Russie - Suède (13 mai 2007)

 

Championnats du monde 2007, match pour la troisième place

Le match des déçus n'a jamais aussi bien porté son nom. Entre la Suède qui a perdu sa couronne mondiale en demi-finale face au Canada et la Russie, grande favorite devant son public qui n'a pu concrétiser son rêve, difficile de trouver deux équipes plus malheureuses de devoir en passer par cette petite finale. Reste à trouver la motivation pour aller chercher une médaille de bronze, alors que certains cadres manquent à l'appel suite aux joutes âpres des demi-finales (Schastlivy et Markov côté russe, Kenny Jönsson côté suédois). À noter qu'en phase de qualification, la Russie était venue à bout de la Suède 4-2 mais le contexte était bien entendu très différent.

Les Russes démarrent tambour battant avec un solo d'Ovechkin qui se termine par un tir sur le gardien. Emvall réplique par un tir au-dessus de la cage et la Suède bénéficie dans la foulée d'une première supériorité numérique. Elle installe le jeu de puissance mais elle se fait contrer à la ligne bleue par Aleksandr Frolov qui lance Danis Zaripov en deux contre un avec Aleksei Emelin. Le défenseur russe récupère le palet dans le bon tempo pour le placer en hauteur d'un tir du revers qui trompe Backlund (1-0, 06'18"). Les joueurs à la Tre Kronor tentent de réagir mais leurs attaques sont désordonnées et n'atteignent que rarement Eremenko si ce n'est sur un tir de Jonathan Hedström. La pression est bien russe en ce début de rencontre, et après une tentative avortée de Kulemin, le pressing des hommes de Bykov finit par payer : Johan Backlund doit repousser un premier tir de Zaripov puis un deuxième d'Emelin, mais il ne peut rien sur le troisième de Zinoviev, lâché par une défense bien trop statique (2-0, 09'39"). Les Russes semblent donc curieusement être les mieux remis de l'échec en demi-finale avec un début de match convaincant.

Alexander Steen tente de sonner la révolte pour la Suède mais il échoue sur Eremenko. Puis c'est un tir de Hedström repris par Tärnström qui crée le danger devant les cages russes. Alors que le jeu se déroule à quatre contre quatre, les Russes croient être poursuivis par la malchance lorsqu'Emelin se blesse sur un contact avec Hedström. La vitesse des Russes fait merveille en contre avec Radulov puis Ovechkin qui s'offre un petit pont sur son vis à vis mais rentre en collision avec Backlund. Finalement ils rentrent au vestiaire avec deux buts d'avance au tableau d'affichage en n'ayant pourtant comptabilisé que cinq tirs cadrés.

Les Russes débutent la deuxième période en supériorité numérique suite à un surnombre concédé par la Suède en fin de première période. Avec la boîte installée, Atyushov feinte le tir de la bleue mais préfère adresser une passe forte à Frolov qui n'a plus qu'à dévier astucieusement la rondelle entre les jambes de Backlund (3-0, 21'04"). L'Arena Khodynka retrouve une certaine euphorie et la Suède semble au fond du trou. Elle réagit enfin par l'intermédiaire de son top scorer Johan Davidsson qui se signale en contre-attaque à la fin d'une infériorité numérique. Eremenko subit la pression des joueurs de Gustafsson et réalise un bel arrêt réflexe sur une déviation de Wallin. Au milieu de cette bonne phase suédoise relativement stérile, les Russes jouent le coup à fond en contre, d'abord sur une reprise de Frolov qui ne parvient pas à tirer profit d'une bonne passe de Zinoviev ou encore sur une passe d'Ovechkin pour Nepryaev mais ce dernier ne parvient à cadrer son tir. Le rythme est plus enlevé que lors de la première période, le palet va d'une cage à l'autre dans une rencontre relativement ouverte. Tärnström et Jönsson se heurtent tour à tour à Eremenko, alors que Malkin et Kovalchuk échouent sur Backlund. Les gardiens s'illustrent dans cette partie, de même qu'Ovechkin qui bénéficie d'un temps de glace plus important et dont l'engagement physique très poussé ravit le public moscovite. Steen, l'un des plus en vue côté suédois, trouve encore la mitaine d'Eremenko. Backlund confirme que son mauvais début de rencontre est oublié en s'imposant avec autorité devant Malkin, tandis que Frolov manque la cage sur un centre du jeune attaquant des Pittsburgh Penguins. Les Russes se procurent encore les occasions les plus dangereuses jusqu'à la fin du tiers via Nepryaev et Radulov notamment mais le score restera inchangé.

