Suisse - Bélarus (5 mai 2008)

 

Championnat du monde 2008, premier tour, groupe A.

Du renfort, en théorie...

Le Bélarus a récupéré ses trois joueurs des Canadiens de Montréal (Grabovsky et les frères Kostsitsyn), alors que Mark Streit, en fin de contrat et gêné par des problèmes musculaires au dos, a pour la première fois fait faux bond à l'équipe de Suisse. Cette seule différence peut faire pencher le public québécois, que l'on sent admiratif pour les petites merveilles biélorusses. Mais cela suffira-t-il à faire pencher le match ?

Il en faut plus pour impressionner la Suisse. La deuxième ligne du jour, celle des ailiers Sannitz et Deruns, en impose encore dans les duels, et cela permet de mettre une minute de pression intense en zone offensive, avec quatre tirs sur Vitali Koval déjà testé. Les Biélorusses ne s'en sortent que par une faute de Kostyuchenok, mais le jeu de puissance suisse est encore en rodage. Salei accroche Paterlini dans le coin, et les blancs sont beaucoup plus dangereux avec leurs qualités collectives. La passe de Grabovsky pour Meleshko au second poteau aurait pu être fatale, mais elle est coupée par Thomas Deruns et le palet s'envole sur sa crosse.

Le Bélarus pratique un beau jeu et Zadelenov est à deux doigts de reprendre le palet seul face à la cage sur une jolie succession de passes... mais attention à ne pas s'enflammer car Ziegler se retrouve échappé sur la contre-attaque. Il rate le cadre.

Les Suisses avaient simplement besoin de se mettre au point en supériorité numérique. Ruslan Salei, l'autre renfort biélorusse de NHL, reste les bras ballants et regarde le slap de Julien Sprunger depuis le point d'engagement gauche. Oh, qu'il est beau. Oh, qu'il est puissant. Oh, comme il rentre au ras du poteau (1-0). Oh, que j'aurais dû défendre plus agressivement... Finalement, le duel des powerplays est en faveur des rouges. Celui des blancs semble en panne d'imagination et les frères Kostsitsyn s'échangent vainement le palet.

Dans sa situation préférée, en avantage au score, la Suisse semble capable de contrôler. Mais même les meilleurs systèmes ne sont pas exempts d'erreurs défensives individuelles... Beat Gerber est contré en zone offensive, et Konstantin Koltsov, à la poursuite du palet, pousse sans rémission Philippe Furrer pour se retrouver seul face au gardien Martin Gerber, qu'il bat (1-1).

Le Bélarus prend des pénalités stupides, un stupide et une charge avec la crosse de Salei dans l'enclave, et n'arrive pas à revenir à cinq. Cette longue infériorité finit par lui coûter cher. C'est encore Julien Sprunger qui marque en déviant parfaitement dans le haut du filet un tir dans l'enclave de Thibaut Monnet. L'arbitre fait appel à la vidéo car le palet a peut-être effleuré le patin de l'attaquant fribourgeois après avoir été réorienté par sa crosse, mais le but est justement validé (2-1).

Le Bélarus a une belle occasion d'égaliser en supériorité numérique. Sergei Kostsitsyn à la bleue sert Oleg Antonenko près du poteau avec la cage ouverte, mais le capitaine biélorusse, normalement réputé pour son efficacité, tire dans le petit filet. Ensuite, Andres Ambühl parvient à s'échapper seul derrière la défense et est accroché par Salei. Puis c'est l'ex-Brestois Viktor Kostyuchenok qui retombe dans ses travers en faisant trébucher Bezina en entrée de zone. Le Bélarus se retrouve alors à trois contre quatre, et il remontera sur la glace en double infériorité. Il résistera, bien regroupé.

La plus grosse frayeur suisse au troisième tiers viendra d'un palet coupant latéralement devant la cage, et que Martin Gerber aurait pu dévier dans on but s'il avait reculé un dixième de seconde plus tôt. Le Bélarus, pas assez incisif sur la cage, ne semble pas savoir provoquer sa chance. À six minutes de la fin, la Suisse se fait bêtement sanctionner pour un surnombre. Les blancs ne s'installent même pas. Cette pénalité se termine par une méconduite d'Andrei Kostsitsyn, ultime symbole de l'indiscipline biélorusse. Ultime ? Non ! Ce sera plutôt le surnombre à trente secondes de la fin, quand un dégagement suisse touche le patin d'un joueur allant au banc. Les deux frères sont finalement réunis... en prison. Koltsov mime bien la crosse haute de Ziegler pour finir à quatre contre quatre et laisser une chance de jouer sans gardien, mais le capitaine suisse Sandy Jeannin remporte la dernière mise au jeu en zone défensive.

La Suisse n'a pas manqué son début de tournoi et a déjà un patin en quart de finale. Il lui reste à battre le Danemark pour accomplir son objectif, et elle s'enlève déjà de la pression pour chercher un résultat face à la Suède. Les missions sont pour l'instant accomplies à la perfection : Sprunger marque avec le deuxième bloc de powerplay, et la ligne de Jeannin a bien mis la pression sur le meilleur trio adverse.

Ce Bélarus a eu ce soir les défauts dignes d'une Russie des mauvais jours : montrer ses qualités de passe en début de match pour mieux perdre toute cohésion par la suite et voir son jeu collectif se déliter au fil du temps. Les joueurs de Curt Fraser sont enclins à l'indiscipline lorsqu'ils sont provoqus physiquement et ne sont peut-être pas imprenables pour la France malgré un talent individuel clairement supérieur.

