Match comptant pour la cinquante-quatrième journée de Superliga russe.

Il y a foule en ce samedi après-midi pour se précipiter dans les gradins du palais des sports de glace du CSKA. Une heure avant le début de la rencontre, les caisses ferment. Plus un billet à vendre et pourtant il y a encore du monde qui fait la queue. Il faut dire que l'affiche est alléchante. CSKA-Oufa, on n'est pas loin de ce qui se fait de mieux en Europe.

Le Salavat Ioulaiev d'Oufa survole la Superliga cette saison. Il faut dire qu'avec ses deux ex-NHLers russes, Oleg Tverdovski (né en Ukraine) et Alexandre Péréjoguine (né au Kazakhstan), ses trois champions de Russie avec le Dynamo puis Kazan, Vitali Prochkine, Igor Chtchadilov et Alexeï Terechtchenko, sa pléiade d'internationaux plus ou moins récents, Andreï Kouteïkine, Igor Grigorenko (le "Ladaïen" a échoué à se trouver une place en LNH), Vladimir Antipov, Rouslan Nourtdinov, Andreï Taratoukhine ou encore Kirill Koltsov, et ses trois Tchèques Miroslav Blatak, Michal Mikeska et Milan Hnilicka, aujourd'hui gardien remplaçant, le Salavat Ioulaiev a de quoi voir venir ! L'explication à cette débauche de moyens est d'ailleurs inscrite sur le maillot des visiteurs : Bachneft, la Compagnie pétrolière bachkire, sur les traces de Tatneft, son homologue et voisine tatare qui a permis le succès que l'on sait à la panthère des neiges de Kazan ! Le Salavat Ioulaiev est donc installé confortablement en tête de la Superliga depuis de longs mois et devrait y rester jusqu'à la fin de la saison régulière, même si ces dernières semaines, le champion en titre, le Metallurg Magnitogorsk s'était rapproché, avant que Oufa n'y mette le holà.

En face, ce n'est pas mal non plus. Le CSKA vit, sous la houlette de Slava Bykov, ses meilleures heures depuis la chute de l'URSS. Dans le quintet de tête depuis un bon moment, le club militaire est redevenu le club moscovite numéro un, devant le Dynamo qui stagne en milieu de tableau et le Spartak qui lui remonte des profondeurs pour ressurgir en milieu de tableau. Non, on ne dira rien sur les Krylia Sovietov engluées à la neuvième place de leur poule de Vyschaïa Liga...

Déjà bien pourvu, le CSKA a fait récemment venir le défenseur canadien Jame Pollock, l'ancien joueur de Nuremberg qui n'a été pris qu'en AHL en repartant en Amérique et qui a donc décidé de rentrer en Europe. Il rejoint ainsi son compatriote Tom Lawson qui a bien trouvé sa place dans les cages militaires, ce qui n'est jamais facile au "pays" de Tretiak !

Un CSKA-Oufa qui rappelle des bons souvenirs aux très nombreux spectateurs car l'an passé, les Moscovites avaient éliminés les Bachkires en quart de finale de la Superliga.

Et l'on n'a pas le temps de s'ennuyer dans ce sommet du championnat russe. Le jeu part d'une cage à l'autre et le score est rapidement ouvert. Ce sont les visiteurs qui y parviennent de la plus belle des manières. Une place lumineuse, rapide et précise du Tchèque Mikeska, depuis l'angle gauche de la patinoire dans la zone d'attaque d'Oufa, parvient exactement sur Vladimir Antipov qui fusille Tom Lawson pour l'ouverture du score. On ne joue pas depuis six minutes (0-1).

Et ce n'est pas terminé. Profitant d'une pénalité infligée à la neuvième minute à l'encontre du défenseur du CSKA Sergueï Rozine (passé par Oufa en 2004), les visiteurs doublent la mise dans la foulée. Pourtant, l'arbitre M. Poliakov prend son temps pour valider ce but. De longues minutes à consulter la vidéo. Il faut dire que le tir du vétéran (33 ans) Nikolaï Zavaroukhine (passé par le CSKA au milieu des années 90) est entré en passant sous la botte de Lawson avant de ressortir. Et il faut bien avouer que c'est allé très vite. Quoi qu'il en soit, les supporters bleus et verts bachkires sont comblés, les leaders mènent 2-0 en ce début de partie.

