Canada - Suisse (10 mai 2007)

 

Quart de finale des championnats du monde 2007.

En terminant en tête de sa poule, le Canada a obtenu l'avantage d'affronter l'adversaire a priori le plus abordable : la Suisse. Mais l'équipe de Ralph Krueger n'est pas qu'un faire-valoir et entend bien le démontrer sur la glace pour passer enfin le cap des quarts de finale. Andy Murray a fait planer le suspense jusqu'au bout : c'est finalement Dwayne Roloson qui gardera les cages canadiennes au détriment de Cam Ward. Du côté suisse, Jonas Hiller est toujours préféré à David Aebischer.

La rencontre débute par un long round d'observation entre une équipe suisse qui ne veut pas se livrer et des Canadiens qui se méfient terriblement des contres adverses. Hiller, peut-être impressionné par l'enjeu, relâche le palet sur un tir de Mike Cammalleri. Il faut cependant attendre la prison de Bezina pour voir le Canada s'installer définitivement dans la zone suisse. Le power-play en lui-même ne donne rien, excepté un tir de Cory Murphy sur un rebond mal dégagé par la défense. Hiller doit multiplier les interventions devant son filet en bloquant une tentative de Jonathan Toews puis en se couchant devant Jamal Mayers. Le même Mayers se procure une nouvelle occasion sur un 2 contre 1, sans plus de résultat.

Du côté suisse, le salut ne provient que des contre-attaques avec deux attaques tranchantes de Jeannin puis Di Pietro qui sollicitent enfin Roloson. Les Canadiens échouent sur une deuxième supériorité numérique en se heurtant au très bon jeu en infériorité des Suisses. Mais Hiller continue d'être canardé et se montre inspiré sur un tir entre les jambes d'Eric Staal. Après quinze minutes de jeu, le Canada mène déjà 16 tirs à 4 ! L'ouverture du score des joueurs à la feuille d'érable n'est donc qu'une question de temps et elle survient logiquement sur un dégagement raté de Sandy Jeannin devant Hiller : Matthew Lombardi récupère le palet dans l'axe des buts et marque du revers (1-0, 15'22"). Le même Lombardi se signale encore en cette fin de tiers avec un tir non cadré alors qu'il se trouve tout seul devant les cages suisses. Les hommes de Krueger se procurent pourtant une belle occasion d'égaliser en fin de période avec un tir de DiPietro repoussé par Roloson dans la crosse de Rüthemann qui rate la reprise, alors que Staal dégage le palet in extremis devant Lemm.

Même physionomie au deuxième tiers avec une équipe canadienne toujours maîtresse du jeu face à des Suisses très défensifs. Barret Jackman allume la première mèche même si Della Rosa rate de peu l'égalisation en contre-attaque. Chimera reprend ensuite un rebond intéressant suite à un tir de Schultz mais le Canada manque encore une fois de concrétiser sur une supériorité numérique suisse. Le travail de sape des hommes d'Andy Murray finit pourtant par payer après un revers dangereux de Sprunger. Jamal Mayers déborde Severin Blindenbacher, repique devant la cage et glisse le palet hors de portée de Hiller (2-0, 29'05"). Les Suisses semblent se laisser distancer mais réagissent immédiatement grâce au... Canado-Suisse Paul DiPietro qui joue un mauvais tour à ses anciens compatriotes d'un tir à ras du poteau qui laisse Roloson de marbre (2-1, 29'43").

Malheureusement pour eux, les partenaires de Mark Streit vont se mettre dans une situation difficile avec deux pénalités concédées coup sur coup par Bezina et Ambühl. Le Canada se retrouve à 5 contre 3 et en profite pour reprendre de l'air suite à une action d'école : slap de Dion Phaneuf, rebond récupéré par Eric Staal près du poteau et décalage au centre pour Rick Nash qui n'a plus qu'à pousser le palet dans les buts vides (3-1, 34'40"). La Suisse se montre active en fin de tiers mais Roloson fait ce qu'il faut pour préserver les deux buts d'avance.

