SC Berne - Blues Espoo (22 octobre 2008)

 

Ligue des Champions, groupe B.

La tanière est vide

La très nette défaite de Berne à Jönköping lors de la première journée de compétition a été durement commentée dans la presse helvétique, vexée.

La Suisse attend beaucoup mieux de son meilleur représentant, qui a pris la tête du championnat après deux blanchissages de Marco Bührer ce week-end contre Genève (4-0) et à Ambrì (5-0). Berne est le fleuron de la LNA, le club qui détient la meilleure affluence d'Europe.

Cela ne se voit pas ce soir, avec beaucoup de sièges vides. Seules les places debout sont remplies. La moyenne des spectateurs du SCB est habituellement obtenue avec un grand nombre d'abonnés. Or, la Ligue des Champions n'est pas incluse dans les abonnements, et pour cause puisque Berne, seul qualifié passé par le tour préliminaire, n'avait aucune garantie d'en être. Déjà ponctionnés par le match contre les New York Rangers et la Coupe Victoria, les fans de la capitale confédérale ne sont pas tous prêts à payer de nouveau pour un match international, qui peut être regardé à la télévision locale. La plupart des rencontres de LNA se jouent le vendredi et le samedi, et les matches en semaine font moins recette. Il faut compter qui plus est avec la concurrence de la Ligue des Champions... de football (Bâle-Barcelone... 0-5). Résultat, alors que la barre des dix mille spectateurs avait été franchie à chaque match depuis six ans, ils sont moins de sept mille dans les tribunes...

Les Ours semblent au rendez-vous en mettant la pression d'entrée avec un bon patinage. Mais ils prennent un gros coup sur la tête au bout de trois minutes quand les Finlandais transforment leur première occasion... Toni Kähkonen feinte le lancer en entrant en zone offensive et le défenseur canadien Travis Roche se laisse totalement "berner" en s'agenouillant devant lui. Il n'a plus qu'à le dribbler avant de battre en angle fermé un Marco Bührer lui aussi "berné" car trop avancé (0-1, 03'19").

L'élan suisse est totalement cassé. Le SCB est pris à la gorge pendant une pénalité de Plüss, et même quand Simon Gamache récupère le palet, il n'arrive pas à le dégager. Les Bernois ont à peine le temps de souffler qu'ils jouent 1'45" à trois après deux "accrocher" consécutifs de Bordeleau et Gerber. Une phase de jeu marquée par l'incroyable erreur d'Ismo Kuoppala, qui rate le palet à la bleue et voit alors Martin Plüss partir seul au but et glisser le palet sous Bernd Brückler. But en double infériorité numérique ? Non, il est en fait annulé pour crosse haute : l'action est partie d'un tir dévié en l'air devant la cage, et Travis Roche a écarté le palet en faisant tournoyer sa crosse en l'air. Espoo s'est fait très peur et ne tirera pas profit de ses lancers à la cage pendant cette phase de 5 contre 3.

Berne tarde à s'installer pour sa part sur sa seule supériorité numérique. Christian Dubé arrive à percer sur la gauche mais Sébastien Bordeleau, parfaitement placé au second poteau, n'arrive pas à dévier sa passe. Plus dangereux encore, Ivo Rüthemann croit avoir atteint l'intérieur du petit filet mais a touché en réalité le poteau opposé ! Le problème des Suisses, c'est qu'ils commettent des erreurs individuelles impardonnables à ce niveau : Pascal Berger perd ainsi le palet en essayant de dribbler un joueur à sa ligne bleue défensive ! Sami Ryhänen, l'ancien attaquant de Strasbourg et de Clermont-Ferrand qui a atteint le sommet de sa carrière en signant à Espoo, lui vole le palet mais son tir échoue sur Bührer.

Du côté des Blues, c'est le gardien autrichien Bernd Brückler qui est le plus décevant dans cette première période : sur une sortie derrière sa cage, il se fait devancer par Pascal Berger qui tente le tour de la cage vide mais doit précipiter son geste et laisse échapper le palet au moment fatidique. Les Bernois ont donc eu quelques belles occasions non utilisées... et ils vont avoir encore plus le masque à la rentrée aux vestiaires. Sébastien Bordeleau part en effet en prison et Erkki Rajamäki, dans le cercle gauche, propulse le palet sous le bras droit de Bührer (0-2, 19'39").

Berne aborde aussi bien la deuxième période que la première, avec la maestria technique de Christian Dubé, avant de s'éteindre de nouveau. À la mi-match, les pénalités se retournent cependant contre les visiteurs et les Ours se retrouvent pendant deux minutes à 5 contre 3. On compte trois gros slaps de Bordeleau, un de Roche, et une succession de rebonds à bout portant, tous repoussés par un Bernd Brückler sur lequel il n'est plus question de mégoter. Quand le palet est enfin bloqué après une longue séquence installée, on peut presque entendre Clarke, Rajamäki et Ohman souffler... C'est surtout nerveusement que ce bombardement a été usant, car le triangle finlandais n'a pas eu beaucoup à bouger.

Ce deuxième tiers-temps a donc été dominé par les Suisses, parce que les prisons ont cette fois été finlandaises. La dernière occasion bernoise avant la pause intervient cependant en infériorité numérique. Ivo Rüthemann met en échec le jeune Juuso Puustinen contre la bande pour une récupération de palet dans la zone neutre. Patrik Bärtschi est lancé et sa passe transversale est reprise de volée par Martin Plüss... dans le plastron de Brückler.