Avec trois buts d'avance au début du dernier vingt, les Russes vont se contenter de gérer leur avance. En supériorité numérique en début de tiers, ils en profitent pour s'installer dans la zone suédoise et Atyushov fait parler son puissant slap de la bleue. Ovechkin combine avec Zaripov mais Backlund reste vigilant. La Suède semble pouvoir revenir à deux buts sur une grosse action de Rickard Wallin qui couche le gardien russe mais il ne parvient pas à lever suffisamment le palet, se heurtant par deux fois à la jambière d'Eremenko. Les joueurs de Gustafsson continuent de pousser lorsqu'ils se retrouvent en supériorité numérique mais concèdent un contre dangereux de Zinoviev. Finalement ils seront récompensés de leurs efforts sur un tir puissant à ras de glace d'Alexander Steen suite à une passe en retrait de Niklas Bäckström (3-1, 48'08"). Eremenko manque donc le blanchissage mais ne laissera plus rien passer jusqu'à la fin de la partie. Il sort un mitaine ferme sur un slap de Magnus Kahnberg et s'oppose à Jörgen Jönsson sur une nouvelle infériorité numérique russe. Les Russes se contentent de contre-attaques dans ce dernier tiers en se reposant sur leurs individualités telles Kovalchuk qui dribble la défense suédoise avant d'adresser un centre à Kulemin puis qui se signale d'un one-timer en supériorité numérique. Backlund réalise un arrêt spectaculaire en plongeant devant Zaripov, évitant ainsi une addition plus salée aux siens. Ovechkin s'offre un dernier solo dans la zone suédoise sans connaître plus de réussite, mais la fin de match est difficile pour Malkin qui prend un palet en plein visage à quelques secondes du coup du sirène.

Les Russes finissent donc ces championnats du monde la tête haute avec une médaille de bronze autour du cou, ce qui atténue quelque peu la déception d'ensemble. Les hommes de Bykov sont apparus concernés par l'enjeu de ce match et se sont rendus la tâche plus facile en marquant très tôt dans la rencontre. C'est donc sur le réalisme et sans doute un brin de motivation supplémentaire à domicile que la différence s'est finalement faite. En l'absence de leur collègue Morozov, Danis Zaripov et Sergei Zinoviev se sont quand même montrés à leur avantage, de même que la ligne "NHL" Kovalchuk-Malkin-Frolov très présente d'un bout à l'autre de la rencontre. En revanche, Aleksandr Ovechkin, qui continue de s'enfermer dans des actions trop souvent individuelles, a encore rendu une copie décevante malgré un temps de glace élevé et une grosse combativité. Quant aux Suédois, ils ont semblé peu concernés au début avant de se remobiliser petit à petit devant l'ampleur du score. Même Johan Davidsson a eu un match assez discret et l'absence de Kenny Jönsson derrière s'est faite sentir. BAG a perdu son pari avec son équipe "locale" et les champions du monde sortants quittent la compétition par la petite porte...

Désignés meilleurs joueurs du match : Alexei Emelin (Russie) et Dick Tärnström (Suède)

Désignés trois meilleurs Russes du tournoi : Sergei Gonchar, Ilya Kovalchuk et Aleksei Morozov.

Désignés trois meilleurs Suédoiss du tournoi : Anton Strålman, Johan Backlund, Tony Mårtensson.

Christophe Laparra

Commentaires d'après-match :

Vyacheslav Bykov (entraîneur de Russie) : "Nous voulions jouer la finale, mais je remercie les joueurs d'avoir trouvé les forces et les supporters de nous avoir soutenus. Cela a été agréable de rencontrer la Suède durant toute la saison, avec cet adversaire nous avons pu progresser. Nous avons créé une équipe : le bilan est donc satisfaisant. Sacha Ovechkin est un joueur d'équipe. Si vous voulez monter une polémique entre lui et moi, vous n'y arriverez pas. Le staff, moi inclus, peut se regarder dans la glace et n'a rien à se reprocher. Ce championnat du monde m'a donné une expérience irremplaçable. J'y ai pris du plaisir. Pour mois comme pour mon assistant Zakharkin, le hockey est le grand bonheur de notre vie. La demi-finale, c'est la plus grande déception du moment. La première, c'était quand j'ai perdu mon premier match comme entraîneur des enfants. Personne n'aime perdre."