Le Canada change d'attitude en début de troisième période en adoptant une posture plus défensive. Les Suisses en profitent pour s'engouffrer dans la brèche et se montrent enfin plus présents en zone offensive. Bezina teste Roloson depuis la ligne bleue avant que Wichser s'offre un petit slalom dans la défense canadienne avant de buter à son tour sur le gardien des Oilers d'Edmonton. Mais au moment de la rencontre où le Canada semble le plus en dedans, une pénalité de Reichert donne un nouveau coup de massue aux Suisses : Phaneuf tire, Lombardi devance Forster au rebond et inscrit son doublé (4-1, 46'03").

Cette fois les Suisses sont définitivement décrochés. Rick Nash se sert de son gabarit pour obtenir une pénalité de Reichert sur une action individuelle mais les joueurs d'Andy Murray finissent le match en roue libre, se montrant même un peu trop faciles sur une double supériorité numérique de près de deux minutes. Camalleri, Brewer et Doan ont beau tout tenter, Hiller se montre à chaque fois présent. Pourtant, il cède en toute fin de match, au moment où il s'y attendait peut-être le moins, sur un puissant slap de Shea Weber suite à une passe en retrait de Doan (5-1, 57'31").

Le Canada a dominé de la tête et des épaules face à une équipe suisse dont le système défensif ne supporte pas la moindre erreur. L'ouverture du score a été décisive et par la suite les hommes d'Andy Murray sont venus à bout des Suisses à l'usure sans véritablement douter de leur victoire finale. Matthew Lombardi s'offre un joli doublé tandis que Dion Phaneuf a montré son importance lors des supériorités numériques et que Dwayne Roloson a justifié la confiance de son coach en se montrant solide face aux actions peu nombreuses mais dangereuses des Suisses. Du côté helvète, le pari des contre-attaques n'a pas payé malgré l'inusable Di Pietro, tandis que Jonas Hiller, victime des errements de sa défense, est à créditer d'un bon match malgré les cinq buts encaissés. Place maintenant à un adversaire d'un autre calibre pour le Canada : la Suède championne du monde en titre !

Désignés meilleurs joueurs du match : Dwayne Roloson (Canada) et Andres Ambühl (Suisse).

Christophe Laparra

Trois meilleurs Suisses du tournoi selon leur coach : Jonas Hiller, Mark Streit et Sandy Jeannin.

Commentaires d'après-match :

Andy Murray (entraîneur du Canada) : "J'ai été impliqué dans le hockey suisse pendant huit des plus belles années de ma vie donc je savais que cela allait être un match difficile contre la Suisse. Elle a fait des pas de géant, il n'y a pas un pays qui ait autant progressé en si peu de temps. C'est une équipe riche en jeunes de talent. Elle a bien patiné et beaucoup lutté. Nous étions cependant meilleurs physiquement et, surtout, meilleurs en power-play. Notre tactique était simple : mettre toujours les Suisses sous pression pour les contraindre à commettre des fautes."

Eric Staal (attaquant du Canada) : "Nous savions qu'ils allaient être agressifs. Nous savions que nous devions jouer une défense solide et contrer. Nous avons pu capitaliser sur le but de Lombardi et tout est parti de là. Nos unités spéciales ont été au top. Nous connaissions le style de jeu que nous devions jouer. On doit garder les mains en bas quand on finit ses mises en échec et être discipliné. Ce sont les matchs où vous devez être meilleurs."

Ralph Krueger (entraîneur de la Suisse) : "On savait qu'on aurait eu besoin de jouer à la perfection pour gagner. Nous avons fait trop d'erreurs en infériorité numérique. Nous avons perdu le match à cause d'un manque de discipline. Ce groupe s'est beaucoup investi durant ces six à huit dernières semaines. Nous quittons la Russie la tête haute, même si on ne peut pas cacher que tout le monde est déçu de l'élimination. Le problème, c'est qu'aujourd'hui nous ne sommes plus une surprise pour personne. Si nous voulons nous rapprocher définitivement des meilleures équipes du monde, il faut augmenter le nombre de nos joueurs en NHL. Nous en avons quatre, les Suédois, Tchèques et Finlandais en ont une centaine, la différence est là."

