Metallurg Magnitogorsk - Dynamo Moscou (19 mars 2008)

 

Quart de finale de Superliga russe, match 5.

L'heure de vérité. Après s'être sauvé in extremis de l'élimination en arrachant une victoire inespérée aux tirs au but lors de la quatrième manche à Loujniki, le champion de Russie et champion d'Europe en titre, le Metallurg Magnitogorsk, a l'occasion de se sauver et de passer d'extrême limite en demi-finale.

De son côté, le Dynamo doit se prouver qu'il n'a pas laissé passer sa chance en ratant l'immanquable, ce palet sur le poteau de Daniil Markov en mort subite, alors qu'il avait contourné le gardien canadien Travis Scott et qu'il n'avait plus qu'à pousser la rondelle dans la cage vide...

Le problème pour les Dynamistes, c'est qu'ils doivent aussi surmonter psychologiquement tous les commentaires (y compris d'anciens joueurs du club) affirmant que les Moscovites voulaient par tous les moyens éviter de retourner dans l'Oural, car persuadés qu'ils allaient perdre là-bas dans la cinquième manche. Quand tout le monde vous le dit à longueur de journée, cela ne doit pas être simple de se convaincre que : "Et non, même pas peur d'aller à Magnitka !"

L'ennui pour le Dynamo, c'est que visiblement, Magnitka est convaincu que tout va bien se passer ("Tout ira bien chez nous", a même déclaré après le quatrième match le défenseur international de Magnitogorsk, Vitali Atiouchov... encore un ancien joueur formé chez les KSM...), et les Ouraliens le prouvent d'entrée. Un tir puissant de Iouri Babenko transperce la défense moscovite et passe entre les jambières de Vitali Eremeiev pour l'ouverture du score (1-0, 03'05"). Difficile dans ces conditions d'inverser une tendance psychologique visiblement inconsciemment ancrée dans toutes les cervelles... Iouri Babenko, ancien joueur du Dynamo qui a débuté où ? Hmmm ? Allez, on cherche ? Un indice ? Un club ailé de l'ouest de Moscou !

Avec une telle entame, le Dynamo est mal barré ! Surtout que Magnitka pousse ses feux en ce premier tiers. Sous la pression, les Moscovites font des fautes. C'est le cas du défenseur canadien Mark Giordano à la 7e. Le jeu de puissance de Magnitka est impressionnant, mais le Dynamo ne rompt pas. Pour combien de temps semble être la seule question valable.

Six minutes est la réponse ! Six minutes après la fin de la pénalité de Giordano, le Metallurg a doublé la mise. Un tir en coin de l'ancien joueur de LNH (formé au Dynamo !) Igor Korolev trompe Eremeiev. Le gardien kazakhstanais n'est pas chanceux sur ce coup, il glisse en arrière et accompagne dans sa chute le palet dans sa cage (2-0, 14'08"). Magnitka mène donc deux à zéro avec deux buts inscrits par des Moscovites, anciens du Dynamo... On n'est jamais trahis que... etc.

Et le cauchemar dynamiste (ou le rêve de Magnitogorsk, c'est comme vous voulez...) n'est pas terminé. Loin de là. Moins de trente secondes plus tard, Magnitka trouve encore le chemin du but ! Un tir de l'international Nikolaï Koulémine va se loger le long du poteau de Vitali Eremeiev qui n'a pas eu le temps de boucher son angle (3-0, 14'34"). Est-ce définitivement joué ? On peut le penser, car Magnitka survole ce match. À se demander pourquoi les Ouraliens ont attendu leur dixième match de play-offs pour commencer à jouer (presque) aussi bien que l'an passé ?

Une domination qui engendre de la frustration dans les rangs du Dynamo avec Mark Giordano qui se fait expulser (5'+20') à la dernière minute du premier tiers pour un sale geste (suivi d'une bagarre) sur Vitali Atiouchov... Quoi qu'il en soit, cela fait 3-0 à la première pause et le Dynamo qui doit se passer de l'un de ses meilleurs défenseurs, ancien des Flames de Calgary...

