Suède - France (5 mai 2008)

 

Championnat du monde 2008, premier tour, groupe A.

Un tiers d'espoir

Les deux équipes ont changé de gardien, mais pas pour les mêmes raisons. L'éternel n°2 Mikael Tellqvist a connu un match difficile contre le Bélarus (6-5) et laisse à Stefan Liv la chance de s'imposer comme titulaire dans les cages suédoises. A contrario, Cristobal Huet a été excellent contre la Suisse (1-4), mais il est ménagé pour le match-clé du groupe contre le Bélarus.

La France réalise un début de match très intéressant et paraît prête à saisir sa chance si elle se présente. Un palet ayant rebondi dans la bande revient ainsi vers la cage et surprend Liv du mauvais côté. Meunier ne peut pas la reprendre, mais une faute est sifflée contre le capitaine suédois Kenny Jönsson. Le jeu de puissance ne peut forcer le verrou jaune, et les frères Treille se font prendre en surnombre en montant tous deux sur la glace, mais les Bleus défendent bien leur infériorité à leur tour. La partie est moins intense que face à la Suisse et la France n'est pas inquiétée pour l'instant.

Sur une seconde supériorité, Laurent Gras s'infiltre derrière la défense suédoise, mais son tir trop centré trouve le bras gauche de Liv. Dans la foulée, Fredrik Warg se présente lui aussi face à Lhenry, qui fait l'arrêt.

La Suède pousse un peu plus, et obtient une pénalité contre Trabichet pour cinglage, mais Fabrice Lhenry fait l'essentiel en ne laissant pas de rebond sur le tir du poignet de la bleue de Fernholm, puis en écartant les palets quand la tenaille se resserre, avec Karl Fabricius en permanence devant la cage. La France joue une troisième fois en infériorité, mais Stefan Liv est même obligé d'aller chercher de la mitaine un lancer de Laurent Meunier.

Les occasions sont encore partagées en début de deuxième période. François Rozenthal part seul en contre-attaque sur la droite, mais son tir est détourné par un réflexe de Liv. De l'autre côté, Niclas Wallin a le temps de récupérer une passe transversale dans la bande en zone offensive, passe derrière la cage et donne du revers à l'autre Wallin (Rickard) venu dans le slot, mais Lhenry est bien placé.

Sur un bon lancer de Bordeleau, Meunier vient chercher le rebond et prend une charge avec la crosse de Magnus Johansson... mais la pénalité est aussitôt annulée car la Suède part en contre à l'engagement et fait pénaliser Hecquefeuille. La crosse haute de Bellemare laisse ensuite la France dans une sitution à haut risque à trois contre quatre. Fabrice Lhenry repousse deux bons lancers de Patric Hörnqvist, sa défense n'ayant pu dégager le palet entre-temps. Les quelques secondes à trois contre cinq sont aussi tuées, Besch peut dégager au loin, et les supporters français peuvent scander "les Bleus". Ils pensent avoir évité le pire, mais Tony Mårtensson prend un lancer en entrée de zone et ouvre le score (1-0, 28'46")

Et voilà que ça recommance. À quatre contre quatre, Kenny Jönsson lance son partenaire défensif Jonas Frögren en débordement sur la droite, et Baptiste Amar cingle la crosse de l'arrière suédois quand il s'approche du but. Un 3 contre 4, encore. Le lancer de Kenny Jönsson est touché par la mitaine de Lhenry mais retombe derrière lui... Vincent Bachet écarte ce palet bouillant. On revient à cinq contre cinq... brièvement. Centre de Mårtensson pour le rôdeur Fabricius, que l'arbitre estime accroché par Amar. Le lancer de Magnus Johansson frappe l'épaule ou le masque de Lhenry, et Fabricius toujours en embuscade prend le rebond... à côté. La France essaie de forechecker en revenant au complet, mais la Suède lance la contre-attaque, et la reprise directe de Patric Hörnqvist sur passe de Warg troue la lucarne (2-0, 34'21").

