Dynamo Moscou - Metallurg Magnitogorsk (17 mars 2008)

 

Quart de finale de Superliga russe, match 4.

Est-ce l'exploit de ces quarts de finale qui s'annonce ? Le Dynamo de Moscou, à la peine durant la saison régulière, mène deux victoires à une face au champion en titre, le Metallurg Magnitogorsk, avec une possibilité d'en finir à la maison.

Autant le dire, Loujniki est plein à craquer et l'ambiance est très chaude. Il y a même quelques supporters ouraliens avec des casques (faux ?) de métallurgistes sur la tête !

Mais cette ambiance bouillante dans les tribunes ne dégèle pas les joueurs. C'est un début de match des plus frileux auquel nous assistons. Le Dynamo qui sent la qualif' toute proche ne va pas partir à l'assaut de la cage de Travis Scott pour se prendre un meurtrier contre d'un Jan Marek par exemple. Quant au Metallurg, on va finir par croire que sa passivité apparente n'est pas une preuve d'impuissance, mais une tactique. Car comment expliquer autrement quele club champion de Russie, qui doit impérativement s'imposer ce soir, soit aussi frileux ? La peur de perdre, ou une savante attente de la faute moscovite ?

Quoi qu'il en soit, le premier événement notable de ce match n'est pas une action dangereuse mais une inquiétude vis-à-vis du défenseur de Magnitka, Rinat Ibragimov, qui part s'écraser la tête la première dans la balustrade. Une charge un peu rugueuse de Landry qui laisse le jeune joueur (22 ans) formé au club, un peu sonné.

Pour voir un premier tir un tant soit peu appuyé, il faut attendre la 9e minute et une tentative du Dynamiste Dimitri Afanassenkov, bien repoussée par Travis Scott. Mais il faut être honnête, en gros, il ne se passe rien ! Même pas une petite faute, pas une minute de prison, rien. Heureusement que les supporters du Dynamo donnent de la voix, sinon...

Et c'est encore un joueur au bord du knock-out qui préoccupe le spectateur. C'est au tour du buteur québécois du Dynamo, Éric Landry, d'être dans les vapes, suite à une charge au niveau de la tête de Vladimir Malenkikh. Le Canadien rentre sur son banc soutenu par ses coéquipiers et le médecin du club, sous les ovations du public. On lui place immédiatement une poche de glace sur la nuque (14e). L'arbitre ne sanctionne cependant pas le défenseur de l'Oural.

Et à part ça, ben, pas grand-chose... ça va chez vous ? Les passes sont mal assurées, les hors jeu se succèdent, ainsi que les dégagements interdits... Bon, ça patine (encore heureux !), mais en gros... on s'ennuie !

Il faudrait un but pour déclencher quelque chose, ou au moins une pénalité pour libérer de l'espace. Le premier tiers se termine donc sur ce score nul et vierge avec une question : "C'est quand que Magnitka débute les play offs ?"

La première prison intervient cependant dès la 27e seconde du tiers suivant. Et c'est le Slovaque de Magnitogorsk, Martin Strbak, qui la prend ! Mais comment dire ? Cela ne change strictement rien. Le Dynamo n'est pas en mesure de mettre en danger Scott... Bon, ben cela sera pour la prochaine fois...

Il faut attendre pour voir quelques tirs dangereux du Dynamo, avec Fedor Fédorov à la 25e ou encore Igor Eméléïev à la 27e pendant une nouvelle prison de Mirnov. Côté Magnitka on signale bien un tir frontal de Evgueni Gladskikh, mais c'est tout...

Il faut qu'Éric Landry se distingue à la 28e par deux tirs appuyés et consécutifs sur la cage de Scott pour qu'il y ait un peu d'animation... en dehors des tribunes !

Paradoxalement, la plus grosse occasion de cette première moitié de match est à l'actif des visiteurs. Igor Mirnov, à peine sorti de prison, part en "breakaway", mais alors le "break" parfait, il est tout seul et il a le temps, le premier défenseur dynamiste s'essouffle encore en zone neutre. C'est exactement comme un pénalty. Mirnov a même deux chances : son premier tir est renvoyé par Vitali Eremeïev, et sa reprise heurte le poteau, légèrement derrière la cage. Hier déjà, Mirnov n'avait pas réussi à tromper en face-à-face son ancien coéquipier. L'attaquant, qui a passé toute sa carrière au Dynamo avant d'être échangé à Magnitogorsk en décembre, peut bien, de dépit, donner un coup de crosse contre la balustrade en rentrant sur son banc, il vient de rater le hold-up parfait pour sa nouvelle équipe...

Surtout que deux minutes plus tard (33e), c'est au tour de Denis Platonov d'échouer sur Emeleiev sur un tir en coin. Et le train-train reprend... À peine perturbé par une pénalité dynamiste (Vychedkevitch, 36e) et une bagarre en fin de tiers (39e) entre Daniil Markov et Vladimir Malenkikh. Les deux rugueux prennent chacun 2'+2' et c'est la pause.

