Suède - Russie (19 avril 2007)

 

Finale de l'Euro Hockey Tour, match aller.

Avec respectivement 27 et 21 points, la Russie et la Suède ont dominé la saison de l'Euro Hockey Tour et s'affrontent en deux manches pour se départager. Mais, à quelques jours des Mondiaux, l'enjeu laissera-t-il la place aux expérimentations ?

De retour de Suisse, la troupe russe est appelée à évoluer, avec l'intégration imminente des finalistes tatars et ouraliens de la Super Liga, auxquels s'adjoindront quelques déçus de la course à la Coupe Stanley... Mais pour l'instant, l'effectif est arrivé tel quel à Stockholm, moins une personne. Le troisième gardien Semion Varlamov a été envoyé à Moscou s'entraîner avec les futurs renforts, finalistes du championnat et joueurs de NHL comme Ovechkin... mais pas comme son équipier aux Washington Capitals, Aleksandr Semin, mis à l'écart suite à une arrivée tardive dans la capitale. En fait, Semin était parti quelques jours en famille à Krasnoïarsk, en Sibérie. Le premier entraînement avait été programmé à Moscou pour le 16 avril, mais le joueur dit n'avoir été averti de l'horaire exact que la veille, où il avait alors répondu à l'entraîneur-adjoint Nemchinov qu'il n'y avait pas de vol lui permettant d'arriver à temps... Semin a débarqué à 20h à l'aéroport de Moscou, d'où il a passé un coup de fil à son partenaire Ovechkin. Celui-ci lui a expliqué que l'entraîneur voulait lui parler et lui a passé Vyacheslav Bykov... qui a expliqué au retardataire que le camp avait commencé depuis quatre heures, qu'il aurait dû se débrouiller à l'avance pour être là à temps, et qu'on ne comptait plus sur lui ! Semin n'avait donc plus qu'à prendre le premier vol pour rentrer à Krasnoïarsk.

Il y a trois ans, Aleksandr Semin avait été viré de l'équipe nationale junior pour indiscipline, puis réintégré parce que les autres joueurs avaient plaidé sa cause. Cela n'avais pas réussi puisque Semin avait commis une mauvaise passe à treize secondes de la fin du quart de finale contre la Finlande, ce qui avait coûté l'égalisation adverse puis la défaite... Il n'aura pas d'avocat cette fois-ci. Ovechkin lui-même a répondu à ce sujet que, dans le monde des adultes, chacun était responsable de ses actes. Y a-t-il eu mauvaise communication ? Y a-t-il eu imprévoyance du joueur ? En tout cas, son cas a servi d'exemple : le nouvel entraîneur "à l'occidentale" Bykov ne transigera pas avec les règles de discipline.

La Zbornaya s'était imposée sur les terres de la Tre Kronor en début de saison, mais les Suédois ont largement lavé l'affront au cours de la dernière confrontation, disputée au Globen de Stockholm le 10 février dernier.

Mise à mal ce jour-là, la troupe russe subit très rapidement la domination suédoise aujourd'hui encore. Fredrik Warg lance Hedström pour une première escarmouche sur la cage russe, et même en infériorité numérique les jaunes se créent la plus belle occasion, par Warg de la droite. Bien en place, ses équipiers repoussent les assauts désordonnés des hommes de Vyacheslav Bykov, et ce n'est qu'à la toute fin de la pénalité de Jonathan Hedström que Denis Grebeshkov propose un lancer lointain. La défense rouge subit de nouveau les débats au retour à cinq, Dmitri Vorobyev se couchant sur le puck avant que son portier ne s'illustre devant Patric Hörnqvist, isolé par Akerman, ou sur le festival de Martin Thörnberg au milieu d'une défense clairsemée. Cette dernière concède deux pénalités en quinze secondes, la seconde consécutive à une faute de Anton But sur Johan Backlund, sorti de sa cage. L'échec-avant suédois permet à Wallin de s'emparer de la rondelle dans le coin et de s'en aller défier Vassili Koshechkin, contraint de suppléer les carences de son arrière-garde, considérablement gênée par les longues passes des arrières scandinaves. Les hommes de Gustafsson pèchent cependant dans la finition, malgré la déviation astucieuse de Magnus Kahnberg sur le tir de Strålman à la bleue ou le tour de cage d'Alexander Steen, lui aussi à la récupération du palet dans la zone adverse. La Russie fait le dos rond, tant bien que mal, et ne se montre dangereuse qu'en fin de première période, sur un contre de la paire Schastlivy-Mikhnov, le premier trouvant la jambière de Backlund.

De retour des vestiaires, la Zbornaya présente un tout autre visage, plus entreprenante et plus offensive, son capitaine Schastlivy s'avançant à mi-distance pour se heurter une fois de plus au portier, mais cette fois son compère Mikhnov est le plus rapide sur le rebond (0-1, 23'54"). Cet avantage à la marque s'accompagne d'un meilleur positionnement défensif sur lequel les Suédois se cassent les dents y compris en supériorité numérique, passant même près du K.O. sur un contre de Sergei Mozyakin. Une nouvelle faute permet cependant aux jaunes de retrouver un semblant d'efficacité, incarnée par le très actif Alexander Steen. Non suivi dans un premier temps, le natif de Winnipeg trouve la faille tout seul, ou presque, car il est bien aidé par Dmitri Vorobyev, venu au secours de son ultime rempart (1-1, 30'58"). Relancée, la Tre Kronor croit même prendre les devants quand Koshechkin voit une rondelle capricieuse rebondir sur Daniel Fernholm avant de frôler son poteau, avant de repousser la reprise de Martin Thörnberg sur l'accélération de Jörgen Jönsson côté droit ou de fermer la porte devant Rickard Wallin.

