Mulhouse - Épinal (30 octobre 2007)

 

Seizième de finale de la Coupe de France.

Une logique respectée

Trois ans déjà que les deux vieux rivaux de la ligne bleue des Vosges n'avaient plus croisé le fer, sans tenir compte des ersatz offerts l'an passé en division 3. Les choses ont bien changé depuis cette époque où les Scorpions tenaient fidèlement lieu d'ogre devant leurs voisins vosgiens, pour qui ils faisaient figure de bête noire. Mais voilà, avec la crise de croissance du défunt HCM, les rôles se sont inversés puisque c'est en favoris qu'aujourd'hui se dressent les Spinaliens.

Actuels co-leaders de la poule est de division 2, les Scorpions remontent doucement la pente et voient en ce derby ressuscité l'occasion de s'évaluer devant une formation de Ligue Magnus davantage réputée pour son internationalisme (avec une quinzaine d'étrangers) que pour sa régularité. Le camouflet de Morzine-Avoriaz sitôt digéré, ces Dauphins relevés à la feuille d'érable vont avant tout mettre à profit cette parenthèse pour recouvrer la confiance avant un autre derby, plus indécis lui, face à Dijon. Ce sera-là une toute autre histoire...

Mais en attendant, et devant un adversaire valeureux (comme en témoigne sa spectaculaire remontée samedi face à Dunkerque), les Vosgiens ne tardent pas à faire parler leurs qualités intrinsèques. Car, soucieux d'éviter tout malentendus et autres vaines débauches d'énergie, les hommes de Shawn Allard s'emploient à rapidement se mettre à l'abri. La défensive alsacienne, déjà peu souveraine d'ordinaire, a le tournis devant le mouvement des rapides attaquants spinaliens. À ce rythme, l'écart se creuse tout naturellement. Un premier avantage numérique les aide à ouvrir le score après plusieurs tentatives d'un Peter Listiak enfin apte à prendre ses responsabilités, lui d'habitude si frileux à lancer au filet. Un rebond profite à cet opportuniste-né d'Ilpo Salmivirta, dans son jardin, pour glisser un premier puck dans les filets (0-1 à 02'08").

Le début d'une pénitence pour un Marc-André Martel fébrile en plus d'être livré à lui-même. Nullement inquiété, Marc Lefebvre peut ainsi repiquer dans l'axe et s'essayer, à mi-distance, d'un revers en pivot pour tromper son jeune compatriote (0-2 à 03'11"). Sans jamais se forcer, les Spinaliens créent le danger, à plus forte raison quand Jan Plch et Michal Petrak sont dans les parages. Le premier nommé prépare ainsi le terrain à un Regenda monté à l'abordage et amenant Petrak à couper au second poteau droit de Martel (0-3 à 07'22").

Le galop d'entraînement se poursuit donc, non sans quelques accrocs mineurs dictés par l'enthousiasme affiché par des Scorpions sans complexes. Ceux-ci misent beaucoup sur leur chef de file David Croteau, qui s'illustre en box-play en bloquant Ilpo Salmivirta dans le slot pour lancer en break-away un David Oulik échouant finalement sur Franck Constantin (09'41"). Une constante durant toute une soirée où l'habituel back-up de Stanislav Petrik, fréquemment sollicité, repoussa tout ce qui lui sera présenté.

Épinal fait parler la poudre

Les visiteurs récitent leurs gammes et font tranquillement valoir la différence de niveau, signant au besoin quelques bonnes séquences collectives. Le schéma en "tic-tac-toe" est ainsi servi à toutes sauces et Ilpo Salmivirta, pourtant gêné en entrée de zone, oriente le jeu vers un Jan Plch basculant aussitôt au second poteau vers son fidèle complice Michal Petrak (0-4 à 11'22"). Les contres sont rondement menés et les automatismes tournent à plein régime, existant aussi sous d'autres coloris puisque Guillaume Chassard profite à son tour d'une infiltration du centre tchèque pour marquer de près (0-5 à 18'03").