À 42'54", Santeri Heiskanen fait trébucher Plüss par une dangereuse charge dans le genou. Une pénalité doublée car les Suisses font mesurer la crosse du Finlandais, dont la courbe s'avère illégale. Quatre minutes d'avantage numérique : une occasion que Berne ne peut plus laisser passer. Malgré les passes du vétéran Dubé et les tirs plus travaillés de Roche, la défense finlandaise écarte très vite les rebonds lorsque ce n'est pas Brückler qui bloque le palet. John van Boxmeer prend son temps mort car il sait que ce moment est capital. Sur un arrêt de jeu, Rajamäki donne un petit coup de poing à Dubé, le juge de ligne intervient immédiatement, mais Travis Roche tente de rendre la justice en attrapant le joueur finlandais par le cou pour le jeter à terre. Une réaction mal placée du défenseur canadien qui annule l'avantage numérique, d'autant que son compatriote Ramzi Abid a commis un cinglage dans la même action. Comme Roche a pris 2'+2' pour son geste, c'est même au tour d'Espoo de jouer en supériorité numérique.

Berne a perdu beaucoup de temps, mais finit par marquer quand on n'y croit plus, sur un tir anodin de Simon Gamache placé le long de la bande. Le palet à la trajectoire basse passe dans le trafic, sans que Dubé ne le dévie malgré un geste trompeur, et rentre au poteau opposé (1-2, 53'55"). Les Ours sortent de leur hibernation, avec le défenseur David Jobin pour lancer l'effort offensif. La pression est soutenue grâce à un bon travail dans les coins, et Jaakko Uhlbäck accroche Daniel Meier qui était à un contre deux sur un centre dans le slot. À un peu plus de deux minutes de la fin, c'est une pénalité providentielle pour le SCB... Marco Bührer quitte sa cage pour jouer la dernière minute à 6 contre 4, mais les Bernois se compliquent la vie et perdent le palet. Uhlbäck va marquer dans la cage vide sous les huées et les jets de gobelets vides, en raison d'une faute préalable (1-3, 59'55").

La victoire d'Espoo n'en est pas moins logique. Les nouveaux favoris de SM-liiga avaient l'équipe la plus homogène, avec quatre lignes qui travaillent d'égale manière. Des caractéristiques qui conviennent mal aux Suisses : les Finlandais sont leur bête noire, puisque dans les confrontations entre clubs des deux pays en compétition européenne, la dernière victoire helvétique remonte à... Kloten - TPS Turku en novembre 1995 !

Berne avait aussi battu le Jokerit Helsinki trois ans plus tôt, mais pour espérer gagner ce soir, il aurait fallu un scénario favorable. C'est tout le contraire qui s'est produit avec un but encaissé trop tôt. Le défenseur canadien Travis Roche et le gardien Marco Bührer, excellents en championnat, n'ont pas eu la même réussite sur la scène européenne. Dommage que les Ours aient attendu la fin de match pour prendre confiance et montrer enfin les dents.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

SC Berne (SUI) - Blues Espoo (FIN) 1-3 (0-2, 0-0, 1-1)

Mercredi 22 octobre 2008 à 19h30 à l'Allmend. 6756 spectateurs.

Arbitrage de Radek Husicka et Milan Minar (TCH) assistés de Vit Lederer et Rudolf Tosenovjan (TCH).

Pénalités : Berne 16' (8', 2', 6'), Espoo 20' (2', 10', 8').

Tirs : Berne 25 (4, 13, 8), Espoo 21 (11, 3, 7).

Évolution du score :

0-1 à 03'19" : Kähkonen assisté de Clarke

0-2 à 19'39" : Rajamäki assisté d'Öhman et Clarke (sup. num.)

1-2 à 53'55" : Gamache assisté de Roche

1-3 à 59'55" : Uhlbäck (cage vide)

 

SC Berne

Gardien : Marco Bührer [sorti de 59'00" à 59'55"].

Défenseurs : Thomas Ziegler (A) - Travis Roche ; Roman Josi - David Jobin ; Philippe Furrer - Beat Gerber (A) ; Philipp Rytz - Marc Leuenberger.

Attaquants : Simon Gamache - Christian Dubé - Ramzi Abid ; Ivo Rüthemann (C) - Sébastien Bordeleau - Trevor Meier ; Marc Reichert - Martin Plüss - Patrik Bärtschi ; Daniel Meier - Alex Chatelain - Pascal Berger.

Remplaçant : Jonas Müller (G). Absents : Reto Kobach, Alain Berger, Étienne Froidevaux.

Blues Espoo

Gardien : Bernd Brückler.

Défenseurs : Rami Alanko (C) - Mikael Kurki ; Ismo Kuoppala - Dale Clarke ; Miika Huczkowski - Santeri Heiskanen ; Ville Lajunen - Joonas Ronnberg.

Attaquants : Erkki Rajamäki (A) - Stefan Öhman - Ryan Keller ; Jaakko Uhlbäck - Sami Ryhänen - Petri Lammassaari ; Tomi Sallinen - Toni Kahkonen - Juuso Puustinen ; Jari Tolsa - Jani Lajunen - Patrik Lostedt.

Remplaçant : Mikko Koskinen (G). Absents : Ben Eaves, Petri Kokko (blessés), Joni Töykkälä (échangé au TPS contre Tero Konttinen).

 

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