Russie - Canada (31 août 2007)

 

Troisième match de la "super série" anniversaire, pour les moins de 20 ans.

Le premier coup de tonnerre avant ce début de rencontre est le forfait pour le reste de la série d'Alexei Cherepanov, usé par les nombreux chocs encaissés face à Brandon Sutter ou Milan Lucic. Son coéquipier Egor Averin est lui aussi victime d'une commotion cérébrale. En clair, les deux joueurs formés à l'Avangard Omsk sont contraints de déclarer forfait... au moment où la série s'installe dans la toute neuve Arena Omsk de dix mille places ! Cela ne va pas remonter le moral des Russes, déjà menés deux victoires à zéro.

Semen Varlamov est de retour dans les cages russes, confronté à Leland Irving : Brent Sutter teste ainsi un troisième gardien après de solides performances de Mason et Bernier, mais le seul des trois à être médaillé d'or au mondial junior 2007.

Maladroit jeu de puissance

La partie démarre avec une pression rapide du Canada que vient conclure Logan Pyett de la bleue : Varlamov peut se rassurer d'entrée. Le physique canadien est déjà présent avec une charge de Lucic sur Vasyunov à la bleue, un peu dans le dos. Puis, Perron maintient la pression et offre une belle occasion de derrière le but à John Tavares, qui se heurte au gardien. Sur la mise au jeu, Varlamov sauve devant Gagner puis Giroux. Puis, Marchand prend deux minutes assez inexplicables (et une méconduite !) alors que Sergei Nemchinov semble hésiter sur ses lignes, offrant à son homologue Brent Sutter l'occasion d'ajuster ses tactiques alors qu'il n'a pas le dernier changement ! À un de plus les rouges manquent de se faire piéger par Luke Schenn, monté aux avant-postes pour récupérer une passe de Gagner. Les esprits s'échauffent déjà... Plusieurs joueurs sont punis et immédiatement après Ellerby les rejoint sur une pénalité sévère : il y a alors quatre Canadiens en prison ! On joue à quatre contre trois mais rien ne se passe tant les Russes sont maladroits. Turris en profite pour partir en contre et envoyer Chudinov sur le banc.

Il faut attendre un exploit individuel de Maïorov pour voir Irving briller... mais la contre-attaque est sans pitié. David Perron mobilise un défenseur derrière le but et libère magnifiquement Sam Gagner d'une passe dans le dos : il ajuste Varlamov entre les jambières (0-1). Après ce début calamiteux, Nemchinov profite d'un temps mort télévision pour remobiliser ses troupes mais ses choix restent hésitants. La ligne d'échec canadienne étouffe la meilleure ligne russe et il ne semble pas profiter du dernier changement. Pire, une supériorité numérique se transforme en démonstration. Tavares copie Perron en sortant du coin pour distribuer du revers en entrée de cercle et Kyle Turris ajuste la lucarne (0-2).

Varlamov s'en sort rapidement par miracle face au duo Boychuk-Gillies sur l'engagement... Seule une supériorité numérique permet aux Russes de ressortir la tête de l'eau, mais Irving s'impose à plusieurs reprises, notamment un tir de la bleue de Vishnevsky et un duel à bout portant face à Vasyunov. Les rouges s'exposent et Turris est lancé par Giroux en infériorité, sans réussite. La supériorité numérique canadienne qui suit profite... aux Russes. Pavel Doronin récupère un palet dans la neutre, prend de vitesse Drew Doughty, résiste à son retour et marque du poignet entre les jambières (1-2). Un feu de paille pour les hommes de Nemchinov, crucifiés peu après par Colton Gillies, qui bloque un tir en défense et profite du rebond pour une échappée victorieuse ras glace (1-3). Cela ne s'arrange pas pour les Russes, encore punis et battus physiquement, à l'instar d'une lourde charge de Lucic sur Grishin. Il y a tout de même une bonne occasion en infériorité en profitant d'un rebond sur la balustrade mais Irving reste vigilant. La pénalité est tuée sans que l'on joue à égalité numérique puisque Doughty renverse Bodrov sur une charge. Les Russes poussent, par Anisimov ou Voinov, et envoient Ellerby sur le banc. La période s'achève à cinq contre trois par des essais de Chudinov, Vishnevsky deux fois : la sirène retentit sur ce score de 3-1 pour le Canada, qui a maximisé ses tirs aux but.