Autant le dire, la deuxième période sera forcément moins passionnante. Certes cela continue à patiner et à jouer très vite, mais le Metallurg prend une position plus attentiste et le Dynamo semble ne plus avoir assez de force et de volonté pour aller chercher un hypothétique renversement de situation.

En gros, le temps joue en faveur des Ouraliens, qui dans ces conditions ne vont pas se ruer à l'assaut des cages de Vitali Eremeiev. Faut pas non plus pousser babouchka... où vous voulez la pousser, même si cela ne se fait pas de pousser une grand-mère.

Le tiers est donc surtout rythmé par les pénalités, deux pour le Dynamo et quatre pour Magnitka, mais les Moscvoites ne parviennent pas à tromper la vigilance de l'excellent Travis Scott. Ce dernier point est d'ailleurs une mauvaise nouvelle pour les trois autres qualifiés pour les demi-finales : non seulement, Magnitka a retrouvé son jeu, mais en plus son gardien semble également retrouver son niveau de l'an passé...

Et si le Dynamo n'a pas profité des pénalités, le Metallurg, lui, ne va pas laisser passer l'aubaine. C'est tout d'abord Éric Landry qui est sanctionné en fin de deuxième tiers, et il est suivi en début de troisième par son capitaine, l'international du Kazakhstan, Alexeï Trochtchinski. Si le Dynamo résiste sur la première prison, il craque sur la suivante sifflée à la sortie de Landry. Un tir lointain du défenseur international Viatcheslav Bouline transperce la défense dynamiste et met un terme aux espoirs des Moscovites (s'ils en avaient encore...). 4-0 et troisième but marqué par un ancien du Dynamo !

Et ce n'est pas fini ! Quatre minutes plus tard, l'une des merveilles sorties de l'école de hockey de Magnitka (mais né à Moscou !) ces dernières années, Anton Glovatski (20 ans), en termine avec le fantôme du suspense en inscrivant le cinquième but, son premier de toute la saison.

C'est fini, l'entraîneur tchèque du Dynamo, Vladimir Vujtek change de gardien et fait entrer Vadim Jelobniouk (19 ans) pour lui donner un peu de temps de jeu et pour ne pas en rajouter avec un Eremeïev qui ne doit pas être au mieux mentalement.

Mais c'est toute l'équipe du Dynamo qui a sombrée psychologiquement dans ce match. Jamais les Moscovites n'ont semblés être capables de s'imposer. La défaite aux tirs au but lors du match IV a été la fin pour eux.

En revanche, j'aime autant vous dire que le message envoyé par le Metallurg est clair ! Certes, le club de l'Oural a été le seul à devoir passer par la cinquième manche, à la fois en huitièmes et en quarts, mais sur ce dernier match, les choses sont évidentes ! Magnitka est de retour.

Si un autre club tenant du titre et évoluant en bleu et rouge pouvait s'en inspirer...

Étoiles du match Sport Express : *** Travis Scott (Magnitogorsk), ** Denis Platonov (Magnitogorsk), * Youri Babenko (Magnitogorsk).

Étoiles du match Soviet Sport : *** Travis Scott (Magnitogorsk), ** Igor Korolev (Magnitogorsk), * Anton Glovatsky (Magnitogorsk).

Compte-rendu signé Bruno Cadene

 

Commentaires d'après-match

Valeri Postnikov (entraîneur de Magnitogorsk) : "Il faut remercier avant tout les joueurs d'expérience qui ont su bien s'organiser et appliquer le plan de jeu. Notre équipe a du métier : quand les joueurs s'unissent en même noyau, celui-ci est dur à briser. Nous essayons toujours de ne pas jouer en fonction de notre adversaire, mais en fonction de nous-mêmes. Nous nous ajustons légèrement à notre rival. Atyushov a le bras dans le plâtre ? Il l'enlèvera demain, et au combat ! Je plaisante... Vitali est sérieusement blessé et c'est une perte importante pour nous."

