France - Bélarus (7 mai 2008)

 

Championnat du monde 2008, premier tour, groupe A.

La clé était au centre

Les deux équipes partent avec zéro point chacune dans ce match décisif pour la qualification en deuxième phase ou en barrage de maintien, mais dans les pronostics, le Bélarus est très loin devant. Il espère que ses joueurs de NHL vont se reprendre après leur entrée ratée contre la Suède, mais il n'a pas le droit à l'erreur car il ne s'imagine pas perdre. Les Bleus, de leur côté, doivent se remettre moralement d'avoir craqué dans la seconde moitié du match face à la Suède.

Les deux équipes ont modifié leurs alignements. Les Bleus ont fait monter François Rozenthal en première ligne et ont placé Laurent Meunier et Sébastien Bordeleau au centre de deux blocs différents, ce qui va permettre de bénéficer des qualités du Franco-Canadien aux engagements. Les Biélorusses ont plutôt concentré leur talent en alignant les frères Kostsitsyn ensemble à cinq contre cinq et en mettant Grabovsky avec Koltsov.

La France porte son maillot "rétro" des Jeux Olympiques de Grenoble, mais en matière de résultat, plus que la dernière place de 1968, elle espère raviver les exploits d'Albertville...

La discipline sera une des clés du match entre deux formations qui ont commis trop de fautes. La première pénalité est contre Kalyuzhny qui a envoyé le palet au-dessus du plexi. La seule occasion est pour Konstantin Koltsov en infériorité, qui reste sur la glace après avoir percuté Huet. L'arbitre choisit d'arrêter le jeu. Koltsov a en effet une commotion cérébrale et ne reviendra plus. Mais pendant la pénalité de Besch, la seule occasion est aussi pour l'équipe en infériorité, en l'occurrence la France. Baptiste Amar intercepte une relance de Salei et lance sur la transversale.

Les passes sont approximatives de part et d'autre en ce début de match. Pendant les deux premières rotations, la ligne biélorusse la plus dangereuse est étonnamment la quatrième, avec Aliaksandr Kulakov qui sort du coin pour recevoir une passe près du but, mais Cristobal Huet s'interpose. Du côté français, Julien Desrosiers passe de longs moments en contrôle du palet derrière la cage comme il peut le faire en Magnus, mais ses passes sont ensuite coupées par Salei et Denisov.

Le jeu est bloqué, jusqu'à une passe dans l'axe en zone défensive qui offre le palet au Bélarus. Aleksei Kalyuzhny échoue sur Huet, mais l'action continue et il prend un tir masqué et excentré qui trompe la vigilance de Huet pas en place (0-1). Le quatrième bloc français montre la voie à suivre avec Luc Tardif qui met la pression sur Salei en fond de zone et le force à rendre le palet à Lussier près de la cage.

Sébastien Bordeleau accroche Andrei Kostsitsyn, et les rouges sont dangereux, mais Amar plonge bien pour empêcher une passe au second poteau. Bordeleau obtient le palet en sortant de prison et sert en retrait Zwikel pour un lancer puissant que Bachet ne peut récupérer au rebond. La France termine le tiers en infériorité car Bellemare au repli a levé la crosse au visage de Kulakov, mais elle se crée quand même plusieurs occasions grâce au pressing de Treille, pour un lancer de Meunier, et de Bordeleau, pour une tentative de tour de cage. Pour conclure cette séquence, Olivier Coqueux marque un but-gag en envoyant le palet de derrière la cage sur l'arrière de la cuisse du gardien Vitali Koval (1-1).

La deuxième période commence mal pour les Français avec un palet sorti du jeu d'Amar et une crosse haute de Gras sur Sergei Kostitsyn qui l'a dribblé de dos. Ils jouent 24 secondes à 3 contre 5, mais Laurent Meunier récupère ensuite et est accroché par Andrei Kostitsyn, ce qui remet les équipes à 4 contre 4. Les Biélorusses mettent un peu plus de pression et sont surtout plus rapides dans les transitions. Ils s'installent ainsi plus souvent en zone offensive et Aleksei Ugarov rabat un tir de la bleue de Leontiev entre les jambières de Huet (2-1). Tardif accroche Kulakov et les rouges sont en supériorité dans la foulée, mais Andrei Kostsitsyn n'arrive pas à contrôler le rebond sur le lancer de la bleue de Salei.

