Russie - Suède (30 avril 2009)

 

Championnats du monde, deuxième tour, groupe E.

Nouveau dicton suisse : "Quand je domine, tu marques ; quand tu domines, je marque !"

Les Russes entament ce match avec un capital parfait de six points, leur permettant de se concentrer sur la meilleure place possible plutôt que sur une obligation de qualification, déjà quasiment acquise. C'est moins le cas pour les Suédois qui n'ont que trois points, soit le même nombre que la Suisse et juste un de plus que les Lettons. Fatalement, les Scandinaves sont dans une position plus délicate, et une victoire face aux Russes soulagerait bien des esprits !

Ce sont donc aux Suédois de faire le jeu et ils ne vont pas se faire prier dès le coup d'envoi. Il faut dire qu'ils sont bien aidés par des Russes pas encore rentrés dans la partie. C'est notamment le cas de leur gardien Ilya Bryzgalov qui laisse par deux fois des rebonds très dangereux. Si le premier ne porte pas à conséquence, le second est transformé : Kristian Huselius lance à mi-distance, Bryzgalov ferme les jambes mais le palet se décale vers la palette d'un Rickard Wallin qui n'a plus qu'à pousser le palet au fond (0-1, 02'53").

Les hommes de Bykov sont toujours enfermés dans leur zone lorsque Linus Omark, trop prompt à la récupération du palet, est envoyé en prison pour une crosse haute. On pourrait croire que cela va sonner le réveil de l'armée rouge, mais non, rien de rien, la pénalité est tuée sans aucun souci : les Russes accumulent les passes ratées à la bleue, envoyant tout le monde hors-jeu, ou alors, ils se contentent d'envoyer au fond où les Suédois sont invariablement les premiers sur la rondelle pour la dégager. À la fin de la pénalité, c'est même Mattias Weinhandl qui va être l'auteur du seul tir cadré de ces deux minutes.

Les minutes suivantes sont encore à l'avantage des Suédois et Bryzgalov continue de laisser des rebonds dans son slot, notamment sur les puissants lancers de Weinhandl. Heureusement pour les Russes, Johan Grossman se fait bêtement sanctionner en faisant trébucher Radulov, lancé dans un improbable slalom au milieu de quatre adversaires. Et ce coup-ci, les Russes parviennent à s'installer. Ils ne se montrent pas encore dangereux mais campent dans le camp adverse, obligeant les Suédois à se fatiguer. Morozov s'avance et tire, Holmqvist concède un rebond que Tereschenko et Kovalchuk ne parviennent pas à convertir mais alors que le palet s'éloigne de la cage poursuivi par ce même Kovalchuk, Nikulin est là pour reprendre un palet qui finit sa course dans la cage du portier suédois, bien masqué sur le coup (1-1, 11'56").

Dans la foulée de l'égalisation, les Russes retrouvent des couleurs et Frolov contraint Holmqvist à utiliser son bouclier pour dévier son tir du revers. La période de domination russe se poursuit lorsque Radulov récupère un palet dans sa zone, s'avance dans la neutre et adresse une magnifique transversale à destination de Saprykin qui arme et tire... Le palet file vers le gardien suédois qui sert les jambes, mais pas assez, la rondelle passe doucement et finit derrière la ligne de but (1-2, 14'10"). Voilà les gardiens du jour bien en difficulté avec une boulette partout, palet au centre.

Les Russes sont bien aidés par des Suédois décidément indisciplinés : Gunnarsson est obligé d'accrocher Morozov qui rentrait dans la zone en possession du palet. Cette confrontation en quatre contre quatre semble tourner à l'avantage des Russes mais ils s'emmêlent les pinceaux une fois dans la zone adverse. Strålman récupère le palet, donne le long de la bande à Omark, qui passe la bleue et sert... Strålman qui a traversé toute la patinoire et est complètement oublié par le repli défensif approximatif des russes. Le défenseur suédois loge le palet dans la lucarne opposée (2-2, 18'15"). C'est donc au plus fort de la domination russe que les Suédois, par ce contre magnifique, égalisent.

La deuxième période reprend avec des Russes qui retombent dans leurs travers : passes approximatives, placement à contre-sens du jeu, passivité défensive... Et il ne faudra que trois minutes aux Suédois pour en profiter : Patrik Berglund rentre dans la zone, longe la bande droite, fait demi-tour et aperçoit Niklas Persson, absolument seul au second poteau. L'ailier gauche de la quatrième ligne ne se prive pas glisser la rondelle côté opposé (2-3, 23'27"). Une fois devant au score, les Suédois parviennent à jouer plus libérés : ils créent du jeu et forcément, ils se créent des actions de buts. Andersson décale Persson qui arrive lancé et dont le one-timer trouve la base du poteau. Cela va tellement vite que l'arbitre va demander l'aide de l'arbitrage vidéo pour invalider le but.

