidés à ne pas faire marche arrière, les hommes de Lars Bergström vont connaître une entame très heureuse dès leur première contre-attaque du match. Un débordement rondement mené par Matthias Trattnig, qui prend tout le monde de vitesse. L'ailier de Salzbourg repique mais bute sur Galbraith. Sauf que Roland Kaspitz, au centre, a bien suivi et peut ouvrir le score (0-1 à 00'48").

Cela ne pouvait pas mieux commencer pour l'Autriche, même si son arrière naturalisé Jeremy Rebek concède un faire-trébucher dans la foulée (01'10"). Un pensum sans conséquence puisque le jeu de puissance danois se contente de tourner autour du pot, à la merci d'un contre. Aussi Mikkel Bødker se fait-il contrer par Oliver Setzinger à hauteur de ligne bleue. Appuyé par Thomas Koch en zone neutre, l'attaquant de Langnau s'échappe et s'en va glisser la rondelle entre les bottes de l'infortuné Patrick Galbraith (0-2 à 02'30").

Voilà le Danemark dos au mur, d'autant que les troupes de Per Bäckman frisent la correctionnelle sur un énième débordement, oeuvre de Thomas Vanek. Le contre de l'ailier de Buffalo est fulgurant mais cette fois, Galbraith repousse de la botte (09'12"). Il était temps que le gardien de SønderjyskE se ressaisisse après une entame cauchemardesque (deux buts alloués sur trois tirs adressés), d'autant qu'il ne manque pas sollicitations.

Bousculés dans l'engagement physique, les Danois reprennent doucement du poil de la bête au fil des minutes. Plus solides qu'à l'accoutumée en désavantage numérique, ils refont doucement surface dans la partie et finissent même par trouver une première fois l'ouverture. Une combinaison qui sourit à Thor Dresler, décalé plein axe par une petite passe du revers signée Kim Lykkeskov. Seul devant Brückler, l'attaquant d'Herning vise entre les bottes... et voit le palet glisser doucement derrière la ligne. C'est but.... sauf qu'un coup de sifflet arbitral, croyant la rondelle gelée par le gardien autrichien, avait préalablement retenti !

Plus qu'une action collective fluide et aboutie, comme c'était le cas précédemment, c'est une énorme erreur individuelle qui va relancer le Danemark. Après une bonne séquence en zone offensive, le palet redescend sur Darcy Werenka, posté bas dans son territoire. Le vétéran d'origine canadienne tient une bonne occasion de relance, se dit-on. Sauf que Werenka, qui pivote pour se remettre dans le sens du jeu, rate son contrôle et voit Jakobsen, monté au pressing, lui dérober le disque. S'ensuit un tour de cage conclu malgré le retour désespéré de Gregor Baumgartner (1-2 à 15'14").

Cette boulette va s'avérer lourde de conséquence puisqu'elle va inverser la dynamique du match. Aussi les Danois, plus agressifs (au risque de s'exposer à de nombreuses pénalités par la suite), manquent-il l'égalisation au buzzer. Suite à une mise au jeu gagnée en zone offensive, Nichlas Hardt s'excentre au second poteau et se voit servi par une passe transversale de Morten Green. En déséquilibre, le jeune attaquant expatrié à Malmö reprend instantanément. Brückler repousse mais ne fait que freiner son tir, finalement repoussé sur sa ligne par Rebek (20e). Ouf...

Après deux pénalités successives au début de l'acte médian, Mads Christensen en remet une couche après avoir secoué le sculptural barbu Markus Peintner contre la bande (26'42"). Certains diraient que le Danemark tend le bâton pour se faire battre. D'autres constatent la fébrilité des blueliner autrichiens. Après Werenka, c'est André Lakos qui est cloué au pilori après qu'un jaillissement de Mikkel Bødker a contré sa passe à la bleue. L'attaquant des Coyotes s'envoie en break-away et prend Brückler à contre-pied (2-2 à 27'51").

L'Autriche de Lars Bergström peut se mordre les doigts d'avoir dilapidé son avance sans avoir exploité l'indiscipline scandinave. Car le scénario de rêve vire au cauchemar face à un adversaire maîtrisant mieux les unités spéciales et accentuant sa domination. Les Autrichiens sont poussés à la faute et enchaînent à leur tour les pénalités. Un sale quart d'heure en somme, conclu comme il se doit par un but... qui ne doit rien à personne cette fois-ci ! Lancé en zone neutre par Jesper Damgaard, Julian Jakobsen franchit la ligne bleue le long de la bande, sans réelle opposition. Il peut ainsi temporiser et lever les yeux en direction d'un Mads Christensen croisant dans l'axe. Ni une ni deux, l'attaquant de SønderjyskE prend l'intervalle et fusille Brückler d'un tir des poignets précis (3-2 à 45'46"). Le tournant du match.