Les Bleus, qui arrivaient à dégager le palet en début de tiers, n'y parviennent plus, Bonnard n'a plus les forces de le faire et Huet rend un fier service à ses hommes en gelant le palet après une longue séquence qui les a épuisés. Il n'y a toujours que la première ligne française qui arrive vraiment à renverser la tendance. Le Bélarus se réinstalle et Julien Desrosiers retient Chupris derrière la cage. Mais le jeu de puissance rouge commet toujours de petites approximations. À sa sortie de prison, Desrosiers tente un exploit individuel en traversant toute la patinoire, mais l'étau se resserre dans l'enclave et son tir du revers est écarté sans mal. C'est à partir du moment où son capitaine Laurent Meunier a dû sortir après avoir pris un palet dans le pied que la France a été dominée...

Le Bélarus a trois occasions de tuer le match dans la première moitié de la dernière période. Andrei Kostitsyn rate la cage ouverte en supériorité, Ugarov ayant été accroché par Lacroix. Mikhaïl Grabovsky s'infiltre à droite de la cage, et le palet passe sous les jambières de Huet excentré, mais la défense parvient à dégager cette rondelle brûlante. Enfin, avec sa vitesse, Aleksei Ugarov s'échappe une deuxième fois dans le dos des tricolores, mais son tir est repoussé par Huet.

Pierre-Édouard Bellemare fait obstruction sur Kostsitsyn pour faciliter une contre-attaque, et la France doit encore jouer en infériorité. Mais à mi-pénalité, Aleksei Kalyuzhny voit le palet lui échapper en zone neutre et est contraint de faire trébucher Desrosiers. À quatre contre quatre, Huet rate sa sortie devant Grabovsky, qui est empêché de faire le tour de la cage par le retour de Besch mais remet en retrait à Denisov... qui tire sur le poteau. La France n'aura même pas l'occasion d'évoluer en supériorité, car Bordeleau retient Salei dans le coin de la zone offensive. Il faut jouer une minute de plus à quatre contre cinq. Et ce n'est pas fini : François Rozenthal met sa crosse entre les jambes de Denisov à quatre minutes de la fin. Une pénalité idiote en zone neutre alors que le Français avait le palet, même si l'attaquant morzinois se plaint que le défenseur biélorusse a bien plongé, ce qui n'est pas faux.

Le résultat est qu'il ne reste plus que deux minutes pour que les Bleus essaient d'égaliser. Cristobal Huet est sur le chemin du banc quand le Bélarus récupère le palet. Il recule mais est six mètres devant sa cage quand Sergei Kostitsyn le trompe en toute facilité (3-1). Dave Henderson demande un temps mort et sort quand même son gardien. Les Français poussent jusqu'à la dernière seconde, mais sans réussite.

Comme prévu, les pénalités ont été cruciales dans ce match, et c'est en défaveur des Bleus. Elles ont eu pour effet de leur faire perdre trop de temps en troisième période et d'user leurs cadres, même si le Bélarus a un gros problème de jeu de puissance, qu'il devra régler pour espérer quelque chose dans ce tournoi.

L'autre clé du match se trouvait au centre. Avec Meunier et Bordeleau sur deux lignes différentes, l'effet aux mises au jeu a été spectaculaire. Mais quand le capitaine Laurent Meunier s'est blessé à la mi-match, Sébastien Bordeleau s'est retrouvé trop sollicité et n'avait plus assez de jus pour faire la différence à la fin.