Encore deux en moins

Il manque deux Russes à la reprise. Sur la glace, Semen Varlamov ne revient pas, remplacé par Vadim Zhelobnyuk, champion du monde des 18 ans. Et en tribunes, le milliardaire Roman Abramovich ne revient plus sur son siège. Il voulait peut-être meilleure publicité pour "sa" nouvelle patinoire qu'une nouvelle défaite russe.

Les rouges débutent avec de bonnes intentions à l'instar d'un lancer de Chudinov de la bleue. En face, Zhelobnyuk réussit son premier arrêt sur un gros tir de Giroux côté droit, parfaitement décalé par Gagner dans la neutre. Le jeu s'équilibre et une contre-attaque russe trouve enfin la faille. Aleksandr Ryabev est décalé sur l'aile dans la neutre, déborde à droite et parvient à surprendre Irving d'un tir en entrée de cercle (2-3). Sur une pénalité contre Schenn, Irving réalise des merveilles sur Vishnevsy et surtout Mamin, décalé sur une passe transversale. Ellerby est puni sur l'action alors que Gillies échappe à la sanction après un choc du genou sur Anisimov, lequel quitte le jeu. On joue pendant plus d'une minute à deux de plus, avec un énorme travail de Sutter et Pyett au bloc. Irving termine le travail sur Glovatsky dans l'enclave. L'occasion est passée car Mamin prend deux minutes à son tour. La supériorité numérique permet à David Perron de briller techniquement sans qu'il ne réussisse à cadrer son revers après avoir mis le gardien sur la glace. Zhelobnyuk sauve dans la foulée sur Tavares puis c'est au tour d'Emmerton de déborder sur la gauche pour un tir de près.

Le jeu est nettement plus équilibré et les occasions plus rares. Sur un bon travail d'Hickey, Giroux tente sa chance du revers avant de prendre deux minutes pour un mauvais geste sur son défenseur. Les Rouges poussent grâce à une très bonne circulation de palet et Alexandrov manque de peu l'égalisation de la bleue. La pénalité est finalement tuée et c'est au tour du Canada de bénéficier d'un avantage, non exploité. Les locaux forcent le passage face à l'échec avant canadien, finissant par envoyer Schenn sur le banc. Le public porte son équipe et notamment les lancers de loin de Vishnevsky : le score en reste là, la Russie a réussi à revenir dans le match.

L'espoir meurt le dernier

C'est donc un dernier tiers plein de promesses qui s'annonce dans cette nouvelle arène d'Omsk. Le Canada est moins précis dans son jeu vers l'avant, plus maladroit, au moment même où la Russie a repris des couleurs en mettant plus d'intensité. Un état de fait qui finalement ne durera pas. La première occasion revient aux blancs, lorsque Dana Tyrell s'échappe à droite et offre le palet à Colton Gillies, qui manque le cadre. Zhelobnyuk est ensuite chanceux sur un tir de la neutre qu'il ne maîtrise pas bien. Puis il réalise un véritable exploit en stoppant le tir de Tavares, servi dans l'enclave par Turris. Il ne peut finalement rien face à Claude Giroux, qui marque les genoux au sol sur une passe de derrière le but signée Gagner (2-4). C'est le troisième but en avantage numérique pour le Canada. Pire, quelques secondes après, Stefan Legein récupère un palet côté droit pendant un changement de ligne et expédie un tir puissant en pleine lucarne depuis le cercle (2-5). Le public est un peu éteint, ne parvenant qu'à peine à s'enthousiasmer sur un erreur d'Irving, qui sauve le but-casquette sur un palet envoyé au fond par Bobrov.

Les hommes de Brent Sutter jouent la montre, l'échec-avant est limité mais efficace. Les lignes tournent et bloquent l'adversaire dans la neutre. Il y a de moins en moins d'occasions, les Russes semblant avant baissé les bras... ou simplement manquer de jus. Tyrell en profite pour solliciter le gardien sur une mise au jeu. Même le jeu de puissance russe est aux abonnés absents, muselé par le point fort canadien. L'autre point fort, c'est le jeu de puissance, qui bénéficie de nouvelles chances offertes par une équipe frustrée. C'est même un cinq contre trois pendant près de deux minutes qui se dessine dans les derniers instants. Zach Boychuk conclut tranquillement une superbe circulation de palet et un caviar de Hickey, trouvant la hauteur du côté droit (2-6). Les dernières secondes ne suffisent pas aux Russes pour réduire la marque malgré quelques timides tentatives : troisième victoire canadienne à l'issue d'une véritable démonstration tactique, physique, technique et collective.

