Rép. Tchèque - Russie (4 mai 2008)

 

Championnat du monde 2008, premier tour - Groupe D.

Les Russes et les Tchèques se retrouvent pour le sommet de leur groupe, un des tous premiers de ces championnats du monde. Leur entrée en matière dans la compétition a été plutôt tranquille, victoire 5-2 pour les Tchèques contre le Danemark et 7-1 pour la Russie face à l'Italie. Au-delà de la qualification pour le tour suivant, promise aux deux équipes sauf surprise, il s'agit pour les uns comme pour les autres de marquer son territoire avant les phases finales.

Les Russes débutent pied au plancher avec une incursion de Zinoviev qui tire sur Hnilicka. Les Tchèques répliquent aussitôt sur un 2 contre 1 où Radim Vrbata repique au centre mais bute finalement sur Eremenko. Dès le début, les débats semblent relativement ouverts avec deux équipes qui ouvrent le jeu, et ceci restera une constante tout au long de la rencontre. Ce sont les Russes qui débloquent les premiers leur compteur suite à un très beau mouvement en zone d'attaque avec Kovalchuk à l'origine de l'action côté gauche, qui sert Morozov pour un relais au centre. Zinoviev hérite finalement du palet côté droit et marque en deux temps (0-1, 03'47"). Les affaires tchèques se compliquent lorsque Hanzal part en prison pour une crosse haute sur Fedorov mais les Russes se montrent peu dangereux sur le power-play. Kovalchuk se fait sanctionner quelques minutes plus tard et les Tchèques ne laissent pas passer l'occasion. Le palet passe de crosse en crosse sans contrôle pour finir dans la palette de Patrik Elias qui conclut à bout portant... Un modèle du genre en power-play (1-1, 09'08"). Dans ce match, la moindre pénalité offre une occasion de but à l'adversaire. L'indiscipline russe finit par coûter cher car sur la deuxième pénalité russe (Semin cette fois), les Tchèques trouvent de nouveau la faille sans avoir installé le jeu de puissance : Tomas Fleischmann adresse une passe parfaite à Ales Kotalik qui prend à revers la défense russe pour marquer (2-1, 12'05").

Les Tchèques ont parfaitement réagi suite à l'ouverture du score russe et mettent de l'intensité dans la rencontre. Les Russes souffrent, Semin puis Zinoviev partent tour à tour en prison, offrant un 5 contre 3 aux coéquipiers de Kaberle. Ces derniers installent parfaitement leur jeu de puissance mais Eremenko est parfait dans sa cage et les Russes s'en sortent sans dommage. Ils reprennent confiance et mettent à leur tour la pression sur Hnilicka alors que les premiers accrochages se font jour. Les pénalités sont tchèques désormais avec Hanzal puis Zidlicky, ce dernier pris de vitesse par Ovechkin. Cette fois la double supériorité numérique est russe, et après des tentatives de Korneev et Fedorov, Gorovikov arrache l'égalisation d'un tir du revers sur le coup de sirène, mettant fin ainsi à une période de toute beauté (2-2, 19'59").

La Russie est toujours en power-play au début de la deuxième période mais Ovechkin, démarqué, repique au centre avant de buter sur Hnilicka. Vorobiev se fait pénaliser pour une dureté à l'encontre de Hlinka, mais cette fois les Russes tiennent bon en infériorité numérique. Vrbata se signale une nouvelle fois par un tir alors que les accrochages devant les cages se multiplient. La tension monte d'un cran et atteint son maximum lors d'une mêlée devant la cage russe. Aleksandr Eremenko, en extension suite à un arrêt, prend sur lui ses deux défenseurs Nikulin et Proshkin et reste au sol : il doit quitter la glace, aidé par ses coéquipiers, touché au genou. Mikhaïl Biryukov fait donc ses débuts dans les championnats du monde alors que les Russes se retrouvent en supériorité numérique suite à la bagarre. Après une première tentative de Fedorov, un slap de la bleue de Daniil Markov est suffisamment dévié par Aleksei Morozov pour tromper Hnilicka (2-3, 27'44").