Valentin Wirz (attaquant de la Suisse) : "Je n'avais pas de douleurs [après la charge d'Ovechkin dimanche]. Les tests ont donné une issue positive : je voulais tout de même y aller doucement parce qu'on ne plaisante pas avec la tête. [...] Nous pensions faire mieux, mais les pénalités concédées ont fini par ruiner nos plans. Dommage, parce qu'au complet nous leur avons tenu tête et nous nous sommes créé de bonnes occasions. Nous avons déjà démontré pourvoir battre n'importe quel adversaire, mais quand il y a une demi-finale mondiale en jeu, ce n'est plus la même chose. À ce stade de la compétition, la naïveté n'est plus permise. Et cette fois notre naïveté s'est appelée.. pénalités."

Mark Streit (capitaine de la Suisse) : "Je retiens que nous avons joué de façon encore trop passive. Nous leur avons laissé des espaces pour jouer et nous n'avons pas patiné avec la même continuité pendant 60 minutes. Et puis bien sûr nous leur avons offert trop d'occasions en jeu de puissance, ce qui a conditionné le résultat. Nous sommes frustrés, mais nous avons rempli notre objectif qui doit être de se qualifier chaque année en quart de finale. Ne croyez pas que ce soit facile car les adversaires progressent eux aussi. Nous avons fait notre devoir à Moscou, peut-être sans toujours convaincre."

 

Canada - Suisse 5-1 (1-0, 2-1, 2-0)
Jeudi 10 mai 2007 à 16h15 à l'Arena Khodynka de Moscou. 6 000 spectateurs.
Arbitrage de Jyri Petteri Rönn assisté de Stefan Fonselius et Andriy Kicha
Pénalités : Canada 8' (2', 0', 6') ; Suisse 18' (4', 6', 8').
Tirs : Canada 44 (18, 12, 14) ; Suisse 22 (8, 5, 9).

Évolution du score :
1-0 à 15'22" : Lombardi
2-0 à 29'05" : Mayers assisté de Murphy et Chimera
2-1 à 29'43" : Di Pietro assisté de Camichel et Reichert
3-1 à 34'40" : Nash assisté de E. Staal et Phaneuf (double sup. num.)
4-1 à 46'03" : Lombardi assisté de Phaneuf et Doan (sup. num.)
5-1 à 57'31" : Weber assisté de Doan et E. Staal
 

Canada

Attaquants :
Rick Nash (+2, 2') - Matthew Lombardi (A, +1) - Shane Doan (C, +2)
Mike Cammalleri - Eric Staal (+1, 2') - Jordan Staal
Jason Chimera (+1, 2') - Jay McClement (+1) - Jamal Mayers (+1)
Justin Williams (-1) - Jonathan Toews (-1) - Colby Armstrong (-1)

Défenseurs :
Eric Brewer (A, +1) - Mike Commodore (2')
Barret Jackman - Cory Murphy (+1)
Dan Hamhuis (+2) - Shea Weber (+2)
Nick Schultz (-1) - Dion Phaneuf (-1)

Gardien :
Dwayne Roloson

Remplaçant : Cam Ward (G). En réserve : Chris Mason (G).

Suisse

Attaquants :
Thierry Paterlini - Andres Ambühl (4') - Ivo Rüthemann (A)
Adrian Wichser (-2) - Sandy Jeannin (A, -2) - Romano Lemm (-2)
Duri Camichel - Valentin Wirz - Paul Di Pietro (+1)
Julien Sprunger (-1, 2') - Thibaut Monnet (-1) - Patric Della Rossa (-1)
Marc Reichert (+1, 4')

Défenseurs :
Mark Streit (C, -1) - Julien Vauclair
Goran Bezina (-1, 4') - Severin Blindenbacher (-1)
Beat Forster (+1) - Beat Gerber (-1, 2')
Martin Steinegger (2')

Gardien :
Jonas Hiller

Remplaçant : David Aebischer (G). Absents : Steve Hirschi (en réserve), Raffaele Sannitz (commotion cérébrale, Mondial terminé), Daniel Manzato (G).

 

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