Championnats du monde, deuxième tour, groupe F.

Sommet supposé

C'est le match au sommet à Halifax pour la première place du groupe, qui doit assurer un quart de finale "facile" contre la Norvège ou la Lettonie, au lieu des États-Unis qui ont perdu de très peu contre les adversaires de ce soir. Les Canadiens n'ont perdu aucun point jusqu'à présent, et les Finlandais un seul, face aux Norvégiens.

Le match déroule sous les yeux de Stephen Harper, premier ministre conservateur du Canada mais également historien du hockey sur glace spécialisé dans les années d'avant la NHL. Faut-il rappeler au passage qu'un des principaux leaders de l'opposition libérale, Ken Dryden, n'est autre que l'ancien gardien des Canadiens de Montréal, lui-même auteur d'ouvrages hautement réputés sur ce sport (et déjà parus contrairement au projet que Harper mentionnait régulièrement dans sa campagne électorale...). Bienvenue au pays du hockey...

Mais ce but en infériorité en appelle un autre, canadien celui-là. Sur une erreur de Selänne en zone offensive, Chris Kunitz lance le contre, attire les deux défenseurs et sert Shane Doan qui arrive seul devant la cage avant de marquer en angle fermé sur sa seconde chance (2-1). Déjà trois buts sur trois grosses erreurs, et pourtant, à la vérité, il ne s'est rien passé d'autre. On assiste le reste du temps à un match très fermé, où le Canada verrouille le jeu. La seule petite ouverture est un embryon de 2 contre 1 des blancs, sur lequel Teemu Selänne coupe tout de suite la passe près du porteur du palet.

La Finlande a toujours la possession du palet en deuxième période. Le capitaine Ville Peltonen touche le poteau opposé, côté plaque de Leclaire. Sur un palet bien sorti de la bande par Luoma, Niko Kapanen échoue pour sa part sur le gardien. On atteint la mi-match, et le Canada a tiré 9 fois à la cage. Une misère ! Dany Heatley, invisible jusque là, musarde près de la cage et, l'air de rien, envoie le palet du revers au premier poteau (3-1). Ce but semble briser les bleus qui cessent d'être dangereux. Un tour de cage d'Eric Staal constitue la seule autre occasion pendant plusieurs minutes. Le jeu de puissance finlandais, point fort habituel, est totalement méconnaissable pendant deux pénalités successives. Non seulement il n'arrive pas à s'installer, mais il encaisse un second but, par la faute de Teemu Selänne qui abandonne le palet à Jamal Mayers et offre à Patrick Sharp une contre-attaque fatale (4-1).

Les Finlandais rentrent aux vestiaires avec le moral dans les chaussettes, et ils en ressortent avec le moral bientôt encore plus bas, sous la glace probablement. Le lancer du cercle gauche de Shane Doan est en effet dévié par une crosse finlandaise avant de ricocher sur le casque de Sami Lepistö puis de finir dans la lucarne (5-1). Les Canadiens sont assurés de la victoire et se permettent un relâchement. Une double mésentente derrière et devant les cages (où Mike Green se repliant dans le mauvais tempo percute un équipier), et Mikko Koivu remet le palet à Antti Pihlström face à la cage (5-2). Le Canada et Leclaire encaissent donc un doublé d'un joueur d'AHL, le spécialiste des mises en échec Pihström qui a été très constant dans l'effort. On ne compte pas là le but de la tête contre son camp de l'autre joueur d'AHL Lepistö...

À sept minutes de la fin, la passe du revers de Ryan Getzlaf décale Rick Nash qui contrôle du patin, déborde le gardien dans son élan et... n'arrive pas à rabattre le palet dans la cage ouverte. Il obtient en consolation une pénalité contre Selänne qui l'a péniblement accroché. Cela ne donne pas grand-chose mais cela gagne toujours deux précieuses minutes. La fin de match n'a d'autre intérêt que d'admirer le comportement admirable des supporters finlandais qui, loin de blâmer Teemu Selänne pour ses erreurs ce soir, scandent "Teemu, Teemu" en hommage à sa carrière. Pendant ce temps-là, Dany Heatley poursuit sa moisson sur une passe de derrière la cage de Getzlaf (6-2). Son neuvième but dans le tournoi ! Une dernière inattention défensive laisse Mikko Koivu et Tuomo Ruutu seuls autour de la cage, chacun à un poteau pour marquer comme à l'échauffement (6-3).

Le Canada termine donc les phases de poule avec tous les compteurs au vert : meilleure attaque, meilleure défense, meilleur marqueur (Heatley) et 100% de points engrangés. Dans le duel des gardiens, s'il faut choisir le n°1 pour les phases finales, Pascal Leclaire a peut-être conservé son avantage sur Cam Ward, même s'il n'a pas fait son meilleur match ce soir : un mauvais but, un poteau et une sortie douteuse (il est innocent sur les deux derniers buts).

