Russie - Suisse (6 mai 2007)

 

Championnats du monde, deuxième tour, groupe E.

Ovechkin coupable ou innocent ?

Avant-hier, la Russie avait obtenu une courte et pénible victoire sur l'Italie. Conséquence de ce match peu convaincant, les sorties en ville et les visites familiales ont été annulées. Les joueurs ont passé un jour et demi "reclus" à la base, comme dans l'ancien temps, avant de retrouver aujourd'hui la Suisse, un adversaire plus difficile à jouer. Vyacheslav Bykov a décidé de continuer l'alternance et d'aligner une nouvelle fois Koshechkin. Du côté suisse, c'est encore et toujours Jonas Hiller qui a fait une solide prestation contre le Danemark.

Certains spectateurs n'ont pas eu le temps de s'installer confortablement, ni même d'arriver à leurs places pour d'autres qu'un but est déjà marqué. Dès la trentième seconde, Danis Zaripov, une étoile de Kazan, reçoit une très belle passe de Sergueï Zinoviev derrière la cage (1-0, 00'34"). La demande de Bykov de mettre un but rapidement a été très clairement entendue par ses joueurs...

Un gros choc vient assommer - ou révolter ? - toute la patinoire acquise à la cause russe : Ovechkin, déjà en prison pour deux minutes pour être sorti trop tôt sur la glace, ce qui a provoqué un surnombre, finit d'écoper tranquillement sa pénalité, en sortant il percute de plein fouet Valentin Wirz tête la première qui s'étale littéralement par terre, assommé...

Quelques minutes d'attente pour finalement voir Ovechkin, d'abord passible de 2'+10', rentrer définitivement au vestiaire avec 5'+20', la sanction ayant été revue à la hausse devant l'état du joueur suisse. Bykov est révolté, il s'explique sans hésiter avec l'arbitre qui n'aura pas fini de faire parler de lui... La reprise de la partie se joue donc sous le signe de l'orage.... Une grosse tension se fait sentir, les joueurs russes jouent donc cinq minutes à quatre, et pourtant on les voit plus souvent dans la zone suisse que le contraire. Ils jouent magnifiquement bien, se procurent de très dangereuses occasions, le public est aussi présent pour les soutenir. Quant aux Suisses, ils peinent à s'installer en zone adverse. Quelques secondes après la fin de la pénalité, la Russie organise une belle combinaison, Kovalchuk a l'embarras du choix pour la passe finale et c'est finalement Frolov qui la reçoit, pour un beau tir qui donne à la Russie un avantage conséquent (2-0, 13'50"). Les minutes suivantes, le capitaine de la Zbornaya aurait pu alourdir le score, tout comme Sergueï Gonchar, mais Jonas Hiller est tout simplement dans le match ! La Suisse aussi aura réussi quelques incursions sans toutefois inquiéter le géant Koshechkin.

Le deuxième tiers voit l'arrivée des joueurs russes frustrés de ne pas avoir marqué plus de buts, surtout devant tout ce monde venu les encourager. Ils repartent de plus belle, surtout en supériorité, mais sans concrétiser. La Suisse se procurera tout de même deux bons contres dangereux. Ensuite, Proshkin dans sa zone envoie directement le palet à Schastlivy proche de la ligne bleue. C'est un 2 contre 2, Zaripov l'accompagne, reçoit le palet et marque (3-0, 29'44").

Après ces trois buts, la Suisse commence à se montrer plus pointilleuse, plus précise, en donnant de belles sueurs froides à la Zbornaya. À 36'56', Vauclair prend deux minutes pour accrochage, chouette la Russie va pouvoir s'exercer en supériorité... et bien non ! C'est sans compter sur la rentrée trop rapide de Zinoviev qui part lui aussi en prison pour plongeon. À quatre contre quatre, l'espace est plus grand et le jeu devient donc plus rapide... mais trente secondes avant que se finissent les pénalités, Evgeni Malkin reçoit deux charges dans le dos ! Bizarrement, la faute ne sera pas sifflée mais Malkin voulant se faire justice lui-même en accrochant le patin du joueur adverse se prend quant à lui deux minutes... La Suisse s'installe tranquillement en zone russe, Streit arme un tir puissant pendant que Rüthemann est confortablement placé devant la vue du gardien (3-1, 38'58").