Désignés joueurs du match : Julien Sprunger pour la Suisse et Konstantin Koltsov pour le Bélarus.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Commentaires d'après-match

Julien Sprunger (attaquant de la Suisse) : "Mon devoir est de marquer, et je suis content d'y être parvenu trois fois en deux matches. Je m'entends très bien avec Monnet et ça s'est encore vu aujourd'hui. Mais plus généralement, je peux dire que les pistes nord-américaines conviennent à merveille à mon jeu. J'ai été un peu chanceux avec cette déviation sur le deuxième but, mais nous avons certainement mérité la victoire. Il nous en manque une pour faire partie des huit et nous chercherons à l'obtenir déjà contre la Suède. [...] Les Minnesota Wild détiennent mes droits seulement jusqu'en juillet, mais les contacts s'intensifient en vue d'un éventuel futur en Amérique du nord. [...] C'est vrai : Krueger m'épargne quelques présences à cinq contre cinq pour mieux m'utiliser en supériorité numérique. C'est une tactique qui a fonctionné, mais si ce n'est pas toujours nous qui descendons sur la glace en powerplay..."

Curt Fraser (entraîneur du Bélarus) : "Nous avons ajouté quatre bons joueurs à notre effectif, et notre adversaire a su s'y préparer. Ils n'ont pas pu faire grand chose. D'un autre côté, n'oublions pas qu'ils viennent de sortir des play-offs NHL, c'est un vide émotionnel pour eux. Il faut leur laisser le temps. J'attends mieux d'eux à l'avenir. Mais vous avez vu combien a duré notre première présence ? Une minute quarante. Quand quelqu'un reste sur la glace aussi longtemps, la période est finie pour lui.

Andrei Kostsitsyn (attaquant du Bélarus) : "La Suisse nous a contraint à jouer bien plus défensivement et à prendre des pénalités. J'ai eu du mal à jouer aussi en retrait, parce que cela fait deux ans que je ne m'y exerce plus. J'ai des missions beaucoup plus offensives chez les Canadiens de Montréal. Je ne sais plus depuis combien de temps je n'ai pas été placé à la ligne bleue en supériorité [NDLR : c'est son frère qui l'est à Montréal...]."

Mikhaïl Grabovsky (attaquant du Bélarus) : "J'ai eu des problèmes similaires aux Kostsitsyn, mais pour d'autres raisons : ils sont fatigués des play-offs, j'ai perdu le sens du jeu à cause du temps prolongé passé sans être titulaire à Montréal. Et l'heure du match n'était pas heureuse : On ne joue pas à une heure de l'après-midi en Amérique, c'est l'heure de la sieste d'après-déjeûner. C'est ridicule, mais nous avons été victimes de difficultés d'acclimatation. Ça passera. Je ne sais pas pour mes partenaires, mais personnellement, je m'étais déjà réveillé en troisième période. C'était incomparable avec la première."

 

Suisse - Bélarus 2-1 (1-0, 1-1, 0-0)

Lundi 5 mai 2008 à 13h00 au Colisée Pepsi de Québec. 8016 spectateurs.

Arbitrage de Rick Looker (USA) et Peter Orszag (SVK) assistés de Milan Novak (SVK) et Chris de Haan (CAN).

Pénalités : Suisse 18' (6', 4', 8'), Bélarus 32' (8', 10', 14').

Tirs : Suisse 31 (13, 11, 7), Bélarus 23 (8, 6, 9).

Évolution du score :

1-0 à 13'01" : Sprunger assisté de Monnet et Ambühl (sup. num.)

1-1 à 27'34" : Koltsov assisté de Dudik et Salei

2-1 à 34'36" : Sprunger assisté de Monnet et Blindenbacher (sup. num.)

 

Suisse

Gardien : Martin Gerber.

Défenseurs : Goran Bezina - Severin Blindenbacher ; Raphael Diaz - Beat Forster ; Philippe Furrer - Julien Vauclair ; Beat Gerber.

Attaquants : Roman Wick - Andres Ambühl (A) - Patrik Bärtschi ; Thomas Déruns - Sandy Jeannin (C) - Raffaele Sannitz ; Paul DiPietro - Thomas Ziegler - Thierry Paterlini ; Julien Sprunger - Thibaut Monnet - Marc Reichert ; Romano Lemm.

Remplaçant : Jonas Hiller (G).

Bélarus

Gardien : Vitali Koval.

Défenseurs : Ruslan Salei (A) - Vladimir Denisau ; Viktor Kastyuchonak - Oleg Leontiev ; Siarhei Kolosau - Aliaksandr Zhurik.

Attaquants : Viktor Dudik - Sergei Zadzialenau - Konstantin Koltsau (A) ; Andrei Kastsitsyn - Aliaksei Kalyuzhny - Yaroslav Chuprys ; Dmitri Mialeshka - Mikhaïl Grabovsky - Siarhei Kastsitsyn ; Oleg Antonenko (C) - Andrei Mikhalev - Aliaksei Ugarov.

Remplaçant : Stepan Goryachevskikh (G). Absents : Aliaksandr Makritsky, Aliaksandr Kulakov.

 

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