0-0 au bout de quarante minutes, et cela ne semble pas déranger les deux équipes. Ou plus exactement, chaque estime que pour l'instant tout va bien... Jusqu'à quand ?

Le premier tir cadré de ce tiers intervient à la 45e, c'est le Dynamiste Emeleiev qui s'y colle, mais sans faire trembler Scott. Par la suite, on ne signale qu'une tentative de Kharitonov (Dynamo) à la 47e et de Mirnov (Magnitka) à la 49e. Avouez que cela est maigre !

On arrive dans les dix dernières minutes et le jeu se cantonne en zone neutre. Personne ne veut prendre le risque de passer à l'attaque et de tout perdre en contre. La tension nerveuse est trop grande dans ce jeu de dupe.

Alors, est-ce que tout va se débloquer sur une pénalité ? Alexeï Tchoupine prend deux minutes à moins de cinq minutes de la fin ! Mais le Dynamo parvient à maintenir Magnitogorsk hors de sa zone ! Alors on change ! À deux minutes de la fin du temps réglementaire, c'est au tour d'Evgueni Varlamov de prendre une prison (franchement pas évidente...), mais le Metallurg rend la monnaie de la pièce en parvenant à installer le jeu en dehors de sa zone défensive.

Bon, et bien d'accord, si les deux équipes veulent en arriver aux prolongations, allons aux prolongations ! Une mort subite qui, évidemment, ne décontracte pas les deux équipes. Elles n'ont pas laissé leurs angoisses au vestiaire ! Il faut même attendre la troisième minute pour voir la première occasion. Elle est pour le Dynamiste Fedorov, mais cela ne trompe pas Scott. Deux minutes plus tard, la réponse de Varlamov connait le même sort face à Eremeiev.

Deux nouveaux essais Dynamistes (Fedorov à la 66e et Badioukov 67e) et l'on arrive à L'OCCASION de la mort subite. Une histoire folle ! Daniil Markov se retrouve seul face à Travis Scott, le défenseur aux neuf saisons de NHL contourne le gardien canadien, il va marquer, ses coéquipiers et toute la patinoire lèvent déjà les bras... mais où va ce maudit palet ? Il heurte le poteau et rebondit jusque sous les jambières de Scott, qui était couché, battu, et qui pensait déjà à son billet de retour au Canada !

Incroyable ! Normalement, cela n'arrive JAMAIS, ce genre de chose ! Et bien si ! Autant dire que le champion en titre respire (la chance du champion ?) et que Markov se demande encore comment son action de rêve a pu se transformer en cauchemar...

Même la prison infligée au défenseur métallurgiste Ivan Savine à 20 secondes de la fin de la prolongation apparaît comme une aimable plaisanterie aux joueurs de l'Oural qui se disent qu'ils ne peuvent plus perdre après un tel coup de chance !

Nous voilà donc rendu, là où peut-être le Metallurg voulait venir depuis le début du match : les tirs au but !

Avec un changement de gardien chez les Ouraliens, et l'entrée du spécialiste des penalties, le jeune (21 ans) Ilia Proskouriakov. Et c'est d'ailleurs à lui de débuter. Face à lui, Alexeï Badioukov, qui ouvre la marque en le contournant par la droite et en le forçant à se coucher : 1-0.

C'est au tour du Tchèque Jan Marek de s'élancer. Il n'hésite pas, tire rapidement, tellement vite que le gardien du Dynamo n'a pas le temps de voir partir le missile qu'il est déjà dans sa cage : 1-1.

Place au Canadien du Dynamo, Mark Giordano. Il tente la même feinte qu'Emeleïev, mais cela ne fonctionne pas. Couché, Proskouriakov parvient à boucher son angle. Toujours 1-1.

Igor Mirnov part à son tour. Pas perturbé par son échec du match, il loge la rondelle le long du poteau gauche du gardien moscovite : 1-2.

C'est au tour du dernier tireur dynamiste Igor Emeleïev qui réussit à marquer. Cela fait donc 2-2.

C'est donc le capitaine du Metallurg, Ravil Gousmanov qui tient le sort de cette série dans sa crosse. Il s'élance tout doucement, à deux à l'heure, ce qui, habituellement, n'est pas bon signe ! Mais Gousmanov ne tremble pas et marque de près entre les jambes de Vitali Eremeïev : 2-3. Ravil Gousmanov ne saute même pas de joie. Il attend simplement ses coéquipiers, qui eux non plus ne tombent pas dans l'euphorie. Juste le sentiment d'être vraiment passés à côté de la catastrophe, et de se dire que cela ira mieux dans deux jours à Magnitogorsk.

