Championnats du monde de division III, troisième journée.

Ces deux pays ayant tous deux battu la Turquie, ils disputent aujourd'hui un duel décisif avec comme perspective la deuxième place synonyme de montée en division II. Le Luxembourg, qui a dominé l'Afrique du sud l'an passé, part plutôt favori, surtout à domicile. L'affluence est à la hauteur de l'affiche puisque les tribunes de la patinoire de Kockelscheuer sont bondées. La mascotte "Leo" se charge de chauffer les supporters des Lions.

Dans ce genre de match serré, chaque pénalité peut avoir son importance. On le comprend tout de suite. Edge est sanctionné pour dureté, les Luxembourgeois restent installés pendant près de deux minutes et finissent par marquer grâce à un slap de Serge Milano suivi au rebond par Thierry Holtzem (1-0, 04'27"). Mais lorsque la première pénalité locale - un accrocher de Strasser - s'achève, les Sud-Africains restent insistants dans le slot et George Lyon finit par glisser le palet dans les filets (1-1, 06'56"). Le Luxembourg prend le dessus dans la seconde moitié du premier tiers. Une contre-attaque solitaire de Benny Welter (12'25") fait se lever toute la patinoire, surtout ceux qui ne voient rien avec les coaches dans la ligne de visée des cages. Deux minutes plus tard, Nicholas Graf se sacrifie sur un breakaway de Houdremont et sort le nez coupé pour avoir plongé dans ses patins. L'Afrique du sud a une dernière occasion à quatre contre quatre, un une-deux Giot-Marais, mais Philippe Lepage fait l'arrêt.

Le renouveau sud-africain se confirme en deuxième période. Carel Esterhuizen a deux occasions, un qu'il crée en vain et une qu'il gâche. Son tir excentré provoque un bon rebond dans l'axe non exploité, puis, sur un bon décalage de Miller, sa conclusion rasante dans les bottes n'est pas la plus opportune. Le Luxembourg fait preuve de plus d'efficacité : engagement en zone offensive, palet devant la cage, tir de Steven Minden et rebond de Patrick Schon (2-1, 26'22"). Mais il est dit que les deux équipes ne veulent pas se séparer. Phillip Woolf, dans l'enclave, décroche la toile d'araignée de la lucarne (2-2, 27'35").

L'instinct rugueux des Sud-Africains resurgit avec une charge incorrecte de Marais et une rude charge contre la bande de Giot. Pendant une minute vingt à 3 contre 5, Marsh et Fraquet ne laissent pas les blancs s'installer. Le contraste de style est de plus en plus marqué. D'un côté, le festival technique du Tchéco-Luxembourgeois Robert Beran n'est pas exploité. De l'autre, on fait moins dans la fioriture. L'illustration la plus étonnante est la tactique primitive choisie par Jared Joyce lorsqu'il arrive en un contre un face au dernier défenseur à la bleue : la percussion, le rentre-dedans tête la première. Le "troisième-ligne" sudaf' est ainsi plaqué au sol avec son vis-à-vis, en laissant libre derrière lui ce petit détail appelé palet dont il ne veut pas s'embarrasser. Et il a bien raison : son coéquipier Kieren Edge, au soutien, s'empare de la rondelle immobile et va la glisser entre les jambières du gardien (2-3, 31'56").

Cette incroyable charge du possesseur du palet sur le non-possesseur a fait basculer le match. L'Afrique du sud prend l'ascendant, et après une série de rebonds, Esterhuizen conclut du revers (2-4, 34'25"). Les Luxembourgeois supportent mal la pression physique, mais il faut encore que les verts gèrent la contrepartie qu'ils paient, avec une nouvelle charge incorrecte de Marsh. L'équipe locale choisit les tirs ras glace face au monumental Ashley Bock, mais le "Géant Vert" est agile des jambières. La passe transversale la plus dangereuse est coupée par Andre Marais qui dégage le palet. La pénalité est tuée et l'Afrique du sud semble avoir fait le plus dur.

