Slovaquie - Allemagne (30 avril 2007)

 

Championnats du monde 2007, premier tour, groupe C.

Le contrôle de la télécommande

L'Allemagne en a récupéré un sur deux. Alexander Sulzer, qui avait vu se réveiller une douleur déjà sentie la semaine dernière, en est quitte pour un simple bandage. En revanche, les Mondiaux auront duré à peine une minute pour Yannic Seidenberg (son agresseur Shea Weber a pris trois matches). Le petit attaquant au jeu de battant ne se souvient plus de la scène sinon pour l'avoir revue à la télévision, sa nuque est encore raide et il est toujours dans le vague. Il ne reviendra pas sur la glace. Dans les cages, c'est Oliver Jonas qui est aligné, et c'est une grande opportunité pour le gardien de Cologne qui n'a presque pas joué de la saison derrière Adam Hauser.

Changement de gardien aussi côté slovaque : Karol Krizan est rétabli et prend le relais de Halak, avec pour mission difficile de faire mieux qu'un blanchissage... Mais c'est surtout en attaque que la Slovaquie a trouvé du renfort, avec l'arrivée du trio Gaborik-Demitra-Hossa qui constitue à nouveau son indomptable première ligne.

La partie commence par un arrêt difficile de Krizan sur un tir masqué d'Osterloh, mais la vitesse des Slovaques fait de plus en plus la différence. Hördler accroche Surovy, l'entrée de zone est criante de facilité sur la supériorité, et Robert Dietrich, qui avait fêté son premier match en championnat du monde par un but de la neutre, est cette fois moins heureux. L'arrière de Düsseldorf n'arrive pas à sortir le palet du slot. Son dégagement raté arrive sur Peter Podhradsky, et le défenseur slovaque de Francfort punit le pays de son employeur (1-0). Les Allemands réagissent essentiellement en recourant au tir-surprise. Quand ils s'installent vraiment en zone offensive, ils subissent les contres du terrible "trio de Trencín" qui va toujours aussi vite. La deuxième ligne est au diapason. Marek Uram met aussi le feu dans le slot, et Kapus laisse intelligemment en retrait pour un bon tir de Satan.

Il reste quarante-six secondes de supériorité à l'Allemagne en deuxième période. Or, Jurcina retient Sulzer dès l'engagement. Uwe Krupp a déjà montré que pour lui les temps morts sont faits pour être utilisés dès que possible. Un 5 contre 3 seulement sept secondes après le retour des vestiaires ? C'est maintenant ! Effectivement, c'est maintenant que le match va basculer, mais pas dans le sens espéré par le sélectionneur allemand. Son capitaine Daniel Kreutzer, bien placé à côté du but sur un rebond, voit le palet s'échapper de sa crosse et être récupéré par Strbak, qu'il fait trébucher. On passe directement d'une situation de 5 contre 3 à une phase de jeu à 4 contre 4. Et au moment où la Slovaquie repasse en avantage numérique, Kapus à la bleue passe dans le coin à Satan qui relaie pour Podhradsky entre les cercles. Au même endroit que son premier but, celui-ci fusille donc Jonas entre les jambières (2-0, 22'42"). Une minute plus tard, le poteau repousse un joli tir de Florian Busch... La fonction "pause" à usage unique n'ayant pas marché, Krupp aimerait sûrement disposer à cet instant d'un bouton "retour rapide". Mais il n'y a rien à faire, car aujourd'hui, c'est la Slovaquie qui a le contrôle de la télécommande. Et c'est elle en particulier qui peut appuyer sur la touche "accélération", sans en faire usage en permanence.

Les Slovaques continuent de dicter leur rythme à la partie en début de troisième période. Mais sur une des rares attaques allemands, un lancer de la bleue de Robert Dietrich est superbement dévié par la pointe de la palette de Florian Busch à quatre mètres de la cage. L'arbitre met quelques minutes à vérifier la vidéo avant d'attester que ce but - bizarrement attribué à Ullmann sur la feuille de match - n'est pas entaché d'une crosse haute (2-1, 47'30"). Mais, on l'a dit, la maîtrise du match est pour la Slovaquie. Elle zappe rapidement le mauvais scénario d'une remontée adverse. Les défenseurs allemands sont amassés derrière la cage, et Marek Uram surgit pour remettre en retrait à Richard Kapus qu'il a vu seul dans l'enclave (3-1, 49'15").

La seule chance allemande vient d'un 5 contre 3, mais Michael Bakos paraît un peu inexpérimenté pour diriger le jeu de puissance quand il fait face à des défenseurs ayant la solidité et l'envergure d'un Chara. À cinq contre quatre, cependant, l'Allemagne essaie de refaire le coup de la déviation : cette fois, c'est avec la crosse au sol que John Tripp lève le tir de la bleue de Bakos... sur la transversale. Avant même la fin de la supériorité numérique, Hossa et Gaborik filent en deux contre un. Le gardien Oliver Jonas se déplace bien et arrête du gant. Il ne gèle toutefois pas le palet et cause un moment de panique à sa défense. Les deux ailiers rapides comme le vent n'ont pas encore dit leur dernier mot : Marian Gaborik fait un petit pont sur Hördler, saute par-dessus Osterloh couché en catastrophe et marque après un une-deux magistral juste devant la cage avec Marian Hossa (4-1, 56'53"). Un but magnifique qui mériterait d'avoir une télécommande universelle slovaque pour se le repasser à toutes les vitesses. Jonas craque un peu quand, le patin décollé du poteau, il laisse passe un revers en angle fermé de Radovan Somik à l'issue d'une contre-attaque à nouveau remarquable de rapidité (5-1, 58'16"). Ce récital de beau hockey slovaque est terni par une petite échauffourée de fin de match où Chara vient mettre une droite à Osterloh aux prises avec un autre joueur.

