Bélarus - Suède (3 mai 2008)

 

Championnat du monde 2008, premier tour, groupe A.

Buts à gogo

Bélarus-Suède, c'est le match des équipes qui doutent avant d'aborder ce championnat du monde. Les champions olympiques suédois abordent ce Mondial privés de nombreuses stars, alors que les Bélarussiens semblent avoir un gros problème de gardien. La retraite d'Andreï Mézine embête l'équipe nationale. Ce soir, le titulaire est finalement le Russe naturalisé bélarussien, Vitali Koval, qui évolue à Hrodna en Extraliga bélarussienne. Accessoirement, c'est aussi le premier match dans le groupe de la France, l'occasion de voir si les Bleus ont une chance de battre, pour une fois, le Bélarus, annoncé comme l'adversaire le plus à la portée des Coqs...

La rencontre débute sur un rythme des plus modéré. Les deux équipes n'ont visiblement pas envie de se livrer aux contres de l'adversaire. Et alors que l'on n'a vu encore vu grand-chose, Magnus Johansson, la panthère de Floride trompe Vitali Koval par un tir entre ses jambières (0-1). Sur leur premier tir sérieux du match, les Suédois ouvrent la marque, cela s'appelle l'expérience du haut niveau, l'efficacité... ou la chance !

Les Bélarussiens ont une belle occasion de revenir dans la partie. À la huitième, l'attaquant de Färjestad, Sach... euh pardon, Rickard Wallin, envoie sa crosse directement sur le visage de leur défenseur Makritsky qui devient aussi rouge que son maillot. C'est un 2'+2' mérité. Le problème est qu'ils ne parviennent pas à s'installer réellement dans la zone durant ces longues minutes et que les Suédois n'ont aucun mal à se dégager. Le Bélarus aurait dû en profiter. Car tout juste revenue à égalité numérique, la Suède double la mise. Un tir lointain de Nicklas Bäckström, et le jeune (20 ans) coéquipier de Cristobal Huet aux Caps trompe la vigilance de Vitali Koval (0-2). L'entraîneur américain du Bélarus, Curt Fraser, en est réduit à demander un temps mort. Avec ses deux buts sur ses deux tirs (ou presque), la Suède voit venir et commence, inconsciemment, à se dire que c'est dans la poche.

Au moment où le match ronronne et que l'on approche tranquillement de la première pause, le Bélarus recolle au score. Et c'est une vieille connaissance du championnat de France, l'ex Brestois (Brest en Bretagne, pas Brest ex-Litovsk à la frontière polonaise du Bélarus) qui relance l'intérêt de la rencontre ! Viktor Kastyouchonak trompe le gardien des Coyotes de Phoenix, qui s'ennuyait depuis le début de la rencontre. Le joueur du Iounost Minsk de récupère une passe de derrière la cage de Mikael Tellqvist pour tromper ce dernier entre les jambières. Un but salué par les supporters bélarussiens présents à Québec. Il faut préciser qu'il y a une importante communauté bélarussienne au Canada depuis le XIXe siècle, particulièrement dans l'ouest anglophone du pays. Un certain Wayne Gretzky en est le plus célèbre représentant. Des supporters qui agitent plutôt le drapeau blanc-rouge-blanc, cher à l'opposition et interdit par le régime Loukachenko, que le drapeau officiel, rouge et vert, issu de l'époque soviétique. Là aussi, il faut rappeler que ce drapeau blanc-rouge-blanc est celui de la République Populaire du Bélarus, fondée en 1918 et dont les dirigeants sont partis en exil, d'abord en Lituanie, puis aux États-Unis lorsque la République est tombée sous les coups de l'Armée Rouge en 1919. Or, cette République Populaire continue depuis lors à exister en exil, et il se trouve que sa présidente actuelle, Ivonka Survila est... canadienne ! Tout ça pour dire que le Bélarus a quelques supporters dans les tribunes !

Des supporters qui peuvent y croire lors du retour sur la glace, puisque les Bélarussiens bénéficient d'entrée de jeu d'une supériorité numérique. Et ça marche ! Surprise des surprises, le Bélarus égalise. Un tir lointain du défenseur Aleh Leontiev, un renvoi de Mikael Tellqvist, et Konstantin Koltsau récupère le palet. Le nouveau champion de Russie lève la tête et, intelligemment, passe à Siarheï Zadialenau qui marque dans la cage vide (2-2, 22'58"). Et ce n'est pas fini. À peine le temps de se remettre que le Bélarus prend l'avantage ! Un autre joueur de la Superliga, Alyakseï Ougarau de Nijnekamsk, tire en pivot entre les jambes de Mikael Tellqvist (3-2, 23'45").