Les hommes de Bykov reprennent donc l'avantage dans ce jeu du chat et la souris et sous tout près d'enfoncer le clou en power-play suite à une faute d'Elias. La pression russe sur Hnilicka est énorme mais ce dernier résiste et sort le grand jeu devant Ovechkin. Les Russes laissent passer leur chance de faire le break et se retrouvent à leur tour en infériorité suite à une faute de Markov. Les Tchèques ne laissent pas passer l'occasion et égalisent sur un rebond de Patrick Elias consécutif à un tir non cadré de Zidlicky qui a rebondi contre la balustrade (3-3, 33'47"). Les hommes d'Alois Hadamczik finissent alors le tiers en boulet de canon avec un tir de Krejci puis un slap de Kuba en power-play qui provoque une mêlée devant la cage russe. À la suite d'une belle combinaison, Hlinka échoue sur Mikhaïl Biryukov, très sollicité pour son entrée en jeu mais qui répond présent pour préserver l'essentiel en fin de période.

La dernière période débute par une pénalité de Gorovikov et un nouvel avantage numérique offert aux Tchèques. Intraitables ce soir dans cet exercice, ils marquent grâce à l'excellent travail de Hlinka qui, dans un plongeon désespéré, parvient à passer le palet à Elias complètement démarqué. L'attaquant des New Jersey Devils complète ainsi un très beau hat-trick (4-3, 42'51"). Les Tchèques semblent avoir fait un pas décisif vers la victoire mais une pénalité de Rolinek vient tout remettre en cause. Les Russes s'installent bien dans la zone d'attaque, et suite à une passe en retrait de Semin, Korneev expédie le palet sous la barre d'un puissant slap de la bleue (4-4, 46'47").

Le jeu devient alors pour la première fois plus brouillon, chaque équipe essayant de limiter les risques en zone neutre pour éviter d'encaisser le but fatal. Arrivent deux pénalités consécutives de Hanzal puis Irgl. Malgré une bonne défense tchèque en infériorité, les Russes pensent trouver la faille sur un beau mouvement entre Zaripov et Zinoviev qui conduit à un but du premier cité, mais il est refusé car faisant suite à un arrêt de jeu sifflé par l'arbitre à cause de la confusion dans le slot. Mozyakin allume Hnilicka d'une belle reprise avant de se faire pénaliser dans les cinq dernières minutes. Malgré une action dangereuse devant un filet désert, les Tchèques ne parviennent pas cette fois à faire la différence.

À l'image du reste de la rencontre, la prolongation est très ouverte. Kaberle allume la première mèche avant d'accrocher Kovalchuk, parti seul face au but tchèque. Le penalty, indiscutable, est sifflé en faveur de l'attaquant des Atlanta Thrashers mais ce dernier ne parvient pas à se faire justice lui-même, son tir heurtant le poteau de Hnilicka. Les Russes se créent les meilleures occasions par Ovechkin qui essaie de surprendre Hnilicka entre les jambes puis par Mozyakin. Finalement les coéquipiers de Morozov auront le dernier mot sur une passe en retrait de Zinoviev pour son capitaine dont la reprise instantanée fait mouche (4-5, 63'10").

Très belle rencontre entre deux équipes qui n'ont pas fermé le jeu, proposant ainsi un spectacle de très haut niveau avec parfois à la clé des combinaisons de toute beauté. Le suspense a été garanti de bout en bout, vu qu'aucune équipe n'a réussi à prendre deux buts d'avance à un moment ou à un autre. Le jeux de puissance ont joué un rôle essentiel puisque seulement deux buts ont été inscrits à égalité numérique. C'est la preuve de l'efficacité du power-play de ces deux équipes, mais c'est aussi un signe de faiblesse défensive. Les Tchèques ont rendu une copie dans l'ensemble plus convaincante que les Russes, notamment sur le plan offensif, mais dominer n'est pas gagner et ils l'ont appris à leurs dépens. Patrik Elias et Jaroslav Hlinka - qui faisait son entrée ce soir - ont réalisé un grand match avec un coup du chapeau à la clé pour Elias, tandis que Hnilicka n'a pas démérité. Côté russe, on retiendra la performance de Morozov avec deux buts mais on attendait plus d'Ovechkin, relativement discret. La victoire est opportuniste mais avec la blessure d'Eremenko, le staff russe va devoir se pencher sérieusement sur la question des gardiens pour la suite de ces championnats du monde.

