Bélarus - Canada (24 avril 2009)

 

Championnats du monde 2009, premier tour, groupe A.

Stamkos en premier choix

Le voilà, ce Steven Stamkos, numéro 1 de la draft 2008, et donc supposé meilleur joueur de sa génération. Il avait mis quelques mois avant de prouver son talent en NHL. Aura-t-il aussi besoin d'un délai d'adaptation en championnat du monde, sachant qu'il a quand même l'expérience d'un Mondial junior gagné ?

La réponse est non. Stamkos met deux buts en un quart d'heure, et il doit se dire que c'est drôlement facile de marquer en championnat du monde : il suffit de poser la crosse sur la glace et d'attendre la passe. Après une minute seulement, il redirige en effet un service parfait de Martin Saint-Louis au second poteau. Puis, lors d'une supériorité numérique consécutive à un cinglage de Kostyuchenok, il dévie dans le slot une passe de Drew Doughty, alors que son capitaine Shane Doan a totalement masqué le gardien Vitali Koval qui n'a rien vu.

En fin de premier tiers, c'est le Canada qui se fait peur tout seul quand Dwayne Roloson ose sortie hasardeuse derrière sa cage sur un palet qui arrive à hauteur du bas du plexiglas. Le contrôle aéien de la crosse n'est pas le geste le plus sûr qui soit ! Le gardien canadien se fait piéger. Un rouge récupère le palet et le remet en retrait à Mikhaïl Grabovsky qui n'a plus qu'à le pousser dans la cage vide. L'arbitre fait appel à la vidéo sous les chants de "Canada, Canada", et les supporters exultent quand il écarte les bras en sortant de sa cabine : si le but ne peut pas être valable, c'est que Roloson, en essayant de reprendre sa place, s'est cogné le dos dans la cage et l'a sortie de ses gonds juste avant que le palet ne franchisse la ligne !

La deuxième période commence par une très bonne circulation du jeu de puissance biélorusse, qui coince les blancs dans leur zone pendant plus d'une minute. Dommage que Demagin bien décalé ait tiré droit dans le plastron de Roloson. Force est de constater que le powerplay canadien est beaucoup moins dangereux après que Koval a "satosaarisé" de la crosse un attaquant (Saint-Louis) qui passait devant lui...

Le Bélarus a curieusement renversé l'équilibre du jeu. Pendant une pénalité différée contre une charge contre la bande de Neal, Mikhaïl Grabovsky mange un 2 contre 1 en voulant dribbler tout seul le vieux Roloson, qui a encore des réflexes et pare joliment en levant la jambière. Le Canada se retrouve bientôt à 3 contre 5 quand Drew Doughty fait naïvement trébucher Chupris devant sa cage. Glen Hanlon, l'entraîneur canadien du Bélarus, utilise son temps mort avant cette phase décisive. Aleksei Kalyuzhny reçoit une passe transversale idéale, et au lieu d'un one-timer, il prend son temps pour tirer. Roloson est donc replacé, mais le tir précis a failli réussir, ricochant sur le haut de l'épaule droite du gardien. Sur l'action suivante, au lieu de geler le palet, le gardien canadie le relâche sur sa crosse pour une reprise de volée qui envoie le palet au loin.

Le Bélarus a gaspillé trop de munitions pour revenir. Il commence encore la troisième période en supériorité numérique, malgré les encouragements de ses supporters qui mêlent en tribune le drapeau "officiel" et celui "de l'opposition". Mais son powerplay a un défaut : Mikhaïl Grabovsky, qui devrait être le finisseur, n'ose pas assez s'aventurer dans le slot. Il est trop frêle pour les gros gabarits comme Shea Weber qui l'écartent sans ménagement. Lorsque l'on revient à cinq contre cinq, les rouges flanchent à la fois physiquement et moralement. En deux contre-attaques, le Canada les assassine, par Spezza à mi-distance et par Fisher à... 2 contre 0 ! C'est la panique dans la défense du Bélarus, affolée à chaque incursion canadienne dans son slot. Vitali Koval doit se montrer solide car l'addition est déjà de 0-4 et peut vite s'alourdir dans ces circonstances.

Alors qu'on ne sait plus où le compteur va s'arrêter, Mikhaïl Grabovsky signe un coup d'éclat grâce à sa vitesse : il déborde Upshall qu'il laisse au sol en zone neutre, donne une longue passe en retrait à Ruslan Salei pour un lancer de la bleue et va à la cage récupérer le rebond avant même que le moindre défenseur canadien ait eu l'idée d'intervenir. Cette action restera cependant une parenthèse, entre deux buts de Dany Heatley qui adore affoler les compteurs aux championnats du monde.

