Grenoble - Angers (29 janvier 2008)

 

Coupe de France - Demi-finale.

Trois jours seulement après leur rencontre en Ligue Magnus, Grenoblois et Angevins se retrouvent sur la même glace de Pôle Sud, avec cette fois pour enjeu l'exposition de la finale de Bercy. Pour les Ducs, il s'agit d'aller défendre leur bien chèrement acquis l'an dernier, pour les Brûleurs de Loups d'accéder à une troisième finale en deux ans après celles disputées et remportées l'an dernier en coupe de la Ligue et en Ligue Magnus. L'enjeu est de taille pour cette rencontre mais les Grenoblois doivent se passer à nouveau de leur maître à jouer Ludek Broz, reparti auprès de sa fille, sérieusement blessée.

Si la rencontre de samedi avait ressemblé à une longue partie d'échecs, celle de ce soir va être diamétralement opposée dans sa physionomie. Les premières secondes sont électriques, M.Bachelet dégaine le premier en envoyant Salonen en prison au bout de trente secondes. Jodoin le rejoint, si bien qu'après seulement une minute, Grenoble se retrouve en double avantage numérique. Si le power-play avait été poussif samedi, cette fois la réussite est immédiate : Valcak, derrière la ligne de but, décale en retrait Jimmy Lindström au rond d'engagement dont la reprise instantanée transperce Koivula (1-0, 01'57"). Le décor est planté d'entrée de jeu et les Ducs mettent du temps à réagir, Ferhi n'étant guère inquiété en ce début de rencontre. Ce sont les Brûleurs de Loups qui mettent du rythme dans la partie et les accélérations grenobloises font mal : sur un contre côté droit, Lindström centre pour Christophe Tartari qui parvient à contrôler le palet avant de la glisser sous Koivula d'un joli geste technique (2-0, 04'09").

Le début de match est idéal pour Grenoble, trop peut-être car les Dauphinois sont plutôt habitués à courir après le score en début de match. Du coup, ils ne savent pas gérer leur avance et subissent le jeu des Angevins qui subitement retrouvent leur hockey. La défense grenobloise souffre, Ferhi est sollicité de toutes parts, les Ducs font la loi dans les bandes : la rencontre semble changer de physionomie. Pettersson aurait pourtant pu tuer le match sur une échappée mais le retour in extremis du défenseur l'empêche de se mettre en bonne position de tir. Finalement les Ducs voient leurs efforts logiquement récompensés lorsqu'un palet ressortant du slot et récupéré pas Nicolas Deshaies dont le lancer fait mouche au beau milieu du trafic devant la cage grenobloise (2-1, 13'39"). Ce but redonne confiance aux visiteurs tandis que la défense grenobloise prend l'eau : Bonnard ne parvient pas à dégager le palet de sa zone et le rend à Baluch qui le lance sur Ferhi lequel le repousse, mais Salonen le récupère au rebond et le place du revers hors de portée du gardien grenoblois (2-2, 13'39"). Les affaires grenobloises prennent une mauvaise tournure, d'autant que Forsander se retrouve sanctionné. Les Brûleurs de Loups déjouent complètement et Ferhi, pressé de dégager le palet derrière sa cage, l'envoie directement sur Vidman qui centre devant le but pour Metsäranta lequel n'a plus qu'à le pousser dans le but vide (2-3, 16'36"). Les champions de France sont au fond du trou et comptent une nouvelle fois sur leurs Tchèques pour les sortir de l'impasse : en l'absence de Broz, Valcak sert sur un contre Masa, dont le tir instantané semble se loger sous la barre avant de ressortir, mais les arbitres ne bronchent pas et ne valident pas le but. C'est donc dans une situation assez délicate que les Grenoblois rentrent aux vestiaires.

