Lokomotiv Yaroslavl - Metallurg Magnitogorsk (27 mars 2008)

 

Demi-finale de Superliga russe, match 3.

Défait par deux fois dans sa patinoire, le Metallurg Magnitogorsk n'a plus le choix pour conserver son titre, il doit remporter les trois manches suivantes, à commencer par celle de ce soir. Pas des plus simple dans l'Arena-2000 du Lokomotiv Iaroslavl et son public le plus nombreux de Russie.

Pas évident non plus de bousculer une équipe qui a apprit à bétonner un max depuis qu'elle a été "récupérée" par le Finlandais Kari Heikkilä qui "ose" dire qu'il est "possible" que son équipe joue plus "prudemment" que les autres ! Tu parles, plus prudemment ! Doux euphémisme.

Mais comme le Metallurg n'est pas vraiment parvenu à accélérer et à élever son niveau de jeu durant ces play-offs, on est comme pris d'un doute sur les capacités du champion en titre à se tirer de ce mauvais pas. En plus, Magnitka a laissé son renard orange dans l'Oural. Enfin, vu à quoi il a servi durant les deux premiers matches...

Ceci dit, ce sont bel et bien les visiteurs qui débutent cette rencontre par le bon bout. La domination en ce début de match est plutôt ouralienne. Bon, nous sommes bien d'accord, ce n'est pas plus un siège intensif de la cage de Sémione Varlamov, le jeune prodige de Togliatti. C'est dingue comme ces deux mots bout à bout, prodige et Togliatti, font tout de suite sourire. Tiens, juste une pour la route : "Que trouve-t-on dans la trousse d'urgence d'une Lada (fabriquée à Togliatti, pour ceux qui dorment) ? Un horaire des transports en commun ! Hi ! hi ! hi !"

Le jeu est rapide (non je n'ai rien dit de plus...), il n'y a pas d'arrêts de jeu et pas de fautes. Mais comme le score reste vierge, ce ne sont pas les actions du combinat métallurgique de Magnitogorsk qui sont à la hausse... Et c'est bien d'ailleurs le problème pour Magnitka. Tout ça est bien joli, mais pas vraiment dangereux...

Et pendant ce temps, le Lokomotiv attend sagement dans la zone de triage que le temps passe ("il est poooossssiibleee que nooootre équiiipe joue plus pruuuuudemennnnt... tralalala").

On se dit donc que la première pénalité aura son importance. Et c'est le Loko qui déraille en premier. Sergueï Konkov est sanctionné (12'32"). Magnitka a de bonnes résolutions. Nikolaï Koulèmine et Evgueni Fedorov placent de beaux tirs, mais cela laisse de marbre Sémione Varlamov.

Et c'est au tour du Loko d'être en supériorité (Viatcheslav Bouline, 15'18"). Les cheminots ne vont quand même pas réussir à ouvrir la marque sur leur quasi première incursion en terre ennemie ? Non ! Ces gens-là sont quand même humains ! Le Metallurg parvient à écarter le danger. Sauf que le premier tiers se termine est qu'on n'est pas plus avancé : 0-0...

Cependant, on va vite être fixé ! À peine une minute trente dans le deuxième tiers et j'entends siffler le train... Tchou tchou, fait la sono de l'Arena-2000. Dans ces cas-là, cela signifie que le Loko a marqué un but ! Un exploit personnel d'Alexeï Mirnov. Un tour de cage tout seul comme un grand et un palet qui contourne Travis Scott, qui était peut-être encore aux vestiaires (1-0, 20'31"). Et bien, on est maintenant au courant, cela s'annonce plus que coton pour Magnitka...

Surtout que sur sa lancée, le Lokomotiv laisse la vapeur pour le diesel, on est passé dans une autre dimension. Les rouges pressent et se disent que la bête est blessée et donc que cela serait peut-être une bonne idée de l'achever. Denis Platonov, l'attaquant du Metallurg trouve plaisant d'aller en prison à ce moment (25'08") et cela chauffe pour la défense ouralienne...

Pourtant, Magnitka va revenir au score juste après cette pénalité. Peut-être même au dernier moment avant de sombrer. C'est un missile de la bleue du Slovaque Martin Strbak qui a raison de la vigilance de Sémione Varlamov (1-1, 27'36"). Monsieur Kadyrov, voulant certainement mettre son grain de sel, attribue le but au capitaine Ravil Gousmanov, estimant qu'il a dévié la roquette slovaque... Bon, allons-y pour un but de Gousmanov...

