Bélarus - République Tchèque (3 mai 2009)

 

Championnats du monde, deuxième tour, groupe F.

Grabovsky presque tout seul

Depuis la défaite de la Norvège dans l'après-midi, les deux adversaires de ce soir sont qualifiés pour les quarts de finale. Ce match ne sert plus qu'à déterminant l'ordre dans la poule : le gagnant terminera troisième, et le perdant quatrième. Une différence loin d'être anodine : elle signifie que le vaincu sera opposé aux Russes en quart de finale, ce qui n'est pas une partie de plaisir. La motivation va donc de soi.

Après avoir battu la Finlande malgré trois blessés, le Bélarus doit donc faire encore plus fort : ce soir, ce sont carrément cinq joueurs qui manquent, tous majeurs. Le défenseur de NHL Ruslan Salei s'est blessé au dos hier, et Meleshko, victime d'une commotion cérébrale en début de tournoi, n'est toujours pas au mieux. Le capitanat change donc de mains pour la seconde fois, il n'aura fait que transiter par Salei et est maintenant dévolu à Antonenko. On espère que le vétéran est insensible à la superstition, sinon il croira qu'une malédiction poursuit les porteurs du C... Du côté tchèque, on n'est pas totalement épargné par les ennuis puisque l'attaquant Rolinek joue les utilités en défense depuis la fin de match contre la Slovaquie. Un choix de précaution de Ruzicka, au cas où un des six vrais arrières restants venait à se blesser.

L'autre changement, c'est que le héros d'hier Andrei Mezin n'est plus dans les cages. Cela ne rassurera les Tchèques qu'à moitié, car il y a un an à Québec, c'est bien face à Vitali Koval qu'ils avaient été poussés aux tirs au but par le Bélarus.

Le début de match n'est pas fait pour les rassurer, car la meilleure occasion est pour la seule star restante de l'équipe biélorusse, celle dont Glen Hanlon défend le temps de jeu colossal malgré les critiques ("demandez-lui s'il préfère jouer 28 ou 18 minutes, je connais la réponse"), Mikhaïl Grabovsky. Il se présente en un contre un face au défenseur Ondrej Nemec, qu'il fait irrémédiablement glisser au sol d'une seule feinte, puis prend un lancer, repoussé par Jakub Stepanek.

Les Tchèques dominent le reste du premier tiers-temps, en s'adjugeant la possession du palet grâce à leur suprématie aux engagements. Le plus dangereux est Ales Hemsky : il donne en entrée de zone à un partenaire qui tire au but et va droit sur le rebond. Il feinte le gardien et doit conclure sur son revers, mais manque de peu le cadre. On en reste donc à 0-0, et ça peut tenir longtemps comme ça.

Mieux encore, les Biélorusses placent deux attaques en deux minutes en entrée de deuxième période... mais la seconde aboutit à une pénalité en zone offensive contre Erkovich dont le coup de crosse a mis Blatak un temps à terre. Le jeu reprend, et c'est ensuite Hemsky qui est envoyé en prison pour avoir retenu Grabovsky dans le coin. Il a beau enlever son gant et secouer son poignet pour bien faire comprendre qu'il a reçu un cinglage, cela ne change rien à la sanction. Supériorité tchèque annulée.

Les Tchèques ne se créent même plus d'occasions, et ils doivent jouer en infériorité quand Olesz part en prison. Et c'est à ce moment-là que le match bascule. Grabovsky, trop gourmand, essaye de dribbler Petr Cajanek à la ligne bleue. L'attaquant du Dynamo Moscou contre tranquillement le palet, qui lui est remis dans la course par Cervenka, et part à 2 contre 1. Cajanek choisit alors le lancer, croisé à mi-hauteur, qui bat Koval.

Le plus dur contre cet adversaire, c'est de forcer le verrou en marquant le premier but. Le cadeau de Grabovsky a donc retiré une sacrée épine des pieds tchèques. Attention toutefois, car Kotalik charge Usenko avec la crosse et met le Bélarus en avantage numérique. Grabovsky essaie de se rattraper en tirant lui-même à mi-distance ou en cherchant la passe transversale vers Antonenko côté gauche, mais en vain.

La pénalité suivante contre Ryadinski sera fatale : passe en retrait d'Ales Hemsky pour la reprise de Patrik Elias, repoussée par Koval. Le palet revient cependant à portée d'Elias qui arrive à l'envoyer dans les filets malgré l'angle très fermé. Demagin fait trébucher Klepis à la bleue et le Bélarus termine cette fois le tiers-temps en souffrance, mené 0-2.