Les brèches se multiplient et Simo Romo, à son tour, s'y engouffre. Le centre finlandais, visiblement dispersé, a la voie du filet toute ouverte mais s'emmêle les crayons dans le slot. Heureusement pour lui, Marc Lefebvre avait suivi (0-6 à 18'25"). Et ce diable de Plch en remet une couche sur une ouverture de Salmivirta et résistant au repli pour loger, avec son revers fétiche, le disque dans la lunette (0-7 à 18'58"). Mulhouse, trop limité, ne peut définitivement offrir qu'une vaine résistance à l'image d'un rush de l'offensif Tomas Tupy bloqué in-extremis par la doublure spinalienne devant Vincent Bringuet (19'59")...

De retour en supériorité numérique, les Scorpions s'offrent un peu de répit sans toutefois présenter de dangers concrets. Marc-André Martel, lui, en a plein les bottes, et davantage de s'incliner sur un nouveau goal de raccroc (0-8 à 22'39").

Cela ne refroidit pas l'audace de Mulhousiens se basant notamment sur l'activité d'un Croteau transperçant occasionnellement le rideau défensif adverse. Ce n'est pourtant pas suffisant pour espérer troubler la sérénité des pensionnaires de l'élite, chez qui tout le monde a droit, ce soir, à une bonne part du gâteau. À l'instar d'un infatigable Tarik Chipaux, petit gratteur invétéré, ou d'un étonnant Marc Lefebvre dont l'abattage dans les deux sens fut précieux. Au contraire, notamment, d'un Luc Mazerolle toujours aussi nonchalant ou d'un Daniel Scott dont beaucoup remettent en question sa réelle utilité...

En deux temps trois mouvements, le palet n'est jamais bien loin d'un Marc-André Martel désormais ragaillardi. Mais sa bonne série s'estompe quand Jan Plch en personne sévit sur un contre partagé avec Guillaume Papelier. Sur ce coup, le tir de l'ailier français a semblé rebondir sur le masque du cerbère canadien, ce qui n'a pas empêché le Slovaque de davantage corser la note (0-9 à 27'37").

Sans totalement tomber dans la facilité (mais cela suffit à impressionner un public sevré de haut niveau), Épinal s'attèle déjà faire tourner la montre pour s'économiser. Ainsi Stéphane Gervais a depuis longtemps rejoint le banc, s'ajoutant aux forfaits initiaux de Peter Slovak et Jan Simko. Une paille pour un ensemble lorrain maîtrisant son sujet... mais pas ses nerfs. Borislav Ilic, au généreux temps de glace ce soir, est coutumier du fait et ne tolère pas une charge de Vincent Bringuet contre la bande. Le Franco-Canadien Olivier Lyon lui répond, dans la confusion, et finit par rejoindre la prison. Le bûcheron d'origine serbe, lui, aura gagné le droit de se doucher avant les autres, asseyant l'image de la plus rugueuse équipe de Ligue Magnus (39'24")...

Mulhouse a limité les dégâts dans l'acte médian et n'espère désormais plus qu'une seule chose de ce derby devenu trop vite dépassionné. Sauver l'honneur en brisant, enfin, la dynamique de Constantin. Il ne leur est pas aisé d'ainsi s'affranchir du faux-rythme désormais dicté par un ICE ronronnant, consentant toutefois à ponctuer sa gestion de quelques montées. Avec parcimonie vu la physionomie car il n'est guère nécessaire que cette ligne de parade spinalienne, emmenée par Michal Petrak et Jan Plch, travaille excessivement pour parvenir à ses fins. Il lui en faut peu, une ouverture ou un espace, pour faire la différence et Ilpo Salmivirta joue le parfais relais en dirigeant une passe aveugle du Tchèque vers l'as slovaque, posté au second poteau (0-10 à 48'49").

Toute offensive restant lettres mortes devant un Franck Constantin intransigeant, malgré une volonté persistante (mais trop brouillonne pour mettre à mal la couverture défensive resserrée), Mulhouse tient le score avec quelques parades de sa doublure Sylvain Lerch. Enfin le tiendra jusqu'à ce que Marc Lefebvre, débordant d'activité ce soir, ne s'offre le coup du chapeau en trouvant la faille en coin, sur un service du joker québécois Marc-André Crête (0-11 à 58'29"). À vaincre sans péril...