Quoi qu'il en soit, Magnitka est revenu à égalité à la mi-match. Les joueurs de l'Oural se disent qu'ils sont décidément increvables dans ces play-offs et qu'ils trouvent toujours les ressources de revenir du diable vauvert. Ils peuvent également se dire qu'ils manquent cruellement d'efficacité devant la cage. Car cette fin de tiers est largement dominée par les visiteurs, malgré deux pénalités qu'ils concèdent. Mais au bout du compte, ils ne sont toujours pas parvenus à prendre l'avantage dans ce match qui ressemble de plus en plus à leur dernier...

Alors, certes, durant l'ultime période, ils ne vont plus calculer. Magnitka se rue à l'attaque. Le problème est que le Loko a du répondant ! Cela nous donne un spectacle somptueux, joué à une allure folle, avec des attaques et contre-attaques à tire-larigot. Je vais vous dire un truc bien définitif, la Superliga, c'est super ! (woah ! le slogan !).

Mais cela ne résout rien. Le temps passe et personne ne prend l'avantage dans ce match. Et le Loko s'en moque un peu plus que Magnitka, car il mène deux victoires à rien !

Même les pénalités s'annulent. Le défenseur de Iaroslav, Ilia Gorokhov, est sanctionné à 41'59", mais trente secondes plus tard, il est rejoint par l'attaquant de Magnitogorsk, Nikolaï Koulèmine. Dans le même ordre d'idées, on se dit que Magnitka en a fait une bien bonne avec un surnombre à 50'51", mais Alexeï Iachine commet une faute tout aussi évitable peu après (51'42").

Le temps passe donc, et tiens, on voit même sur le banc de Magnitogorsk le gardien remplaçant mettre son casque. Il faut savoir qu'Ilia Proskouriakov est le porte-chance maison pour les séances de tirs au but. Euh, il reste quand même à finir ce tiers et à jouer les prolongations ! Pour l'ultime tiers c'est fait et cela fait toujours un partout.

La mort subite est très tendue. La prudence revient vitesse grand-V, à moins que cela soit la peur, les chocottes, la trouille. Plus beaucoup d'actions dangereuses et un 2'+10' de chaque côté à la fin pour calmer les excités Ivan Nepraïev et Evgueni Varlamov...

Place donc à la séance de penalties. Comme convenu (par superstition ou par réelles qualités ès tirs au but ?), le Canadien Travis Scott laisse sa place au jeune Ilia Proskouriakov, 21 ans...

C'est Igor Mirnov, guère plus âgé, 23 ans, qui débute cette cruelle série. L'attaquant de Magnitka peut difficilement plus "foirer" son entrée en matière, il s'emmêle les pinceaux et pousse son palet beaucoup trop loin sur la droite, patine comme un fou pour aller le rechercher, y parvient in-extremis, mais se retrouve complètement en coin, tir comme il peut... et marque ! Le palet passant entre les jambières de Varlamov qui se demande si on lui a déjà fait ce coup... Mirnov rentre vers le banc en faisant une grimace qui en dit long : "Ben, je ne sais pas comment j'ai réussi à m'en sortir de celle-là..."

Place au Tchèque du Loko, Zbynek Irgl. Et lui aussi, fait dans l'original, sauf que là, c'est volontaire. Il part à fond... puis freine brutalement pour déstabiliser le gardien et ça marche : 1-1 !

Son compatriote du Metallurg, Jan Marek, s'élance à son tour. Il fait dans le classique... mais échoue. Varlamov répond à son tir par une superbe mitaine en reculant.

C'est au tour de Sergueï Konkov. L'attaquant issu des Krylia Sovietov contourne totalement le jeune "goalie" de l'Oural et marque dans la cage vide : 2-1.

En clair, vous l'avez compris, tout réside dans la crosse de Ravil Gousmanov. Le capitaine de Magnitka ne sait pas trop comment s'y prendre. Il part ni vite, ni doucement, ne tire ni en coin, ni en l'air, ni ailleurs... Et cela finit par un renvoi de Varlamov.

C'est également fini pour Magnitka. Et c'est logique. Jamais le champion en titre n'aura semblé en mesure de dépasser ses limites et d'aller de l'avant. Après deux "qualifs" arrachées en cinq manches, le Metallurg est éjecté sèchement en trois matches et aux tirs au but de la demi-finale. Ce n'est pas l'année des rouges et bleus tenants du titre...

Pendant ce temps chez les Rouges...

Le jeune gardien se précipite comme un fou vers son banc en glissant de tout son long. Sur la banc justement du Loko, c'est l'hystérie totale. Les trois entraîneurs font la danse de Saint-Guy, le responsable du matériel donne des grands coups dans le plexi et les supporters sont en transe. Iaroslavl est en finale, un évènement qu'il attendait depuis cinq ans.

Reste à savoir contre quelle tête de Turc, Kazan ou Oufa ?

Étoiles du match Sport-Express : *** Semion Varlamov (Lokomotiv), ** Martin Strbak (Metallurg), * Alexeï Iachine (Lokomotiv).

