Krylia Sovietov Moscou - Dynamo Moscou (23 janvier 2007)

 

Match comptant pour la quarante-cinquième journée de Superliga russe.

Ce match a bien failli ne jamais avoir eu lieu. Et ce sera même peut-être le dernier des Krylia Sovietov. Le matin de la rencontre, un message barre la une du site internet du club. Le titre en trois lettres est clair : S.O.S. ! Mosenergo, la compagnie électrique de Moscou, a coupé le courant et l'eau chaude dans le palais des sports des Krylia Sovietov. Les 500 gamins du club ne peuvent plus ni s'entraîner ni jouer, les entraîneurs du mineur ont été mis au chômage technique et la rencontre du soir contre le Dynamo est pour l'instant annulée. Difficile en effet de jouer sans électricité et de prendre la douche d'après-match sans eau chaude. La raison est simple. En totale déconfiture financière, le club n'a pas payé ses factures. En désespoir de cause, le club appelle ses (fidèles) supporters et la presse à venir à 15 h, à la patinoire pour tenter une dernière mobilisation. L'argumentaire du club réside dans ces trois lettres : S.O.S.

Les Krylia Sovietov affirment qu'ils attendent le versement d'une subvention de la part de la mairie de Moscou pour payer leurs dettes électriques. Si l'on avait le cœur à rire, on pourrait noter que Mosenergo est l'un des sponsors principaux des KSM ! Pas très patient comme sponsor... Bon, vous me direz, la dette des Krylia est de sept millions de roubles (200 000 euros). Enfin, sponsor... On pourrait employer ce mot au passé, puisque la compagnie d'électricité de la ville de Moscou vient d'annoncer qu'elle n'était plus intéressée par la poursuite de sa collaboration avec le club. Mosenergo était devenu sponsor des KSM grâce à l'intervention de Valéri Chantsev, ancien vice-maire de Moscou et ardent défenseur du hockey. Ce dernier a été nommé gouverneur à Nijni-Novgorod, les choses ont donc changé.

Finalement, devant le battage désespéré du club, le courant et l'eau chaude sont rétablis pour que le derby moscovite se déroule normalement... Enfin presque, car pas de Iouri Novikov sur le banc des KSM, mais Viatcheslav Anissine, qui s'occupait du mineur jusqu'à présent...

En accord avec le club, Novikov a rendu son tablier, non pas à cause des mauvais résultats de l'équipe (qu'est-ce qu'il peut faire, le pauvre...), mais à cause d'une trop grande fatigue. Le coach adoré des KS s'est donné corps et âme pour sauver ce club, mais à force de lutter contre des moulins à vent, il a fini par craquer. Pour ne pas mettre sa santé en jeu, il est parti se reposer. C'est donc le père de la championne olympique française de patinage artistique Marina Anissina qui le remplace sur le banc ailé.

C'est donc dans une ambiance "terrible" que cette fête du hockey moscovite démarre, entre un club moribond et un autre qui traîne sa misère en fin de classement et qui vient d'être mêlé à la plus grosse bagarre de la Superliga depuis longtemps (voir Dynamo-Kazan).

Il ne faut pourtant pas attendre bien longtemps pour voir la première action super chaude. Trente secondes de jeu et breakaway du dynamiste Alexandre Kharitonov. Mais Dimitri Iatchanov n'entend pas mourir ce soir. Le portier magique des ailes moscovites déploie les siennes (d'ailes) et écarte le danger.

La réplique locale ne tarde pas, et elle est cinglante. Première attaque des Moscovites ailés, et Mikhaïl Anissine envoie le palet dans le panier à salade de l'ancien club de la milice soviétique (1-0, 02'14"). Non, les KSM ne sont pas encore au musée de l'aviation... On joue depuis deux minutes seulement.

Le problème pour les locaux est que, deux minutes plus tard, Rafael Batyrchine prend deux minutes de prison. Le Dynamo envoie alors l'artillerie lourde en la personne de Denis Kouliach qui envoie un missile de la bleue. Ouf, à côté...