Aleksandr Eremenko (gardien de la Russie) : "C'était dur. Merci aux joueurs qui m'ont aidé. Nous avons une équipe exceptionnelle où chacun soutient ses amis. Je me sentais fortement coupable après la demi-finale. Je prends toujours la faute sur moi, quel que soit le but. Quand je suis rentré dans ma chambre, j'étais si fatigué que je me suis endormi presque immédiatement. Juste après, j'ai regardé l'enregistrement du match. C'était terrible, mais il fallait l'analyser le plus vite possible pour se le sortir de la tête. Si je ne l'avais pas fait, je n'aurais pas pu jouer aussi bien aujourd'hui. J'ai appris ce matin que je serais titulaire. Je voulais prouver que le match contre la Finlande n'était qu'un accident. C'est mon premier championnat du monde, et pour moi ce fut un énorme pas en avant, même en comptant le match en question. Ceux qui en ont joué beaucoup verraient peut-être ça autrement."

Bengt Ake-Gustafsson (entraîneur de la Suède) : "Comme les Russes, nous étions déçus après la défaite d'hier. Mais j'ai senti que nous avons réagi aujourd'hui. Il y a eu des erreurs lors de la première période et cela nous a conduit à être menés au score. Ensuite les Russes ont joué un hockey discipliné. La saison est terminée. Nous aurions préféré jouer dans le match de ce soir pour l'or. Nous avons une équipe très jeune avec peu de joueurs expérimentés. Cela nous a nui dans les matches décisifs."

 

Russie - Suède 3-1 (2-0, 1-0, 0-1)
Dimanche 13 mai 2007 à 16h15 à l'Arena Khodynka de Moscou. 7 500 spectateurs.
Arbitrage de Guy Pellerin assisté de Stefan Fonselius et Sylvain Losier
Pénalités : Russie 12' (6', 0', 6') ; Suède 12' (6', 4', 2').
Tirs : Russie 20 (5, 9, 6) ; Suède 33 (9, 10, 14).

Évolution du score :
1-0 à 06'18" : Emelin assisté de Zaripov et Frolov (inf. num.)
2-0 à 09'39" : Zinoviev assisté d'Emelin et Zaripov
3-0 à 21'04" : Frolov assisté d'Atyushov et Malkin (sup. num.)
3-1 à 48'08" : Steen assisté de Bäckström et Strålman
 

Russie

Attaquants :
Danis Zaripov (+2) - Sergei Zinoviev (+1) - Sergei Brylin
Ilya Kovalchuk (2') - Evgeni Malkin - Aleksandr Frolov (+1)
Aleksandr Kharitonov - [poste tournant] - Aleksandr Radulov (2')
Aleksandr Ovechkin - Ivan Nepryaev (4') - Nikolai Kulemin (+1)

Défenseurs :
Ilya Nikulin - Vitali Proshkin
Sergei Gonchar (C, 2') - Konstantin Korneyev
Denis Grebeshkov - Vitali Atyushov
Maksim Kondratiev (+2) - Aleksei Emelin (+2, 2')

Gardien :
Aleksandr Eremenko

Remplaçant : Vassili Koshechkin (G). Absents : Konstantin Barulin (G), Aleksei Morozov (ligaments internes du genou et ménisque, six semaines d'arrêt), Andrei Markov (rupture partielle des ligaments internes du genou, six semaines d'arrêt), Piotr Schastlivy (ligament artificiel - datant d'une opération il y a cinq ans - endommagé, quatre semaines d'arrêt).

Suède (2' pour surnombre)

Attaquants :
Fredrik Emwall - Jörgen Jönsson (A) - Tony Mårtensson (-1)
Mattias Månsson (-2) - Nicklas Bäckström (-1) - Alexander Steen (-2)
Martin Thörnberg (2') - Johan Davidsson - Patric Hörnqvist
Jonathan Hedström - Rickard Wallin - Fredrik Warg
Magnus Kahnberg (2')

Défenseurs :
Dick Tärnström (A, -1) - Anton Strålman
Magnus Johansson (-2, 2') - Tobias Enström (-1, 2')
Per Hållberg - Jan Sandström (2')
Johan Åkerman

Gardien :
Johan Backlund

Remplaçant : Daniel Henriksson (G). Absents : Erik Ersberg (G), Kenny Jönsson (C, blessé), Fredrik Bremberg (en réserve).

 

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