Lettonie - Autriche (6 mai 2007)

 

Championnats du monde, poule de maintien, deuxième journée.

Une bérézina, en attendant la retraite ?

Une épée de Damoclès pèse sur les casques autrichiens depuis le revers de la "Nationalmannschaft" face à la Norvège. Malgré le point arraché aux Scandinaves, l'horizon paraît bien nuageux pour le promu, jamais déméritant mais trahi, ce soir-là, par Reinhard Divis. Un rebond du gardien de Salzbourg, un de plus, sous le nez de Morten Ask. De quoi relancer le débat avec Bernd Brückler, qui n'a pas encore gagné la confiance du coach Jim Boni. Il est aligné ce soir.... à cause d'une blessure au pouce de Divis.

L'Autriche n'a clairement plus son destin entre les mains et joue son avenir à ce niveau devant une Lettonie réconfortée par sa victoire devant l'Ukraine (4-0). Passée l'indigestion de "pasta" italiennes relevées au ketchup, les Lettons sont bien engagés dans la voie du maintien et un succès des Baltes face aux Autrichiens leur permettrait, dès aujourd'hui, de sauver leur peau en élite mondiale.

L'Autriche résiste...

Surpassés voilà deux semaines par ces mêmes Lettons en préparation (0-4), les hommes de Jim Boni aspirent à un autre scénario et prônent une défense resserrée pour espérer contrer l'offensive balte. Très vite, Bernd Brückler se voit sollicité par des Lettons entreprenants et sauve une première fois la mise en bloquant un lancer excentré de Tambijevs (00'53"). Ses partenaires se contentant de dégager et de respecter, dans un premier temps, les consignes ; la menace restant souvent cantonnée à ses bases. Toutefois, sous l'impulsion de sa troisième ligne, l'Autriche se libère peu à peu et David Schuller provoque la première pénalité du match. Rapidement, les premiers symptômes du "jeu d'impuissance" apparaissent et les Lettons passent le plus clair de leur temps... en zone offensive !

L'agressivité des Schuller et compagnie est à double tranchant, puisque le rude attaquant viennois, coupable d'une crosse haute au visage d'Aleksandrs Macijevskis, est aussitôt envoyé purger sa double-peine au cachot. Connaissant les faibles aptitudes autrichiennes en désavantage numérique, on pouvait s'attendre au pire. Avec raison car Brückler, sur un lancer lointain de Galvins, concède un rebond douteux dans l'enclave et Daugavins, le grand espoir balte, est le plus prompt à agir (1-0 à 06'30").

La seconde partie du pensum de Schuller est neutralisée par une faute du capitaine Rodrigo Lavins (08'51") mais les données restent inchangées. Ce n'est pourtant pas faute d'y aller, notamment avec ses cols-bleus Peintner, Schuller et Raimund Divis, les seuls à véritablement inquiéter un Masalskis solide au poste. Ainsi, l'égalité est de mise au chapitre des lancers mais les occasions franches restent lettonnes, notamment cette longue ouverture vers un Lauris Darzins ne parvenant pas à confondre Bernd Brückler en breakaway (16'38").

L'Autriche, débutant l'acte médian en supériorité numérique, reliquat d'une interférence de Pantelejevs (19'12") en toute fin de première période, ne trouve toujours pas la faille. Même aidée d'une charge contre la bande de Galvins (20'24"), elle reste désespérément muette. La double-pénitence balte est bien gérée et les Autrichiens ne trouvent pas plus de solutions après un faire-trébucher de Berzins (24'13"). L'attaquant du Riga 2000 est même à deux doigts dès sa libération, de doubler la peine de Brückler mais sa passe levée l'est trop pour Pantelejevs, qui avait pourtant suivi le mouvement (27e).