On a le droit de ne pas être emballé par cette grosse affiche présumée : ce fut aussi fermé qu'un match à élimination directe, mais sans l'émotion de l'enjeu, et avec une implication suspecte qui s'est ressentie dans les dernières minutes. Il n'y a pas eu de temps mort, mais pas non plus de créativité, juste des buts sur des erreurs adverses. Et qu'elles furent nombreuses, ces erreurs... Si le Canada a pu se rassurer sur son comportement défensif qui a bien coupé les espaces, la Finlande doit se poser des questions.

Désignés joueurs du match : Ryan Getzlaf pour le Canada et Antti Pihlström pour la Finlande.

Compte-rendu signé Marc Branchu

Commentaires d'après match :

Ken Hitchcock (entraîneur du Canada) : "Nous avons été poussés plus fort dans ce match que dans tout le tournoi. Il y a eu des moments nerveux pour nous en raison de cette pression. La Finlande prendait le dessus en début de deuxième période grâce à sa rapidité sur le palet. Lorsque le troisième but est rentré, nous avons commencé à stabiliser notre jeu, et c'était bon signe. C'est l'effet de la confiance que nous avons en ce moment."

Shane Doan (capitaine du Canada) : "Cette première place compte. Nous ne voulions pas compliquer notre route dans la phase éliminatoire. Les Américains sont une équipe dure et nous ne voulions pas les rencontrer à nouveau. Dans un match à élimination directe, tout peut se produire. Et nous avons combien la Finlande voulait nous battre, donc c'était important de terminer ce groupe par une victoire. Les Canadiens attendent que nos équipes battent n'importe qui. Et avec cette équipe, si nous jouons notre jeu, nous en sommes capables.

Doug Shedden (entraîneur de la Finlande) : "Le Canada a tellement de talent et de gabarit. On ne va pas marquer sept buts contre eux, donc on ne peut pas se permettre d'encaisser six buts en 22 tirs contre le Canada."

Canada - Finlande 6-3 (2-1, 2-0, 2-2)

Lundi 12 mai 2008 à 16h30 au Halifax Metro Center. 9178 spectateurs.

Arbitrage de Christer Lärking et Marcus Vinnerborg (SUE) assistés de Fredrik Ulriksson (SUE) et Tobias Wehrli (SUI).

Pénalités : Canada 10' (4', 4', 2'), Finlande 6' (2', 0', 4').

Tirs : Canada 22 (7, 7, 8), Finlande 27 (9, 7, 11).

Évolution du score :

1-0 à 00'33" : Getzlaf assisté de Burns et Nash

1-1 à 05'39" : Pihlström (inf. num.)

2-1 à 09'29" : Doan assisté de Kunitz (inf. num.)

3-1 à 30'17" : Heatley assisté de Getzlaf et Nash

4-1 à 38'12" : Sharp assisté de Mayers (inf. num.)

5-1 à 41'07" : Doan assisté de Toews

5-2 à 48'34" : Pihlström assisté de M. Koivu

6-2 à 58'02" : Heatley assisté de Nash et Getzlaf

6-3 à 59'37" : Ruutu assisté de M. Koivu et J. Jokinen

Canada

Gardien : Pascal Leclaire.

Défenseurs : Ed Jovanovski - Jay Bouwmeester ; Brent Burns - Dan Hamhuis ; Steve Staios (A) - Duncan Keith ; Mike Green.

Attaquants : Rick Nash - Ryan Getzlaf - Ryan Heatley ; Shane Doan (C) - Jonathan Toews - Chris Kunitz ; Derek Roy - Eric Staal - Martin Saint-Louis (A) ; Jason Spezza - Patrick Sharp - Jason Chimera ou Jamal Mayers.

Remplaçant : Cam Ward (G).

Gardien : Niklas Bäckström.

Défenseurs : Ville Koistinen - Mikko Jokela ; Sami Lepistö - Ossi Väänänen ; Mikko Luoma - Antti-Jussi Niemi ; Janne Niskala.

Attaquants : Ville Peltonen (C) - Saku Koivu (A) - Teemu Selänne ; Jussi Jokinen - Mikko Koivu (A) - Tuomo Ruutu ; Antti Pihlström - Niko Kapanen - Hannes Hyvönen ; Mika Pyörälä - Esa Pirnes - Riku Hahl.

Remplaçant : Petri Vehanen (G). Absents : Olli Jokinen (suspendu), Anssi Salmela (suspendu), Sean Bergenheim.

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