Metallurg Magnitogorsk - Zurich SC Lions (21 janvier 2009)

 

Ligue des Champions, finale aller.

Un exploit mais des regrets

Le tenant du titre Magnitogorsk a peut-être fait le plus dur en éliminant dans un incroyable retournement de dernière minute le champion de Russie, le Salavat Yulaev Ufa, mais les déclarations sont très prudentes avant la finale : les Suisses ont réussi une excellente Ligue des Champions même si n'ont pas encore croisé la route d'une équipe russe. Les ZSC Lions ont pris confiance à force d'accumuler les exploits européens et rien ne semble les arrêter.

Zurich n'est pas du tout impressionné par l'identité de son adversaire, c'est tout de suite évident. Les Lions mordent d'entrée, ils assiègent la zone adverse tandis qu'un Trudel déchaîné multiple déjà les tirs. Lorsque le palet est contré, le repli défensif est très appliqué et contrôle bien la vitesse de Magnitogorsk. Les pertes de palet et les erreurs sont en fait commises par les bleus. Aleksandr Seluyanov et ses collègues de la défense paraissent parfois en vraie panique. Et c'est en toute logique que le ZSC ouvre le score sur un centre de Domenic Pittis coupé par Jean-Guy Trudel (0-1).

Les Russes ne sont toujours pas entrés dans le match, au point que les Suisses ne se contentent plus d'un jeu direct. Ils se permettent une série de passes "à la russe" qui semble dérouter totalement la défense ouralienne, laissant la cage ouverte pour Adrian Wichser (0-2). Le meilleur marqueur de la compétition n'avait que des assistances à son compteur, il y ajoute cette fois un but. Il faut ces deux unités de retard pour que le Metallurg se mette enfin à jouer. Il faut dire qu'on en était à ce moment à 16 tirs à 1 pour Zurich ! Les bleus contrôlent donc le palet pendant la fin de tiers, sans se montrer excessivement dangereux avec quelques tirs mollassons qui ne rééquilibrent pas la balance.

La deuxième période débute en version française puisque la sono de Magnitgorsk passe Ella elle l'a ! Pour l'instant, on a l'impression que le Metallurg interprète une autre chanson écrite par Michel Berger : "Je m'en irais dormir dans le paradis blanc"...

Oui, Magnitogorsk joue un peu mieux. Mais il était difficile de faire pire... Le jeu est équilibré, c'est tout. Et même en supériorité numérique, le capitaine Vitali Atyushov se fait contrer à la ligne bleue par Jean-Guy Trudel qui part en breakaway. Le gardien Ilya Proskuryakov, une fois de plus, sauve le pire. Le Metallurg essaie, mais n'arrive pas à passer la vitesse supérieure. Il semble comme souvent confiné à son rythme, qui n'est tout simplement pas le bon ce soir. Les joueurs russes paraissent aussi très fatigués, à l'instar d'Evgeni Varlamov qui reste une bonne minute sur le banc pour arriver à reprendre son souffle à la fin du deuxième tiers.

Les Zurichois n'ont plus que vingt minutes à tenir, et ils défendent parfaitement, ne laissant pas le moindre espace dans leur enclave. Les tirs lointains, même soignés, sont bien lus par Ari Sulander. Et même quand le gardien finlandais est en mauvaise position sur un rebond, ses coéquipiers font barrage devant le tir ou écartent le palet.

Sur une rare contre-attaque suisse à dix minutes de la fin, un blanc est balancé dans la cage par Bulin et les Lions se voient accorder un tir de pénalité. Jan Alston manque alors le but du K.O. : il pousse trop son palet et Proskuryakov le lève de la crosse pour le cueillir tranquillement dans son gant. Une occasion ratée qui coûte cher puisque Magnitogorsk marque sur l'action suivante ! La reprise de Vitali Atyushov à la bleue est puissante, mais surtout Jaroslav Kudrna marque totalement Sulander. La défense suisse a pour la première fois oublié de verrouiller son slot, en permettant à l'attaquant tchèque de faire écran si près du gardien (1-2).

Magnitka a finalement débloqué la situation mais doit encore égaliser. Denis Khlystov, très actif ce soir dribble dans la zone offensive mais tire à droite de la cage. À quatre minutes de la fin, Thibaut Monnet s'échappe en solitaire, mais le palet lui échappe dans sa feinte devant le gardien. Et voilà le second gros regret après le tir de pénalité d'Alston... À deux minutes de la fin, Tomas Rolinek entre en zone sur la gauche et prend un tir apparemment anodin mais très rapidement exécuté. Ari Sulander se laisse surprendre et ferme ses jambières un centième de seconde trop tard : le palet est passé (2-2). Un crève-coeur pour Sean Simpson qui appelle son temps mort.