Le troisième but est vraiment tout proche, quand Nils Ekman n'arrive pas à glisser le palet entre le poteau et le patin de Lhenry qui tend sa jambe alors qu'il est couché sur le ventre. De près, les Suédois n'y arrivent pas, par contre de loin... Un tir de Mattias Weinhandl rentre à mi-hauteur, côté plaque de Lhenry, masqué (3-0, 36'16"). Une supériorité numérique pourrait donner un ballon d'oxygène aux Bleus, mais ils peinent à s'installer. Et juste avant de rentrer aux vestiaires, le moment où ils avaient réduit l'écart avant-hier, ils encaissent un quatrième but. La Suède est installée en fond de zone, Yorick Treille regarde trop le palet et ne voit pas son vis-à-vis Niclas Wallin s'avancer dans l'enclave pour reprendre la passe de derrière la cage de Tony Mårtensson (4-0, 39'42"). Le score est très lourd pour les Français, qui ont payé leur accumulation de pénalités et ont ainsi passé ce deuxième tiers-temps à défendre : 23 tirs à 4 !

La France doit utiliser ce troisième tiers-temps pour préparer son dernier match, mais la Suède repart très fort avec cinq tirs en quatre minutes. Niklas Bäckström part de la bande avec un léger temps d'avance sur Jeff Bonnard et, juste au moment où il passe dans l'axe, il place le palet au premier poteau (5-0, 44'31"). La seule incursion française en zone offensive dure une seconde et Nicolas Besch y prend une pénalité de frustration pour n'avoir pas récupéré le palet. Alexander Edler, sur le point d'engagement gauche, glisse le palet sous les jambières de Lhenry (6-0, 47'36"). La défense française ne tient plus du tout son placement, et Robert Nilsson est absolument seul pour reprendre la passe de Rickard Wallin (7-0, 49'22").

Cristobal Huet est réclamé depuis quelques minutes par le public québécois, cruel envers Lhenry qui est réconforté sur le banc par Dave Henderson. L'ex-gardien des Canadiens de Montréal fait son entrée sous une standing ovation, et inaugure par une infériorité. Les arbitres se montrent cléments avec la France en n'infligeant que deux minutes à Kevin Hecquefeuille qui a coupé Fabricius au menton en levant sa crosse. Ils le sont moins avec Yorick Treille qui accroche Magnus Johansson, et les Bleus jouent à trois. Le tir de Kenny Jönsson passe sous les jambières ouvertes de Huet, masqué par l'inévitable Karl Fabricius qui a installé sa tente dans le slot français toute sa soirée (8-0, 51'46").

La chance voudra-t-elle sourire un peu à la France ? En supériorité, Laurent Meunier a l'angle de passe bouché à deux contre un et a la bonne inspiration de donner en retrait à François Rozenthal dont le lancer... frappe l'intérieur du poteau. Un second avantage numérique permet aux Bleus de s'installer un peu plus, sans autre résultat qu'un lancer de Bordeleau capté en deux temps par Stefan Liv. Après s'être pris un coup devant la cage après l'action, Bellemare va réclamer auprès de l'arbitre et prend une méconduite. Et enfin, le bouquet, la cata finale : un mauvais but pour Huet, un flip de la zone neutre de son coéquipier aux Washington Capitals, Niklas Bäckström, qui rebondit au-dessus de sa crosse et fuse entre ses bottes (9-0, 59'35").

Il ne faudra pas oublier de cette soirée ce premier tiers-temps où la France a fait jeu égal avec la Suède, et la mine sombre de l'entraîneur scandinave Bengt-Åke Gustafsson au moment de regagner précipitamment les vestiaires. Le contrecoup est à la hauteur des espoirs nés en première période. Lorsque les Scandinaves ont accéléré et ont pu dérouler leur jeu avec réussite, les Bleus ont craqué mentalement et a subi des dégâts qu'elle devra surmonter psychologiquement pour aborder correctement son dernier match de poule, le plus important.

