France - Italie (9 mai 2008)

 

Championnat du monde 2008, barrage de relégation, match 1.

"Highway to Hell"

Vous ici ? Quelle surprise... Telles pourraient être les formules hypocrites échangées avant ces retrouvailles attendues pour le maintien entre les deux voisins. L'attaque française devrait avoir enfin l'occasion de s'exprimer face à la plus mauvaise défense du tournoi, mais l'absence définitive du capitaine Laurent Meunier affaibilit certainement le contingent tricolore. Il ne paraît donc pas supérieur à l'effectif transalpin... sauf dans les cages, où aucun gardien italien n'a fini un match jusqu'à présent.

On espère en effet que la sono du Colisée de Québec a une intuition prémonitoire en diffusant Highway to Hell dès le début de la partie, et pas pour évoquer l'enfer de la relégation. Les Bleus souhaitent en effet prendre l'autoroute vers les cages de Günther Hell. En revanche, en ce qui concerne la route menant aux filets de Cristobal Huet, on voit plus ça comme la tranchée d'Arenberg, suivie d'un chemin vicinal mal indiqué à chercher avec un GPS trafiqué...

La France sait qu'elle doit travailler sa discipline, malheureusement elle commence par une litanie de pénalités. Yorick Treille commet une obstruction en zone offensive, et sa peine est tout juste terminée qu'Anthoine Lussier fait trébucher Pittis contre la bande à la bleue. Ces infériorités se passent plutôt bien. Cristobal Huet arrête reprise dans le slot de Hofer et Bonnard se sacrifie en se couchant devant un lancer. Zwikel et Bordeleau se crée mêmes des occasions en contre.

Mais la troisième pénalité est de trop. Yorick Treille met la crosse entre les jambes de Paolo Bustreo qui a pris de la vitesse dans la neutre. Après une bonne passe transversale de Christian Borgatello, le tir du poignet de Jonathan Pittis se loge à mi-hauteur, côté plaque de Huet qui n'a pu se déplacer assez vite (0-1). Il y a maintenant urgence : il ne faut plus que l'attaque française attende les dix dernières secondes d'un tiers-temps pour marquer un but. Heureusement, trente secondes plus tard, Strazzabosco fait trébucher Rozenthal qui a intercepté le palet pour partir en contre. Yorick Treille, qui a deux fautes à se faire pardonner, dévie parfaitement un tir de la bleue de Vincent Bachet entre les jambières du gardien (1-1).

La comparaison à cinq contre cinq est ensuite favorable aux Français. En effet, Günther Hell laisse beaucoup de rebonds que sa défense met un temps infini à dégager. C'est surtout vrai de la quatrième ligne italienne, qui passe de longs moments dans sa zone sans se défaire de la pression.

Ce serait quand même bien dommage si aucune pénalité adverse ne venait récompenser une telle domination française dans la vitesse de jeu et dans la possession de palet. Tout arrive, puisque Trevisani fait trébucher Desrosiers. Malheureusement, les Bleus prennent deux contre-attaques pendant cette supériorité numérique. Giulio Scandella, le joueur à surveiller du fait de sa vitesse, déborde d'abord Amar. Ce sont ensuite Vincent Bachet et Simon Lacroix qui se rentrent dedans et offrent un breakaway à Luca Ansoldi. À chaque fois, Huet fait l'arrêt, mais la France a commis un surnombre dans ce moment de cafouillage. L'Italie obtient à son tour un homme de plus, et ça ne lui réussit pas mieux. Une mauvaise relance de Strazzabosco est interceptée par Bordeleau qui prend un lancer en angle... sur la transversale.

L'Italie a le contrôle du palet en début de deuxième période, et Jonathan Zwikel finit par retenir Stefano Margoni en travail de conservation derrière la cage française. Les Bleus s'en sortent mais commencent à connaître des problèmes pour sortir le palet de leur zone. Bustreo est sanctionné pour une charge incorrecte sur Hecquefeuille, mais le jeu de puissance tricolore n'arrive jamais à s'installer et Amar se fait même peur en perdant le palet face à Margoni dans son camp.

