République Tchèque - Slovaquie (2 mai 2009)

 

Championnats du monde 2009, deuxième tour, groupe F.

Humiliation de velours

C'est une Slovaquie soulagée qui aborde ce match. Elle a pris le point qu'il lui fallait hier soir contre la Finlande, et une victoire au dernier match contre la Norvège pourrait lui suffire... sauf si le Bélarus réussit un autre exploit. Pour ne compter que sur eux-mêmes, les Slovaques devraient prendre des points à leur voisin tchèque et vaincre ce satané complexe. Après tout, les Tchèques n'ont qu'un point de plus qu'eux et ne sont pas plus qualifiés.

Le plus surprenant est sans doute le choix du gardien slovaque. Jaroslav Halak a fait un bon match hier soir, mais Jan Filc avait prévenu qu'il serait très difficile d'enchaîner deux rencontres en 20 heures et qu'il voulait donc réunir ses trois gardiens pour en discuter. Résultat : Jan Lasak, qui avait remplacé Halak à la mi-match contre le Canada, est titularisé pour la première fois dans ce Mondial. Il ne sera pas dépaysé, Lasak, lui qui joue depuis des années dans le championnat tchèque à Pardubice. Il réussira de belles mitaines sur des tirs à mi-hauteur... mais cela ne suffira pas.

Dès le début, en effet, les offensives tchèques s'enchaînent. C'est d'abord une contre-attaque lancée côté gauche par Ales Kotalik, qui fait une passe transversale pour Tomas Rolinek. Celui-ci lui rend la pareille mais Kotalik n'arrive pas à dévier, du bout de la palette, cette rondelle vers les filets déserts. C'est ensuite Roman Cervenka qui reprend une passe de derrière la cage, sur la barre transversale. C'est enfin un lancer de la bleue de Rachunek rabattu en l'air par la crosse de Jagr qui pousse ensuite le palet dans la cage ouverte. Les arbitres refusent alors le but pour crosse haute, mais se prennent un sernom du numéro 68 qui tente d'user de son influence. Celle-ci doit faire aussi effet sur le juge vidéo, car le but sera finalement accordé !

Ce premier filet sera déterminant pour la suite. Ales Hemsky ne tarde pas à fête son retour en première ligne par un parfait décalage pour Jaromir Jagr. Les Slovaques s'énervent, Mikus donne un coup de cross, puis Smrek donne un cross-check devant sa cage. À cinq contre trois, le slap de Miroslav Blatak fait passer le score à 3-0. Jan Filc s'énerve contre ses hommes sur le banc slovaque. Boris Valabik, qui a totalement oublié le marquage sur Jagr sur le premier but, a droit à un sermon particulier. Ces mots durs ne réveillent pas les joueurs slovaques, ils les tétanisent encore plus. Roman Cervenka vient prendre un tir à mi-hauteur au second poteau sur une bonne passe enretrait de Vasicek, et on rejoint les vestiaires à 4-0.

La deuxième période n'arrange rien. Un exploit individuel de Jaroslav Hlinka déroute à lui seul la défense slovaque. Le centre de Linköping perce la bleue, mystifie le pauvre Valabik, le défenseur d'Atlanta décidément dépassé, et délivre une merveille de passe aveugle du revers à Ales Kotalik qui n'a plus qu'à conclure au second poteau. Le score ? 5-0 ! Le compteur des tirs ? 27 à 4 ! Jamais les Slovaques n'ont vécu une telle humiliation depuis la partition du pays.

Les Tchèques vont-ils avoir de la compassion pour leurs cousins et anciens compatriotes ? Ce n'est pas le sujet. Surtout pour Roman Cervenka, qui a une occasion rêvée de tirer le maximum de son temps de jeu toujours réduit. La passe-tir de Klepis heurte la poitrine d'Obsut et Cervenka reprend ce palet de volée. Cela fait 6, et bientôt 7, par Milan Michalek, un des deux jokers de NHL qui ont pris place sur la deuxième ligne.

Le vétéran Lasak est de bonne composition et en a vu d'autres, mais cette fois il en a marre et se dirige de son propre chef vers le banc. À son successeur désigné Jaroslav Halak de supporter ça... À lui d'observer ses défenseurs se faire ridiculiser par Hlinka qui continue de dribbler en zone offensive. Et à lui d'encaisser un but de l'autre nouveau venu, Patrik Elias, qui place le palet entre ses jambières écartées dans son déplacement, sur une passe transversale de Rachunek (8-0).

Il ne se passera rien en troisième période. La République Tchèque se reposera sur cette avance déjà bien suffisante, alors que les efforts de Bartecko ou de Handzus ne permettront pas d'inquiéter le gardien Stepanek, qui a remplacé Prusek à la mi-match (la crainte que celui-ci ne prenne froid, sans doute). Même la chance n'est pas avec les bleus, puisque Ladislav Nagy trouve le poteau.