Bon ! Ce n'est pas tout ça, mais cela ressemble à une énorme surprise ! Le problème est que les Bélarussiens vont se tirer une balle dans le pied en se retrouvant immédiatement après en double infériorité (Jourik puis Kastyouchonak). La sanction est immédiate. Un tir lointain de la bleue de Patric Hörnqvist (3-3, 26'23"). Et le Bélarus multiplie les fautes. Viktor Kastyouchonak sèche Nils Ekman, qui évolue en Russie au Faux-Khimik. Les Tre Kronor font le siège de la cage de Vitali Koval, mais le gardien du Neman Hrodna tient le coup.

Mieux, les contres bélarussiens deviennent intéressants et les joueurs d'Europe de l'est ont une supériorité numérique suite à une faute de Wallin (non pas Viktor, juste Niclas...). Et cela marche ! Le Bélarus reprend l'avantage d'un "monstrueux" missile de la bleue lancé par Alyaksandr Jourik, après un gros travail de l'indispensable Aliakseï Kalioujni de l'Avangard Omsk (4-3, 35'57"). Mais la joie bélarussienne est de courte durée. Moins de deux minutes. Un palet mal dégagé par la défense directement sur Nilsson (Robert, pas Anders !), un gardien loin de sa cage, et cela fait 4-4. Cinq buts dans le tiers, il est temps de souffler un quart d'heure !

Souffler est le mot, car la troisième période repart sur les mêmes bases ! On ne joue que depuis un peu plus d'une minute que le Bélarus a déjà repris l'avantage. Un tir puissant dans l'axe de l'attaquant du Spartak Moscou, Dzimitri Melechka, finit sa course dans la cage suédoise après avoir trouvé son chemin à travers les jambières de Mikael Tellqvist (encore !). Et voilà le score à 5-4 !

Mais, bon, on a l'habitude dans ce match de fou. Il ne faut pas attendre bien longtemps l'égalisation, deux minutes trente environ. Un tir balayé de Patric Hörnqvist, depuis le cercle rouge à gauche de Koval, trompe le gardien du Bélarus pour le dixième but de la partie : 5-5 et deuxième but pour le jeune joueur de Djurgården. Mais franchement, les "goalies" ne sont pas à la fête ce soir. Pour un peu, s'ils étaient taquins, les habitants de Québec diraient qu'on se croirait, pas loin d'ici, à Montréal...

Le match est toujours aussi fou. Alyaksandr Koulakau part en dribble chaloupé dans la défense suédoise, totalement rigide, et échoue de peu sur Mikael Tellqvist à la 49e... Mais ce sont les Vikings qui trouvent la faille à la 51e. En embuscade au premier poteau, Wallin (Rickard) loge la rondelle, où ça ? Ben entre les jambières, comme d'hab... En tout cas, voilà les Suédois devant (5-6) ! Attention, amis bélarussiens, car à la 53e, Viktor Kastyouchonak va dans un endroit qu'il connaît particulièrement aujourd'hui : la prison ! Le jeu de puissance suédois est en place, mais les filets ne tremblent pas cette fois. Ce n'est pas non plus la foire à Neuneu, à tous les coups, on gagne !

En revanche, on croit bien que l'heure de l'égalisation est arrivée lorsque Alyakseï Ougarau se retrouve seul face à Mikael Tellqvist. Mais le gardien de Phoenix bloque la tentative... Et le temps file, il ne reste que deux minutes à jouer, les rouges font le siège des jaunes. Plus qu'une minute, plus de gardien dans la cage bélarussienne.

En vain, la Suède a gagné. Dans la douleur, dans l'extrême souffrance, mais a gagné. Les Bélarussiens peuvent franchement être déçus. Ils ne sont pas récompensés de leur super match. Les Français peuvent dire "merci" aux Suédois. En mettant les Bélarussiens en confiance dans ce Mondial, eux qui doutaient, ils n'ont pas vraiment rendu service aux Coqs. Sympa ! Bon, d'accord, les Scandinaves s'en moquent, ils ont d'autres soucis...

Viktor Kastyouchonak est récompensé (pas pour ses prisons !) en étant désigné meilleur joueur de son équipe, et l'auteur du doublé Patric Hörnqvist l'est pour la Suède.