C'est le panique dès le retour des vestiaires pour le Luxembourg, avec une glissade de Beran devant sa cage. Un signe annonciateur, car c'est quand Julien Springer (49 ans) trébuche au repli défensif que Ryan Marsh met le cinquième but sur une remise de Joyce (2-5, 42'40"). L'espoir du public s'amenuise au fil des minutes. Patrick Schon l'entretient en envoyant directement le palet à la cage sur un engagement. Le rebond est envoyé dans le haut du filet par Yves Dessouroux (3-5, 49'18"). Les pénalités s'accumulent en fin de match et le Luxembourg sort son gardien pour jouer à cinq contre trois. Un lancer de la bleue de Georges Scheier, un rebond de Benny Welter, et le mince espoir renaît (4-5, 59'36"). Il dure le temps de la mise au jeu gagnée, car une construction précipitée aboutit à un dégagement interdit fatal.

L'Afrique du sud a su imposer son jeu physique, basique, parfois primaire. Elle a joué l'homme, mais toujours en restant dans le sens du jeu. La déception est sévère pour le Luxembourg, battu encore une fois dans un match décisif malgré le soutien appréciable d'une patinoire pleine. Pour le prometteur gardien Philippe Lepage, ce troisième match de championnat du monde comme titulaire (après ses gros matches dans la rencontre décisive contre l'Irlande l'an passé et face à la Corée du nord avant-hier, même si la défaite était à chaque fois au rendez-vous) a peut-être constitué une première désillusion avec une prestation très moyenne.

Désignés meilleurs joueurs (par les entraîneurs) : Patrick Schon pour le Luxembourg et Andre Marais pour l'Afrique du Sud.

Compte-rendu signé Marc Branchu

Commentaires d'après-match

Ronnie Wood (entraîneur de l'Afrique du Sud) : "Nous sommes très heureux d'être dans la position dans laquelle nous sommes. Nous ne nous attendions vraiment pas à jouer la montée, car il ne nous reste que cinq joueurs de l'équipe de l'an passé. Battre le pays-hôte est toujours très important, surtout devant un public si nombreux. Pour être franc, nous avons été plus malins et plus intelligents qu'eux, et c'est tout. Ils ont pris quelques décisions étranges sur leur banc, c'est leur affaire [NDLR : en fait, Lepage a été titularisé parce que Michel Welter était blessé]."

Luxembourg - Afrique du sud 4-5 (1-1, 1-3, 2-1)

Jeudi 3 avril 2008 à 20h00 à la patinoire de Kockelscheuer. 800 spectateurs.

Arbitrage de Michel Eysermans (BEL) assisté de Marc Boguna Vallet (ESP) et Jeroen de Schrijver (BEL).

Pénalités : Luxembourg 10' (4', 0', 6'), Afrique du sud 20' (4', 6', 10').

Tirs : Luxembourg 42 (12, 12, 18), Afrique du sud 39 (15, 11, 13).

Évolution du score :

1-0 à 04'27" : T. Holtzem assisté de Milano

1-1 à 06'56" : Lyon assisté de Valadas

2-1 à 26'22" : Schon assisté de Minden et Springer

2-2 à 27'35" : Woolf assisté de Valadas et Marsh

2-3 à 31'56" : Marais assisté de Joyce et Watson

2-4 à 34'25" : Esterhuizen

2-5 à 42'40" : Marsh assisté de Joyce

3-5 à 49'18" : Dessouroux assisté de Schon

4-5 à 59'36" : B. Welter assisté de G. Scheier

Gardien : Philippe Lepage [sorti de 58'56" à 59'47"].

Défenseurs : Joel Holtzem - Ronny Scheier (C) ; Serge Milano - François Schons ; Jean-Claude Strasser - Rafael Springer.

Attaquants : Ben Houdremont - Benny Welter (A) - Robert Beran ; Eric Wambach - Georges Scheier - Thierry Holtzem ; Steven Minden - Patrick Schon (A) - Yves Dessouroux ; Jean-Marie Funk, Yannick Back.

Remplaçants : Michel Welter (G), Kai Linster.

Gardien : Ashley Bock [sorti de 19'58" à 20'00"].

Défenseurs : Gerard Habib - Ryan Marsh (A) ; Cameron Birrell - David Watson ; Nicholas Graf - Kieren Edge.

Attaquants : Phillip Woolf - Jack Valadas (A) - George Lyon ; Michael Fraquet - Andre Marais (C) - Marc Giot ; Gareth Miller - Carel Esterhuizen - Jared Joyce.

Remplaçant : Gary Bock (G).

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