Désigné joueur du match : Leland Irving (Canada).

Compte-rendu signé Nicolas Leborgne

 

Commentaires d'après-match

Colton Gillies (attaquant du Canada) : "On savait que ça viendrait. Les entraîneurs nous avaient prévenus que les Russes feraient leur meilleur match, donc il fallait maintenir le rythme et jouer solides défensivement."

Brent Sutter (entraîneur du Canada) : "Le troisième match d'un série est important. Mais notre état d'esprit reste de prendre les matches l'un après l'autre. Les équipes spéciales résument le score. Notre jeu en infériorité a été exceptionnel ce soir. On a été à deux de moins pendant de longs moments et on a réussi à les museler. Je veux aussi mentionner notre gardien Irving, qui nous a sauvés deux fois à 2-3."

Sergei Nemchinov (entraîneur de la Russie) : "Je pense que le match a été intéressant pour les spectateurs, ils ont vu beaucoup de buts. Je suis content de notre deuxième période. Mais je suis encore forcé de mentionner les erreurs qui ne pardonnent pas face à une équipe du niveau du Canada. Nous manquons de rigueur défensive. Beaucoup de joueurs ne sont pas prêts à des matches aussi denses et rapides. Cherepanov est une grosse perte pour nous. Et sur ce match, nous avons même perdu Anisimov. Il est blessé au genou et sa série est terminée. Trois joueurs qui se sont distingués aujourd'hui : Doronin, Ryabev et le gardien remplaçant Zhelobnyuk. J'y crois encore."

 

Russie - Canada 2-6 (1-3, 1-0, 0-3)

Vendredi 31 août 2007 à 15h00 à l'Arena-Avangard d'Omsk. 10048 spectateurs.

Arbitrage de Vyacheslav Bulanov et Aleksander Poliakov (RUS).

Pénalités : Russie 18' (10', 4', 4'), Canada 32' (12'+10', 8', 2').

Tirs : Russie 34 (13, 11, 10), Canada 22 (4, 6, 12)

Évolution du score :

0-1 à 07'48" : Gagner assisté de Perron (sup. num.)

0-2 à 09'40" : Turris assisté de Perron et Tavares (sup. num.)

1-2 à 13'24" : Doronin assisté de Solodukhin (inf. num.)

1-3 à 15'11" : Gillies

2-3 à 24'33" : Ryabev

2-4 à 45'28" : Giroux assisté de Legein et Lucic (sup. num.)

2-5 à 46'14" : Legein assisté d'Ellerby

2-6 à 57'00" : Boychuk assisté de Godfrey et Hickey (sup. num.)

 

Russie

Gardien : Semen Varlamov puis Vadim Zhelobnyuk à 20'00".

Défenseurs : Pavel Doronin - Aleksei Grishin ; Igor Zubov - Evgeni Kurbatov ; Yuri Aleksandrov (C) - Maksim Chudinov ; Ivan Vishnevsky - Vyacheslav Voinov.

Attaquants : Aleksandr Ryabev - Artem Anisimov - Aleksandr Vasyunov ; Konstantin Kulikov - Evgeny Bodrov - Evgeni Dadonov ; Maksim Mayorov - Ilya Kablukov - Vyacheslav Solodukhin ; Anton Glovatsky - Maksim Mamin - Mikhaïl Glukhov.

Absents : Egor Averin (commotion cérébrale), Aleksandr Cherepanov (commotion cérébrale).

Canada

Gardien : Leland Irving.

Défenseurs : Keaton Ellerby - Thomas Hickey ; Karl Alzner - Drew Doughty ; Logan Pyett - Luke Schenn ; Josh Godfrey.

Attaquants : Colton Gillies - Kyle Turris - John Tavares ; Cory Emmerton - Zach Boychuk - Dana Tyrell ; Stefan Legein - Brandon Sutter - Milan Lucic ; Sam Gagner - Brad Marchand - Claude Giroux ; David Perron.

Remplaçant : Steve Mason (G). En réserve : Jonathan Bernier (G), Zach Hamill, Ty Wishart.

 

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