Les Français retombent dans leurs travers vus précédemment, à l'instar de cette relance dans l'axe contrée de Kevin Hecquefeuille. Sur les rares offensives tricolores, les tirs ne sont pas cadrés. Mario Chitarroni part à deux contre un et choisit le tir. Cristobal Huet laisse un rebond, mais, couché à terre, il réussit un fantastique arrêt-réflexe sur le second tir en étendant la jambe en l'air. À chaque match, la France se fait pénaliser alors qu'elle est en possession du palet : c'est cette fois au tour de Coqueux qui fait obstruction sur Fontanive. Les bandes du Colisée réservent une mauvaise surprise à Huet en le piégeant derrière sa cage avec un rebond curieux, mais il gère la situation avec beaucoup de sang-froid. Il est encore sollicité sur le tir en angle de Signoretti et sur le rebond du petit Nicola Fontanive qui donne de sa personne dans le slot.

Cristobal Huet est la seule raison pour laquelle la France a tenu le score dans ce deuxième tiers-temps très décevant de sa part. Mais juste avant qu'il se termine, elle réalise un véritable hold-up. Sébastien Bordeleau est accroché par Carter Trevisani alors qu'il passe devant la cage et met Günther Hell hors de position. Le jeu continue avec une pénalité différée, et Jonathan Zwikel sort le palet de derrière la cage pour Baptiste Amar qui le reprend comme il vient dans le haut de l'enclave. Hell n'a pas le temps de revenir (2-1).

Ce but donne confiance à la France qui reprend le contrôle du jeu au début du troisième tiers-temps. Michele Strazzabosco reste sur la glace après une mise en échec à l'épaule de Yorick Treille. Il se relève et veut regagner le banc, alors que ses coéquipiers l'enjoignent de rentrer aux vestiaires car il a l'air sonné. Il faut toute la conviction de son partenaire de ligne Signoretto pour que Strazzabosco prenne la voie de la sagesse. Mickey Goulet fait grise mine : il perd un élément indéniablement important alors qu'il n'avait que six défenseurs sur son banc. Treille est sanctionné sur sa mise en échec suivante. Julien Desrosiers prendra une autre pénalité, parfaitement inutile, en allant retenir Trevisani au pressing derrière la cage adverse. Les deux infériorités seront gérées.

On entre dans les dix dernières minutes et Luca Ansoldi part en prison pour avoir chatouillé les patins de François Rozenthal. Le tir du poignet masqué de Baptiste Amar touche l'épaule de Günther Hell puis le poteau, mais les Bleus sont trois devant la cage et Sébastien Bordeleau peut prendre le rebond dans la cage ouverte (3-1).

À quatre contre quatre, Sébastien Bordeleau déshabille en un contre un Armin Helfer qui l'accroche. Il est privé du palet par le bon poke-check de Günther Hell mais obtient la pénalité. En supériorité numérique, le lancer de la bleue de François Rozenthal rebondit par dessus Hell et le palet passe juste à côté de la cage. Une dernière pénalité contre Signoretti, qui a retenu un joueur dans le coin, douche les derniers espoirs italiens. La France ne gère pas bien ces dernières minutes, et un tir du poignet de la bleue d'Armin Helfer troue Huet côté plaque, mais il est trop tard de toute façon (3-2).

Les Français remportent ce premier match, sans avoir totalement leurs sorties de zone, et surtout leur problèmes de pénalité. Ils ont plutôt paru supérieurs à cinq contre cinq, mais le deuxième tiers-temps a donné l'impression contraire. Tout concourt à un nouveau match très serré demain. L'équipe qui exploitera le mieux les inévitables erreurs adverses l'emportera.