Étoiles du match Soviet Sport : *** Semion Varlamov (Lokomotiv), ** Zbynek Irgl (Lokomotiv), * Martin Strbak (Metallurg).

Compte-rendu signé Bruno Cadene

 

Commentaires d'après-match

Kari Heikkilä (entraîneur de Yaroslavl) : "C'était une journée très difficile. Nous venions de jouer quatre matches de suite à l'extérieur, où nous n'étions pas favoris. Mais aujourd'hui, nous étions obligés de nous sentir favoris. Nous ne pouvions pas perdre devant nos supporters. Je respecte mes joueurs, qui ont réussi à résister à la pression."

Semion Varlamov (gardien de Yaroslavl) : "J'ai longuement étudié Marek à la télévision. Je savais qu'il tirait soit entre les jambières, soit en lucarne après une feinte. C'est ce qui s'est passé, et j'ai recueilli le palet directement dans la mitaine... J'aurais dû aussi repousser le tir de Mirnov. Je savais qu'il marquerait entre les jambières, mais il l'a fait quand même. C'était le premier penalty que j'encaissais cette saison. Irgl m'a grandement aidé à ce moment. Quand il a égalisé, je ne pensait plus à rien à part au palet. [...] Ils disent que Scott n'est pas fort aux tirs au but. Mais je n'envie pas Proskuryakov. Rentrer ainsi dans une demi-finale pour les tirs au but décisifs."

Valeri Postnikov (entraîneur de Magnitogorsk) : "Nous étions plus près de la victoire en prolongation. Korolev et Gusmanov ont effectué une belle combinaison classique et nous aurions dû marquer, mais cela ne s'est pas fait. L'équipe a fait tout ce qu'elle a pu, elle a mis toute ses forces dans la bataille, mais cela n'a pas suffi."

 

Lokomotiv Yaroslavl - Metallurg Magnitogorsk 1-1 (0-0, 1-1, 0-0, 0-0) / 2-1 aux tirs au but

Jeudi 27 mars 2008 à 19h00 à l'Arena-2000. 9046 spectateurs.

Arbitrage de Rafael Kadyrov (Ufa) assisté de Konstantin Gordenko et Viktor Tomilov (Ufa).

Pénalités : Yaroslavl 20' (2', 2', 4', 2'+10'), Magnitogorsk 22' (2', 4', 4', 2'+10').

Tirs : Yaroslavl 24 (9, 6, 6, 3), Magnitogorsk 24 (6, 10, 7, 2).

Évolution du score :

1-0 à 21'31" : Mikhnov assisté de Kudashov

1-1 à 27'36" : Gusmanov assisté de Korolev et Strbak

Tirs au but

Magnitogorsk : Mirnov (réussi), Marek (arrêté), Gusmanov (arrêté).

Yaroslavl : Irgl (réussi), Konkov (réussi).

 

Lokomotiv Yaroslavl

Gardien : Semion Varlamov.

Défenseurs : Ari Vallin (FIN) - Sergei Zhukov ; Aleksei Vasiliev - Vitali Anikeïenko ; Daniel Tjärnqvist (SUE) - Ilya Gorokhov ; Denis Sokolov.

Attaquants : Aleksei Yashin - Ivan Nepraiev - Zbynek Irgl (TCH) ; Aleksandr Vasyunov - Dmitri Semin - Ivan Tkachenko ; Sergei Konkov - Aleksei Kudashov (c) - Alekseï Mikhnov ; Aleksandr Galimov - Gennadi Churilov - Tony Salmelaïnen (FIN).

Remplaçants : Sergei Gayduchenko (G), Aleksandr Ryabev. Absents : Juuso Riksman (G, étranger surnuméraire), Konstantin Rudenko (mâchoire brisée par une charge de Kasparaitis en quart de finale).

Metallurg Magnitogorsk

Gardien : Travis Scott (CAN) puis Ilya Proskuryakov à 70'00".

Défenseurs : Evgeni Biryukov - Martin Strbak (SVK) ; Evgeni Varlamov - Vladislav Bulin ; Ivan Savin - Vladimir Malenkikh ; Aleksandr Seluyanov.

Attaquants : Denis Platonov - Igor Korolev - Ravil Gusmanov (c) ; Jan Marek (TCH) - Aleksei Kaïgorodov - Evgeni Gladskikh ; Nikolai Kulemin - Evgeni Fedorov - Igor Mirnov ; Anton Glovatsky - Sergei Sevostyanov - Yuri Babenko ; Maksim Mamin.

Absents : Andrei Mezin (gardien étranger surnuméraire), Jaroslav Kudrna (fracture du radius en rémission), Vitali Atyushov et Rinat Ibrahimov (blessés).

 

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