Heureusement pour les locaux, et le suspense, les Moscovites vont rapidement revenir au score. Là aussi, c'est suite à une pénalité infligé à Alexeï Medvedev (bientôt surnommé le président par ses coéquipiers...). Et là, mes aïeux ! Quel but ! Un tir d'une puissance phénoménale du défenseur international, formé aux Krylia Soviètov, Konstantin Kornéiev. Comment vous dire ? Est-ce que patate de la bleue, missile dans la lucarne, tir de brute, caramel, pastille, vous disent quelque chose ? Et bien, c'était encore plus fort ! Quoi qu'il en soit cela fait maintenant 1-2.

Mais Oufa a la possibilité de creuser à nouveau l'écart trois minutes plus tard. L'arbitre siffle un tir de pénalité pour le Salavat Ioulaiev suite à une faute d'Andreï Cheffer. C'est Andreï Taratoukhine qui s'y colle (15'32"). L'attaquant d'Oufa, formé à Omsk, avait battu deux fois Tom Lawson lors de la séance de tirs au but lorsque les deux équipes s'étaient rencontrées ici même la veille de Noël, à chaque fois grâce à une feinte de lancer. Cette fois le gardien canadien ne s'y laisse pas prendre et attrape le palet de sa mitaine. Les joueurs du CSKA y voient le tournant du match. Revenus au score par l'intermédiaire du tir de mulet de Kornéiev, les Moscovites sont désormais en pleine confiance suite à l'exploit de leur gardien. Et d'ailleurs, le portier canadien est à partir de ce moment là totalement impénétrable.

Les Moscovites vont d'ailleurs prouver dans la période suivante que ce sont bien eux les patrons en cet après-midi. Ils dominent largement le début du deuxième tiers, poussent et finissent par trouver la solution par deux fois en une minute. Et c'est une fois de plus une pénalité qui permet de déverrouiller le score. Kirill Koltsov est en prison, le CSKA en profite.

Un premier tir de Vadim Epantchintsev est tout d'abord renvoyé par Vadim Tarassov, mais le gardien natif du Kazakhstan repousse sur Sergueï Chirokov. L'attaquant espoir du CSKA tire, tombe à genoux, mais parvient cependant à récupérer le rebond pour égaliser. Par acquis de conscience, l'arbitre va vérifier la vidéo, mais Chirokov n'a fait ni faute sur le gardien, ni du camping dans la zone interdite. 2-2, puis 3-2 un peu plus d'une minute plus tard. Une passe lumineuse d'Alexandre Souglobov, rapidement passé par la LNH, qui décale parfaitement Alexandre Skougarev, et l'ex-Dynamiste a la cage ouverte devant lui. Nous sommes exactement à la mi-match et le CSKA prend l'avantage pour la première fois de la partie.

À partir de ce moment-là, changement de décor. C'est désormais au Salavat Ioulaiev de se bouger. Mais le CSKA maitrise parfaitement la situation, grâce en particulier à un Lawson parfait. Même une infériorité numérique à la 36e, suite à une pénalité infligée à Pollock ne change rien. Le CSKA avait un but de retard à la première pause, il en a un d'avance à la suivante.

La dernière période est du même tonneau que la fin de la précédente. Le CSKA voit venir et montre le bout du nez à l'occasion. Mais surtout les militaires sont extrêmement disciplinés (il ne manquerait plus que cela soit l'anarchie dans l'armée russe maintenant !). Ils ne prennent pas de pénalité (mais comme il faut toujours une exception, c'est Anton Belov qui est de corvée de patates à la 53e). Au contraire, les visiteurs vont craquer sur l'indiscipline. Il ne reste que six minutes à jouer, lors qu'Oleg Tverdovski fait une bêtise qui va coûter cher à son équipe. Le natif de Donetsk, dans le bassin minier ukrainien, se prend une 2'+10' (+20' après invectives envers l'arbitre) suite à une charge des plus douteuses... Le défenseur au passé prestigieux (la preuve, il a débuté en Russie aux Krylia Sovietov !) va donc assister impuissant aux conséquences de sa bévue.

Un but de Vadim. Un rebond laissé par Vadim Tarassov et repris de près par Vadim Epantchintsev, et tout est dit : 4-2 pour le CSKA à quatre minutes de la fin. Autant vous le dire, après ça, il suffit d'attendre la sirène. Tiens, d'ailleurs la voilà : Pffoonnn ! (ch'fais bien la sirène hein ?)