Les Allemands avaient parfaitement tenu tête au Canada sur son point fort, le jeu physique. Mais aujourd'hui, cela allait tout bonnement trop vite pour eux. Inutile de leur reprocher de ne pas avoir joué plus haut, quand on voit la vitesse avec laquelle les "ailiers ailés" Hossa et Gaborik renversent le jeu. Par ailleurs, sur des actions plus installées, la deuxième ligne Uram-Kapus-Satan a très bien construit le jeu. Cette Slovaquie a les moyens d'aller loin... si elle reste en mode "lecture" pendant soixante minutes. En tout cas, on a hâte de voir comment la ligne dédiée d'Andy Murray pourra neutraliser la première ligne slovaque... Coller à leurs patins ne sera vraiment pas une mince affaire !

Désignés joueurs du match : Peter Podhradsky pour la Slovaquie et Sebastian Osterloh pour l'Allemagne.

Marc Branchu

Commentaires d'après-match

Julius Supler (entraîneur de la Slovaquie) : "Ils ont très bien joué défensivement durant deux tiers-temps. Oliver Jonas a longtemps fait des arrêts magnifiques, mais au dernier tiers le match a pris un caractère différent. Nous avons alors eu de la réussite."

Marian Gaborik (attaquant de la Slovaquie) : "Je crois que j'ai eu une sorte de virus et une grippe intestinale ces derniers jours. Mon corps était un peu faible mais je me suis senti bien aujourd'hui."

Uwe Krupp (entraîneur de l'Allemagne) : "Je suis fier de mon équipe. Elle a fait tout ce que je pouvais exiger d'elle. Nous sommes cependant tombés sur une des meilleures défenses de ce tournoi. Le gardien des Slovaques était très bon, leurs défenseurs ne laissaient pas de rebonds. Il ne faut pas oublier contre qui on joue. Des joueurs comme Marian Hossa sont loin au-dessus de notre niveau, on ne peut pas gagner une course de Formule 1 avec un deux-temps. Notre équipe joue très bien et j'espère que le grand public le comprend. Dans les deux matches, nous avons encaissé des buts sur des palets perdus derrière la cage, il faudra travailler ça. Mais des joueurs de classe mondiale comme les Slovaques révèlent nos faiblesses. Le powerplay ne fonctionne pas dans un Mondial A comme en DEL, où les défenseurs ont largement le temps d'armer leurs tirs."

Sebastian Osterloh (entraîneur de l'Allemagne) : "Jouer ce championnat du monde est un rêve qui se réalise, il n'y a rien de plus grand. Nous avons bien joué et appliqué le système donné par Uwe Krupp. Malheureusement nous avons trop peu exploité nos occasions, le score est trop large. Les deux buts de Podhradsky ont été décisifs, nous aurions dû jouer de façon plus maligne. Que j'ai été élu meilleur joueur n'est pas décisif pour le succès de l'équipe, même si cela me fait bien sûr plaisir personnellement. Mon jeu est dur physiquement. C'est désagréable pour l'adversaire, c'est comme ça que je le fatigue. Apparemment, Chara, on ne peut pas le toucher..."

 

Slovaquie - Allemagne 5-1 (1-0, 1-0, 3-1)
Lundi 30 avril 2007 à 14h15 à l'Arena Mytischi. 3800 spectateurs.
Arbitres : Danny Kurmann assisté de Peter Feola et Ronni Jakobsen
Pénalités : Slovaquie 20' (6', 6', 8') ; Allemagne 18' (6', 8', 4').
Tirs : Slovaquie 32 (9, 8, 15) ; Allemagne 29 (8, 9, 12).

Évolution du score :
1-0 à 08'14" : Podhradský (sup. num.)
2-0 à 22'42" : Podhradský assisté de Šatan et Kapuš (sup. num.)
2-1 à 47'30" : Ullmann assisté de Dietrich et Wolf
3-1 à 49'15" : Kapuš assisté d'Uram et Šatan
4-1 à 56'53" : Gáborík assisté de Hossa
5-1 à 58'16" : Somík assisté de Kukumberg
 

Slovaquie

Attaquants :
Marián Gáborík (+1, 2') - Pavol Demitra (A, +1) - Marián Hossa (+1, 2')
Marek Uram - Richard Kapuš (2') - Miroslav Šatan (C)
Radovan Somík (+1) - Roman Kukumberg (+1, 2') - Branko Radivojevič (+1, 4')
Tomáš Surový - Miroslav Kováčik - Ivan Čiernik

Défenseurs :
Tomáš Harant (+1) - Milan Jurčina (+2, 4')
Zdeno Chára (A, 2') - Peter Podhradský (2')
Martin Štrbák (+1) - Tomáš Starosta
Richard Stehlík

Gardien :
Karol Križan

Remplaçants : Jaroslav Halák (G), Tibor Melichárek. En réserve : Branislav Konrad (G).

Allemagne

Attaquants :
Philip Gogulla (-1) - Michael Hackert - Michael Wolf
Sven Felski (A, -1, 2') - Alexander Barta (-2) - André Rankel (-1)
Petr Fical (2') - Christoph Ullmann - Daniel Kreutzer (C, 6')
[Felski] - Florian Busch - John Tripp (-1)

Défenseurs :
Alexander Sulzer - Michael Bakos (A, 2')
Robin Breitbach (4') - Martin Ancicka
Robert Dietrich (-1) - Tobias Draxinger (-1)
Sebastian Osterloh (-1) - Frank Hördler (-1, 2')

Gardien :
Oliver Jonas

Remplaçant : Dimitrij Kotschnew (G). Absents : Yannic Seidenberg (commotion cérébrale), Dimitrij Pätzold (G).

 

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