Canada - République Tchèque (30 avril 2009)

 

Championnats du monde, deuxième tour, groupe F.

Le jeu de puissance comme prévu

Le destin est cruel aux Tchèques qui, au lendemain d'une défaite face à la Finlande (remontée de 1-3 à 4-3) due principalement à l'indiscipline et un jeu en infériorité déficient, doivent se frotter pour leur entame de second tour aux Canadiens frais comme une brise d'été après une première phase facile et redoutables en powerplay (47,7% d'efficacité).

"The championship begins today", affirme d'ailleurs le commentateur de la télévision canadienne en ouverture de la rencontre, ce qui donne une idée de la considération portée aux opposants précédents. L'adversaire tchèque ne semble pas donner des frissons non plus à Lindy Ruff, qui réserve sa paire défensive majeure Weber-Hamhuis à la ligne de Jágr et laisse les autres débrouiller. Joel Kwiatkowski doit profiter de son temps de glace car, derrière, Braydon Coburn et Marc-Édouard Vlasic arrivent en renfort tandis que Travis Zajac, heureuse conséquence de la sortie de route des Devils, remplace James Neal blessé.

Mais revenons au jeu et à la statistique évoquée en introduction. Contre une équipe qui aligne quasiment 50% d'efficacité en surnombre, que faites-vous ? Vous évitez de prendre des pénalités idiotes et vous gardez un oeil sur le meilleur buteur d'en face. Allez expliquer cela à Plekanec, auteur d'un cinglage sur Heatley, et à Rachunek, qui laisse Steven Stamkos reprendre un slap de Doughty (1-0, 07'20").

On peut espérer que les hommes de Ruzicka, pas nés du dernier face-off, vont retenir la leçon. Pas vraiment... et là, l'exemple vient d'en haut ! Jágr accroche Saint-Louis alors que son équipe vient de récupérer le puck et se montrait menaçante depuis quelques minutes. Les Canadiens mettent du temps à s'installer mais en réalité, ils n'en ont pas vraiment besoin. Klepis, croyant dégager, brasse l'air avec sa crosse, permettant à Doan d'envoyer la rondelle vers Stamkos qui patiente et bat Stepanek (2-0, 13'40"). Les erreurs s'empilent côté tchèque, aussi vite que les buts dans la besace de Stamkos (cinq en quatre matchs) qui, à 19 ans, découvre le hockey international et ne s'en porte pas trop mal.

L'ennui, c'est qu'on a l'impression que les Tchèques le découvrent aussi. Rolinek tente de s'opposer à Roy d'une crosse haute d'autant plus flagrante qu'elle se casse. Du banc des pénalités, il peut admirer le slap armé par Shea Weber depuis la bleue (3-0, 17'05"). Trois prisons, trois buts. Jakub Stepanek, le gardien de Vítkovice, ne fréquente le haut niveau que depuis cette saison. Il goûte désormais le très haut niveau et en fait une indigestion au point que Ruzicka lance Martin Prusek à sa place. En passant, il demande à ses hommes de faire preuve d'un peu de discipline...

Hemsky n'obéit pas et charge Ian White dans le dos au début de deuxième tiers, ce que le reporter canadien qualifie de "pénalité de frustration". Frustration compréhensible puisqu'à ce moment de la partie, les Tchèques dominent quatorze tirs à sept. Un rapport qui ne change pas puisque les Canadiens ne prennent pas un lancer sur cette supériorité. La rencontre s'équilibre mais rien ne laisse présager un retournement de situation. Jágr n'est pas dans un bon jour, et quand il parvient à offrir des espaces à Hemsky, Mason ferme la porte. Le reste du tiers intermédiaire se résume à un échange de prisons sans conséquence. Seul la dernière (de Heatley) est réellement animée avec des Tchèques enfin égaux à eux-mêmes, multipliant les lancers mais se heurtant à la défensive canadienne. Cela énerve Plekanec qui étreint Hamhuis, réactif comme une allumette espagnole. Aucun des deux ne tombant les gants, ils ne récoltent que deux minutes chacun.

Le troisième tiers, au cours duquel la République Tchèque va tirer 22 fois au but (contre onze fois pour le Canada, pour un total de 45 à 24 sur la rencontre), ne sera pas celui du grand retour. L'espoir d'un tel scénario sera même tué après vingt-deux secondes quand Heatley interceptera un palet en zone neutre pour partir en breakaway et marquer en prenant son propre rebond contre la balustrade (4-0, 40'22"). Et dans la crosse de qui s'est-il servi, l'insolent ? Celle de Jágr, parfaite conclusion d'une soirée pourrie pour le numéro 68.