Désignés joueurs du match : Vincent Bachet pour la France et Stefano Margoni pour l'Italie.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Commentaires d'après-match (sur le site de l'IIHF, dans l'Équipe et sur Hockey Time)

Baptiste Amar (défenseur de la France) : "Il ne faut pas penser au côté négatif de l'équation, la peur de perdre. Il faut rester positif tout le temps. Nous étions vraiments contents d'avoir Huet dans l'équipe et il a été exceptionnel à chaque match, mais cet arrêt [sur Chitarroni au deuxième tiers] était vraiment digne des highlights. Ce ne sera pas un problème de jouer demain. Le rythme n'était pas si haut aujourd'hui. En plus, c'est pareil pour eux."

Cristobal Huet (gardien de la France) : "J'ai eu 2 ou 3 arrêts importants à faire. Les Italiens ont beaucoup lancé à la cage, mais la plupart de leurs tirs n'étaient pas très dangereux. [...] Je détourne le palet avec le pied en l'air. Je ne sais pas trop comment j'ai fait ça. C'est un réflexe. C'est sûr que je n'en ai pas fait souvent des comme ça. Il n'est pas dans le manuel du gardien, celui-là ! [...] On prend trop de pénalités qui agacent tout le mondre parce qu'elles coûtent pas mal d'énergie."

Roland Ramoser (attaquant de l'Italie) : "Je pense que nous avons bien joué, mais nous n'avons pas réussi à marquer ce but décisif dans les situations de powerplay. C'était la clé du match : ils ont mieux exploité leurs supériorités. Si nous jouons comme aujourd'hui, avec seulement un peu plus de conviction, nous gagnerons demain. Dans ces parties, c'est comme en play-off : il faut tout donner et on peut même jouer à quatre ou cinq défenseurs. Nous sommes bien physiquement et nous aurons tout l'été pour nous reposer, maintenant il y a un grand effort à faire."

 

France - Italie 3-2 (1-1, 1-0, 1-1)

Vendredi 9 mai 2008 à 19h00 au Colisée Pepsi de Québec. 8140 spectateurs.

Arbitrage de Chris Savage (CAN) et Thomas Sterns (USA) assistés de Thomas Gienke (NOR) et Milan Novak (SVK).

Pénalités : France 18' (8', 4', 6'), Italie 14' (4', 2', 8').

Tirs : France 28 (10, 6, 11), Italie 42 (16, 12, 14).

Évolution du score :

0-1 à 08'00" : Pittis assisté de Borgatello et De Bettin (sup. num.)

1-1 à 09'09" : Treille assisté de Bachet et Amar (sup. num.)

2-1 à 39'30" : Amar assisté de Zwikel et Treille

3-1 à 51'05" : Bordeleau assisté d'Amar et Desrosiers (sup. num.)

3-2 à 59'52" : Helfer assisté de Iannone et Signoretti

France

Gardien : Cristobal Huet.

Défenseurs : Baptiste Amar (A) - Vincent Bachet (C) ; Nicolas Besch - Simon Lacroix ; Jean-François Bonnard (A) - Benoît Quessandier.

Attaquants : François Rozenthal - Sébastien Bordeleau - Yorick Treille ; Anthoine Lussier - Laurent Gras - Olivier Coqueux ; Kévin Hecquefeuille - Pierre-Édouard Bellemare - Julien Desrosiers ; Sacha Treille - Jonathan Zwikel - Luc Tardif.

Remplaçants : Fabrice Lhenry (G), Mathieu Mille, Damien Raux. Absent : Laurent Meunier (fracture du pied droit), Teddy Trabichet (épaule).

Italie

Gardien : Günther Hell [sorti de sa cage à 59'22"].

Défenseurs : Armin Helfer - Christian Borgatello ; Michele Strazzabosco (A) - André Signoretti ; Carter Trevisani - Armin Hofer.

Attaquants : Nicola Fontanive - Luca Ansoldi - Roland Ramoser ; Stefano Margoni - Jason Cirone - Giulio Scandella ; Mario Chitarroni (C) - Jonathan Pittis - Giorgio De Bettin (A) ; Pat Iannone - Manuel De Toni - Paolo Bustreo ; John Parco.

Remplaçants : Thomas Tragust (G), Marco Insam. Absents : Carlo Lorenzi, Andreas Lutz (surnuméraires).

 

Retour aux championnats du monde