À quatre contre quatre, l'entame du dernier acte permet à Jan Sandström de s'illustrer, par une longue passe vers Alexander Steen dans l'espace, pour une nouvelle intervention de Koshechkin. Le joueur de Toronto provoque ensuite la faute de Konstantin Korneev, ce qui accentue la pression sur la cage russe, sans plus de résultat car tant Anton Strålman que Jörgen Jönsson sont déjoués par le portier du Lada. La Russie, aux offensives assez cycliques dans cette rencontre, s'en remet au virevoltant duo du Khimik, Leshchev-Mozyakin, pour affoler l'arrière-garde suédoise, mais pas la jambière de Johan Backlund. Au cours de cette bonne période des visiteurs, c'est maintenant la Suède qui opère par contres, avant de profiter de la faute de Nepryaev pour prendre les devants sur un lancer en hauteur de Johan Davidsson, depuis le cercle d'engagement droit (2-1, 47'15"). La Suède tente de s'accrocher à ce mince avantage, s'arc-boutant devant sa cage alors que les Russes font bien tourner la rondelle, sans toutefois trouver de failles, comme Denis Grebeshkov, contraint à lancer de loin. L'abnégation locale risque de s'avérer vaine car Warg s'énerve sur Emelin, rejoignant par là même Sändström en prison. Les visiteurs n'en demandaient pas tant, et les efforts de l'éternel Kenny Jönsson ne font que retarder l'échéance, le capitaine russe Schastlivy trouvant la faille, à l'affût d'une passe de Kharitonov (2-2, 52'27"). Avec encore une pénalité à tuer, la Suède n'en mène pas large et patine derrière un palet insaisissable, aimanté par les crosses de Leshchev et Mozyakin... Mais dès le retour au complet, Martin Thörnberg presse le jeune Aleksei Emelin derrière son but pour mieux servir Jörgen Jönsson dans l'enclave (3-2, 55'35").

Curieux dénouement dans une rencontre où la Zbornaya montait en puissance après des débuts chaotiques, et semblait sur la fin en mesure de faire la différence. Comment digérera-t-elle ce dénouement brutal ? Réponse samedi à Moscou.

Compte-rendu signé Mathieu Hernaz

 

Commentaires d'après-match

Vyacheslav Bykov (entraîneur de la Russie) : "Je considère que nous avons bien joué. Je suis content que mon équipe ait appliqué les consignes. L'équipe de Suède dans cette composition est meilleure que la nôtre, et on a pu avoir l'impression qu'elle a dominé. Cependant, si on regarde les statistiques, on constate qu'ils n'ont réussi que trois tirs de plus que nous en première période et qu'il y avait égalité dans la deuxième. Au troisième tiers, c'était à qui commettrait la première erreur, et malheureusement, nous avons fait ce cadeau à nos adversaires."

 

Suède - Russie 3-2 (0-0, 1-1, 2-1)

Jeudi 19 avril 2007 à 19h30 à la Läkerol Arena de Gävle. 7636 spectateurs.

Arbitrage de Jyri Rönn assisté de Anders Karlberg et Leo Takula.

Pénalités : Suède 16' (6', 2', 8'), Russie 14' (4', 6', 4').

Tirs : Suède 29 (9, 8, 12) Russie 20 (5, 8, 7).

Évolution du score :

0-1 à 23'54" : Mikhnov assisté de Schastlivy

1-1 à 30'58" : Steen assisté de Månsson et Bäckström

2-1 à 47'15" : Davidsson assisté de Bremberg (sup. num.)

2-2 à 52'27" : Schastlivy assisté de Kharitonov (double sup. num.)

3-2 à 55'35" : J. Jönsson assisté de Thörnberg

 

Suède

Gardien : Johan Backlund.

Défenseurs : Jan Sandström (2') - Per Hållberg (2') ; Anton Strålman - Kenny Jönsson (C) ; Daniel Fernholm - Dick Tärnström (A, 2') ; Tobias Enström (2') - Johan Akerman.

Attaquants : Alexander Steen - Nicklas Bäckström - Mathias Månsson ; Magnus Kahnberg - Jörgen Jönsson (A) - Martin Thörnberg ; Jonathan Hedström (4') - Rickard Wallin - Fredrik Warg (4') ; Patric Hörnqvist - Johan Davidsson - Fredrik Bremberg.

Remplaçant : Erik Ersberg (G).

Russie

Gardien : Vassili Koshechkin.

Défenseurs : Konstantin Korneev (2') - Denis Grebeshkov (2') ; Denis Kulyash - Grigory Misharin (2') ; Maksim Kondratiev - Aleksei Emelin (2') ; Kirill Koltsov - Dmitri Vorobyev.

Attaquants : Aleksandr Kharitonov (A) - Piotr Schastlivy (C, 2') - Aleksei Mikhnov ; Sergei Mozyakin - Albert Leshchev - Evgeni Artyukhin ; Stanislav Zhmakin - Anton Kuryanov - Ivan Nepryaev (2') ; Anton But (2') - Grigori Shafigullin - Aleksei Simakov (A).

Remplaçant : Konstantin Barulin (G).

 

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