Le dernier tiers reprend avec une supériorité russe et de belles combinaisons, et juste au moment où la prison d'Ambühl se termine, Kovalchuk tire du côté droit de la ligne bleue et Andrei Markov dévie d'un coup de palette entre les jambes du gardien (4-1, 42'00"). Mais à peine vingt-six secondes plus tard, un premier tir de Streit est mal repoussé par la défense russe qui se laisse chiper le palet par Paul Di Pietro, qui n'a qu'à pousser le palet en surprenant Koshoshekin (4-2, 42'26"). Après ce but, la Russie reprend sa domination, surtout que Della Rossa prend deux minutes pour accrochage, ce qui l'aide encore plus facilement à s'installer en zone suisse. Hiller est présent, notamment sur en repoussant un très beau tir de Markov, mais Frolov récupère, et de quelques techniques de patinage artistique de l'école soviétique il passe la défense suisse puis envoie un boulet de canon (5-2, 45'45").

Les joueurs russes sont surexcités ! Ils attaquent de plus belle : Kovalchuk, Radulov, tout le monde veut marquer un but... Morozov, Neprayev... mais rien ! Les Suisse essaient d'envoyer le palet en zone russe mais Kharitonov récupère, Schastlivy est démarqué, et la passe l'envoie à un contre un. Cette fois-ci, le capitaine de la Zbornaya aura trouvé la faille pour un superbe but en contre (6-2, 49'36"). À dix minutes de la fin, avec quatre buts d'avance, les Russes se calment tout en restant vifs en attaque, gardent des forces pour le match qui les attend demain contre la Suède. La Suisse quant à elle n'abdique pas, elle profite de ce relâchement défensif pour marquer le dernier but de cette rencontre : Marc Reichert intercepte une mauvaise relance russe et tire de loin entre les jambes du grand Koshechkin (6-3, 51'30").

Le public est content : six matches depuis le début de ces Mondiaux pour autant de victoires méritées de la Russie ! La Zbornaya pourra entamer son match choc demain contre les Suèdois sans réelle pression, avec pour enjeu la première place de ce groupe E.

Désignés joueurs du match : Danis Zaripov pour la Russie et Mark Streit pour la Suisse.

Ivan Lehec

Commentaires d'après-match :

Vyacheslav Bykov (entraîneur de la Russie) : "Le match a été globalement nerveux, avec beaucoup de pénalités. En troisième période, nous avons envoyé de nouvelles lignes (Kovalchuk-Malkin-Morozov/Kulemin, Kharitonov-Schastlivy-Frolov, Zaripov-Nepryaev-Radulov). Tout le monde a obtenu du plaisir au jeu, les gars ont joué un beau hockey, tout en passes, et nous avons obtenu la victoire. Koschechkin a eu un défaut de concentration à la fin, aucun joueur ne peut se le permettre à ce niveau."

Aleksandr Ovechkin (attaquant de la Russie) : "Je sortais du banc, et il est venu vers moi. Je l'ai vu au dernier moment quand il était à un mètre. Je n'ai fait aucun mouvement dans sa direction, sinon l'impact aurait été plus fort. L'arbitre n'a pas vu la scène et s'est fié à son assistant. Il a jugé que j'avais frappé mon adversaire avec le coude, mais il n'a rien vu. Tout le monde m'a dit que l'impact était au niveau du bras, pas du coude. J'ai suivi le match en tribunes avec mon père. Il m'a soutenu, comme tous ceux qui ont examiné cet épisode dans les détails. J'espère que je ne serai pas suspendu : le Canadien Weber a été puni pour un coup intentionnel, il n'y avait rien de prémédité dans mon cas."