Et comme il n'y a pas si longtemps, c'est au plus fort de la tempête que les rouges vont trouver la solution : Kovalchuk perfore la défense et sert en retrait Kalinin dont le lancer finit sa course dans les filets (3-3, 27'16"). Pourtant Holmqvist avait bien tendu sa mitaine mais visiblement, ou celle-ci est trouée, ou ça n'est pas la soirée des gardiens... La réponse nous est donnée sur l'action suivante où, en captant un tir de Tereschenko, Holmqvist retombe mal et se vrille le genou... Une minute plus tard, c'est le changement de gardien et l'entrée de Jonas Gustavsson, l'habituel cerbère de Färjestad.

Les deux équipes s'offrent ensuite une petite série de pénalités, permettant aux deux coachs de tester leurs unités spéciales. Bryzgalov brille pour la première fois de la soirée lorsqu'il s'interpose sur le puissant slap Kenny Jönsson puis sur les actions du duo Mårtensson / Weinhandl. Gustavsson, tant qu'à lui, n'est pas en reste. Trois minutes après son entrée, Saprykin sollicite les réflexes du portier suédois. Il sera mis en réelle difficulté sur l'infériorité suivante lorsque Frolov de près manque le cadre de quelques millimètres, puis lorsque Nikulin, de loin, l'oblige à concéder un rebond qui aurait pu être dangereux. La dernière frayeur de la période concernera Ilya Kovalchuk qui restera quelques instants au sol après un impressionnant tampon asséné par Anton Strålman !

La troisième période commence avec une forte domination russe où le défi physique imposée par les hommes en rouge porte ses fruits : Perezhogin voit son tir du revers passer à côté du but alors que Gustavsson était pris à contre-pied. Puis, le gardien suédois est contraint de s'y reprendre à deux fois pour capter la reprise en pivot de Saprykin. Et bien entendu, lorsque les Russes dominent, qui marque ? Bien sûr, ce sont les Suédois, mais ce coup-ci, histoire de varier les plaisirs, ils s'y prennent à deux fois. Tout d'abord, c'est Huselius, à la réception d'une diagonale de Nilson dont le lancer heurte successivement le poteau, le gant de Bryzgalov puis le bras opposé que ce dernier avait tendu en l'air... Ça n'est donc que partie remise puisque le prochain débordement d'Huselius fera mouche. À la lutte avec Kovalchuk, il laissera ce dernier s'écraser contre la balustrade en effectuant un demi-tour. Seul, il lance au poteau opposé où la vigilance de Bryzgalov est mise en défaut (3-4, 49'45").

Une fois encore, les Russes vont réagir, et ce, très rapidement, sur la mise en jeu, Grebeshkov passe à Mozyakin excentré sur la gauche qui tire en se retournant pour loger la rondelle dans la lucarne opposée d'un Gustavsson médusé (4-4, 50'07"). Peu après, une faute de Nikulin permet aux Suédois de relancer leur machine. Leur jeu de passe prend souvent de vitesse les Russes mais Bryzgalov se montre, enfin, à la hauteur en repoussant les nombreux tirs à bout portant.

Alors qu'ils semblaient enfin en mesure de dominer sur la longueur les adversaires, les hommes à la triple couronne vont être trahi par un geste peu opportun de Magnus Johansson qui permet aux Russes d'enfin respirer. Rapidement installé dans la zone adverse, les rouges doivent attendre les derniers instants pour se montrer réellement dangereux : Proshkin et Nikulin s'échangent le palet à la bleue et le premier nommé envoie le palet en direction du poteau droit de Gustavsson. Celui-ci, visiblement masqué, n'esquisse pas le moindre geste et concède le but (5-4, 57'38").

À une minute trente de la fin, Bengt-Åke Gustafsson, le coach suédois, tente le tout pour le tout en sortant son gardien. Les Suédois remportent la mise en jeu et s'installent dans la zone offensive. À court de solutions, Johansson tente sa chance de loin. Bryzgalov hésite entre rester debout et se mettre en papillon... Son hésitation lui sera fatale puisque le palet glisse sous ses jambières et Huselius est le plus prompt à glisser le puck au fond, envoyant les deux équipes en prolongation (5-5, 58'46").

