Salavat Yulaev Ufa - Metallurg Magnitogorsk (7 janvier 2009)

 

Ligue des Champions, demi-finale retour.

Comment tout gâcher

Les Russes considérant cette demi-finale comme la finale avant la lettre, le vainqueur se verrait presque proclamé champion d'Europe. Le Salavat Yulaev Ufa est le principal prétendant à ce rang. Il a bien muselé le Metallurg Magnitogorsk dans l'Oural, et n'a plus qu'à faire de même chez lui.

En face, le gardien Ilya Proskuryakov était malade ces derniers jours, mais il a finalement retrouvé sa place et a encore été préféré à Mezin. Il n'a peut-être plus de fièvre, mais il a tout de suite très chaud car il doit réussir cinq bons arrêts dès la première infériorité numérique.

Mais lorsque c'est au tour d'Ufa de se faire prendre par la patrouille, pour un bête surnombre, cela devient carrément bouillant devant le but local. Une mêlée de joueurs se forme devant le gardien d'un côté de la cage, et pendant ce temps-là, le palet échappe à Aleksandr Eremenko qui avait essayé d'y poser sa mitaine et fuit discrètement cet attroupement de fous (on se croirait dans un album d'Astérix) pour filer de l'autre côté. Un hurlement effrayé parcourt le public car Aleksandr Seluyanov arrive lancé à tout berzingue vers cette rondelle libre... Le gardien Eremenko n'est pas dans une position enviable mais il parvient à tendre le bras droit pour repousser in extremis ce palet un instant avant l'arrivée du défenseur de Magnitogorsk. Il aura encore un réflexe salvateur un peu plus tard avec un pokecheck sur un palet arrivé vers Kudrna devant la cage. Ce premier tiers-temps montre ainsi que les deux gardiens sont au rendez-vous. 

À une minute et quinze secondes de la fin du premier tiers-temps, Vladimir Vorobiev, juste avant de se faire sévèrement envoyer contre la bande, réussit une passe de derrière la cage pour Aleksei Tereshchenko, qui est fait trébucher par Biryukov. La pénalité est pour ce dernier, mais Vorobiev, groggy, rentre aux vestiaires. Les tirs se multiplient en supériorité, jusqu'à ce que le lancer de Proshkin soit contré. Le rapide repli défensif d'Ufa fait avorter la contre-attaque, mais alors que la sirène a retenti, Mikeska arrive genou contre genou sur Tereshchenko qui se relève à son tour difficilement. Avec l'inséparable duo Vorobiev-Tereshchenko, on s'attaque à des symboles de victoire, deux joueurs qui ont gagné trois fois le championnat russe en quatre ans avec le Dynamo, Kazan puis Ufa. Il ne faudrait pas que le match passe des petites provocations hors du jeu à des gestes prêtant plus à conséquence. On est rassuré à la reprise : les deux joueurs se présentent d'entrée à l'engagement.

Les deux équipes semblent bien en place, mais dès la deuxième minute du deuxième tiers, une longue passe depuis la zone défensive renverse le jeu à la surprise générale et sert Konstantin Koltsov à la ligne bleue. L'attaquant biélorusse échappé tire cependant dans le plastron de Proskuryakov. Ensuite, une relance simple envoyée par Vyacheslav Seluyanov dans le dos de Taratukhin est récupérée par l'adversaire à la bleue et permet à la ligne tchèque de Magnitogorsk de mettre le feu dans la zone locale.

Le jeu est finalement très équilibré depuis le début du match, à une exception près : quand Ufa se retrouve en supériorité numérique. La pénalité de retard de jeu contre Khlystov est ainsi fatale, car Ilya Proskuryakov, sans doute masqué, se fait surprendre par le lancer de la bleue d'Oleg Tverdovsky (1-0).

Jan Marek accroche ensuite son "grand ami" (voir déclarations) Radulov qui prend de la vitesse en zone neutre. Pendant ce nouveau jeu de puissance, une passe de derrière la cage de Tereshchenko est déviée par la crosse du gardien mais tout de même reprise par Perezhogin pour une nouvelle situation chaude. Radulov aussi tâte de la prison pour une crosse haute, mais sans conséquence. La meilleure occasion de ces deux minutes est même Ufa : Miroslav Blatak profite d'un changement de ligne adverse pour envoyer son compatriote tchèque Michal Mikeska en échappée, cependant le défenseur Evgeni Biryukov vient lui enlever le palet par-derrière par un spectaculaire plongeon en totale extension.

Le Salavat Yulaev Ufa aborde donc la troisième période avec un but d'avance, mais pas de la meilleure des manières, avec deux dégagements interdits. Le champion de Russie n'arrive plus à réussir une seule sortie de zone propre et Magnitogorsk confisque le palet. Les verts ne sont-ils pas un peu imbus de leur certitude de pouvoir museler l'attaque ouralienne comme ils l'ont fait à l'aller ?

Ils le paient en tout cas très cher. Vitali Atyushov passe à Jan Marek près de la cage qui marque un but d'extraterrestre en déviant ce palet, de derrière la ligne de fond, dans l'arrière de la botte d'Eremenko (1-1). Sur l'action suivante, Igor Mirnov passe de derrière la cage pour Denis Platonov qui reprend instantanément dans la jambière du gardien avant de prendre son propre rebond (1-2). Ufa, qui n'avait encaissé qu'un but en cent minutes, en a pris deux en une minute ! Les verts sont sous le choc, et Proshkin prend une pénalité. Le Metallurg, lui-même surpris des évènements, n'arrive pas à en profiter pour porter le coup de grâce.