Chaque erreur ou négligence se paye comptant à ce niveau. Même les coups du sort. Ainsi, le solide André Lakos, privé de bâton après qu'il lui soit resté dans les mains lorsqu'il négociait une sortie de zone quelques instants auparavant, procure un presque avantage numérique aux Lettons. En effet, dépourvu de son outil, le blueliner de Salzbourg est amené à faire de la figuration sur un jeu à trois amorcé par Tambijevs, poursuivi par Sprukts au premier poteau et conclu sur un jaillissement plein centre de Nizivijs (2-0 à 28'34").

La voie du maintien est désormais bien balisée pour la troupe d'Olegs Znaroks, et ses adversaires, sonnés, semblent doucement s'enliser. Tour à tour Philippe Lakos et Markus Peintner sont envoyés purger leurs méfaits au banc d'infamie. Et comme rien ne va en cette fin de matinée moscovite, le capitaine Dieter Kalt, qui s'est fait la belle en désavantage numérique, envoie son back-hand dans les nuages (36e)...

Malgré tout, l'Autriche trouve quelques ressources en fin de période pour braver le faux-rythme et travailler en zone offensive, engendrant aussitôt un retenir d'Agris Saviels (39'20"). Oliver Setzinger, puis Daniel Welser au rebond tentent bien de saisir leur chance à la sirène mais Edgars Masalskis, toujours aussi inspiré, se couche bien devant l'attaquant de Skellefteå, l'un des très rares expatriés de cette sélection (39'59").

Une fois encore, la "Nationalmannschaft" est en passe de rester muette en powerplay. Et le restera, malgré une belle ouverture de Thomas Koch vers Matthias Trattnig, dont le revers (40'42") se heurte au cerbère balte, passé en tout de saison par le troisième niveau allemand (à Fribourg-en-Brisgau).

Plutôt que ses leaders offensifs habituels, le salut dans cette partie viendra du vieillissant Mike Stewart. Pourtant guère brillant jusqu'alors, ce défenseur d'origine canadienne profite d'un puck libéré par Raimund Divis contre la bande pour remonter tout le flanc droit et toucher, enfin, la cible d'un tir du poignet décroisé (2-1 à 42'06").

... succombe

La joie est de courte durée pour les Autrichiens. Sur une montée rapide, Dieter Kalt dégarnit son flanc droit et laisse les clés à Martins Cipulis, lequel adresse un caviar à son aîné Herberts Vasiljevs, plongeant au second poteau pour exécuter la sentence (3-1 à 43'24"). Le joueur de l'année en DEL allemande porte ainsi le coup de grâce. Jim Boni et son banc sont déconfits...

... puis abdique

La Lettonie adresse, sur ce match, un véritable leçon d'efficacité dans les situations spéciales. C'est d'abord le défenseur Rodrigo Lavins, d'une reprise à ras de glace, qui perfore la garde de Bernd Brückler (4-1 à 47'12"). Livré à lui-même, abandonné à son triste sort par une escouade autrichienne débordée de toute part, le gardien des Blues d'Espoo doit affronter, seul, les vagues baltes. Dans un premier temps, il parvient à enrayer une combinaison Daugavins-Cipulis (49e) mais ne pourra rien sur une nouvelle démonstration collective en powerplay. Dans le rôle du bourreau, l'ex-Bâlois Leonids Tambijevs redirige une passe transversale de Janis Sprukts. Au second poteau, d'un revers hors de portée vers le haut du filet (5-1 à 49'37").

Dès lors, la fin du match peut aisément se résumer en une suite de mouvements d'humeurs et de pénalités, sans aucune incidence sur un résultat presque couru d'avance. Face à une Autriche brouillonne et improductive, le métier letton a payé. Le mauvais rêve est passé, la Lettonie est assurée de passer le printemps 2008 au Canada.

Tout s'est pourtant joué sur des détails, hormis une troisième période totalement décousue et dénuée de suspens. Un rebond de Brückler, un mauvais placement, tant de petites fautes qui auront, au final, pesé très lourd dans la balance. Cela résume d'ailleurs assez bien le tournoi des Autrichiens, qui seront restés muets durant ce match malgré dix supériorités numériques ! Certes, la boîte lettone fut efficace. Certes, Masalskis a fait son match. Mais une telle gabegie est rédhibitoire à ce niveau. Forcément, en privant les autochtones de responsabilités dans leurs clubs d'élite (la lucrative Erste Bank Liga), le hockey autrichien se tire une belle balle dans le pied.

