Dynamo Moscou - Ak Bars Kazan (22 mars 2009)

 

Demi-finale de la KHL, match 3.

Le Dynamo Moscou, le moins bien classé des demi-finalistes (7e lors de la saison régulière), est impressionnant au cours de ces play-offs : ni le Dinamo Riga ni le CSKA Moscou de Slava Bykov n'ont pu lui prendre une seule manche, ce qu'ont réussi les panthères de Kazan dans leur Tatneft Arena, jeudi (4-1), avant de s'incliner vendredi en prolongation sur un but de Weinhandl (2-3). Les Tatars, en revanche, ont souffert mille maux en quarts de finale face à l'Avangard Omsk ressuscité et n'ont éliminé les Sibériens qu'en cinq matches. Les demi-finales, elles, se déroulent pour la première fois au meilleur des sept manches...

Dos à dos à une victoire partout, les deux équipes s'installent dans la capitale pour une sorte de finale avant la lettre entre l'équipe en forme du moment et l'effectif le plus dense de la saison régulière en l'absence du Salavat Yulaev Ufa, champion en titre prématurément sorti de route.

Fatigue du voyage depuis le Tatarstan vers la capitale (peu probable) ? Méfiance mutuelle (plus plausible) ? Toujours est-il que le premier tiers est peu emballant. Rapide certes, mais pingre en émotions. Seules les bandes et le plexi travaillent, très fréquentées par deux équipes qui testent la solidité des épaules adverses. On retiendra tout de même, en fin de tiers, un 3 contre 1 moscovite gâché par Kasyanchuk et un lancer de la neutre du même, sur le buzzer et dans la mitaine de Norrena. Au moment de rentrer aux vestiaires, Landry et Medvedev s'invectivement gentiment et récoltent chacun un 2'+2', seule occasion pour l'assistance de la Luzhniki Arena de frémir dans ses mocassins vernis.

On s'ennuie, on s'ennuie ! Vladimir Vujtek entend l'appel et pédale pour enclencher la dynamo (on rit bien fort) et réveiller ses hommes. Dès le retour, Kalyuzhny, décalé par Zinoviev, lance de peu au-dessus avant qu'Alekseï Zhitnik et son slap atomique (mais n'est-ce pas une faute de goût que de parler de slap atomique pour un natif d'Ukraine ?) n'entrent en scène pour deux lancers identiques sur Norrena. Ensuite, Karel Rachunek, saisi par la débauche, dévale la glace et arme lui aussi, mais dans la mitaine de Norrena qui avait bien fermé l'angle. Enfin, Denisov tente sa chance dans le plastron du gardien finlandais qui, à lui seul, a épongé l'orage.

En face, seuls les duettistes finlandais Niko Kapanen et Jukka Hentunen auront réellement été dangereux en se répartissant ainsi les rôles : le premier gratte les palets et le second récolte. Cela finit d'abord par un faible lancer du revers sur Yeremeyev puis au deuxième essai, une interception de Kapanen dans la crosse (dans les patins, même) de Nepryaev offre un un-contre-un à Hentunen... que Nepryaev contrecarre en retenant le n°55 tatar. La prison est évidente mais le duo arbitral n'accorde pas de tir de pénalité. Dommage car Kazan ne fera rien de son powerplay et manquera même de se faire surprendre dès le retour à cinq par un nouveau lancer de Zhitnik sur l'excellent Norrena.

À la mi-match, la supériorité moscovite est apparente mais Kazan reste dans le match grâce à son atout majeur de l'après-midi, Fredrik Norrena, chaud bouillant au contraire de la ligne Zaripov-Mårtensson-Morozov, transparente, tandis que Zinoviev, désormais sous l'autre maillot, travaille autant que les trois réunis.

Méfions-nous cependant du talent qui dort. Repliés sur leur cerbère, les Tatars jouent le contre à outrance, ce qui se voit comme le nez au milieu de la figure et manque de fonctionner quand Klimenko dévie un lancer de Petrov... sur le poteau droit d'Eremeïev. Le frisson passé, Kasyanchuk part en breakaway mais échoue sur qui vous savez. Obukhov, curieux de voir comment son gardien se débrouille en infériorité, part en geôle pour accrocher. Le Dynamo finit la période à cinq contre quatre mais ni Pestushko, ni Landry ni Denisov ne font vibrer les filets. "Null-null" à vingt minutes du terme.