Pour éviter l'humiliation, les Tchèques vont surtout s'appliquer à rester loin du banc des pénalités et, au contraire, bénéficier de 1'20" de cinq contre trois, gâchée. On ne peut s'empêcher de remarquer la grande forme de Chris Mason au passage et soupirer : que manque-t-il au Canada ? Il a tout : gardien, puissance, powerplay, solidité défensive, équilibre entre les lignes. Ah, sait-il marquer en contre ? Réponse affirmative à dix minutes de la fin avec une sortie de zone de Phillips côté gauche relayée par Stamkos vers Saint-Louis, posté à l'opposé. Le centre des Lightning jaillit dans le dos de Rolinek et ajuste la cage pendant que Prusek soigne son torticolis (5-0, 49'55").

Même si Hemsky, lancé par un flip de Jágr (qui vit encore), met un peu de mercurochrome sur les plaies tchèques (5-1, 57'20"), la démonstration canadienne est complète. Qui peut arrêter l'Érable ? Slava Bykov lève le doigt. À ce rythme, la revanche Russie-Canada en finale est inévitable. On en salive d'avance.

Désignés joueurs du match : Chris Mason pour le Canada et Jaromir Jagr pour la République Tchèque.

Compte-rendu signé François Borel-Hänni

 

Commentaires d'après-match

Steven Stamkos (attaquant du Canada) : "Je ne pense pas que nous ayons pratiqué notre meilleur hockey, mais une fois de plus les équipes spéciales ont été super. Notre jeu de puissance a fonctionné, notre jeu à 3 contre 5 a été incroyable. Et évidemment, Chris Mason est une raison importante qui fait que le score est aussi net. Il m'a vraiment surpris. C'est un grand gardien. Aujourd'hui, les gardiens ont tendance à descendre beaucoup, alors que lui semble rester debout et prendre la moitié haute du but. Pour beaucoup de tireurs, c'est la cible, mais il y est vraiment fort."

Rostislav Olesz (attaquant de la République Tchèque) : "Le hasard peut faire rebondir le palet en faveur de l'une ou l'autre équipe mais il faut savoir transformer une situation de powerplay, principalement à cinq contre trois. Les Canadiens ont su en profiter, eux, et la grande glace leur permet de s'installer d'autant plus facilement. Quand, comme le Canada, on a des joueurs si puissants, c'est facile de jouer en confiance."

 

Canada - République Tchèque 5-1 (3-0, 0-0, 2-1)

Jeudi 30 avril 2009 à 20h15 à Kloten. 5967 spectateurs.

Arbitrage de Vyacheslav Bulanov (RUS) et Marcus Vinnerborg (SUE) assistés de Ivan Dediulia (BLR) et Peter Sabelström (SUE).

Pénalités : Canada 18' (4', 8', 6'), République Tchèque 12' (6', 6', 0').

Tirs cadrés : Canada 24 (7+0, 6, 11), République Tchèque 45 (10, 13, 22).

Évolution du score :

1-0 à 07'20" : Stamkos assisté de Doughty et Doan (sup. num.)

2-0 à 13'40" : Stamkos assisté de Doan

3-0 à 17'05" : Weber assisté de Saint-Louis

4-0 à 40'22" : Heatley

5-0 à 49'55" : Saint-Louis assisté de Stamkos et Phillips

5-1 à 57'20" : Hemsky assisté de Jagr

 

Canada

Gardien : Chris Mason.

Défenseurs : Dan Hamhuis - Shea Weber ; Drew Doughty - Chris Phillips (A) ; Joel Kwiatkowski - Ian White ; Luke Schenn.

Attaquants : Derek Roy - Jason Spezza - Dany Heatley ; Shane Doan (C) - Steven Stamkos - Martin Saint-Louis (A) ; Mike Fisher - Shawn Horcoff - Scottie Upshall ; Matt Lombardi - Colby Armstrong.

Remplaçant : Dwayne Roloson (G). Absent : James Neal (blessure à l'oeil, forfait pour la suite).

République Tchèque

Gardien : Jakub Stepanek puis à 17'05" Martin Prusek.

Défenseurs : Michal Barinka - Marek Zidlicky (C) ; Ondrej Nemec - Karel Rachunek ; Miroslav Blatak - Roman Polak ; Petr Caslava.

Attaquants : Petr Cajanek (A) - Jakub Klepis - Jaromír Jágr (A) ; Tomas Plekanec - Josef Vasicek - Ales Hemsky ; Tomas Rolinek - Jan Marek - Ales Kotalik ; Zbynek Irgl - Jaroslav Hlinka - Rostislav Olesz.

Remplaçant : Roman Cervenka. 

 

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