Metallurg Magnitogorsk - Ak Bars Kazan (11 avril 2007)

 

Finale de Superliga, match 4.

On approche peut-être du dénouement dans cette finale 2007 de la Superliga. Le Metallurg Magnitogorsk est en position de remporter le titre sur sa glace après six ans d'attente. Les Rouges et Bleus mènent en effet la série deux manches à une et ont impressionnés les observateurs depuis le début de cette finale et même des play-offs. Excepté la deuxième manche à Kazan, où ils ont baissé de pied pour s'incliner 5-1, ils ont dominé leurs rivaux le reste du temps, affichant une sérénité impressionnante, en particulier en défense, secteur où le champion en titre, Kazan, a été étonnement pataud.

Les 8000 spectateurs de la Metallurg Arena (moins les supporters de Kazan, évidement...) en sont d'ailleurs persuadés, c'est ce soir le jour du sacre. Même le renard orange, mascotte de Magnitka, en frétille de joie ! Dans les tribunes justement, où la polémique entre les deux gardiens se poursuit. Après la bagarre entre le Finlandais Noronen de Kazan et le Canadien Scott de Magnitogorsk à la fin de la deuxième manche, après la banderole des supporters de Kazan lors de la troisième partie, demandant à Scott de se taire, voilà la réplique des fans de Magnitka, toujours en anglais : "Travis, we love you !" Avec une photo du goalie de l'Ontario devant un mur.

L'ambiance est donc des plus chaudes pour ce début de match. Sauf que cela ressemble vite à une douche froide pour les supporters de Magnitogorsk, car la panthère des neiges a décidé de ne pas mourir ce soir. C'est même évident d'entrée de jeu. Pendant les quatre premières minutes, les Verts et Rouges font le siège de la défense du Metallurg. Un bombardement incessant, un pilonnage systématique. Visiblement, Ak bars souhaite faire passer un message clair : le champion en titre n'est pas encore mort, la panthère n'est pas décidée à faire coucouche-panier dès ce soir !

Pourtant, cette entame de choc ne donne pas les résultats escomptés par les Tatars. Cinq minutes de jeu, toujours 0-0, et le défenseur de Kazan, Igor Chadilov se retrouve en prison. Le Metallurg, qui n'a pas vu le jour depuis le début de la rencontre, fait alors preuve d'une réussite insolente. Sur pratiquement son premier tir sérieux du match, il marque ! Un but un peu chanceux en plus. Mais les Métallurgistes pensent alors que c'est la chance du champion... Un jeu en triangle qui se conclut par un tir en déséquilibre de Denis Platonov (formé à Saratov, mais passé par... Kazan) qui rebondit sur Mika Noronen, ricoche sur la transversale et rentre dans le but (1-0, 06'42").

Mais Kazan ne change rien. De toutes manières, les Tatars n'ont pas le choix. Une minute plus tard, c'est au tour de Magnitka d'être en infériorité (pénalité de l'Ukrainien Viatcheslav Zavalniouk, qui vient d'annoncer sa retraite), et la panthère est belle et bien décidée à montrer encore les griffes. Le palet tourne, virevolte dans la défense adverse, mais Magnitka tient... pour craquer dans la continuité de l'action, juste après le retour sur la glace du capitaine de la sélection ukrainienne. Un superbe tir lointain le long de la balustrade d'Andreï Pervychine. Travis Scott était masqué par une forêt de joueurs (1-1, 09'11"). Autant dire que c'est mérité.

Pourtant, Magnitka a une occasion en or de réaliser un nouvel hold-up, lorsque pratiquement sur l'engagement, Alexeï Kaïgorodov envoie un puissant tir lointain sur la cage adverse. Mais Mika Noronen, ayant pris suffisamment de buts de loin hier, renvoie du patin. C'est ensuite au tour de Nikolaï Koulémine de se présenter seul devant le gardien finlandais, mais ce dernier ferme l'angle et le palet file le long de la cage (12e).

La réponse des visiteurs vient de la première ligne tatare. Danis Zaripov tire, Travis Scott renvoie, Alexeï Morozov reprend et Scott bloque (15e). Les prisons ayant été décisives dans ce tiers, les fans de Magnitka (surnommés les aimants, normal, magnite = aimant) tremblent donc lorsque Denis Platonov est sanctionné. Oui, mais ce sont pourtant les locaux qui sont les plus dangereux car leur capitaine Ravil Gousmanov place un contre qui sème la panique entre Noronen et Nikouline. Un palet qui rebondit vicieusement devant Scott (18e) et un dernier tir lointain de Kaïgorodov (19e), et ce premier tiers sur termine sur ce score de parité 1-1.

La période suivante débute plus prudemment. Les deux rivaux s'observent. La première action chaude a lieu à la 25e, avec une passe de Sergueï Zinoviev interceptée et un contre de Magnitka bloqué par la mitaine de Noronen. Même les pénalités ne donnent rien. Noronen (pour dégagement hors des limites de jeu) et Zavalniouk sont pris par la patrouille, mais les deux supériorités numériques se déroulent sans réelles actions de but.

