États-Unis - Finlande (14 mai 2008)

 

Quart de finale des championnats du monde 2008.

La Finlande en habituée

La plus grossière erreur d'arbitrage du Mondial n'aura finalement pas eu de conséquence... sauf le renvoi du juge vidéo coupable. En poule, la Finlande a battu les États-Unis sur un but fantôme, puisque le palet a traversé le filet par le côté de la cage. Le ralenti était clair pout tout le monde... sauf pour le préposé à la vidéo. La conséquence au classement est nulle. Que les Finlandais ou les Américains terminent deuxièmes ou troisièmes, cela ne change rien. Avec la formule spéciale de cette année, tout est à refaire en quart de finale. Il n'y a même pas d'effet sur le coaching et la priorité des changements puisqu'il existe depuis longtemps dans le règlement IIHF une clause qui indique que la détermination de l'équipe "locale" officielle est inversée en phase finale par rapport au match de poule si les deux adversaires se sont déjà affrontés. Forcément, cette année, comme on ne bouge pas en quart de finale, ils se sont tous déjà rencontrés.

Les Américains, frustrés du "vol" de la défaite précédente, cherchent évidemment une revanche dans ce match, le seul qui compte vraiment. Mais la Finlande a confiance face à un adversaire qui lui réussit toujours. Les précédentes confrontations en quart de finale, aux derniers Mondiaux et aux Jeux Olympiques 2006, parlent pour elle.

L'envie américaine se heurte d'entrée à la prudente organisation nordique, aux sorties rapides personnifiées par Pyörälä, à l''origine de la première parade, hésitante, de Robert Esche. L'exilé de Kazan est par la suite très heureux de voir le capitaine Ville Peltonen, en position idéale, rater sa reprise. Les blancs contiennent bien leurs adversaires, qui abusent un temps de longues passes. Bien protégé, Niklas Bäckström peut assister en spectateur au relais entre Tuomo Ruutu et Olli Jokinen, sur la droite, pour une reprise du premier, du revers, sur laquelle Esche tarde à réagir (0-1 à 10'14"). Le mur blanc protège plutôt bien cette avance, seulement perturbé par deux essais côté droit de Drew Stafford, en hauteur, et Jason Pominville, repoussé par la jambière.

En difficulté lorsqu'il est question de porter le danger dans le camp adverse, du fait d''un manque de soutien auprès d''avants livrés à eux-mêmes, la Finlande reprend le jeu avec plus de verve, forçant Esche à s'interposer aux devants de Mikko Luoma, monté sur la gauche, et Olli Jokinen, posté sur l'autre aile. La faute de Greene sur le premier buteur offre rapidement une nouvelle occasion à l'avant des Panthères de Floride, qui décale Janne Niskala et son lancer puissant (0-2 à 25'45").

Forts de cette avance, les hommes de Doug Shedden reprennent leur besogne défensive. En face, les Américains ne profitent pas des rares errances adverses, comme la relance en forme de cadeau de Ville Koistinen, que Lee Stempniak redirige hors du cadre. Et si Jason Pominville rate lui aussi le coche devant un Bäckström en position peu confortable, Saku Koivu aurait pu donner un peu plus d'air aux siens face à la jambière de Robert Esche.

Les trois lancers de ses joueurs dans la période intermédiaire ternissent un peu plus le visage de John Tortorella et n''augurent rien de bon à l''orée de la dernière ligne droite, qu'ils doivent entamer avec plus d'enthousiasme pour éviter un nouveau retour prématuré au bercail. Dustin Brown montre la voie à suivre, mais Niklas Bäckström demeure bien en place. Le portier du Wild est de surcroît bien protégé par une forêt de patins et un placement toujours ténu, à l''origine de lancers américains trop excentrés pour gagner en létalité. Seul un lancer de Lee Stempniak, difficilement maîtrisé, marque un jeu de puissance moins rôdé que lors des dernières sorties.

La Finlande envisage donc la suite avec sérénité, d'autant qu'une faute de Dustin Brown contrecarre une nouvelle opportunité de jeu de puissance. Phil Kessel ne s'en laisse pas compter et initie une action au centre de la glace, se postant au bon moment devant le but pour dévier le lancer de Tim Gleason (1-2 à 55'44"). La partie est soudainement relancée, d''autant que, dès la reprise, Drew Stafford laisse Bäckström pantois d'un lancer depuis la droite (2-2 à 56'21"). Sur le coup, John Tortorella esquisse même une sorte de sourire rarement aperçue en Floride cette saison...