Les rouges acceptent alors leur défaite et la troisième période sera une formalité pour les Tchèques. À quatre minutes de la fin, après une passe transversale de Jagr pour Hemsky, Petr Cajanek vient conclure devant la cage pour un doublé personnel. Le blanchissage du jeune Jakub Stepanek n'est guère inquiété, ce qui est bon pour sa confiance avant qu'il vive son premier quart de finale. Les adducteurs de Prusek, même s'il est traité, laissent en effet peu d'alternative, d'autant que Stepanek s'est bien débrouillé jusqu'ici.

Le Bélarus affrontera donc la Russie en quart de finale, en espérant avoir récupéré le maximum de ses blessés d'ici là. Quant aux Tchèques, ils se retrouveront selon toute probabilité contre les Suédois (si ceux-ci battent la France) pour une revanche de l'an dernier.

Désignés joueurs du match : Vitali Koval pour le Bélarus et Petr Cajanek pour la République Tchèque.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Commentaires d'après-match

Patrik Elias (attaquant de la République Tchèque) : "Nous avons contrôlé l'essentiel du match. Il n'y a probablement eu que cinq minutes pendant lesquelles ils se sont créé des occasions. Mais Kuba Stepanek nous a bien tenus. Sinon, nous étions meilleurs, nous avons eu la possession du palet. Cela fait deux matches de suite que nous ne prenons pas de but. Notre vigilance s'élève à l'approche des play-offs. Avec cette victoire, nous avons évité les Russes en quart de finale, un adversaire dont personne ne veut."

Glen Hanlon (entraîneur du Bélarus) : "Il y a quelque chose de mystique là-dedans. Voit-on souvent un défenseur jouer à l'attaque ? C'était le cas avec Antonov. Mettez-vous dans la position d'un coach qui n'a que dix attaquants à disposition juste avant les phases finales. C'est dommage que Meleshko, très familier avec le style de jeu russe, ne puisse pas jouer le quart de finale. Son expérience et son courage manqueront, mais je ne peux pas prendre de risque. Dans son état, une autre commotion, et il peut commencer une carrière d'entraîneur. Nous allons utiliser au maximum les deux jours d'entraînement avant les quarts. Peut-être que nous n'avons pas encore senti nos limites."

 

Bélarus - République Tchèque 0-3 (0-0, 0-2, 0-1)

Dimanche 3 mai 2009 à 20h15 à Kloten. 3495 spectateurs.

Arbitrage de Danny Kurmann (SUI) et Daniel Piechaczek (ALL) assistés de Yuri Oskirko (RUS) et Anton Semionov (EST).

Pénalités : Bélarus 16' (2', 6', 8'), République Tchèque 12' (2', 6', 4').

Tirs cadrés : Bélarus 18 (4, 11, 3), République Tchèque 33 (13, 10, 10).

Évolution du score :

0-1 à 30'02" : Cajanek (inf. num.)

0-2 à 39'03" : Elias assisté de Hemsky (sup. num.)

0-3 à 55'52" : Cajanek assisté de Hemsky et Jagr

 

Bélarus

Gardien : Vitali Koval.

Défenseurs : Aleksandr Ryadinsky - Vladimir Denisov ; Dmitri Korobov - Andrei Bashko ; Viktor Kostyuchenok - Ivan Usenko.

Attaquants : Aleksei Ugarov - Mikhaïl Grabovsky (A) - Sergei Demagin ; Mikhaïl Stefanovich ou Evgeni Kovyrshin - Andrei Mikhalev (A) - Yaroslav Chuprys ; Oleg Antonenko (C) - Andrei Stas - Aleksandr Kulakov ; Andrei Antonov.

Remplaçant : Andrei Mezin (G). Absents : Aleksandr Makritsky (épaule), Konstantin Koltsov (adducteurs), Aleksei Kalyuzhny (poignet), Ruslan Salei (dos), Dmitri Meleshko (risque de commotion), Igor Brikun (G).

République Tchèque

Gardien : Jakub Stepanek.

Défenseurs : Petr Caslava - Marek Zidlicky (C) ; Miroslav Blatak - Karel Rachunek ; Ondrej Nemec - Roman Polak ; Tomas Rolinek.

Attaquants : Petr Cajanek (A) - Ales Hemsky - Jaromír Jágr (A) ; Patrik Elias - Tomas Plekanec - Milan Michalek ; Rostislav Olesz - Jaroslav Hlinka - Ales Kotalik ; Jakub Klepis - Josef Vasicek - Roman Cervenka.

Remplaçants : Lukas Mensator (G), Zbynek Irgl. Absents : Jan Marek (genou), Michal Barinka (épaule), Martin Prusek (G, adducteurs).

 

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