Les Russes se sentent soudain pousser des ailes. Evgeni Varlamov prend un cinglage de Mathias Seger et en perd sa crosse : supériorité numérique à huit secondes de la fin. Sulander doit arrêter encore deux tirs dans la panique de cette fin de match, et c'est tout puisqu'il n'y a pas de prolongation en CHL.

Dans ce système, le match nul donne un point aux deux équipes, et c'est donc le vainqueur du match retour qui soulèvera le trophée. Rendez-vous donc dans une semaine... à Rapperswil, puisque le Hallenstadion de Zurich est encore occupé par une autre manifestation. Mais les Lions sont passés à côté d'un très gros coup : une victoire leur aurait permis de ne pas craindre la défaite au retour, avec la possibilité de se raccrocher aux branches des tirs au but quoi qu'il arrive.

Le Metallurg Magnitogorsk s'est sorti d'un mauvais pas, mais son manque d'intensité, qui lui avait déjà coûté la Coupe Victoria contre les New York Rangers, l'a exposé à une équipe suisse vaillante et déterminée qui l'a bousculé et qui aurait à vrai dire mérité de gagner.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Commentaires d'après-match

Valeri Belousov (entraîneur de Magnitogorsk) : "Je n'ai pas aimé notre qualité de jeu de la première période. C'est parce que le match débutait à une heure inhabituelle pour nous, à 21h30. Nous n'avons pas su comment nous préparer proprement. Ce n'est qu'en deuxième période que nous nous sommes réveillés."

Mathias Seger (capitaine de Zurich) : "La douleur d'avoir perdu un point est pour l'instant la plus forte, et la déception est énorme. Nous étions si près de la victoire. Nous avons pu surprendre les Russes par notre jeu et ils nous ont sûrement sous-estimés. Malheureusement nous sommes devenus trop passifs et nous leur avons donné trop d'espaces. Le principale enseignement, c'est cependant que nous avons pu rivaliser. Nous devons maintenant analyser avec l'entraîneur et en tirer les leçons. Au retour, nous ne pourrons plus les surprendre, et nous aurons besoin de deux ou trois tiers-temps aussi forts que le premier tiers ce soir."

 

Metallurg Magnitogorsk (RUS) - ZSC Lions (SUI) 2-2 (0-2, 0-0, 2-0)

Mercredi 21 janvier 2009 à 21h30 à l'Arena Metallurg. 7700 spectateurs.

Arbitrage de Radek Husicka et Vladimir Sindler (TCH) assistés de Petr Blümel et Roman Pouzar (TCH).

Pénalités : Magnitogorsk 8' (2', 6', 0'), Zurich 8' (0', 6', 2').

Tirs : Magnitogorsk 35 (9, 13, 13), Zurich 28 (17, 6, 5).

Évolution du score :

0-1 à 09'14" : Trudel assisté de Pittis et Schelling

0-2 à 12'05" : Wichser assisté de Gardner et Sejna

1-2 à 51'01" : Atyushov assisté de Marek

2-2 à 59'17" : Rolinek assisté de Varlamov

 

Metallurg Magnitogorsk

Gardien : Ilya Proskuryakov.

Défenseurs : Evgeni Varlamov - Vitali Atyushov (C) ; Evgeni Biryukov - Vladimir Malenkikh ; Vladislav Bulin (A) - Aleksandr Seluyanov.

Attaquants : Jan Marek - Tomas Rolinek - Jaroslav Kudrna ; Denis Platonov - Aleksei Kaigorodov (A) - Igor Mirnov ; Stanislav Chistov - Nikolai Zavarukhin - Denis Khlystov ; Konstantin Pushkarev - Evgeni Fedorov - Vadim Ermolaeïev.

Remplaçants : Andrei Mezin (G), Rinat Ibrahimov, Yaroslav Khabarov. Absents : Anton Glovatsky, Mikhaïl Churlyaev (blessés), Vadim Shakhraïchuk (non qualifié en CHL), Karel Pilar (écarté, parti au Sparta Prague), Aleksei Simakov (écarté, parti au CSKA).

ZSC Lions

Gardien : Ari Sulander.

Défenseurs : Radoslav Suchy - Severin Blindenbacher ; Mathias Seger (C) - Patrick Geering ; Daniel Schnyder - Philippe Schelling.

Attaquants : Jean-Guy Trudel - Domenico Pittis - Blaine Down ; Ryan Gardner (A) - Peter Sejna - Adrian Wichser (A) ; Thibaut Monnet - Jan Alston - Mark Bastl ; Lukas Grauwiler - Oliver Kamber - Alexei Krutov.

Remplaçants : Lukas Flueler (G), Claudio Cadonau, Kevin Gloor. Absents : Beat Forster (parti à Davos), Andri Stoffel (épaule, saison terminée), Cyrill Bühler (commotion cérébrale).

 

Retour à la Ligue des Champions