Compte-rendu signé Bruno Cadene

 

Commentaires d'après-match

Bengt-Åke Gustafsson (entraîneur de la Suède) : "Je suis très heureux de cette victoire face à une équipe en progrès. Je suis content qu'il ait été possible de marquer six fois, même si nous avons trop encaissé. Cependant, il n'y a pas de reproche à faire au gardien. Peut-être n'était-ce pas son meilleur match, mais les buts sont la conséquence d'actions manquées. À vrai dire, je considérais avait ce match que notre principal compétiteur dans ce groupe était la Suisse. Mais je suis maintenent prêt à changer d'avis."

Curt Fraser (entraîneur du Bélarus) : "Nous affrontions le pays n°1 du classement mondial, mais nous avons pu faire jeu égal. Certes, une équipe qui marque cinq buts est obligée de gagner. Cependant, la sortie sur blessure de Makritsky en première période a eu des effets négatifs sur notre défense, gardien compris. Il n'a pas brillé aujourd'hui, néanmoins vous verrez encore Koval à l'avenir. Le vrai Koval. Il sait bien jouer, mais n'a pas pu éviter la nervosité pour ses débuts à ce niveau."

Viktor Kastyuchonak (meilleur joueur du Bélarus) : "Bien sûr, la perte de Makritsky était embêtante. Mais, après avoir compris que nous ne pourrions plus compter sur lui, nous avons essayé de nous battre pour deux. Dans les deux précédents championnats du monde, je n'avais pas pris une seule minute de pénalité, et aujourd'hui j'en ai totalisé six. C'est simplement que je devais fréquemment faire trois présences de suite sur la glace. Je me suis fatigué et je n'ai pas toujours pu jouer proprement contre les attaquants suédois. Néanmoins nous avons fait un bon match : l'adversaire n'a eu l'avantage aux tirs que grâce à son jeu de puissance."

 

Bélarus - Suède 5-6 (1-2, 3-2, 1-2)

Samedi 3 mai 2008 à 13h00 au Colisée Pepsi de Québec. 9204 spectateurs.

Arbitrage de Sami Partanen et Jyri Petteri Rönn (FIN) assistés de Stefan Fonselius (SUE) et Anton Semionov (EST).

Pénalités : Bélarus 8' (0', 6', 2'), Suède 8' (4', 4', 0').

Tirs : Bélarus 24 (12, 7, 5), Suède 46 (10, 18, 18).

Évolution du score :

0-1 à 03'59" : Johansson assisté d'Ekman

0-2 à 12'18" : Bäckström assisté de Fernholm et Nilsson

1-2 à 18'32" : Kastyuchonak assisté de Zadelenov et Kalyuzhny

2-2 à 22'58" : Zadelenov assisté de Koltsov et Leontiev

3-2 à 23'45" : Ugarov assisté de Kulakov et Mikhalev

3-3 à 26'23" : Hörnqvist assisté de Jönsson et Bäckström (double sup. num.)

4-3 à 35'57" : Zhurik assisté de Denisov et Kalyuzhny (sup. num.)

4-4 à 37'51" : Nilsson assisté de N. Wallin et R. Wallin

5-4 à 41'18" : Meleshko assisté de Kastyuchonak et Chuprys

5-5 à 43'41" : Hörnqvist assisté d'Andersson et Warg

5-6 à 50'32" : R. Wallin assisté d'Ekman et Frögren

 

Bélarus

Gardien : Vitali Koval.

Défenseurs : Aliaksandr Makritsky - Vladimir Denisau ; Viktor Kastyuchonak - Oleg Leontiev ; Siarhei Kolosau - Aliaksandr Zhurik.

Attaquants : Oleg Antonenko (C) - Sergei Zadelenov - Konstantion Koltsau ; Dmitri Mialeshka - Aliaksei Kalyuzhny - Yaroslav Chuprys ; Aliaksandr Kulakov - Andrei Mikhalev - Aliaksei Ugarov ; Viktor Dudik.

Remplaçant : Stepan Goryachevskikh (G).

Suède

Gardien : Mikael Tellqvist.

Défenseurs : Kenny Jönsson (C) - Anton Strålman ; Jonas Frögren - Niclas Wallin ; Daniel Fernholm - Magnus Johansson.

Attaquants : Fredrik Warg - Nicklas Bäckström - Patric Hörnqvist ; Nils Ekman - Johan Andersson - Marcus Nilson ; Karl Fabricius - Tony Mårtensson - Mattias Weinhandl ; Robert Nilsson - Rickard Wallin.

Remplaçant : Stefan Liv (G).

 

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