Metallurg Magnitogorsk - Lokomotiv Yaroslavl (23 mars 2008)

 

Demi-finale de Superliga russe, match 1.

On va savoir ! Enfin, on va savoir, ce que vaut vraiment cette équipe du Lokomotiv qui impressionne dans ces play-offs, et si le Metallurg a réellement retrouvé son niveau de jeu de la saison passée où il avait survolé les phases finales.

Le Lokomotiv Iaroslavl arrive en effet dans l'Oural avec une grosse pancarte dans le dos d'équipe en forme. Cinquième de la saison régulière, le club qui court après ses titres de champions de Russie de 2002 et 2003 semble cette année être enfin capable de retrouver au moins la finale. Quart de finaliste en 2004 et 2007, demi-finaliste en 2005 et 2006, le club sponsorisé par les chemins de fers russes commence à souffrir du complexe du "toujours placé, jamais gagnant".

Alors cette saison, le public le plus nombreux de Russie espère que c'est terminé. Et il est vrai que sur le papier, le Lokomotiv ressemble plus à un TGV qu'à une Micheline... Des internationaux russes à la pelle, quatre étrangers de haut niveau : deux anciens internationaux juniors finlandais, le défenseur Ari Vallin et l'attaquant Tony Salmelaïnen passé par la LNH à Chicago, un champion olympique suédois, Daniel Tjärnqvist, également ancien de la LNH à Atlanta et Minnesota, et un Tchèque en provenance de Vitkovice, Zbynek Irgl. Vous ajoutez deux Ukrainiens naturalisés, l'international russe Alexeï Mikhnov et le jeune défenseur Vitali Anikeienko et vous avez une équipe parfaitement sur les rails !

Hein quoi ? J'oublie l'essentiel ? Oui, je sais, c'était juste pour vous faire dérailler, car l'arme fatale du Lokomotiv, c'est évidement sa "NHL Star" de retour au pays (enfin, il est Ouralien de Ekaterinbourg et il a éclaté au Dynamo de Moscou), Alexeï Iachine, dix ans à Ottawa et aux Islanders de New York.

Alors, face à cette armada en pleine confiance, entraînée par le Finlandais, ancien défenseur, Kari Heïkkilä, de retour au club, qui a sorti le Lada Togliatti en huitième et le SKA de Saint-Pétersbourg en quart à chaque fois en quatre manches, que va faire le champion en titre ? Ce champion si poussif jusqu'à présent, poussé en cinq manches par Nijnekamsk et le Dynamo, mais qui a démontré de belles choses lors du dernier match contre les Moscovites. Une équipe du Metallurg qui doit se passer d'un joueur très important, le défenseur Vitali Atiouchov, blessé contre le Dynamo, autre blessé, le jeune Rinat Ibragimov.

Mais le Metallurg a encore de beaux restes, en particulier son gardien Travis Scott. On s'en aperçoit dans ce premier tiers, très fermé, où aucune équipe ne veut prendre le moindre risque. Le gardien canadien répond présent. Mais il n'est pas le seul. Son homologue du Lokomotiv, Semion Varlamov, 20 ans le mois prochain, prouve qu'il peut y avoir une relève de gardiens en Russie ! Le "gamin", formé au Lada à l'époque du paradis des défenseurs de Piotr Vorobiev, est parfaitement dans le match. C'est le moins que l'on puisse dire ! Lorsqu'arrive la première pénalité, à la 8e, contre Irgl, le Metallurg pousse ses feux dans la zone du Loko, mais Varlamov commence à dégoûter les attaquants ouraliens. Et ce n'est pas fini...

Le jeune international, emmené en équipe nationale en Suède par Slava Bykov, est parfait en toutes circonstances.

Travis Scott relève le gant sur les deux pénalités consécutives prises par ses coéquipiers Birioukov (11e) et Gousmanov (19e). À tel point qu'on se demande ce qu'il va bien pouvoir sortir de ce match totalement verrouillé... et s'il ne faut pas aller directement aux tirs au but.

On continue à se le demander pendant toute la première partie du deuxième tiers, lorsque Scott nous fait une "boulette de chez boulette" ! Pourtant, il avait auparavant été parfait devant l'ex Krylien Sergueï Konkov ou encore face à Alexeï Iachine, mais soudainement le gardien canadien craque.. Alexandre Vassiounov lui envoie un tir légèrement en coin, sur l'aile droite. Le palet file entre les jambes de Scott qui en refermant ses jambières trop tard, propulse le palet sur son patin et se met lui-même le but (0-1, 27'34"). Aïe !

Et comme de son côté, Semion Varlamov, lui, ne craque pas et renvoi imperturbablement toutes les tentatives ouraliennes, c'est le jeune Russe qui mène dans cette guerre des goals avant d'entamer la dernière période...