Forts d'un come-back de toute beauté, les hommes de Heikki Leime semblent en position de force pour débuter ce deuxième tiers. Mais ils se font surprendre rapidement sur un contre emmené par Amar qui décale parfaitement Pettersson seul face à Koivula : le Suédois ne se fait pas prier pour remporter son duel et remettre les deux équipes à égalité (3-3, 20'59"). Les compteurs remis à zéro après un début de rencontre tout fou, les Ducs tentent de reprendre l'initiative : Tessier tire sur le poteau et Tartari se fait sanctionner dans la foulée. Mais cette fois, le box play grenoblois tient le coup et Angers laisse passer sa chance. Car sitôt la prison terminée, une déferlante s'abat sur la cage de Koivula, en grosse partie abandonné par sa défense. C'est une nouvelle fois Amar qui d'une passe toujours aussi précise sert Fleury à la ligne bleue qui d'un contrôle orienté s'ouvre le chemin des buts et place le palet en lucarne (4-3, 27'27"). Puis, sur un contre quasi similaire une minute plus tard, un tir de Valcak est repoussé par Koivula dans la crosse de Masa qui reprend victorieusement le rebond (5-3, 28'26"). Grenoble retrouve son avance initiale de deux buts après bien des péripéties alors qu'on atteint la mi-match avec... huit buts inscrits ! Leime demande alors un temps mort pour remettre son équipe dans le match et les Ducs répondent avec un défi physique plus soutenu. L'hémorragie s'arrête donc, les débats s'équilibrent. Les Angevins semblent même revenir dans la partie sur une attaque rondement menée par la première ligne avec à la clé une passe de Lavigne pour Tessier qui conclut, isolé au deuxième poteau (5-4, 34'56"). Koivula, un temps sorti, revient sur la glace pour ce qui pourrait ressembler à un nouveau renversement de situation. Mais Baptiste Amar, un des meilleurs Grenoblois ce soir, montre l'exemple en bon capitaine et se trouve cette fois à la conclusion sur un rebond concédé par Koivula suite à un tir de Damien Fleury (6-4, 37'09").

Les Brûleurs de Loups semblent avoir un patin en finale, reste à mettre le deuxième. Pour cela il faut d'abord calmer le jeu en début de troisième période afin de revenir à un hockey plus défensif que ce qui a été entrevu jusqu'alors. Les hommes de Mats Lusth parviennent à contenir la fougue angevine même si des mauvais coups sont échangés ici et là. Le physique commence à faire défaut aux Ducs qui semblent payer le prix de leurs efforts. Leur pressing n'est plus aussi fort qu'au premier tiers et Mats Lusth sent que c'est le bon moment pour plier définitivement l'affaire. Il demande un temps mort alors que Grenoble s'apprête à évoluer en supériorité numérique mais la défense angevine tient encore le choc. Malheureusement pour les Ducs, Baluch est sanctionné pour une crosse au visage de Forsander. Ils enchaînent donc avec une deuxième infériorité qui sera cette fois fatale : Lindström s'échappe sur l'aile droite et tire, Koivula concède un nouveau rebond qui bénéficie cette fois à Forsander qui pousse le palet dans les buts vides (7-4, 52'01"). Le succès grenoblois est définitivement acquis et il sera parachevé par un but de toute beauté : débordement de Manavian sur l'aile droite qui centre pour Masa lequel passe instantanément en retrait à Tartari qui ajuste Koivula à bout portant (8-4, 53'39"). Un but symbole du collectif grenoblois retrouvé ce soir. Pour l'anecdote, Angers réduira le score en fin de match suite à une reprise à bout portant de Lahesalu sur un centre au cordeau de Jokinen (8-5, 55'02"). Mais après bien des rebondissements, ce sont les Brûleurs de Loups qui tiennent leur place en finale !

Angers a donc abandonné "sa" coupe de France et n'aura pas la chance d'aller la défendre à Bercy. Mais les Ducs n'ont pas renoncé sans combattre et semblaient même en bonne position pour l'emporter après un premier tiers-temps de folie. Mais à l'image d'un Fortier pas suffisamment remis, les Angevins n'ont pas semblé tenir la distance, baissant progressivement au fil de la rencontre en se retrouvant même au bord de l'asphyxie lors de la deuxième période. Les Ducs ont multiplié les approximations défensives, laissant parfois des boulevards aux Grenoblois en contre. À la différence de samedi, Koivula n'était cette fois pas là pour les sauver.

Après avoir gagné la bataille de la défensive samedi, les Brûleurs de Loups ont remporté ce soir celle de l'offensive au terme d'un match de toute beauté. Ils ont prouvé que même en l'absence de Ludek Broz, ils étaient capables de produire du jeu et d'aller au bout de leurs actions, ce qu'ils avaient eu du mal à faire samedi en buttant inlassablement sur Koivula. Cette fois, le jeu grenoblois a été plus simple avec beaucoup plus de tirs à la cage pour trouver des rebonds, ce qui a finalement payé vu que Koivula n'était pas aussi intraitable que samedi. Pourtant Grenoble a bien failli tout perdre en encaissant trois buts consécutivement et en faisant preuve d'une fébrilité inhabituelle à l'image de Bonnard et Ferhi, peu heureux sur deux buts angevins. La remontée de pendules du premier tiers-temps a visiblement fait son effet et plusieurs joueurs ont pris leurs responsabilités, à commencer par le capitaine Baptiste Amar qui avec un but et deux passes décisives au deuxième tiers a remis les siens dans le sens de la marche. On retiendra également le retour en forme de Jimmy Lindström, enfin buteur sur le power-play et à l'origine directe des buts de Forsander et Tartari. Ce dernier est à créditer d'un doublé dans la lignée de ses performances récentes tandis que Fleury, Pettersson et Masa ont également pesé sur le match. Un beau succès collectif pour Grenoble qui s'ouvre les portes de Bercy.