Il reste mathématiquement une chance, infime, aux Autrichiens, dans un match couperet à venir face à l'Ukraine, pour préserver leur accessit dans la cour des grands.

Désignés joueurs du match : Herberts Vasiljevs pour la Lettonie et Mike Stewart pour l'Autriche.

Compte-rendu signé Jérémie Dubief

 

Commentaires d'après-match

Oleg Znaroks (entraîneur de la Lettonie) : "Avant le Mondial, nous avons battu l'Autriche 4-0, et avant la rencontre, j'ai essayé par tous les moyens d'effacer cette victoire de la mémoire des joueurs. À en juger par le déroulement du match, je n'y suis pas parvenu. Heureusement qu'à 2-1 Vasiljevs a marqué rapidement. Sinon, cela aurait été très compliqué pour nous. Bien sûr, nous donnerons tout au dernier match. En plus, c'est un bon test pour les jeunes joueurs."

Jim Boni (entraîneur de l'Autriche) : "La Lettonie a été plus organisée et a mérité sa victoire. Nous avons eu notre chance quand nous avons réduit le score, mais elle nous a achevée par son jeu excellent en supériorité."

 

Lettonie - Autriche 5-1 (1-0, 1-0, 3-1)

Dimanche 6 mai 2007 à 11h15 à l'Arena Mytishchi. 6150 spectateurs.

Arbitrage de Richard Schütz (ALL) assisté de Milan Masik (SVK) et Luca Zatta (ITA).

Pénalités : Lettonie 24' (8', 6', 10'), Autriche 18' (8', 4', 6').

Tirs : Lettonie 24 (7, 6, 11), Autriche 25 (8, 7, 10).

Évolution du score :

1-0 à 06'30" : Daugavins assisté de Galvins et Cipulis (sup. num.)

2-0 à 28'34" : Nizivijs assisté de Sprukts et Tambijevs

2-1 à 42'06" : Stewart assisté de Divis

3-1 à 43'24" : Vasiljevs assisté de Cipulis et Daugavins

4-1 à 47'12" : Lavins assisté de Darzins (sup. num.)

5-1 à 49'37" : Tambijevs assisté de Sprukts et Jerofejevs (sup. num.)

 

Lettonie

Gardien : Edgars Masalskis.

Défenseurs : Agris Saviels - Guntis Galvins ; Rodrigo Lavins (C) - Olegs Sorokins ; Georgijs Pujacs - Atvars Tribuncovs ; Aleksandrs Jerofejevs.

Attaquants : Kaspars Daugavins - Herberts Vasiljevs (A) - Martins Cipulis ; Lauris Darzins - Armands Berzins - Mikelis Redlihs ; Leonids Tambijevs - Janis Sprukts - Aleksandrs Nizivijs ; Grigorijs Pantelejevs - Aleksejs Sirokovs - Aleksandrs Macijevskis ; Aleksandrs Semjonovs (A).

Remplaçant : Sergejs Naumovs (G). Absent : Arvids Rekis (blessé).

Autriche

Gardien : Bernd Brückler.

Défenseurs : Robert Lukas - Jeremy Rebek ; Gerhard Unterluggauer - André Lakos ; Mike Stewart - Philippe Lakos ; Jamie Mattie - Thomas Pfeffer.

Attaquants : Daniel Welser - Philipp Lukas - Oliver Setzinger ; Matthias Trattnig - Thomas Koch - Dieter Kalt (C) ; David Schuller - Raimund Divis - Gregor Baumgartner ; Patrik Harand - Marco Pewal - Markus Peintner.

Remplaçant : Reinhard Divis (G). Absent : Martin Ulrich (reparti pour raisons familiales).

 

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