Désignés joueurs du match : Yorick Treille pour la France et Vitali Koval pour le Bélarus.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Commentaires d'après-match

Dave Henderson (entraîneur de la France) : "Nous avons peut-être fait notre meilleur match des trois ce soir. Nous avons joué pendant soixante minutes comment pendant les trente premières minutes contre la Suède. Cependant, nous avons encaissé deux buts à cause d'erreurs évitables dans les sorties de zone. Nous n'avons pas réussi à faire partie des douze meilleures nations mondiales, mais le maintient dans l'élite est à notre portée. Nous bataillerons pour ce droit dans la série contre l'Italie."

Curt Fraser (entraîneur du Bélarus) : "Je pense que les Français ont fait leur meilleur match. Mais de notre côté, il y avait la chance et quelques autres facteurs : Vitali Koval a fait un excellent match, et notre défense a été bien meilleure que dans les deux parties précédentes. Les joueurs de NHL s'adaptent graduellement aux partenaires et au style de l'équipe."

Aleksei Kalyuzhny (attaquant du Bélarus) : "C'est un plaisir de jouer avec les Kostsitsyn. J'ai peu joué au centre ces derniers temps, mais je suis prêt à le faire plus fréquemment avec de tels ailiers."

Ruslan Salei (défenseur du Bélarus) : "La dernière fois que j'étais capitaine, c'était au tournoi de qualification olympique de Riga, de sinistre mémoire. Mais Antonenko s'est blessé et j'ai repris ce rôle. Ce fut plus facile que contre les Suisses. Et pas seulement à cause de la différence de niveau des adversaires, puisque nous n'avons longtemps eu qu'un seul but d'avance. Mais nous nous étions déjà entraînés ensemble et nous nous sentons mieux sur la glace."

 

France - Bélarus 1-3 (1-1, 0-1, 0-1)

Mercredi 7 mai 2008 à 19h00 au Colisée Pepsi de Québec. 8880 spectateurs.

Arbitrage de Sami Partanen (FIN) et Chris Savage (CAN) assistés d'Ansis Eglitis (LET) et Anton Semionov (EST).

Pénalités : France 22' (6', 8', 8'), Bélarus 8' (2', 2', 4').

Tirs : France 20 (7, 6, 7), Bélarus 29 (8, 11, 10).

Évolution du score :

0-1 à 12'57" : Kalyuzhny assisté de A. Kostitsyn et S. Kostitsyn

1-1 à 19'53" : Coqueux assisté de Lacroix et Bordeleau (inf. num.)

1-2 à 27'48" : Ugarov assisté de Leontiev et Koltsov

1-3 à 59'15" : A. Kostsitsyn assisté de Kalyuzhny et Leontiev

 

France

Gardien : Cristobal Huet [sorti de sa cage à 59'22"].

Défenseurs : Baptiste Amar - Vincent Bachet (A) ; Nicolas Besch - Jean-François Bonnard (A) ; Simon Lacroix - Benoît Quessandier.

Attaquants : François Rozenthal - Laurent Meunier (C) [puis Bordeleau à 30'40"] - Yorick Treille ; Laurent Gras - Sébastien Bordeleau [puis Zwikel à 30'40"] - Olivier Coqueux ; Kévin Hecquefeuille - Pierre-Édouard Bellemare - Julien Desrosiers ; Anthoine Lussier - Jonathan Zwikel - Luc Tardif.

Remplaçants : Fabrice Lhenry (G), Sacha Treille. Absent : Teddy Trabichet (épaule).

Bélarus

Gardien : Vitali Koval.

Défenseurs : Vladimir Denisau - Ruslan Salei (C) ; Viktor Kastyuchonak (A) - Oleg Leontiev ; Siarhei Kolosau - Aliaksandr Zhurik.

Attaquants : Siarhei Kastsitsyn - Aliaksei Kalyuzhny - Andrei Kastsitsyn ; Aliaksei Ugarov - Mikhaïl Grabovsky - Konstantin Koltsau (A) ; Dmitri Mialeshka - Andrei Mikhalev - Yaroslav Chuprys ; Viktor Dudik - Sergei Zadzialenau - Aliaksandr Kulakov.

Remplaçant : Stepan Goryachevskikh (G). Absents : Aliaksandr Makritsky, Oleg Antonenko.

 

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