Désignés meilleurs joueurs du match : Jimmy Lindström (Grenoble) et Juho Jokinen (Angers)

Compte-rendu signé Christophe Laparra

 

Commentaire d'après-match (d'après Le Dauphiné Libéré) :

Patrick Rolland (entraîneur-adjoint de Grenoble) : "C'est une grosse réussite à l'issue d'une super bataille. On voulait participer à cette fête de Bercy et on va déjà savourer ça. On savait que ce serait totalement différent de samedi mais on avait demandé aux gars de jouer plus simple, de prendre leur chance à la cage et de travailler aux rebonds. On avait bien démarré puis on leur a permis de revenir au score. Mais on a réalisé une grosse deuxième période en restant disciplinés. On avait rarement été autant à la fête offensivement malgré les absences et les lignes qui ont été remodelées au troisième tiers."

Heikki Leime (entraîneur d'Angers) : "Les joueurs étaient très motivés, ils avaient presque trop envie. Ils voulaient faire la différence alors qu'il aurait fallu garder son calme lorsqu'on menait 3-2. On avait toutefois accompli beaucoup d'efforts pour revenir au score après un mauvais départ et ensuite on en a payé le prix physiquement. La finale, ce sera un beau spectacle entre deux belles équipes et Grenoble a prouvé ce soir qu'il savait jouer aussi devant."

 

Grenoble - Angers 8-5 (2-3, 4-1, 2-1)

Mardi 29 janvier à 20h00 à la patinoire Pôle Sud de Grenoble. 3000 spectateurs.

Arbitrage de Frédéric Bachelet assisté de Guillaume Gielly et Gwilherm Margry.

Pénalités : Grenoble 16' (2', 2'+10', 2'), Angers 12' (4', 0', 8'),

Tirs cadrés : Grenoble 35, Angers 44.

Évolution du score :

1-0 à 01'57" : Lindström assisté de Valcak et Forsander (double sup. num.)

2-0 à 04'09" : Tartari assisté de Lindström

2-1 à 10'17" : Deshaies assisté de M.Lacroix

2-2 à 13'39" : Salonen assisté de Baluch et Igier

2-3 à 16'36" : Metsäranta assisté de Vidman (sup. num.)

3-3 à 20'59" : Pettersson assisté de Amar et Forsander

4-3 à 27'27" : Fleury assisté de Amar et Scott

5-3 à 28'26" : Masa assisté de Valcak

5-4 à 34'56" : Tessier assisté de Lavigne et Fortier

6-4 à 37'09" : Amar assisté de Fleury

7-4 à 52'01" : Forsander assisté de Lindström

8-4 à 53'39" : Tartari assisté de Masa et Manavian

8-5 à 55'02" : Lahesalu assisté de Jokinen et Jodoin

 

Grenoble

Gardien : Eddy Ferhi.

Défenseurs : Viktor Wallin - Brad Woods ; Baptiste Amar (C) - Tyler Scott ; Jean-François Bonnard - Antonin Manavian.

Attaquants : Kévin Hecquefeuille - Patrik Valcak - Martin Masa ; Mikael Pettersson (A) - Damien Fleury - Johan Forsander (A) ; Sacha Treille - Christophe Tartari - Jimmy Lindström.

Remplaçants : Frédéric Dorthe (G), Joan Montesinos, Julien Baylacq. Absents : Ludek Broz (raisons familiales), Teddy Trabichet (bassin), Mickaël Perez (lombalgie).

Angers

Gardien : Ville Koivula [remplacé par Florian Hardy de 33'10" à 34'56"].

Défenseurs : Kévin Igier - Éric Lavigne ; Lauri Lahesalu - Jean-François Jodoin (A) ; Nicolas Deshaies - Simon Lacroix.

Attaquants : Tomas Baluch - Éric Fortier - Michaël Tessier ; Juho Jokinen (A) - Matias Metsäranta - Hermanni Vidman ; Julien Albert - Martin Lacroix (C) - Yven Sadoun ; Sami Salonen.

Absent : Pavol Mihalik (blessé).

 

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