Désignés joueurs du match : Patrik Elias (République Tchèque) et Ilya Kovalchuk (Russie)

Compte-rendu signé Christophe Laparra

 

Commentaires d'après match :

Vyacheslav Bykov (entraîneur de la Russie) : "Les deux équipes sont favorites de leur groupe et jouaient pour gagner. Mais en ce qui concerne, la première moitié du match n'était pas celle que nous voulions voir. L'adversaire nous en a empéché. La troisième période était meilleure, et je suis satisfait du résultat et de la qualité du match. Je pense cependant que nos ailiers n'ont pas très bien joué défensivement. [...] Nos lignes offensives sont déjà complètes, donc Aleksei [Kovalev] ne pourra pas participer aux championnats du monde cette année. Pour Markov, je ne peux rien dire, il a des problèmes avec son genou. Nous lui avons laissé comme message qu'il pouvait nous contacter si sa situation changeait. [...] Nous n'avons pas pu plus utiliser Radulov, parce que nous avons pris beaucoup de pénalités. Peut-être qu'il jouera plus au prochain match. [...] En fait, on nous a demandé d'élire le joueur du match vers la cinquantième minute, et pas à la fin. Nous avons donné notre point de vue à ce moment, nous considérons qu'Ilya [Kovalchuk] a bien joué. Oui, il a manqué son penalty, mais c'est le sport."

Alois Hadamczik (entraîneur de la République Tchèque) : "Les deux équipes ont joué de façon spectaculaire. Nous aurions marquer quelques buts de plus, il y a eu les occasions pour ça. La meilleure était la supériorité à la fin, que nous n'avons pas utilisée. Plekanec a exprimé le désir de jouer pour l'équipe nationale et nous rejoindra sous peu. Il nous reste trois places libres, obligatoirement destinées à de très forts joueurs de NHL. Qui précisément, je ne le dirai pas pour le moment.

Tomas Kaberle (capitaine de la République Tchèque) : "Le moment clé du match était le 5 contre 3 lorsque nous menions 2-1. Si nous avions marqué à ce moment-là, cela aurait fait 3-1 et cela aurait été bien plus difficile pour l'équipe russe de revenir au score. [Patrik Elias] a réalisé un gros match pour nous aujourd'hui et c'est un grand leader dans notre équipe."

 

République Tchèque - Russie 4-5 après prolongation (2-2, 1-1, 1-1, 0-1).

Dimanche 4 mai à 13h00 au Colisée Pepsi de Québec. 13109 spectateurs

Arbitrage de Guy Pellerin (CAN) et Chris Savage (CAN) assistés de Ansis Eglitis (LET) et Stefan Fonselius (FIN)

Pénalités : Rép. Tchèque 20' (6', 6', 8', 0'), Russie 22' (8', 8', 6').

Tirs cadrés : Rép. Tchèque 43 (12, 20, 9, 2), Russie 27 (8, 8, 7, 4).

Évolution du score :

0-1 à 03'47" : Zinoviev assisté de Morozov et Kovalchuk

1-1 à 09'08" : Elias assisté de Hlinka et Zidlicky (sup. num.)

2-1 à 12'05" : Kotalik assisté de Fleischmann et Kuba (sup. num.)

2-2 à 19'59" : Gorovikov assisté de Vorobiev (double sup. num.)

2-3 à 27'44" : Morozov assisté de Markov et Kalinin (sup. num.)

3-3 à 33'47" : Elias assisté de Zidlicky et Kaberle (sup. num.)

4-3 à 42'51" : Elias assisté de Hlinka et Kaberle (sup. num.)

4-4 à 46'47" : Korneev assisté de Semin et Kovalchuk (sup. num.)

4-5 à 63'10" : Morozov assisté de Zinoviev et Kalinin

 

République Tchèque

Gardien : Milan Hnilicka.

Défenseurs : Tomas Kaberle (C) - Marek Zidlicky ; Jan Hejda - Filip Kuba (A) ; Petr Caslava - Zbynek Michálek.

Attaquants : Martin Erat - Jaroslav Hlinka - Patrik Elias (A) ; Tomas Fleischmann - Martin Hanzal - Radim Vrbata ; Ales Kotalik - Jirí Novotný - Jakub Klepis ; Tomás Rolinek - David Krejci - Zbynek Irgl.

Remplaçant : Marek Pinc (G).

Russie

Gardien : Aleksandr Eremenko puis Mikhaïl Biryukov à 25'44".

Défenseurs : Daniil Markov - Dimitri Kalinin ; Denis Grebeshkov - Konstantin Korneev ; Vitali Proshkin - Ilya Nikulin ; Dmitri Vorobiev.

Attaquants : Ilya Kovalchuk - Sergei Zinoviev - Aleksei Morozov (C) ; Aleksandr Ovechkin - Sergei Fedorov (A) - Aleksandr Semin ; Sergei Mozyakin - Konstantin Gorovikov - Maksim Sushinsky (A) ; Aleksandr Radulov - Aleksei Tereshchenko - Danis Zaripov.

 

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