Une victoire qui permet au CSKA de pointer dans le trio de tête, ce qui ne devait pas lui être arrivé depuis que les anciens glorieux du club sont devenus des hommes politiques proches du Kremlin ! L'occasion également après les quarts de finale de l'an passé de confirmer le côté poil à gratter du CSKA vis-à-vis du Salavat Ioulaiev.

Pour les visiteurs, c'est certes désagréable, mais les Bachkirs conservent leur première place au classement.

Étoiles du match Sport-Express : *** Sergueï Shirokov (CSKA), ** Konstantin Korneïev (CSKA), * Tom Lawson (CSKA).

Étoiles du match Soviet Sport : *** Konstantin Korneïev (CSKA), ** Sergueï Shirokov (CSKA), * Denis Parshin (CSKA).

Compte-rendu signé Bruno Cadene

Commentaires d'après-match

Vyacheslav Bykov (entraîneur du CSKA) : "Les joueurs brûlaient d'envie avant le match... et ils se sont brûlés. Ensuite, le match a suivi notre scénario."

Sergei Mikhalev (entraîneur du Salavat Yulaev) : "Au début, tout nous paraissait facile, mais les prisons et le tir de pénalité non transformé ont changé le cours du match. Certains joueurs expérimentés se sont comportés de manière frivole. On ne peut pas se faire pénaliser comme Tverdovsky l'a fait. Nous aurions pu revenir, mais notre charge émotionnelle n'était pas suffisante, alors que le CSKA a voulu sa victoire. En plus, nous avons été mauvais en infériorité numérique."

CSKA Moscou - Salavat Yulaev Ufa 4-2 (1-2, 2-0, 1-0)

Samedi 23 février 2008 à 17h00 au palais des sports de glace du CSKA. 5750 spectateurs.

Arbitrage d'Aleksandr Poliakov assisté d'Aleksandr Kamurkin et Andreï Rogachev.

Pénalités : CSKA 16', Salavat Yulaev 47'.

Tirs : CSKA 28 (5, 13, 10), Salavat Yulaev 25 (8, 8, 9).

Évolution du score :

0-1 à 05'55" : Antipov assisté de Mikeska et Taratukhin

0-2 à 09'43" : Zavarukhin assisté de Volkov et Grigorenko (sup. num.)

1-2 à 12'33" : Korneïev assisté de Simakov et Rozin (sup. num.)

2-2 à 29'03" : Shirokov assisté de Epanchintsev et Parshin (sup. num.)

3-2 à 30'49" : Skugarev assisté de Suglobov et Korneev

4-2 à 56'00" : Epanchintsev assisté de Misharin et Shirokov (sup. num.)

Gardien : Thomas Lawson (CAN).

Défenseurs : Sergei Rozin - Konstantin Korneiev ; Georgi Misharin - Denis Kulyash ; Jame Pollock (CAN) - Anton Belov ; Maksim Goncharov - Andreï Shefer.

Attaquants : Oleg Saprykin - Piotr Schastlivy - Aleksei Simakov ; Sergei Shirokov - Vadim Epantchintsev (c) - Denis Parshin ; Timofeï Shishkanov - Aleksandr Skugarev - Evgeni Artyukhin ; Ladislav Kohn (TCH) - Ilya Kablukov - Aleksandr Suglobov.

Remplaçant : Ivan Kasutin (G).

Gardien : Vadim Tarasov.

Défenseurs : Kirill Koltsov - Igor Shchadilov ; Miroslav Blatak (TCH) - Andrei Kuteïkin ; Oleg Tverdovsky - Vitali Proshkin ; Pavel Doronin - Aleksandr Boïkov.

Attaquants : Alekseï Shkotov - Alekseï Tereshchenko - Aleksandr Perezhogin ; Michal Mikeska (TCH) - Andreï Taratukhin (c) - Vladimir Antipov ; Igor Volkov - Nikolaï Zavarukhin - Igor Grigorenko ; Ruslan Nurtdinov - Alekseï Medvedev - Artiom Gordeev.

Remplaçant : Milan Hnilicka (G, TCH). Absents : Aleksandr Eremenko (gardien surnuméraire), Konstantin Koltsov (blessé, revient dans 10 jours), Andrei Sidyakin, Vladimir Vorobiev, Radek Philipp, Dmitri Tarasov.

Retour au championnat de Russie