Le buteur décisif Denis Platonov prend une pénalité vraiment stupide en zone offensive. Mais même dans son exercice favori, le Salavat est devenu chancelant, à l'instar d'Oleg Tverdovsky qui glisse tout seul à la ligne bleue. Les blancs reviennent donc à cinq et reprennent le contrôle du jeu. Ufa tente de presser à fond les défenseurs adverses, mais sur un dégagement de la main par un défenseur dans le slot, Igor Mirnov récupère le palet dans la zone neutre, part seul malgré une pénalité différée et tire entre les jambières d'Eremenko. Les arbitres discutent pour savoir s'il ne faut pas qualifier cela de passe à la main, mais ils valident le but (1-3).

Frustrés, les joueurs d'Ufa ? Sûrement, à voir Aleksandr Radulov se rendre coupable d'une charge inqualifiable, très en retard, dirigée sur le capitaine adverse Vitali Atyushov qui regardait dans l'autre sens. Triste comportement du vilain garnement au numéro 47 qui a l'air de tenir absolument à se conforter au portrait que Marek avait dressé de lui. Il écope de deux minutes minimales, alors qu'Atyushov rentre aux vestiaires.

Le temps file et Magnitka ne peut plus que se faire peur lui-même, quand son gardien Ilya Proskuryakov perd sa crosse en cherchant à contrer un attaquant derrière sa cage. Il en perd l'équilibre, et se retrouve allongé devant sa cage en essayant de se rétablir, sans qu'Ufa en profite.

On arrive aux tirs au but, où l'on sait que Magnitogorsk dispose d'un atout énorme, Jan Marek. En plus, le tirage au sort permet au Tchèque de s'élancer en premier. Il trouve un trou de souris entre les cuisses d'Eremenko, juste au-dessus de l'endroit protégé par les jambières. Voilà qui met une très grosse pression sur Ufa. Le tir d'Aleksei Tereshchenko est détourné par la botte gauche de Proskurkyakov et l'avantage est déjà pour les visiteurs. Igor Mirnov peut alors s'élancer en toute décontraction et placer tranquillement le palet entre les jambières. À 2-0, ça sent le roussi pour les verts. Aleksandr Perezhogin tente une feinte de tir et bifurque à gauche, mais Ilya Proskuryakov ne s'est pas laissé piéger et repousse le palet avant de sauter de joie.

Les joueurs de Magnitka sont en finale et peuvent plonger de bonheur sur la glace en direction de leurs supporters qui ont fait le déplacement en Bashkirie. Une qualification inattendue, qui paraissait longtemps impossible, mais qui n'est pas imméritée.

Le Salavat avait la qualification presque dans la poche, il avait tout pour réussir. Il paraissait être le légitime champion d'Europe, l'indiscutable meilleure équipe du continent. Il aurait pu creuser un écart définitif sur deux longues passes absolument magnifiques. Et finalement, il a tout perdu par un début de troisième tiers totalement raté qui tenait presque du refus de jeu.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Salavat Yulaev Ufa (RUS) - Metallurg Magnitogorsk (RUS) 1-3 (0-0, 1-0, 0-3)

Mercredi 7 janvier 2009 à 20h00 à l'Arena Ufa. 8500 spectateurs.

Arbitrage de Sören Persson et Marcus Vinnerborg (SUE) assistés de Christian Jonsson et Fredrik Ulriksson (SUE).

Pénalités : Ufa 8' (2', 2', 4'), Magnitogorsk 10' (4', 4', 2').

Tirs : Ufa 26 (11, 7, 8), Magnitogorsk 29 (7, 7, 15).

Évolution du score :

1-0 à 27'45" : Tverdovsky assisté de Proshkin et Tereshchenko (sup. num.)

1-1 à 43'58" : Marek assisté de Kudrna

1-2 à 44'22" : Platonov assisté de Mirnov

1-3 à 53'30" : Mirnov

 

Salavat Yulaev Ufa

Gardien : Aleksandr Eremenko.

Défenseurs : Kirill Koltsov - Vitali Proshkin ; Miroslav Blatak - Steven McCarthy ; Vyacheslav Seluyanov - Oleg Tverdovsky.

Attaquants : Aleksandr Perezhogin - Alekseï Tereshchenko (A) - Vladimir Vorobiev ; Konstantin Koltsov - Michal Mikeska - Vladimir Antipov (C) ; Ruslan Nurtdinov - Andreï Taratukhin (A) - Aleksandr Radulov ; Andrei Sidyakin - Aleksei Medvedev - Leos Cermak.

Remplaçants : Vadim Tarasov (G), Pavel Doronin, Egor Dubrovsky. Absents : Aleksei Shkotov (convalescent), Petr Vampola (non qualifié en CHL), Igor Shchadilov (opéré de l'œil), Mikhaïl Chernov (blessé), Sergei Klimentiev (non qualifié en CHL), Igor Grigorenko (commotion cérébrale), Andrei Kuteykin (blessé).

Metallurg Magnitogorsk

Gardien : Ilya Proskuryakov.

Défenseurs : Evgeni Varlamov - Vitali Atyushov (C) ; Evgeni Biryukov - Vladimir Malenkikh ; Vladislav Bulin (A) - Aleksandr Seluyanov.

Attaquants : Jan Marek - Tomas Rolinek - Jaroslav Kudrna ; Denis Platonov - Aleksei Kaigorodov (A) - Vadim Ermolaeïev ; Stanislav Chistov - Nikolai Zavarukhin - Igor Mirnov ; Evgeni Fedorov - Denis Khlystov - Konstantin Pushkarev.

Remplaçants : Andrei Mezin (G), Rinat Ibrahimov, Karel Pilar. Absents : Anton Glovatsky, Mikhaïl Churlyaev (blessés), Vadim Shakhraïchuk (non qualifié en CHL), Aleksei Simakov.

 

Retour à la Ligue des Champions