On ne sait même pas si la Suède sort pleinement rassurée. Défensivement, Liv a eu un blanchissage sans avoir eu l'air totalement rassurant. La Tre Kronor a paru jouer avec moins d'intensité que la Suisse, mais son attaque moins laborieuse est incontestablement plus talentueuse et dispose de joueurs capables de faire la différence avec une qualité de lancer supérieure.

Désignés joueurs du match : Stefan Liv pour la Suède et Baptiste Amar pour la France.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Commentaires d'après-match (dans L'Équipe)

Jonathan Zwikel (attaquant de la France) : "J'ai honte. On a fait un bon début de match, mais quand les buts ont commencé à tomber, on a renoncé. On n'a pas le droit de laisser tomber nos gardiens comme on l'a fait. Aujourd'hui, je ne peux pas les regarder dans les yeux. On les a abandonnés. À ce niveau, avec les moyens qu'on a, on n'a pas le droit de baisser la tête comme ça. Notre objectif, c'est le maintien, et il est toujours réalisable. Mais il va falloir se regarder en face et retrouver un esprit guerrier. Parce que perdre contre la Suède, c'est logique, mais il faut au moins se jeter sur tous les palets, avoir un sens du sacrifice."

 

Suède - France 9-0 (0-0, 4-0, 5-0)

Lundi 5 mai 2008 à 19h00 au Colisée Pepsi de Québec. 8845 spectateurs.

Arbitrage de Daniel Piechaczek (ALL) et Thomas Sterns (USA) assistés d'Ansis Eglitis (LET) et Thomas Gienke (NOR).

Pénalités : Suède 4' (2', 6', 4'), France 32' (6', 10', 6'+10').

Tirs : Suède 51 (13, 23, 15), France 16 (7, 4, 5).

Évolution du score :

1-0 à 28'46" : Mårtensson assisté de Weinhandl et Johansson (sup. num.)

2-0 à 34'21" : Hörnqvist assisté de Warg et K. Jönsson (sup. num.)

3-0 à 36'16" : Weinhandl assisté de Fabricius

4-0 à 39'42" : N. Wallin assisté de Mårtensson et Edler

5-0 à 44'31" : Bäckström assisté de Warg

6-0 à 47'36" : Edler assisté de Jönsson et Warg (sup. num.)

7-0 à 49'22" : Nilsson assisté de R. Wallin et Frögren

8-0 à 51'46" : Jönsson assisté de Weinhandl et Fabricius (double sup. num.)

9-0 à 59'35" : Bäckström assisté d'Edler et Warg

 

Suède

Gardien : Mikael Tellqvist.

Défenseurs : Jonas Frögren - Kenny Jönsson (C) ; Alexander Edler - Niclas Wallin (A) ; Daniel Fernholm - Magnus Johansson (A).

Attaquants: Patric Hörnqvist - Nicklas Bäckström - Fredrik Warg ; Nils Ekman - Rickard Wallin - Robert Nilsson ; Karl Fabricius - Tony Mårtensson - Mattias Weinhandl ; Johan Andersson - Michael Holmqvist - Marcus Nilson.

Remplaçant : Stefan Liv (G). Absent : Anton Strålman (clavicule).

France

Gardien : Fabrice Lhenry puis Cristobal Huet à 49'22".

Défenseurs : Baptiste Amar - Vincent Bachet (A) ; Nicolas Besch - Simon Lacroix ; Benoît Quessandier - Teddy Trabichet ; Jean-François Bonnard (A).

Attaquants : Yorick Treille - Laurent Meunier (C) - Sébastien Bordeleau ; François Rozenthal - Laurent Gras - Olivier Coqueux ; Julien Desrosiers - Pierre-Édouard Bellemare - Kévin Hecquefeuille ; Luc Tardif - Jonathan Zwikel - Sacha Treille ; Anthoine Lussier.

 

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