En tuant rapidement tout suspens, Épinal s'est mis sur les voies d'une qualification aisée. Chaque montée fut synonyme de danger et les individualités phares de l'offensive (notamment un Jan Plch certes attentiste, mais dont le talent se suffit à lui-même) furent fidèles à leur réputation. Cette différence de niveau fut évidemment rédhibitoire pour cette jeune équipe haut-rhinoise courageuse mais trop démunie pour l'occasion. Son seul regret sera d'avoir été blanchie ce soir sans avoir toutefois démérité.

Côté vosgien, si la ligne de parade fut une menace constante, ce sont aussi les role-players qui auront mérité la citation. Guillaume Chassard, le poumon du deuxième trio, se sera rappelé au bon souvenir de son ancien public de l'Illberg. Quant à Marc-André Crête, annoncé tenace et dur au mal, ce premier match hexagonal a confirmé sa réputation de spécialiste des missions obscures. S'il confirme, la défense des Dauphins n'en sera que renforcée.

Compte-rendu signé Jérémie Dubief

 

Mulhouse - Épinal 0-11 (0-7, 0-2, 0-2)

Mardi 30 octobre 2007 à 20h30 à la patinoire de l'Illberg. 993 spectateurs.

Arbitrage de Stéphane Rousselin assisté de Laurent Rouèche et Éric Brondex.

Pénalités : Mulhouse 28' (6', 8'+10', 4'), Épinal 48' (6', 8'+10'+20', 4').

Tirs : Mulhouse 23 (7, 12, 3), Épinal 44 (16, 18, 10).

Engagements : Mulhouse 32 (12, 11, 9), Épinal 35 (9, 13, 13).

Évolution du score :

0-1 à 02'08" : Salmivirta assisté de Listiak et Petrak (sup. num.)

0-2 à 03'11" : Lefebvre

0-3 à 07'22" : Petrak assisté de Regenda et Plch

0-4 à 11'22" : Petrak assisté de Plch et Salmivirta (sup. num.)

0-5 à 18'03" : Chassard assisté de Petrak

0-6 à 18'25" : Lefebvre assisté de Romo

0-7 à 18'59" : Plch assisté de Salmivirta et Ilic

0-8 à 22'39" : Petrak assisté de Scott

0-9 à 27'37" : Plch (inf. num.)

0-10 à 48'49" : Plch assisté de Petrak et Salmivirta

0-11 à 58'23" : Lefebvre assisté de Crête

 

Mulhouse

Gardien : Marc-André Martel puis Sylvain Lerch à 40'00".

Défenseurs : Franck Herbrecht (A) - Tomas Tupy ; Thomas Waterlot - Olivier Lyon ; Gaétan Marck - Mickaël Tin.

Attaquants : Vincent Bringuet (C) - David Croteau - David Oulik ; Lucas Tremellat - Romain Pierrel - Julien Aubry ; Loïc Claden - Baptiste Rahm - Vincent Da Silva ; Thibaut Fohrer ; Nicolas Maindron (A).

Absent : Cyril Arrial (clavicule).

Épinal

Gardien : Franck Constantin.

Défenseurs : Stéphane Gervais - Borislav Ilic ; Marc-André Crête - Radoslav Regenda ; Lionel Simon - Peter Listiak.

Attaquants : Marc Lefebvre - Simo Romo - Guillaume Chassard (A) ; Ilpo Salmivirta - Michal Petrak - Jan Plch (C) ; Tarik Chipaux - Luc Mazerolle (A) - Guillaume Papelier ; Daniel Scott ; Anthony Pernot.

Remplaçant : Stanislav Petrik (G). Absents : Peter Slovak (convalescent), Shawn Allard (entraîneur uniquement), Sébastien Geoffroy (blessé), Jan Simko.

 

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