Ralph Krueger (entraîneur de la Suisse) : "Je n'ai pas vu un tel spectacle depuis dix ans. Les Russes nous ont présenté une bonne leçon. Ils sont le favori numéro 1. Je suis content qu'on ait pu leur marquer trois buts. Je n'ai pas vu l'incident car j'étais en train de parler à un de mes joueurs. L'arbitre est venu à notre banc pour s'assurer de l'état de notre joueur. Les yeux de Wirz témoignaient clairement qu'il était sonné. Cela nous est déjà arrivé à Vienne en 2005 d'avoir trois jours sans jouer avant le quart de finale. C'est une expérience utile, parce qu'à l'époque nous étions sortis avec la sensation de ne pas avoir tout fait au mieux. Demain, pour la première fois aux Mondiaux, nous avons donc décidé de concéder une journée entière de liberté aux joueurs."

Marc Reichert (attaquant de la Suisse) : "La Russie m'a impressionné ! C'est une équipe incroyable par l'intensité et la vitesse qu'elle réussit à mettre sur la glace. Jusqu'ici c'est indubitablement l'équipe la plus forte que nous ayons rencontrée, même si elle concède plus d'espaces que d'autres défensivement. Nous aurions dû jouer avec plus d'attention et de discipline, mais nous avons commis quelques erreurs de trop. C'est une belle patinoire, mais permettez-moi de dire que notre BernArena, c'est autre chose : il y a plus de monde et l'ambiance est nettement différente."

 

Russie - Suisse 6-3 (2-0, 1-1, 3-2)
Dimanche 6 mai 2007 à 16h15 à la Khodynka Arena, Moscou. 12 000 spectateurs.
Arbitrage de Milan Minar assisté de Peter Feola et Andriy Kicha
Pénalités : Russie 35' (4'+5'+20', 6', 0') ; Suisse 16' (4', 8', 4').
Tirs : Russie 37 (9, 9, 19) ; Suisse 16 (8, 3, 5).

Évolution du score :
1-0 à 00'34" : Zinoviev assisté de Zaripov
2-0 à 13'50" : Kovalchuk assisté de Markov et Koshechkin
3-0 à 29'44" : Zaripov assisté de Schastlivy et Proshkin
3-1 à 38'58" : Streit assisté de Lemm (sup. num.)
4-1 à 42'00" : Markov assisté de Kovalchuk et Malkin
4-2 à 42'26" : DiPietro assisté de Reichert et Streit
5-2 à 45'45" : Frolov assisté de Markov (sup. num.)
6-2 à 49'37" : Schastlivy assisté de Kharitonov
6-3 à 51'30" : Reichert assisté de DiPietro
 

Russie (2' pour surnombre)

Attaquants :
Danis Zaripov - Sergei Zinoviev (2') [sorti sur blessure à la main] - Aleksei Morozov
Ilya Kovalchuk (+1) - Evgeni Malkin (+1, 2') - Aleksandr Frolov (+1)
Aleksandr Kharitonov - Piotr Schastlivy (C, +1) - Aleksandr Radulov (-1, 2')
Aleksandr Ovechkin (5'+20') [expulsé à 8'42"] - Ivan Nepryaev (2') - Nikolai Kulemin (+1)

Défenseurs :
Vitali Proshkin - Ilya Nikulin
Andrei Markov (+1) - Sergei Gonchar (+1)
Vitali Atyushov (-1) - Denis Grebeshkov (-1)
Aleksei Emelin (+1) - Maksim Kondratiev (+1)

Gardien :
Vassili Koshechkin

Remplaçant : Aleksandr Eremenko (G).

Suisse

Attaquants :
Thierry Paterlini (-1) - Andres Ambühl (-1, 4') - Ivo Rüthemann (A, -1, 2')
Julien Sprunger (-2) - Thibaut Monnet (-1) - Patric Della Rossa (-2, 2')
Adrian Wichser (-1) - Sandy Jeannin (A, -2, 2') - Romano Lemm (-1, 2')
Marc Reichert (+1) - Valentin Wirz puis à 8'42" Duri Camichel (+1) - Paul Di Pietro (+1, 2')

Défenseurs :
Mark Streit (C, -2) - Julien Vauclair (-1, 2')
Goran Bezina (-1) - Severin Blindenbacher
Beat Forster (-2) - Beat Gerber (-1)
Steve Hirschi

Gardien :
Jonas Hiller

Remplaçant : David Aebischer (G). Absents : Daniel Manzato (G), Martin Steinegger (contusion à l'épaule), Raffaele Sannitz (commotion cérébrale, Mondial terminé).

 

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