Le troisième tiers doit être celui de la décision. On attend donc une entrée dynamique du Dynamo (on rit encore plus fort), comme lors de la période précédente, mais il lambine. Stepanov l'alerte en ratant sa reprise sur un service de Badyukov, mais ça ne suffit pas. Alors la sanction tombe. Medvedev va chercher un palet en haut de sa zone dans la crosse de Yachmenev et alerter Zaripov sur l'aile droite. Son lancer balayé se glisse entre la botte et le poteau gauche d'Eremeïev, qui a mal fermé l'angle (0-1, 43'42"). De l'inconvénient de ne pas avoir un Norrena dans sa cage...

Car la fin du match va se résumer à un affrontement entre lui et l'attaque dynamiste. Les Tatars tissent leur toile défensive, font preuve d'une irréprochable discipline, gardent le palet le plus loin possible et de leur zone et, pour le reste, font confiance à leur gardien. À la mi-tiers, seuls Zhitnik et Pestushko l'ont taquiné. Sentant l'écurie, les bleus s'agitent enfin et Markov, d'un lancer frappé, le contraint à laisser un rebond, inexploité. Pressé par le temps, le Dynamo forechecke à outrance mais, constatant surtout son impuissance, s'en remet aux initiatives individuelles (Afanasenkov) ou, pire, à l'intimidation, Cajanek provoquant tout ce qui est blanc.

Les panthères de Kazan se rient de tout cela. Zaripov manque le deuxième but d'un cheveu en breakaway et même la sortie (tardive) d'Eremeïev ne les inquiète pas. Ak Bars reprend donc l'avantage dans la série et peut rêver d'un nouveau titre après celui de 2006. Ce serait l'affirmation de la suprématie du Tatarstan sur le sport russe après la victoire du Rubin Kazan en championnat de Russie de football, fin 2008.

Compte-rendu signé François Borel-Hänni / photos khl.ru

 

Dynamo Moscou - Ak Bars Kazan 0-1 (0-0, 0-0, 0-1)

Dimanche 22 mars 2009 à la Luzhniki Arena. 8300 spectateurs.

Arbitrage de Konstantin Olenin (Moscou) et Sergei Kulakov (Tver).

Pénalités : Dynamo 10' (8', 2', 0'), Kazan 10' (6', 4', 0').

Tirs : Dynamo 48, Kazan 31.

Évolution du score :

0-1 à 43'42" : Zaripov assisté de Medvedev

 

Dynamo Moscou

Gardien : Vitaly Yeremeyev (KAZ) [sorti à 58'48"].

Défenseurs : Alekseï Zhitnik - Gennadi Razin (UKR/RUS) ; Daniil Markov (C) - Sergei Vyshedkevich ; Denis Denisov - Karel Rachunek (TCH).

Attaquants : Alekseï Kalyuzhny (BLR/RUS) - Sergeï Zinoviev - Vitali Yachmenev ; Matthias Weinhandl (SUE) - Éric Landry (CAN) - Petr Cajanek (TCH) ; Maksim Pestushko - Ivan Nepryaev (A) - Dimitri Afanasenkov ; Konstantin Kasyanchuk (UKR/RUS) - Aleksandr Goroshanski - Denis Tolpeko.

Remplaçants : Mikhaïl Biryukov (G), Igor Golovkov.

Ak Bars Kazan

Gardien : Fredrik Norrena (FIN).

Défenseurs : Andrei Pervyshin - Ilya Nikulin ; Evgeni Medvedev - Andrei Mukhachev ; Grigori Panin - Vyacheslav Buravchikov.

Attaquants : Danis Zaripov (A) - Tony Mårtensson (SUE) - Aleksei Morozov (C) ; Jukka Hentunen (FIN) - Niko Kapanen (FIN) - Dmitri Kazionov ; Aleksandr Stepanov - Aleksei Badyukov - Oleg Petrov ; Dmitri Obukhov - Nikita Alekseev - Gleb Klimenko.

Remplaçant : Stanislav Galimov (G). Absent : Aleksei Emelin (fracture de l'orbite).

 

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