Vingt secondes plus tard, c'est au tour de Sergueï Vychedkevitch de remettre la même en couleur de l'autre côté. Cette fois-ci, c'est cadré, mais Iatcha est sur la trajectoire. Le gardien des KSM finit cependant par céder neuf secondes plus tard sur un tir d'Igor Mirnov (1-1, 06'00"). À peine le temps pour Batyrchine de sortir de geôle et d'engager, et les visiteurs doublent la mise par Ossipov (1-2, 06'27"). En vingt-sept secondes, le Dynamo prend la tête du derby... Mais il en faut plus pour décourager les Ailes moscovites. Alexandre Gorochanski a une belle occasion, peu de temps après, mais Evgueni Zviaguine, le portier dynamiste, veille.

C'est cependant le chant du cygne de l'aviation civile russe, du moins de son représentant sur la glace... Les Ailes Soviétiques ne profitent pas d'une supériorité numérique qui arrive peu après (Prigaro en prison), et petit à petit, le Dynamo met sa patte sur le match. Il faut même un grand Dimitri Iatchanov (normal, quoi...) sur un contre en infériorité numérique du capitaine d'un soir du Dynamo (suite à la suspension de Vadim Chakhraïtchouk après sa bagarre de l'année contre Kazan), Alexandre Kharitonov. Les locaux tentent bien de secouer le cocotier par Denis Koulik ou Renat Khaïretdinov, mais en vain. Ce premier tiers se termine ainsi, sur un avantage d'un but pour les visiteurs.

Le suspense ne va pas durer bien longtemps dans la période suivante. Un peu plus d'une minute seulement et le Dynamo fait le trou par Dimitri Chitikov (1-3, 21'13"). Et ce n'est pas fini. Quelques secondes plus tard, c'est au tour du défenseur Denis Kouliach de nous sortir sa grande spécialité, le missile de la bleue. Sauf que, comme souvent, ça rate la cible et passe juste à côté de la cage de Iatcha...

Le problème est que les KS accumulent les fautes. Celle d'Adgur Djouguelia, va quand même dépasser la norme. Le défenseur des Krylia prend un 5'+20' pour une crosse qui n'aurait pas dû aller dans la tête d'un adversaire... À la fin du match, l'entraîneur Vladimir Krikounov la jouera "tout le monde en veut" au Dynamo, en mettant sur le même plan cette action et la (désormais célèbre) bagarre quasi générale de Dynamo-Kazan. Alors que bon, ce n'est que de la fougue méridionale de la part du défenseur originaire d'Abkhazie... Hum... Bon d'accord...

Quoi qu'il en soit, les conséquences sur le tableau d'affichage sont certaines, surtout que deux autres Kryliens sont également sanctionnés dans les minutes qui suivent. Comme si le fait d'être derniers, sans le sou, sans eau, ne suffisait pas, ils aiment tellement la difficulté qu'ils estiment que c'est l'fun de jouer éternellement en infériorité numérique ! Le Dynamo ne se pose pas tant de question et enfile les buts. Par Evgueni Fédorov d'abord, puis deux autres en un peu plus de trente secondes par Renat Mamachev et Gueorgui Micharine. 1-6 à la mi-match. Super...

Pour ne pas en rajouter, Viatcheslav Anissine sort son gardien. Ce n'est pas la peine d'humilier encore Dimitri Iatchanov, surtout avec la saison plus qu'exceptionnelle que réalise le serpent. Place donc à Iouri Guerassimov... formé au Dynamo !

Et les KS poursuivent sur leur lancée, en accumulant les pénalités. Mais le Dynamo va la jouer plus subtile ! Alors que les Dynamistes sont en infériorité numérique (Vychedkevitch), ce diable de buteur canadien, David Ling, s'enfuit en contre pour inscrire le septième but. 1-7, pratiquement à la dernière minute du deuxième tiers. Pff...

Autant le dire tout de suite, mais vous l'aviez parfaitement compris, dans les conditions psychologiques actuelles des KSM, ce n'est pas la peine d'attendre grand-chose de cet ultime tiers. Le Dynamo n'a pas non plus intérêt, au vu du calendrier dément de la Superliga, de se fatiguer outre mesure. En plus, les relations entre les deux clubs ne sont pas mauvaises, donc... Même les différentes supériorités numériques ne permettent pas une évolution du score. De toute façon, tout était joué depuis le deuxième tiers.

