Norvège - Allemagne (7 mai 2008)

 

Championnat du monde 2008, premier tour, groupe C.

Après un succès retentissant face à la Slovaquie lors du match précédent, l'Allemagne en termine avec l'adversaire a priori le plus facile du groupe, la Norvège. Mais les Norvégiens ont eux aussi créé une petite sensation en poussant la Finlande jusqu'à la prolongation. Un point glané qui n'est pourtant pas suffisant pour éviter la poule de relégation, la victoire est donc impérative ce soir pour les Norvégiens s'ils veulent valider leur maintien. Secouée par les affaires Busch (finalement autorisé à poursuivre le Mondial par l'IIHF malgré les doutes formulés par l'AMA) et Holland (exclu car son éligibilité ait été invalidée à cause de sa participation aux championnats du monde juniors de 1996), la Mannschaft n'aborde certainement pas la rencontre dans les meilleures dispositions psychologiques, même si elle a gardé les points un temps menacés de sa victoire sur la Slovaquie.

Les Allemands sont d'ailleurs très nerveux au coup d'envoi et les accrochages sont nombreux entre les deux équipes au cours des premières minutes. La Norvège répond au défi physique imposé mais écope de la première pénalité de la rencontre contre Tommy Jakobsen. Dans la continuité de leur performance face à la Slovaquie, les Allemands brillent en power-play et convertissent leur première occasion en but par l'intermédiaire de leur buteur maison, Marco Sturm (0-1, 06'37"). Mais les joueurs d'Uwe Krupp ont mangé leur pain blanc dans cette première période car ils vont aligner par la suite quatre infériorités numériques. Un avantage dont la Norvège n'arrive pas à profiter pour recoller au score malgré une quarantaine de secondes disputées à cinq contre trois. Robert Müller, dans la lignée de son match face à la Slovaquie, est très solide dans sa cage et fait échec à toutes les tentatives norvégiennes jusqu'à la pause.

Les Allemands retrouvent petit à petit leurs sensations à cinq contre cinq en début de deuxième période. Malgré un jeu dans l'ensemble très prudent, ils maximisent leurs opportunités et inscrivent un deuxième but grâce à l'opiniâtreté de Philip Gogulla qui s'y reprend à deux fois pour battre Pål Grotnes (0-2, 24'09"). La Mannschaft semble partie sur les mêmes rails que face à la Slovaquie et on pense alors qu'elle s'achemine vers en succès tranquille en contrôlant le jeu en zone neutre. Les deux gardiens sont au chômage technique. Les Allemands ratent cette fois une opportunité en power-play suite à une pénalité de Jakobsen, avant que Yanic Seidenberg et Sven Felski ne prennent deux pénalités rapprochées. Cette nouvelle double supériorité numérique, Marius Holtet ne la laisse pas passer, et Robert Müller doit s'avouer vaincu (1-2, 34'51"). Les coéquipiers de Marco Sturm se retrouvent sous la menace d'un retour norvégien et manquent une nouvelle fois le coche en avantage numérique suite à une pénalité de Mads Hansen.

Hansen retrouve la prison au début du troisième tiers mais la Mannschaft semble avoir perdu ses repères en power-play, se montrant bien moins convaincante qu'en début de rencontre. Une occasion de se mettre définitivement à l'abri est de nouveau gaspillée et la Norvège reste une menace réelle. À force de ténacité, la Norvège parvient à refaire son retard et égalise par Mats Zuccarello Aasen au grand dam d'Uwe Krupp et de son staff (2-2, 47'19"). L'intérêt du match est complètement relancé entre une Norvège qui se remet à croire à l'improbable et une Allemagne qui s'était sans doute contentée de gérer trop tôt.

La partie reprend de la vigueur avec des offensives de part et d'autres bien enrayées par Müller et Grotnes. Une pénalité de Sturm à cinq minutes de la fin met son équipe en position inconfortable. Sous pression, Christoph Schubert dégage indirectement hors des limites trente secondes plus tard et est sanctionné pour un retard de jeu. Le palet a pourtant ét´ par un adversaire, une erreur d'arbitrage lourde de conséquences... Une trentaine de secondes en double supériorité numérique suffisent aux Norvégiens pour remporter la mise sur une passe transversale de Mats Trygg à Morten Ask dont la reprise bat Robert Müller (3-2, 55'53"). Krupp tente le tout pour le tout en faisant sortir Müller dans les ultimes secondes, en vain, les Allemands devaient s'avouer vaincus alors que la Norvège peut laisser éclater sa joie.

Deux jours après avoir signé une belle surprise face à la Slovaquie, l'Allemagne signe cette fois une contre-performance face à la Norvège qui ne faisait pas figure de favori. La faute à un jeu trop prudent et pas assez audacieux offensivement face à une équipe pourtant inférieure sur le papier. Le power-play s'est montré également moins efficace et l'Allemagne peut se mordre les doigts d'avoir laissé filer une avance au score de deux buts, en partie à cause d'une indiscipline mal contenue qui a coûté deux buts en double infériorité numérique.