Cette fois, ça sent vraiment le sapin pour une Autriche incapable de réagir, empêtrée dans un faux-rythme qui lui sera fatal. Un palet perdu en zone offensive, couplé à un repli défaillant envoie Morten Green et Kasper Degn en deux contre un. Jeremy Rebek n'ayant pas fait l'effort, c'est son partenaire Martin Oraze qui fait office de dernier défenseur, sans pouvoir interférer sur ce contre. Car Green remet aussitôt à Degn, lequel conclut en bout de course (4-2 à 51'10").

C'est la fin des haricots pour les coéquipiers de Thomas Vanek, d'autant qu'Oliver Setzinger écope dans la foulée d'une double mineure pour crosse haute (54'17"). La sortie de Bernd Brückler dans les derniers instants est anecdotique, comme le dernier but de Bødker dans une cage désertée (5-2 à 59'23"). La jeune garde danoise, invaincue dans ce tour de relégation tronqué par la présence allemande, assure donc sa pérennité au plus haut niveau. Sans connaître la crise de croissance dont sa ligue élite est victime. L'Autriche, elle, redescend. Pour la troisième fois d'affilée. À l'image d'un Thomas Vanek déconfit, elle regrettera amèrement sa gestion désastreuse et ses erreurs du soir. Mais, plus que cela, gardera un sentiment d'injustice. Le même qu'ont pu ressentir les Français en leur temps, lorsque le Japon "faussait" le play-down...

Désignés joueurs du match : Patrick Galbraith pour le Danemark et Roland Kaspitz pour l'Autriche.

Compte-rendu signé Jérémie Dubief / photo Caroline Landré

 

Commentaires d'après-match

Lars Bergström (entraîneur de l'Autriche) : "Je suis très déçu ! C'était un championnat du monde où nous avons fait face à beaucoup de vents contraires. Nous avons eu beaucoup de forfaits avant les Mondiaux, plus trois blessés pendant le tournoi. Notre groupe du premier tour était le plus difficile, et pour finir l'Allemagne a atterri avec nous en poule de relégation."

Dieter Kalt senior (président de la fédération autrichienne) : "L'équipe a montré de quoi elle était capable dans ce tournoi, mais contre le Danemark, elle a joué en dessous de son niveau. Certains joueurs n'étaient pas en état nerveusement de gérer cette rencontre importante. Nous ne pouvons pas nous laisser influencer par le tirage ou la situation avec l'Allemagne. Certains facteurs sont entrés en compte plus vite que prévu : on a vu que les jeunes joueurs ont trop peu de responsabilités en championnat. Il faut trouver une solution commune avec la ligue. La fédération ne peut pas former les joueurs elle-même. Tant que le nombre d'étrangers ne sera pas réduit, je ne vois aucune amélioration. C'est aux clubs de décider avec nous où ils veulent placer le hockey autrichien sur la scène internationale."

 

Danemark - Autriche 5-2 (1-2, 1-0, 3-0)

Lundi 4 mai à 12h15 à la Kolping-Arena de Kloten. 2798 spectateurs.

Arbitrage de Sami Partanen (FIN) et Sören Persson (SUE) assistés de Antti Orelma (FIN) et Chris de Haan (CAN).

Pénalités : Danemark 12' (2', 8', 2'), Autriche 14' (4', 4', 6').

Tirs : Danemark 33 (13, 8, 12), Autriche 35 (10, 12, 13).

Évolution du score :

0-1 à 00'48" : Kaspitz assisté de Trattnig

0-2 à 02'30" : Setzinger assisté de Koch (inf. num.)

1-2 à 15'14" : Jakobsen

2-2 à 27'51" : Bødker (inf. num.)

3-2 à 45'46" : Christensen assisté de Jakobsen et Damgaard

4-2 à 51'10" : Degn assisté de Green

5-2 à 59'23" : Bødker (cage vide)

 

Danemark

Gardien : Patrick Galbraith.

Défenseurs : Philip Hersby - Philip Larsen ; Mads Bech Christensen - Jesper Damgaard (C) ; Mads Bødker - Daniel Nielsen.

Attaquants : Morten Madsen - Mikkel Bødker - Peter Regin ; Morten Green (A) - Kim Staal (A) - Nichlas Hardt ; Kasper Degn - Mads Christensen - Julian Jakobsen ; Kim Lykkeskov - Thor Dresler - Alexander Sundberg.

Remplaçants : Frederik Andersen (G), Kasper Pedersen, Rasmus Olsen. Absent : Sebastian Dahm (G).

Autriche

Gardien : Bernd Brückler [sorti de sa cage de 58'47" à 59'23"].

Défenseurs : Gerhard Unterluggauer (C) - Darcy Werenka ; Jeremy Rebek (A) - Martin Oraze ; Andre Lakos - Philippe Lakos.

Attaquants : Thomas Vanek - Thomas Koch (A) - Oliver Setzinger ; Andreas Nödl - Roland Kaspitz - Matthias Trattnig ; Markus Peintner - David Schuller - Harald Ofner ; Paul Schellander - Andres Kristler - Gregor Baumgartner.

Remplaçants : Jürgen Penker (G), Mario Altmann. Absents : Robert Lukas (épaule), Christoph Harand (commotion cérébrale), Michael Raffl (fracture de la clavicule).

 

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