Incapable de réagir en supériorité, la Finlande s''expose subitement à une élimination inenvisageable quelques minutes auparavant. Parviendra-t-elle finalement à glaner sa place en demi-finales pour une troisième année consécutive ? Ou bien les États-Unis empocheront-ils leur première victoire à ce stade de la compétition depuis le tir au but victorieux d'Andy Roach en 2004 ?

Phil Kessel, de la droite, et Zach Parise, en visant au ras du poteau gauche, ratent le cadre et par là même l''occasion d''éteindre les espoirs des Finlandais. Ces derniers ne tardent pas à réagir par Teemu Selänne, servi par Lepistö, mais Esche bloque la rondelle. Le jeu demeure toutefois en zone américaine car la mise en jeu est remportée par Saku Koivu, permettant à Sami Lepistö de délivrer sa formation d'un lancer lointain (2-3 à 63'59").

Un dénouement heureux, mais les hommes de Doug Shedden auraient pu s''épargner les frayeurs sans une fin de troisième tiers calamiteuse. Leur système défensif aura su fonctionner pendant la majeure partie de la rencontre, et devra tenir soixante minutes (au moins) face à une Russie revancharde, un an après le coup de semonce de la Khodynka Arena.

Désignés joueurs du match : Tuomo Ruutu pour la Finlande et Robert Esche pour les États-Unis.

Désignés trois meilleurs Américains du tournoi : Dustin Brown, Zach Parise et Paul Martin.

Compte-rendu signé Mathieu Hernaz

 

Commentaires d'après match :

John Tortorella (entraîneur des États-Unis) : "Nous avons bien joué. Nous n'avions pas beaucoup lâché, et eux non plus, Nous avons réussi à prendre le dessus en troisième période pour revenir à égalité. C'est dur de perdre ainsi, sur un engagement sans vainqueur. En fait, nous l'avons même gagné, mais nous n'avons pu récupérer le palet traînant et il a fini dans nos filets. Je n'en suis pas moins fier de mon équipe et de son effort tout au long du tournoi."

Teemu Selänne (attaquant de la Finlande) : "Je pense que nous n'avons joué qu'une mauvaise minute dans tout le match. Nous avons dominé, nous étions en contrôle et nous pensons avoir mérité la victoire."

 

États-Unis - Finlande 2-3 après prolongation (0-1, 0-1, 2-0, 0-1)

Mercredi 14 mai 2008 à 20h15 au Halifax Metro Center. 9176 spectateurs.

Arbitrage de Christer Lärking (SUE) et Marcus Vinnerborg (SUE) assistés de Sylvan Losier (CAN) et Fredrik Ulriksson (SUE).

Pénalités : États-Unis 10' (2', 4', 4', 0'), Finlande 8' (2', 2', 4', 0').

Tirs : États-Unis 24 (8, 3, 12, 1) Finlande 33 (6, 18, 5, 4).

Évolution du score :

0-1 à 10'14" : Ruutu assisté de O. Jokinen

0-2 à 25'45" : Niskala assisté de O. Jokinen et Selänne (sup. num.)

1-2 à 55'44" : Kessel assisté de Gleason

2-2 à 56'21" : Stafford assisté de Burish (inf. num.)

2-3 à 63'59" : Lepistö assisté de S. Koivu et Selänne

 

États-Unis

Gardien : Robert Esche.

Défenseurs : Paul Martin - Jordan Leopold ; Mark Stuart (A) - Matt Greene ; Tim Gleason - Tom Gilbert ; Keith Ballard.

Attaquants : Dustin Brown - Peter Mueller [puis O'Sullivan à 20'00"] - Jason Pominville ; Zach Parise (A) - Phil Kessel - Patrick Kane ; Lee Stempniak (A) - Patrick O'Sullivan [puis Mueller à 20'00"] - David Backes ; David Booth - Brandon Dubinsky - Drew Stafford ; Adam Burish.

Remplaçant : Craig Anderson (G). Absents : Tim Thomas (adducteurs), Jeff Halpern (rupture du ligament croisé antérieur droit), James Wisniewski (surnuméraire).

Finlande

Gardien : Niklas Bäckström.

Défenseurs : Ville Koistinen - Mikko Jokela ; Anssi Salmela - Ossi Väänänen ; Mikko Luoma - Antti-Jussi Niemi ; Janne Niskala - Sami Lepistö.

Attaquants : Ville Peltonen (C) - Saku Koivu - Teemu Selänne ; Olli Jokinen (A) - Mikko Koivu (A) - Tuomo Ruutu ; Antti Pihlström - Niko Kapanen - Jussi Jokinen ; Mika Pyörälä - Esa Pirnes - Riku Hahl.

Remplaçant : Petri Vehanen (G). Absents : Karri Rämö (G), Hannes Hyvönen, Sean Bergenheim (surnuméraires).

 

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