Cela se débloque quelque peu à la mi-match. C'est tout d'abord Jan Marek qui voit son tir rebondir sur Mika Noronen, puis sur un défenseur, pour terminer sa course à côté de la cage (32e). C'est ensuite Travis Scott qui effectue une spectaculaire glissade à genoux pour dégager un palet brûlant (32e).

C'est finalement, une fois de plus, une pénalité qui va tout changer. Une charge incorrecte du Tchèque Jaroslav Kudrna, et le terrible jeu de puissance des champions en titre entre en piste. Trente secondes suffisent. Le temps de mettre en place le système, et une passe lumineuse d'Alexeï Morozov est reprise sans contrôle par Danis Zaripov et expédié par l'Ouralien de Kazan (il vient de Tcheliabinsk) dans la lucarne de Scott (1-2, 36'35"). Le tiers se termine sur ce score. Deux pénalités de chaque côté ne changent rien à la donne.

Et voilà donc la panthère des neiges en position de force à l'entrée de l'ultime période, alors que les locaux imaginaient un tout autre scénario. Et ils ne sont pas au bout de leur peine, les Ouraliens...

Ils débutent pourtant le tiers à cinq contre quatre, reliquat d'une prison de la période précédente. C'est sans compter sur Danis Zaripov qui file d'entrée de jeu et tire instantanément dès la ligne bleue franchit. Le palet se loge directement dans les cages adverses, sans avoir oublié au préalable de passer entre les jambes de Travis Scott ! La veille, Magnitogorsk avait inscrit le but qui fait mal au bout de seize secondes dans le dernier tiers, la réponse en SMS de Kazan le lendemain a été encore plus expresse : cinq secondes (1-3, 40'05"). L'espoir change de camp !

Bien conscient que c'est le moment ou jamais pour noyer Magnitka dans les eaux de l'Oural qui coule juste à côté, Kazan n'en reste pas là. C'est la déferlante ! Terechtchenko (43e), est même à deux doigts d'inscrire le quatrième but. Nikolaï Koulémine tente bien de sortir la tête de l'eau avec un beau contre, mais cela passe au dessus de la cage de Noronen.

La tasse, Magnitka la boit juste après. Un tir dans l'axe, sans opposition, d'Andreï Pervychine en supériorité numérique, suite à la troisième prison du match pour le turbulent futur retraité Zavalniouk (1-4, 43'21"). C'en est trop pour Fiodor Kanareïkine, l'entraîneur du Metallurg, qui fait rentrer Anton Khoudobine dans les cages à la place de Travis Scott.

Et une belle vengeance pour Mika Noronen, qui la vieille était sorti dans les mêmes conditions. C'est cette fois-ci à son tour de voir son rival tirer la tronche sur son banc. Si l'on dit que la vengeance est un plat qui se mange froid, les boulettes de rennes vont être congelées ce soir sur la table de la famille Noronen !

Cela ne s'arrange pas pour Magnitka qui en plus fait des fautes. Jaroslav Kudrna est sanctionné à la 46e et Kazan se promène dans ce match. Les Tatars sont les premiers sur tous les palets. Pourtant, Magnitogorsk va revenir ! Tan, tan, tan !

Tout d'abord sur une supériorité numérique, suite à une faute de Raymond Giroux. Magnitka met la pression juste devant la zone de Noronen. La défense de Kazan ne parvient pas à se dégager (toujours cette lourdeur ?) et Nikolaï Koulémine parvient à pousser la rondelle derrière la ligne (2-4, 49'42"). Un but à l'arraché, qui a au moins le mérite de relancer la partie et de redonner des ailes au club du Combinat Métallurgique de Magnitogorsk. Kazan a un passage à vide. La panthère prend un surnombre des plus malvenus et le Metallurg en profite. Un tir en angle de Denis Platonov transperce les jambières de Noronen pour le retour à un but des locaux (3-4, 52'25"). Et peut-être un petit sourire en coin de Scott... Allez savoir...

Il reste moins de huit minutes dans ce match. Magnitogorsk n'a pas abdiqué et peut à nouveau rêver être sacré dès ce soir dans son aréna. Le match devient tendu, Prochkine et Stepanov pour Kazan écopent respectivement de dix et deux minutes, et Marek pour Magnitogorsk également d'une pénalité mineure. Une fois que les deux équipes sont à égalité numérique, on approche du "rouble time". C'est Magnitogorsk qui tente sa chance en premier en demandant un temps mort à 58'10 puis en faisant sortir Anton Khoudobine cinq secondes plus tard. C'est Kazan qui réplique par un autre temps mort à 58'45. Mais c'est Kazan qui est proche de la bêtise capitale. Alexandre Stépanov ne trouve pas mieux que de placer une charge dangereuse sur Atyushov sous les yeux de l'arbitre à 58'50, tout simplement pour avoir voulu se venger d'une charge non sifflée quelques secondes auparavant ! Et voilà Magnitka à six joueurs de champ contre quatre pendant 49 secondes (Khoudobine ayant dû rentrer urgemment dans sa cage pendant quelques secondes...). Magnitka pousse, pousse, le public hurle, hurle, mais Kazan tient, tient... Et Kazan remporte ce match 4-3 et égalise à deux manches partout.