Le dernier tiers sera à sens unique. Tous contre Varlamov, et Varlamov ne cède devant personne. Je ne sais pas si c'est un choix tactique du coach Finlandais du Loko, (un ancien défenseur, allez savoir...) mais cette équipe à la tradition offensive célèbre dans toutes les Russies ne va pas mettre un patin dehors durant les vingt dernières minutes. Un travail d'orfèvre vorobievien ! Durant la première partie de ce tiers, les joueurs de Iaroslavl bloquent toute initiative adverse en zone neutre, et puis au fur et à mesure que le Metallurg parvient à s'installer dans la zone défensive du Loko, cela tourne à la guerre de tranchées. Le Metallirg pilonne, le Loko renvoie et Varlamov fait le reste. Combien de fois le public de Magnitogorsk est-il persuadé que le but va rentrer ? Mais à chaque fois, Varlamov est héroïque. Et le plus impressionnant dans tout cela, c'est que Iaroslavl ne commet pas une seule faute ! Pas une prison durant tout ce tiers. Un froid rideau de fer est tombé devant les attaquants de Magnitka. Pourtant, ils essaient, ils tentent, ils tirent, mais au final, c'est niet !

Dans la dernière minute, Valéri Postnikov fait sortir son malheureux gardien Travis Scott, qui n'aura fait qu'une faute dans ce match. Mais cela permet au Loko de doubler la mise. Un palet dégagé par la défense arrive jusqu'à Alexeï Iachine qui se fait un plaisir de marquer dans la cage vide (0-2, 59'52"). Le Loko remporte la première manche. Mais franchement, pour le spectacle, on espérait autre chose de ce Loko-là.

Et puis c'est quoi cette mode de ces équipes en rouge qui viennent gagner chez les tenants du titre en rouge et bleu ??

Étoiles du match Sport-Express : *** Semion Varlamov (Lokomotiv), ** Aleksandr Vasyunov (Lokomotiv), * Alexeï Iachine (Lokomotiv).

Étoiles du match Soviet Sport : *** Aleksandr Vasyunov (Lokomotiv), ** Semion Varlamov (Lokomotiv), * Alexeï Iachine (Lokomotiv).

Compte-rendu signé Bruno Cadene

 

Commentaires d'après-match

Valeri Postnikov (entraîneur de Magnitogorsk) : "L'état d'esprit était bon, chaque joueur avait une grande volonté de gagner, mais devant nous c'est Varlamov qui s'est dressé comme un mur, pas la défense adverse. Nous avons fréquemment manqué des angles ouverts. Il nous a manqué la réussite la plus élémentaire. Mais nous avons bien joué dans les deux dernières périodes."

Kari Heikkilä (entraîneur de Yaroslavl) : "C'était un très bon match. Notre discipline était excellente. Nous avons commencé le match à quatre lignes, mais en troisième période il fallait défendre et nous sommes passés à trois lignes. Nepraïev n'était pas blessé, simplement nous avons simplement gardé les joueurs qui défendaient le mieux..."

 

Metallurg Magnitogorsk - Lokomotiv Yaroslavl 0-2 (0-0, 0-1, 0-0)

Dimanche 23 mars 2008 à 17h00 à la Metallurg Arena. 7735 spectateurs.

Arbitrage de Vyacheslav Bulanov (Moscou) assisté de Viktor Birin et Alekseï Medvedev (Moscou).

Pénalités : Magnitogorsk 4' (4', 0', 0'), Yaroslavl 4' (2', 2', 0').

Tirs : Magnitogorsk 34 (12, 15, 7), Yaroslavl 35 (11, 11, 13).

Évolution du score :

0-1 à 27'34" : Vasyunov assisté de Tkachenko

0-2 à 59'52" : Yashin assisté de Semin et Tjärnqvist (cage vide)

 

Metallurg Magnitogorsk

Gardien : Travis Scott (CAN) [sorti de sa cage à 59'02"].

Défenseurs : Evgeni Biryukov - Martin Strbak (SVK) ; Evgeni Varlamov - Vladislav Bulin ; Ivan Sidorov - Vladimir Malenkikh ; Ivan Savin.

Attaquants : Denis Platonov - Igor Korolev - Ravil Gusmanov (c) ; Jan Marek (TCH) - Aleksei Kaïgorodov - Igor Mirnov ; Evgeni Gladskikh - Evgeni Fedorov - Nikolai Kulemin ; Anton Glovatsky - Sergei Sevostyanov - Yuri Babenko ; Maksim Mamin.

Remplaçant : Ilya Proskuryakov (G). Absents : Andrei Mezin (gardien étranger surnuméraire), Jaroslav Kudrna (fracture du radius en rémission), Aleksandr Seluyanov (dos), Vitali Atyushov et Rinat Ibrahimov (blessés), Ivan Kuchin et Igor Velichkin (surnuméraires).

Lokomotiv Yaroslavl

Gardien : Semion Varlamov.

Défenseurs : Ari Vallin (FIN) - Sergei Zhukov ; Aleksei Vasiliev - Vitali Anikeïenko ; Daniel Tjärnqvist (SUE) - Denis Sokolov ; Ilya Gorokhov.

Attaquants : Aleksei Yashin - Ivan Nepraiev - Zbynek Irgl (TCH) ; Aleksandr Vasyunov - Dmitri Semin - Ivan Tkachenko ; Sergei Konkov - Aleksei Kudashov (c) - Alekseï Mikhnov ; Aleksandr Galimov - Gennadi Churilov - Tony Salmelaïnen (FIN).

Remplaçants : Sergei Gayduchenko (G), Andrei Loktionov. Absents : Juuso Riksman (G, étranger surnuméraire), Konstantin Rudenko (mâchoire brisée par une charge de Kasparaitis en quart de finale), Aleksandr Guskov.

 

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