Une prolongation où on sentira les deux équipes sur la retenue. Les rares incursions sont vite stoppées et les quelques tirs se feront, au mieux, à mi-distance. Les Russes persistent dans leur jeu consistant à envoyer au fond. Mais cela fait plus de soixante minutes désormais que cette tactique est totalement stérile, les Suédois étant toujours les premiers sur la rondelle. Du coup, la maîtrise du jeu est suédoise et les jaunes parviennent à s'installer et à lancer deux fois au but. Mais cette période de domination est mise à mal par une passe en retrait ratée à la bleue. Rickard Wallin récupère le palet dans sa zone mais sa relance est totalement manquée puisqu'elle atterrit sur Kovalchuk, isolé à la bleue. Il décale instantanément Atyushov qui lance au but. Gustavsson repousse le palet dans les airs qui est repris victorieusement par Kalinin dont la reprise de volée passe au-dessus d'un portier suédois dépité et dépassé (6-5, 64'04").

Bonne opération pour l'équipe russe qui continue son parcours sans-faute, alors que les Suédois devront se contenter du petit point récolté aujourd'hui. Il leur faudra aller chercher leur qualification en défiant les hôtes suisses et, bien sur, l'équipe de France.

Désignés joueurs du match : Oleg Saprykin pour la Russie et Marcus Nilson pour la Suède.

Compte-rendu signé Alex Mondin

 

Commentaires d'après-match

Vyacheslav Bykov (entraîneur de la Russie) : "Ce n'était pas notre meilleur match. Les Suédois nous ont posé beaucoup de difficultés, mais nous n'avions pas assez de mobilité ni de précision dans les passes. Les joueurs ont rencontré des difficultés tactiques, notamment en zone neutre. Malgré tout, ils ont ramené une victoire importante. Le manque de joueurs sur les trois derniers matches a clairement affecté notre fraîcheur.

Bengt-Åke Gustafsson (entraîneur de la Suède) : "Ce n'est pas une question de gardien. Les trois gars que nous avons amenés ici sont de grands spécialistes. Je n'ai pas de reproche à leur faire sur ce match. Mais quand une équipe encaisse 11 buts en deux matches, les problèmes se situent en premier lieu en défense."

 

Russie - Suède 6-5 (2-2, 1-1, 2-2, 1-0)

Jeudi 30 avril 2009 à 16h15 à Berne. 7465 spectateurs.

Arbitrage de Danny Kurmann (SUI) et Brent Reiber (USA) assistés de Petr Blumel (TCH) et Chris de Haan (CAN).

Pénalités : Russie 10' (2', 6', 2', 0') ; Suède 12' (6', 4', 2', 0').

Tirs : Russie 35 (14, 6, 12, 3) ; Suède 38 (10, 13, 11, 4).

Évolution du score :

0-1 à 02'53" : Wallin assisté de Huselius et Nilson

1-1 à 11'56" : Nikulin assisté de Kovalchuk et Tereschenko

2-1 à 14'10" : Saprykin assisté de Radulov (sup. num.)

2-2 à 18'15" : Strålman assisté d'Omark

2-3 à 23'27" : Persson assisté de Berglund

3-3 à 27'16" : Kalinin assisté de Kovalchuk

3-4 à 49'45" : Huselius

4-4 à 50'07" : Mozyakin assisté de Grebeshkov

5-4 à 57'38" : Proshkin (sup. num.)

5-5 à 58'46" : Huselius

6-5 à 64'04" : Kalinin assisté d'Atyushov et Kovalchuk

 

Russie

Gardien : Ilya Bryzgalov.

Défenseurs : Vitali Proshkin - Ilya Nikulin ; Vitali Vishnevsky - Oleg Tverdovsky (A) ; Dmitri Kalinin - Vitali Atyushov ; Konstantin Korneev - Denis Grebeshkov.

Attaquants : Ilya Kovalchuk (A) - Aleksei Tereschenko - Aleksei Morozov (C) ; Aleksandr Perezhogin - Sergei Zinoviev - Aleksandr Frolov ; Oleg Saprykin - Konstantin Gorovikov - Aleksandr Radulov ; Sergei Mozyakin - Anton Kuryanov.

Remplaçant : Vasili Koshechkin (G). Absents : Anton Volchenkov (jambe), Danis Zaripov (blessure non divulguée), Aleksandr Eremenko (G).

Suède

Gardien : Johan Holmqvist puis Jonas Gustavsson à 27'56".

Défenseurs : Kenny Jönsson (C) - Anton Strålman ; Nicklas Grossman - Johan Åkerman ; Magnus Johansson (A) - Carl Gunnarsson.

Attaquants : Loui Eriksson - Tony Mårtensson - Mattias Weinhandl ; Kristian Huselius - Rickard Wallin (A) - Marcus Nilson ; Martin Thörnberg - Johan Harju - Linus Omark ; Niklas Persson - Patrik Berglund - Johan Andersson.

Absents : Joel Lundqvist (cuisse), Tobias Enström (fracture au visage), Stefan Liv (G, étirement à la cuisse), Dick Tärnström (coup sur la cuisse).

 

Retour aux championnats du monde