Vladimir Vujtek (entraîneur du Dynamo) : "Merci aux joueurs pour ces play-offs. Ils se sont battus jusqu'à la fin, ce match inclus même si le score ne l'indique pas. Mais dans les deux dernières rencontres, Scott a fermé sa cage et nous n'avons pas su l'ouvrir. Les tirs étaient équivalents, mais les attaques locales étaient plus efficaces et ils ont mérité d'aller en demi-finale. Nous avons laissé passer notre chance à Moscou à une minute et demie de la fin de la prolongation avec ce poteau. Le problème ne vient pas de notre gardien mais du fait que nous n'avons pas pu marquer. Yachmenev est un leader, et avec lui la première ligne mettait deux buts presque à chaque match. Bien sûr, il nous manque beaucoup."

 

Metallurg Magnitogorsk - Dynamo Moscou 5-0 (3-0, 0-0, 2-0)

Mercredi 19 mars 2008 à 19h00 à l'Arena-Metallurg. 7708 spectateurs (guichets fermés).

Arbitrage de Sergei Kulakov (Tver) assisté de Sergei Serdyuk et Yuri Oskirko (Yaroslavl).

Pénalités : Metallurg 12' (2', 8', 2'), Dynamo 33' (2'+25', 4', 2').

Tirs cadrés : Metallurg 30 (6, 14, 10), Dynamo 25 (10, 11, 4).

Évolution du score :

1-0 à 03'05" : Babenko assisté de Sevostyanov et Glovatsky

2-0 à 14'08" : Korolev assisté de Platonov

3-0 à 14'34" : Kulemin assisté de Fedorov

4-0 à 43'58" : Bulin

5-0 à 48'37" : Glovatsky assisté de Sevostyanov et Babenko

 

Metallurg Magnitogorsk

Gardien : Travis Scott (CAN).

Défenseurs : Martin Strbak (SVK) - Evgeni Biryukov ; Evgeni Varlamov - Vitali Atyushov ; Vladimir Malenkikh - Aleksandr Seluyanov ; Vladislav Bulin.

Attaquants : Ravil Gusmanov (c) - Igor Korolev - Denis Platonov ; Igor Mirnov - Aleksei Kaïgorodov - Jan Marek (TCH) ; Evgeni Gladskikh - Evgeni Fedorov - Nikolai Kulemin ; Yuri Babenko - Sergei Sevostyanov - Anton Glovatsky ; Maksim Mamin.

Remplaçant : Ilya Proskuryakov (G). Absents : Andrei Mezin (gardien étranger surnuméraire), Jaroslav Kudrna (s'est entraîné ce matin après sa fracture du radius au bras gauche), Vadim Ermolaiev (palet dans le visage), Rinat Ibrahimov, Ivan Savin, Ivan Kuchin, Igor Velichkin (surnuméraires).

Dynamo Moscou

Gardien : Vitali Eremeïev (KAZ) puis Vadim Zhelobnyuk à 48'37".

Défenseurs : Aleksandr Budkin - Mark Giordano (CAN) ; Yakov Rylov - Sergei Vyshedkevich ; Oleg Orekhovsky - Daniil Markov ; Ivan Maksimkin - Alekseï Troshchinski (c, KAZ).

Attaquants : Éric Landry (CAN) - Aleksei Badyukov - Gennadi Stoliarov ; Fedor Fedorov - Alekseï Chupin - Aleksandr Kharitonov ; Dmitri Shitikov - Igor Emeleev - Dmitri Afanasenkov ; Aleksandr Polukhin - Andrei Lozhkin - Konstantin Romanov.

Absents : Sinuhe Wallinheimo, Gennadi Razin (étrangers surnuméraires), Vitali Yachmenev (luxation du bras droit), Roman Voloshenko et Aleksandr Goroshansky (surnuméraires).

 

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