C'est la plus grosse victoire jamais obtenue par la République Tchèque sur la Slovaquie, plus haute que le 7-0 de novembre. Mais cette fois, ce n'était pas une équipe espoir alignée mal à propos pour une exhibition, c'était la vraie équipe, aux championnats du monde, qui a été surpassée dans tous les compartiments du jeu. Pas la meilleure façon pour les Slovaques de préparer leur match décisif pour la qualification contre la Norvège.

Désignés joueurs du match : Roman Cervenka pour la République Tchèque et Andrej Sekera pour la Slovaquie.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Commentaires d'après-match

Vladimir Ruzicka (entraîneur de la République Tchèque) : "On a dit que nous avions raté nos matches contre la Finlande et le Canada. Les arbitres ont cependant joué un rôle dans le déroulement de ces rencontres. Après deux défaites, nous devions gagner. L'arrivée de Milan Michálek et Patrik Elias nous a aidés, nous avons énormément de puissance en attaque. Nous avons concrétisé nos occasions, ce que nous n'avions pas fait contre les Canadiens. Après deux bons tiers-temps, nous avons un peu arrêté de patiner dans le troisième tiers, ce qui a donné du travail à Stepanek. La blessure de Prusek n'est pas aussi grave qu'en préparation, il s'est juste un peu étiré. Demain, [le kiné] Pavel Kolar va venir l'examiner."

Jan Lasak (gardien de la Slovaquie) : "C'était certainement le pire match de ma carrière. Je suis très triste de ce qui s'est passé sur la glace. Dans le premier tiers, je tenais, mais quand les buts ont continué à s'accumuler en deuxième période, j'étais sans espoir. Après le cinquième ou le sixième, je voulais déjà aller au banc. Je sais qu'un gardien n'a pas le droit de prendre une telle décision par lui-même, mais je n'en pouvais plus. Peut-être que le fait de ne plus avoir affronté les Tchèques depuis sept ans a joué contre moi. Je reste convaincu que la réalité du hockey slovaque, c'était le match d'hier."

 

République Tchèque - Slovaquie 8-0 (4-0, 4-0, 0-0)

Samedi 2 mai 2009 à 16h15 à Kloten. 5165 spectateurs.

Arbitrage de Brent Reiber (SUI) et Thomas Sterns (USA) assistés de Peter Feola (USA) et Daniel Wirth (SUI).

Pénalités : République Tchèque 8' (0', 2', 6'), Slovaquie 14' (6', 2', 6').

Tirs : République Tchèque 41 (20, 10+4, 7), Slovaquie 18 (2, 7+0, 9).

Évolution du score :

1-0 à 06'35" : Jagr assisté de Rachunek

2-0 à 09'08" : Jagr assisté de Cajanek et Blatak

3-0 à 12'48" : Blatak assisté de Rachunek et Klepis (double sup. num.)

4-0 à 15'25" : Cervenka assisté de Vasicek et Klepis

5-0 à 25'07" : Kotalik assisté de Hlinka et Caslava

6-0 à 29'08" : Cervenka assisté de Klepis et Vasicek

7-0 à 30'12" : Michalek assisté de Zidlicky et Plekanec

8-0 à 38'14" : Elias assisté de Rachunek

 

République Tchèque

Gardien : Martin Prusek puis Jakub Stepanek à 33'06".

Défenseurs : Michal Barinka [blessé à l'épaule en début de match] puis Ondrej Nemec - Marek Zidlicky (C) ; Petr Caslava - Karel Rachunek ; Miroslav Blatak - Roman Polak.

Attaquants : Petr Cajanek (A) - Ales Hemsky - Jaromír Jágr (A) ; Milan Michalek - Patrik Elias - Tomas Plekanec ; Ales Kotalik - Jaroslav Hlinka - Tomas Rolinek ; Josef Vasicek - Jakub Klepis - Roman Cervenka ou Rostislav Olesz.

Absents : Jan Marek (genou), Zbynek Irgl (en réserve), Lukas Mensator (G).

Slovaquie

Gardien : Jan Lasak puis Jaroslav Halak à 30'12".

Défenseurs : Jaroslav Obsut - Andrej Sekera ; Rene Vydareny - Peter Smrek ; Ivan Baranka - Boris Valabik ; Dominik Granak - Ivan Svarny.

Attaquants : Lubos Bartecko (C) - Michal Handzus (A) - Tomas Surovy ; Marcel Hossa - Juraj Mikus - Stefan Ruzicka ; Jiri Bicek - Juraj Stefanka - Milan Bartovic ; Ladislav Nagy (A) - Peter Olvecky - Branko Radivojevic.

Absent : Rastislav Pavlikovsky (blessé), Rastislav Stana (G).

 

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