La Norvège, pour sa part, a joué crânement sa chance bien qu'étant menée rapidement au score, confirmant sa réputation de ténacité dans un rôle d'outsider. Le jeune Aasen a confirmé tout le bien qu'on pensait de lui tandis que Trygg et Ask se montraient efficaces en power-play. La Norvège réussit donc son pari de se maintenir dès la première phase, envoyant ainsi la Slovaquie en poule de relégation pour ce qui est déjà la plus grosse surprise de ce Mondial. En plus les Norvégiens peuvent se payer le luxe de débuter la deuxième phase avec quatre points au compteur... de quoi rêver aux quarts de finale contrairement à l'Allemagne qui perd le bénéfice de sa victoire face à la Slovaquie et débute la seconde phase avec 0 point !

Désignés joueurs du match : Mats Trygg (Norvège) et Marco Sturm (Allemagne)

Compte-rendu signé Christophe Laparra

 

Commentaires d'après match :

Uwe Krupp (entraîneur de l'Allemagne) : "Nous avons joué contre une équipe aujourd'hui qui a tout simplement montré plus d'envie que nous. Dans un tel tournoi, on doit toujours jouer avec une intensité maximum. Si on ne fait pas cela, cela risque de devenir délicat, surtout contre des équipes plus fortes que la Norvège. [...] Il s'est produit une situation que nous aurions vraiment voulu éviter. Mais parfois il se passe des choses imprévisibles. Le plus atteint est certainement Jason Holland. Cela me fait de la peine pour lui, il fait partie de l'équipe et aurait dû être sur la glace.

Stefan Ustorf (attaquant de l'Allemagne) : "Nous sommes très déçus car nous avons laissé passé une grande chance aujourd'hui de débuter le deuxième tour avec trois points. Nous étions trop passifs et ne leur imposions pas le jeu. Nous attendions qu'ils fassent le premier pas. Ce n'est pas notre jeu ni notre force. Les évènements autour de la DEB ne doivent pas servir d'excuse. Un professionnel doit savoir évacuer ça."

Mathis Olimb (attaquant de la Norvège) : "C'est tellement génial de gagner ce match. Nous pensions que le prochain match pourrait être dans la phase de relégation mais au lieu de ça nous avons une chance d'aller en quarts de finale si on continue de bien jouer. Incroyable."

George Kingston (entraîneur-adjoint de la Norvège) : "C'est énorme. La plupart des membres du staff avaient les larmes aux yeux. J'étais en Norvège de 1989 à 1991 et je sais combien c'est important pour eux de voir le progrès de leur hockey, la prolongation contre la Finlande et maintenant cette victoire. Franchement, je ne savais rien de l'affaire et les joueurs non plus. C'est malheureux, surtout pour la Slovaquie.

 

Norvège - Allemagne 3-2 (0-1, 1-1, 2-0).

Mercredi 7 mai à 20h15 au Halifax Metro Centre. 7414 spectateurs

Arbitrage de Milan Minar (TCH) et Brent Reiber (SUI) assistés de Christian Kaspar (AUT) et Fredrik Ulriksson (SUE)

Pénalités : Norvège 8' (2', 4', 2'), Allemagne 18' (8', 4', 6').

Tirs cadrés : Norvège 28 (10, 6, 12), Allemagne 21 (7, 3, 11).

Évolution du score :

0-1 à 06'37" : Sturm assisté de Busch et Ustorf (sup. num.)

0-2 à 24'09" : Gogulla assisté de Hackert et Wolf

1-2 à 34'51" : Holtet assisté de Trygg et Ask (double sup. num.)

2-2 à 47'19" : Aasen assisté de Hansen et Trygg

3-2 à 55'53" : Ask assisté de Trygg et Hansen (double sup. num.)

 

Norvège

Gardien : Pål Grotnes.

Défenseurs : Tommy Jakobsen (C) - Jonas Holøs ; Mats Trygg (A) - Anders Myrvold ; Juha Kaunismäki - Henrik Ødegaard.

Attaquants : Per-Åge Skrøder - Mads Hansen - Mats Zuccarello Aasen ; Marius Holtet - Morten Ask - Martin Røymark ; Mathis Olimb - Anders Bastiansen - Lars Erik Spets ; Kjell Richard Nygård - Mats Frøshaug - Kristian Forsberg.

Remplaçants : Andre Lysenstøen (G), Erik Ryman, Eirik Skadsdammen.

Allemagne

Gardien : Robert Müller (sorti à 59'26").

Défenseurs : Christoph Schubert - Dennis Seidenberg ; Michael Bakos - Frank Hördler ; Sebastian Osterloh - Andreas Renz (A) ; Christopher Schmidt.

Attaquants : Marco Sturm (C) - Stefan Ustorf - Florian Busch ; Yannic Seidenberg - Christoph Ullmann - John Tripp ; Philip Gogulla - Michael Hackert - Michael Wolf ; Sven Felski (A) - Petr Fical.

Remplaçant : Dimitrij Pätzold (G). Absent : André Rankel. Exclu du tournoi : Jason Holland.

 

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