Collectivement, le Bélarus peut mieux faire. Glen Hanlon semble avoir redonné un visage présentable au powerplay, mais l'efficacité se fait encore attendre. Grabovsky, qui avait râlé contre la place limitée que lui avait accordée le précédent entraîneur Curt Fraser, avait ce soir une chance unique de se présenter en meneur. Lui et Salei ont eu 28 minutes de temps de jeu, pas de quoi se plaindre. Mais a-t-il seulement l'âme d'un leader ? Il s'est distingué par des actions individuelles de classe, et on n'a vu que lui. Mais saura-t-il se mettre au service du collectif, notamment si ses "amis" les Kostistyn débarquent (les deux places laissées libres dans l'effectif par Hanlon n'auront échappé à personne). L'équilibre est donc encore à trouver pour le Bélarus, surtout avec une défense fébrile qui ne demande qu'à s'effondrer.

Encore en rodage, le Canada a déroulé au troisième tiers-temps face à des adversaires qui ont accepté sa domination. Il adore être ainsi un rouleau-compresseur physique et mental aux allures implacables. Les péchés de jeunesse d'une faible deuxième période ont été sans conséquence, et la supériorité canadienne dans la conquête du palet a été nette. Roloson a toujours l'air de s'amuser à 39 ans. La défense a dominé le slot. Les deux lignes offensives fonctionnent déjà bien et Stamkos y a sa place. Les lignes d'attaque défensives demanderont par contre à être revues dans un autre contexte.

Désignés joueurs du match : Steven Stamkos pour le Canada et Mikhaïl Grabovsky pour le Bélarus.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Commentaires d'après-match

Glen Hanlon (entraîneur du Bélarus) : "Nous avons des joueurs comme Kovryshin et Usenko qui jouent dans le championnat du Bélarus. Et pour leur premier match à ce niveau, ils faisaient face à deux douzaines de joueurs de NHL à la fois. C'est comme demander à un analphète d'écrire le compte-rendu de la finale du championnat du monde...

 

Bélarus - Canada 1-6 (0-2, 0-0, 1-4)

Vendredi 24 avril 2009 à 16h15 à Kloten. 5232 spectateurs.

Arbitrage de Sami Partanen et Jyri Petteri Rönn (FIN) assistés d'Antti Orelma (FIN) et Peter Sabelström (SUE).

Pénalités : Bélarus 10' (4', 6', 0'), Canada 10' (0', 8', 2').

Tirs : Bélarus 24 (4, 12, 8), Canada 42 (18, 11, 13).

Évolution du score :

0-1 à 01'05" : Stamkos assisté de St. Louis et Doan

0-2 à 14'29" : Stamkos assisté de Doughty (sup. num.)

0-3 à 44'27" : Spezza assisté de Heatley et Neal

0-4 à 46'01" : Fisher assisté de Neal et Armstrong

0-5 à 50'44" : Heatley assisté de Spezza

1-5 à 52'44" : Grabovsky assisté de Salei

1-6 à 54'05" : Heatley assisté de Spezza et Roy

 

Bélarus

Gardien : Vitali Koval.

Défenseurs : Aleksandr Ryadinsky - Ruslan Salei (A) ; Andrei Bashko - Andrei Antonov ; Viktor Kastyuchonak - Ivan Usenko.

Attaquants : Dmitri Meleshko - Andrei Mikhalev - Jaroslav Chuprys ; Aleksei Ugarov - Mikhaïl Grabovsky - Aleksei Kalyuzhny ; Konstantin Koltsov (C) - Evgeni Kovryshin - Sergei Demagin ; Oleg Antonenko (A) - Andrei Stas - Aleksandr Kulakov.

Remplaçant : Andrei Mezin (G).

Canada

Gardien : Dwayne Roloson.

Défenseurs : Shea Weber (A) - Dan Hamhuis ; Chris Phillips - Drew Doughty ; Luke Schenn - Ian White.

Attaquants : Derek Roy - Jason Spezza - Dany Heatley (A) ; Shane Doan (C) - Steven Stamkos - Martin St Louis ; Matthew Lombardi - Shawn Horcoff - Scottie Upshall ; James Neal - Mike Fisher - Colby Armstrong.

Remplaçant : Josh Harding (G).

 

Retour aux championnats du monde