Et c'est vrai que c'est Magnitka sauvé des eaux. Comme en huitième, voilà le champion en titre qui doit en passer par une cinquième manche. Et comme en huitième, il est le seul dans ce cas !

Quant au Dynamo, il va revoir en boucle ce but immanquable, manqué par Daniil Markov en mort subite...

Étoiles du match Sport Express : *** Ravil Gousmanov (Magnitka), ** Travis Scott (Magnitka), * Vitali Eremeïev (Dynamo).

Étoiles du match Soviet Sport : *** Travis Scott (Magnitka), ** Vitali Eremeïev (Dynamo), * Ravil Gousmanov (Magnitka).

Compte-rendu signé Bruno Cadene

 

Commentaires d'après-match

Vladimir Vujtek (entraîneur du Dynamo) : "Chaque équipe a essayé de marquer la première, mais aucune n'y est parvenue. La réussite était toute proche. Les visiteurs auraient pu marquer quand Mirnov était en face-à-face avec le gardien. Mais nous avons manqué une excellente occasion quand Markov a battu le gardien mais a tiré sur le poteau en prolongation. Il est très difficile de battre trois fois de suite une équipe aussi forte que Magnitka. Faire rentrer un jeune gardien pour les tirs au but est un risque. Nous l'avions essayé avec Zhelobnyuk à Saint-Pétersbourg, mais nous n'avions gagné qu'en remettant Wallinheimo dans les cages. Je comptais sur l'expérience d'Eremeïev et j'espérais qu'il serait aussi bon aux tirs au but que dans le jeu pendant ces deux matches à Moscou. J'aurais dû le sortir avant le troisième tir. Vitali n'a rien fait, Gusmanov a marqué trop facilement... Ce sont les play-offs, il faut être prêt à tout. Nous avons perdu ce match, mais pas la série."

Valeri Postnikov (entraîneur de Magnitogorsk) : "Nous joueurs se sont livrés entièrement et ont fait preuve d'une volonté exceptionnelle."

 

Dynamo Moscou - Metallurg Magnitogorsk 0-0 (0-0, 0-0, 0-0, 0-0) / 2-3 aux tirs au but

Lundi 17 mars 2008 à 19h00 à la Malaïa Sportivnaïa Arena, Moscou. 8700 spectateurs.

Arbitrage de Sergei Karabanov (Moscou) assisté d'Alekseï Mikhel (Saratov) et Roman Shikhanov (Togliatti).

Pénalités : Dynamo 8' (0', 6', 2', 0'), Metallurg 12' (0', 8', 2', 2').

Tirs cadrés : Dynamo 31 (8, 11, 7, 5), Metallurg 18 (3, 9, 7, 5).

Tirs au but :

Dynamo : Badyukov (réussi), Giordano (arrêté), Emeleïev (réussi).

Magnitogorsk : Marek (réussi), Mirnov (réussi), Gusmanov (réussi).

 

Dynamo Moscou

Gardien : Vitali Eremeïev (KAZ).

Défenseurs : Aleksandr Budkin - Mark Giordano (CAN) ; Yakov Rylov - Sergei Vyshedkevich ; Oleg Orekhovsky - Daniil Markov ; Alekseï Troshchinski (c, KAZ).

Attaquants : Éric Landry (CAN) - Aleksei Badyukov - Aleksandr Kharitonov ; Fedor Fedorov - Alekseï Chupin - Roman Voloshenko ; Dmitri Shitikov - Igor Emeleev - Dmitri Afanasenkov ; Gennadi Stoliarov - Aleksandr Goroshansky - Aleksandr Polukhin.

Remplaçants : Vadim Zhelobnyuk (G), Ivan Maksimkin. Absents : Sinuhe Wallinheimo, Gennadi Razin (étrangers surnuméraires), Vitali Yachmenev (luxation du bras droit), Konstantin Romanov (surnuméraire).

Metallurg Magnitogorsk

Gardien : Travis Scott (CAN) puis Ilya Proskuryakov à 70'00".

Défenseurs : Martin Strbak (SVK) - Evgeni Biryukov ; Evgeni Varlamov - Vitali Atyushov ; Vladimir Malenkikh - Ivan Savin ; Rinat Ibrahimov.

Attaquants : Evgeni Gladskikh - Aleksei Kaïgorodov - Jan Marek (TCH) ; Ravil Gusmanov (c) - Denis Platonov - Igor Korolev ; Igor Mirnov - Evgeni Fedorov - Nikolai Kulemin ; Yuri Babenko - Sergei Sevostyanov - Anton Glovatsky.

Remplaçant : Ivan Kuchin. Absents : Andrei Mezin (gardien étranger surnuméraire), Jaroslav Kudrna (fracture du radius), Vadim Ermolaiev (palet dans le visage), Vladislav Bulin et Igor Velichkin (surnuméraires).

 

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