Le Dynamo s'est donc relancé après son beau match nul contre Kazan et avec cette victoire. Quant aux Krylia Sovietov... Que dire ? Le club avait déjà perdu ses joueurs, son entraîneur, ses matches, ses illusions, il a désormais perdu son courant et son eau chaude ! Que lui reste-t-il ? Ses supporters !

À la fin du match, Roman Khaïretdinov, le manager du club a fait le point. Il a commencé par rendre un hommage aux incroyables fans des KS, toujours nombreux, toujours enthousiastes. Il a ensuite tenu à les rassurer ces pauvres fans, leur affirmant que le plus dur était derrière eux. Le club a trouvé un accord avec Mosenergo pour que la compagnie patiente jusqu'au versement de la subvention. Ensuite, il a rappelé que le patron du club, l'homme d'affaire Rafil Safine, n'entendait pas jeter l'éponge et que le but était toujours de trouver un budget de 12 millions de dollars afin de stabiliser le club. Pour cela, Roman Khaïretdinov affirme que les KS sont en négociation avec un gros sponsor du nom de "Vils", spécialisé dans le titane. Fatigués par des années de problèmes, est-ce que les supporters des KSM ont encore la force d'y croire ?

Meilleurs joueurs désignés après le match : Denis Ossipov (KSM), Renat Mamachev (Dynamo).

Étoiles du match Sport Express et Soviet Sport : *** Alexandre Skougarev (Dynamo), ** Renat Mamachev (Dynamo), * Denis Ossipov (KSM).

Compte-rendu signé Bruno Cadène

 

Krylia Sovietov Moscou - Dynamo Moscou 1-7 (1-2, 0-5, 0-0)

Mardi 23 janvier 2007 au palais des sports des Krylia Sovietov. 4899 spectateurs.

Électricité et eau chaude fournies gracieusement par Mosenergo !

Arbitrage de Sergei Feofanov (Moscou) assisté d'Aleksei Kalinin et Sergei Mikhaevitch (tous deux de Saint-Pétersbourg).

Pénalités : Krylia Sovietov 16'+5'+20', Dynamo 24'

Tirs : Krylia Sovietov 15 (6, 3, 6), Dynamo 35 (10, 17, 8).

Évolution du score :

1-0 à 02'14" : Anisin assisté de Komarov et Goroshanski

1-1 à 06'00" : Mirnov assisté de Kharitonov (sup. num.)

1-2 à 06'27" : Osipov assisté de Blokhin et Skugarev

1-3 à 21'22" : Shitikov assisté d'Osipov et Skugarev

1-4 à 26'29" : Fedorov assisté de Kharitonov et Mirnov (sup. num.)

1-5 à 29'16" : Mamachev assisté d'Osipov et Skugarev (sup. num.)

1-6 à 29'49" : Misharin assisté de Ling (sup. num.)

1-7 à 38'56" : Ling assisté de Kulyash et Bishai (inf. num.)

 

Krylia Sovietov Moscou

Gardiens : Dmitri Yachanov puis Yuri Gerasimov à 29'49".

Défenseurs : Sergei Bernatski - Denis Ossipov ; Sergei Dorofeiev - Rafael Batyrshin ; Aleksei Komarov - Stepan Mokhov ; Georgi Popov - Adrug Dzhugelia.

Attaquants : Mikhaïl Deiev - Dmitri Korotkov - Aleksei Eremin ; Renat Khaïretdinov - Ilya Dokshin - Aleksandr Kozhevnikov ; Denis Kulik - Aleksandr Goroshansky - Mikhaïl Anisin ; Kirill Sidorenko - Evgeni Pasternatski (C) - Egor Zharkov.

Dynamo Moscou

Gardien : Sergei Zvyagin.

Défenseurs : Sergei Vyshedkevich - Yakov Rylov ; Evgeni Blokhin - Rinat Mamashev ; Georgi Misharin - Denis Kulyash ; Oleg Orekhosky - Anton Prigaro.

Attaquants : Aleksandr Kharitonov (C) - Evgeni Fedorov - Igor Mirnov ; Maksim Osipov - Aleksandr Skugarev - Dmitri Shitikov ; David Ling - Michael Bishai - Vladislav Evseiev ; Konstantin Romanov - Sergei Korostin - Dmitri Demchenko.

Remplaçant : Vitali Eremeïev (G). Absents : Vadim Shakhraichuk (suspendu), Aleksei Sopin.

 

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