Les Tatars ont réussi ce que peu de gens finalement les pensaient capable de faire (moi le premier) après leur naufrage de la veille. Kazan avait déjà réussi cela sur sa patinoire, c'est-à-dire égaliser à une victoire partout après avoir été humilié la vieille. Finalement, les champions en titre ont sacrément des ressources. Alors pour la dernière manche, sur la glace de la Tatneft Arena, on se gardera bien de tout pronostic...

Tout se jouera peut-être dans la tête des gardiens. Dans cette guerre des goals parallèle à la finale, c'est au tour de Noronen de frimer et à Scott de fulminer...

Étoiles du match Sport Express : *** Andreï Pervychine (Kazan), ** Danis Zaripov (Kazan), * Nikolaï Koulemine (Magnitogorsk).

Étoiles du match Sovietski Sport : *** Andreï Pervychine (Kazan), ** Denis Platonov (Magnitogorsk), * Danis Zaripov (Kazan).

Compte-rendu signé Bruno Cadène

 

Commentaires d'après-match

Fedor Kanareikin (entraîneur de Magnitogorsk) : "Notre discipline est en question, notamment l'impétuosité de Jan Marek en troisième période. Lorsqu'il est nécessaire de tenir le match et de bien patiner, il prend une pénalité au mauvais moment. Il y a ça et il y a les deux buts évitables, le troisième et le quatrième, sur des tirs lointains. Un gardien doit arrêter de tels palets."

 

Metallurg Magnitogorsk - Ak Bars Kazan 3-4 (1-1, 0-1, 2-2)

Mercredi 11 avril 2007 à la Metallurg Arena de Magnitogorsk. 8108 spectateurs.

Arbitrage de Sergei Semenov (Moscou) assisté d'Aleksandr Kamurkin et Aleksei Anisimov (Moscou).

Pénalités : Magnitogorsk 18' (4', 8', 6'), Kazan 26' (2', 6', 8'+10').

Tirs : Magnitogorsk 29 (10, 5, 14), Kazan 36 (15, 11, 10).

Évolution du score :

1-0 à 09'59" : Platonov assisté de Kaïgorodov et Malenkikh (sup. num.)

1-1 à 09'11" : Pervyshin (Zaripov)

1-2 à 36'35" : Zaripov assisté de Giroux et Morozov (sup. num.)

1-3 à 40'05" : Zaripov (inf. num.)

1-4 à 43'21" : Pervyshin assisté de Vorobiev (sup. num.)

2-4 à 49'42" : Kulemin assisté de Marek (sup. num.)

3-4 à 52'25" : Platonov assisté de Biryukov et Kaïgorodov (sup. num.)

 

Metallurg Magnitogorsk

Gardien : Travis Scott puis à 44'57" Anton Khudobin (sorti de 58'10" à 59'09" et de 59'11" à 60'00").

Défenseurs : Evgeni Varlamov - Vitali Atyushov ; Aleksandr Seluyanov - Vladimir Malenkikh ; Vyacheslav Zavalnyuk - Evgeni Biryukov.

Attaquants : Jan Marek - Jaroslav Kudrna - Nikolai Kulemin ; Aleksei Tertyshny - Aleksei Kaïgorodov - Evgeni Gladskikh ; Ruslan Nurtdinov - Igor Korolev - Denis Platonov ; Ravil Gusmanov (C) - Dmitri Pestunov - Eduard Kudermetov ; Maksim Mamin.

Remplaçant : Anton Poleshchuk. Absents : Vladislav Bulin (fracture de la mâchoire), Rinat Ibrahimov (commotion cérébrale), Anton Glovatsky (commotion cérébrale).

Ak Bars Kazan

Gardien : Mika Noronen.

Défenseurs : Vitali Proshkin - Raymond Giroux ; Andreï Pervyshin - Ilya Nikulin ; Igor Shchadilov - Jan Novak ; Gennadi Razin - Evgeni Ryasenski.

Attaquants : Danis Zaripov - Sergei Zinoviev - Aleksei Morozov (C) ; Vladimir Vorobiev - Aleksei Tereshchenko - Aleksandr Stepanov ; Dmitri Kazionov - Aleksei Badyukov - Mikhaïl Zhukov ; Igor Musatov - Mikhaïl Yunkov - Dmitri Obukhov.

Remplaçant : Aleksandr Eremenko (G). Absent : Enver Lisin (mis à l'écart).

 

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